samedi 21 avril 2012


SOCIÉTÉ 

En France, on vit moins longtemps en bonne santé

Cet admirable grand-père fait mentir l'étude de l'Ined.
Cet admirable grand-père fait mentir l'étude de l'Ined. (Photo Régis Duvignau. Reuters)
En France, les femmes ont une bonne espérance de vie, plus élevée qu’ailleurs en Europe. Mais, vivent en moins bonne santé… Depuis quelques années, la France connaît en effet un recul de ce qu’on appelle «l’espérance de vie sans incapacité», révèle ce jeudi une étude de l’Institut national des études démographiques (Ined), qui compare les données des 27 pays de l'Union européenne.
DOCUMENT : l'étude en pdf

L'indicateur : l’EVSI

EVSI pour «Espérance de vie sans incapacité». C’est un indicateur important des politiques européennes qui sert à «apprécier la qualité de la vie et l’état de santé fonctionnel des Européens». Cet indicateur est obtenu en décomposant l’espérance de vie en deux espérances de santé, avec et sans incapacité.
L’incapacité est mesurée dans une enquête annuelle, coordonnée par Eurostat au travers des réponses à une question générale : dans quelle mesure avez‐vous été limité(e) depuis au moins 6 mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ?

L’EVSI en baisse en France depuis 2006

La France, qui affiche l’espérance de vie la plus longue pour les femmes en 2010 (85,3 ans), connaît un léger recul de l’espérance de vie en bonne santé depuis quelques années. Elle occupe la 10e place dans le classement européen.
La tendance française rejoint celle d’autres pays européens qui ont comme elle des espérances de vie élevées, note l’Ined. «Dans les pays où l’espérance de vie est déjà élevée, les gains d’années de vie se font aux âges les plus élevés, donc lorsqu’on est en moins bonne santé», commente l’auteur de l’étude, Jean-Marie Robine, pour expliquer cette dichotomie.

Le grand écart entre les femmes et les hommes

Elément intéressant : «Alors que l’écart d’espérance de vie entre les hommes et les femmes atteint près de six années dans l’Union européenne, l’écart d’espérance de vie sans incapacité atteint à peine une demi‐année. Si bien que la proportion des années vécues sans incapacité est inférieure de 5 points (– 4.9) chez les femmes en comparaison avec les hommes (75 % versus 80 %).»
Si l’on se concentre sur le cas de la France, on observe qu'en 2010, les hommes pouvaient espérer vivre en bonne santé 79,1% de leur espérance de vie totale (78,2 ans) contre 80,6% en 2008. Les femmes peuvent espérer vivre en bonne santé 74,4% de leur existence (76,1% en 2008). Dit autrement, l’espérance de vie sans incapacité des hommes est de 61,9 ans en 2010, et de 63,5 ans pour les femmes.

La Suède en haut du classement européen

C’est en Suède que l’EVSI est la plus longue d’Europe : 71,7 ans pour les hommes tandis que la République slovaque a la plus courte (52,3 ans). Chez les femmes, ce sont les Maltaises qui ont les meilleures perspectives de vie en bonne santé : 71,6 ans tandis que, comme pour les hommes, c’est la République slovaque qui a l’EVSI la plus courte : 52,1 ans.
(Cliquez sur le tableau pour l’afficher en grand - pdf)
Mais pour les deux sexes, si l’on prend en compte la période récente (2008-2010), les écarts se réduisent entre les pays. Ainsi, pour les hommes, la Lituanie voit son EVSI augmenter le plus, de près de trois ans (à 57,7 ans), alors que les Pays-Bas affichent la plus forte baisse (-1,3 an, à 61,1 ans).
Et chez les femmes, c’est toujours la Lituanie qui voit son espérance de vie sans incapacité (EVSI) augmenter le plus (2,4 ans, à 62,3 ans), alors que c’est la Finlande qui cette fois affiche la plus forte baisse (-1,7 année, à 57,8 ans). «Il y a donc des tendances à la convergence des espérances de santé en Europe» pour les hommes comme pour les femmes, en conclut l’Ined.
A LIRE AUSSI : en octobre, une étude de l’Insee montrait que les cadres avaient une espérance de vie sans incapacité plus élevée que les ouvriers.

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