samedi 19 mai 2012


La première loi suisse sur l'aide au suicide soumise aux Vaudois

Les Vaudois voteront le 17 juin prochain sur une initiative d'Exit et sur un contre-projet qui fixe un cadre légal au suicide assisté dans les EMS et les hôpitaux.
Vaud pourrait devenir le premier canton à se doter d'une loi sur l'assistance au suicide. Les citoyens en décideront le 17 juin. Ils se prononceront sur une initiative d'Exit et sur un contre-projet qui fixe un cadre légal au suicide assisté dans les EMS et les hôpitaux.
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FIN DE VIE

«Je voudrais qu’on me laisse prendre la fameuse potion»

Par Pascale Burnier. Mis à jour le 14.05.2012 32 Commentaires
Le 17 juin, les Vaudois voteront sur l’initiative Exit et le contre-projet. Du silence pudique des aînés aux craintes des soignants, plongée dans un home de Pully
Esther Mondada , Geneviève Fasel et Vera Colombo (de g. à dr.).
Esther Mondada , Geneviève Fasel et Vera Colombo (de g. à dr.).
Image: Patrick Martin

«C’ÉTAIT TRÈS DIFFICILE DE LA LAISSER SE SUICIDER»

Louise Ngo Bakena (à g.), Elena Vaucher et Diamilatou Diallo (à dr.).
Louise Ngo Bakena (à g.), Elena Vaucher et Diamilatou Diallo (à dr.).
Dans l’EMS Pré de la Tour, deux personnes ont déjà eu recours au suicide assisté il y a environ cinq ans. Si l’institution respecte le choix des résidents, elle n’intervient pas dans la démarche. Elena Vaucher garde précisément en mémoire cette première fois. «C’était une dame du 2e étage. Elle avait un cancer généralisé. Elle ne souffrait pas encore, mais elle savait que ça allait empirer. Les soignants étaient au courant qu’elle avait décidé de recourir au suicide assisté, mais on n’osait pas lui en parler. Pourtant, cette dame semblait plutôt à l’aise avec son choix. Avant qu’elle parte, elle a fait en sorte de dire au revoir à tout le monde dans l’EMS. Elle n’avait pas dit aux autres résidents qu’elle avait fait cette démarche. Elle a simplement sillonné la maison en disant qu’elle allait s’en aller. Le jour même, c’était très bizarre. Tout le personnel était stressé, angoissé, il y avait une sorte de malaise. On en avait d’ailleurs discuté avec le directeur. Il avait proposé à celles et ceux qui le souhaitaient de ne pas travailler ce jour-là. Moi, j’y suis allée. Je me souviens, la dame nous a offert ses foulards. Je comprenais son choix, mais c’était très difficile de la laisser se suicider. Je parlais chaque jour avec elle et tout d’un coup, c’était fini. Lorsqu’on travaille en EMS, on a l’habitude de côtoyer la mort, mais pas de cette façon-là.»
L’échine pliée par le poids du temps, un homme languit au milieu du hall. Le regard fixé dans le vague, comme pour forcer cette mémoire défectueuse à lui indiquer son chemin. Autour de lui, le roulement des tintebins seconde les jambes devenues trop frêles. A l’EMS Pré de la Tour à Pully, la vie se cogne à la maladie. A la mort aussi.
Ce matin-là, elles sont trois à avoir accepté de parler du suicide assisté. Trois grands-mamans pimpantes et rayonnantes, qui ont dit adieu à ce chez-soi symbole de liberté à la suite d’un ennui de santé. Depuis ce saut douloureux, la perspective des derniers jours s’impose à leur esprit clairvoyant. «La mort, j’y pense. Assez souvent même, confie Esther Mondada, 92 ans. Je sais que ça peut arriver demain. Il y a peu, une dame mangeait tous les jours en face de moi. Un jour, sa chaise est restée vide.»

Un choix dont on ne parle pas

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