mercredi 27 juin 2012

Même en institution, les personnes âgées ont droit à une vie sexuelle


Les personnes âgées placées dans des institutions devraient pouvoir continuer à avoir des relations sexuelles consenties, même lorsqu’elles présentent des signes d’Alzheimer, estiment des spécialistes du grand âge. « Le manque d’attention apporté par les institutions réservées aux personnes âgées aux besoins sexuels de leurs résidents est préoccupant, alors même que la sexualité et l’intimité jouent un rôle central dans la santé et le bien-être des individus jusqu’à un âge avancé », expliquent Laura Tarzia et coll.
Dans l’article qu’ils publient dans « Journal of Medical Ethics », une revue du groupe britannique BMJ, les auteurs australiens soulignent que le personnel des établissements pour personnes âgées, pris entre le respect des droits des patients et leur devoir de soins, ont souvent une attitude négative quant aux relations sexuelles des pensionnaires âgés, surtout lorsqu’ils sont atteints de démence dont la maladie d’Alzheimer, qu’ils sous-estiment, ignorent ou découragent.


Crainte des réactions
« Les recherches montrent que les personnes âgées veulent une reconnaissance de leur sexualité et pensent que les professionnels devraient s’enquérir de leurs besoins », notent les auteurs. Les établissements australiens mettent généralement en avant la sécurité des patients, des locaux peu adaptés (chambres qui ne ferment pas à clé ou dotés de lits simples), ou la crainte d’éventuelles réactions négatives des familles ou de procédures judiciaires. Selon Laura Tarziaet coll., les droits des patients atteints de maladie d’Alzheimer à prendre des décisions concernant leur vie sexuelle ou leurs relations intimes devraient être mieux respectés.
Certaines données montrent que les risques physiques sont minimes, avec un taux d’abus sexuels de 0,3 % dans les établissements accueillant des malades atteints d’Alzheimer, contre 2 à 4 % pour les autres types de violences, mais ces statistiques restent probablement sous-évaluées.
La situation n’est guère différente en France. Interrogée par l’AFP, lePr Françoise Forette, directrice de la Fondation nationale de gérontologie, souligne que « les enfants ont toujours beaucoup de difficultés à imaginer l’activité sexuelle de leurs parents. Quand ce sont des parents malades, voire atteints d’Alzheimer, c’est encore pire ». Les patients atteints d’Alzheimer représentent 70 % des pensionnaires des maisons de retraite en France.
Le manque d’adoption des locaux est l’autre frein, selon Mme Forette, qui cite l’exemple du Québec où on trouve des « chambres d’amour »qui ferment à clé dans certaines maisons de retraite. « On voit de plus en plus de nouveaux couples dans les maisons de retraite, et même si la plupart se forment sur le mode de l’amitié et de l’affection, il faut leur laisser la liberté d’avoir des activités sexuelles s’ils le souhaitent et si tout s’y prête », poursuit la spécialiste.
› Dr LYDIA ARCHIMÈDE
lequotidiendumedecin.fr 26/06/2012


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