mardi 10 juillet 2012

Infirmiers de Guyane: Les aventuriers du SAMU

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Blessures par balles, épidémies tropicales, transport médical héliporté. Le travail des infirmiers en Guyane n'a rien à voir avec celui des soignants de la métropole. Actusoins a suivi ces infirmiers qui ont choisi l'aventure. 

11 heures, à l'hôpital de Cayenne. Un vrombissement se fait entendre au loin. Le soleil aveugle et empêche d'apercevoir...l'hélicoptère.
Au sol, sur la piste d'atterrissage, l'ambulance s'avance prudemment.  A son bord, un médecin, un infirmier et un ambulancier. Le brancard est à peine sorti  du véhicule que l'écureuil «SAMU 973» se pose délicatement.
Depuis hier soir, minuit, le SAMU est averti de l'arrivée de cette future maman qui vit à Trois Sauts, le village le plus reculé de Guyane (situé à deux heures de vol de Cayenne). Le dispensaire local ne disposant pas de médecins, les femmes enceintes sont systématiquement évacuées vers le centre hospitalier pour accoucher. Un transport coûteux (6000 euros/vol)... Mais en Guyane il n'y a pas le choix.
L'absence de route, le nombre important de villages amérindiens situés en pleine jungle, la dangerosité de certaines zones  de non-droit,  font que les soignants guyanais n'ont d'autre choix que de voler. C'est d'ailleurs aussi, ce qui a séduit Alexandre Colpaert, infirmier à Cayenne depuis 10 ans. «La Guyane m'a plu d'emblée, s'enflamme l'urgentiste. L'hélicoptère, la mer, la forêt... C'est une terre sauvage ici, les infirmiers sont un peu des aventuriers!».
Et de poursuivre: « côté professionnel, c'est incomparable. Nous nous rendons sur des sites d'orpaillage (Il existe des centaines de site légaux et illégaux en Guyane, ndlr) où nous soignons les chercheurs d'or brésiliens blessés par balle. Et puis, nous sommes sans cesse au contact des amérindiens (les peuples autochtones de la Guyane qui vivent en forêt sur les rives des deux principaux fleuves).
Alexandre ne tarie pas d'éloges sur son expérience guyanaise: « en France la moyenne d'âge des patients est de 55 ans, ici nous faisons beaucoup de pédiatrie et la plupart de nos patients ont moins de 25 ans, c'est un autre travail!». Mais pour l'infirmier, il est déjà temps de partir, un avion l'attend à l'aéroport, car il doit accompagner un patient qui doit être greffé à Paris.
« Paludisme, piqures de raie, morsure de serpent »
A Cayenne, l'activité ne s'arrête pas pour autant et le téléphone n'arrête pas de sonner au centre d'appel du SAMU. Les appels proviennent souvent des dizaines de dispensaires locaux qui sont disséminés un peu partout dans la gigantesque forêt. Ici, un bébé qui a un problème respiratoire, là un enfant avec une hernie...
Quelquefois, les pathologie sont plus grave et l'unique hélicoptère n'a pas le temps de décoller. La météo joue également un rôle déterminant quant il s'agit de transport héliporté. «Je me rappelle d'une fois où un bébé est mort car nous n'avons pas pu partir à cause des intempéries », se rappelle un ambulancier. «Il y a des jours où il nous faudrait un deuxième hélicoptère » se lamente un médecin qui assure la permanence téléphonique.
De l'autre côté de la ligne, dans un un petit dispensaire, à Camopi, un petit village amérindien on se prépare à évacuer 5 femmes enceintes par... pirogue. C'est l'infirmière du dispensaire qui a organisé le départ de ce convoi très spécial. «Quand on est infirmier en dispensaire, il faut savoir tout faire car il n'y a souvent pas de médecin, commente Francesco Incardona qui a travaillé 6 ans en pleine jungle. Traiter les cas de paludisme, les piqures de raie, les morsures de serpent. Quand tu arrives le matin tu ne sais jamais sur quoi tu vas tomber: de l'obstétrique, de la pédiatrie, de la traumatologie. C'est passionnant quand on aime travailler seul, en immersion avec les peuples autochtones».
Pourtant, Franscesco a décidé de rejoindre Cayenne après plusieurs années de dispensaire. Il avait besoin de retrouver une équipe et « de changer un peu d'air ». «On se retrouve pas en Guyane par hasard, rigole un autre infirmier qui écoute de loin. On aime le changement, le mouvement, on est un peu des aventuriers dans l'âme! ».
Leila Minano

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