mardi 21 février 2012


Défendre la psychanalyse

A PROPOS DES INITIATIVES ACTUELLES CONTRE LA PSYCHANALYSE, UN COMMUNIQUÉ DU COLLECTIF DES 39 CONTRE LA NUIT SÉCURITAIRE.
samedi 18 février 2012
Article lu à 272 reprises
Après avoir lancé sa proposition de loi « visant à interdire la psychanalyse pour l’accompagnement des personnes autistes », le député UMP Daniel Fasquelle continue sa croisade. Il vient de déclarer à l’AFP qu’il « va saisir le Conseil national des universités afin que l’enseignement et la recherche sur les causes et les prises en charge de l’autisme ne fassent pas référence à la psychanalyse ».
Ce député se fait donc le relai du puissant lobby de quelques associations pour interdire la psychanalyse et également la Psychothérapie institutionnelle. Certaines de ces associations se sont illustrées par la violence et la virulence de leurs attaques personnelles contre des praticiens pourtant reconnus.
Si des parents d’enfants autistes ont pu être malmenés, mal accueillis, maltraités par certains psychanalystes, il est tout à fait justifié qu’ils puissent faire entendre leur voix. De la même façon, les dérives sécuritaires comme les mises en chambre d’isolement abusives, les contentions punitives, et les "traitements de chocs" ne sont pas tolérables. Mais ce n’est pas une loi qui règlera les dérives des pratiques ou qui devrait décider des traitements à la place des praticiens.
Les familles et tous les citoyens doivent pouvoir garder le droit inaliénable d’une liberté de choix de leur praticien et de la façon dont ils souhaitent se soigner, en respectant la nécessaire pluralité des approches.
Au nom de quel pouvoir, de quel supposé savoir un député peut-il refuser aux personnes autistes d’avoir un inconscient comme tout être humain et donc de bénéficier de soins relationnels pluralistes dans leur inspiration ?
De telles initiatives ne laissent pas d’interroger sur leurs buts. En effet, depuis quand une loi devrait-elle venir s’immiscer dans le débat scientifique ? Allons-nous accepter sans réagir des lois interdisant la liberté de pensée et de recherche ?
La psychanalyse est une méthode qui a fait ses preuves depuis plus d’un siècle et qui constitue un aspect crucial de la formation des praticiens. Bien au-delà elle fait aussi partie intégrante de la culture au même titre que les autres avancées du savoir humain.
Aurons-nous bientôt une loi interdisant le darwinisme et niant l’existence des dinosaures comme certains fondamentalistes chrétiens le prônent aux USA en menaçant les enseignants ? Depuis le nazisme qui avait interdit la psychanalyse comme science juive et pratiqué des autodafés des œuvres de Freud, seules des dictatures comme celle des colonels grecs avaient osé interdire cette part du savoir de l’humanité ! Ou encore le stalinisme qui, à la fin des années 40, avait interdit la psychanalyse en tant que « science bourgeoise ».
Tout récemment, à l’automne 2011, une psychanalyste syrienne, Rafah Nached a été emprisonnée par la dictature syrienne parce qu’elle animait des groupes de parole pour des personnes traumatisées par la répression.
Au-delà de la personne du député Fasquelle, qui vient de se discréditer irrémédiablement et dont nous exigeons la démission de la présidence du Groupe d’études sur l’autisme à l’Assemblée Nationale, nous nous inquiétons de cette dérive inquiétante où des propos tenus jusqu’alors uniquement par des sectes telles que l’église de scientologie font retour depuis le sommet de l’État.
Cette dérive au même titre que certains discours prônant l’inégalité des cultures est en train d’introduire un discours populiste fort inquiétant pour la démocratie. Nous appelons donc tous les professionnels du soin psychique, mais aussi tous les citoyens à une vigilance républicaine pour refuser un tel tournant dangereux pour les libertés.

Le Collectif des 39

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