samedi 21 janvier 2012


Une consultation pour dépister les 4-6 ans


Une consultation destinée à repérer les troubles de l’apprentissage et psychoaffectifs chez les enfants de 4, 5 et 6 ans. C’est ce que souhaitent mettre en place les URPS et l’AFPA sur l’ensemble du territoire français, après avoir mené une expérimentation concluante en Ile-de-France et en Rhône-Alpes.

Dyslexie, Dyspraxie, dyscalculie… les troubles de l’apprentissage concernent 4 à 10 % des enfants en France. Soit 1 à 3 enfants par classe ! Pourtant, ils sont peu nombreux à être dépistés précocement. Pour mieux repérer ces enfants en difficulté, les URPS (Unions régionales des professionnels de santé) médecins et l’AFPA (Association Française de pédiatrie ambulatoire) proposent une « consultation de repérage des troubles de l’apprentissage », destinée à être réalisée par les généralistes et les pédiatres libéraux chez les enfants de 4, 5 et 6 ans. Cette consultation baptisée « MOD 4,5,6 » a été testée avec succès en Ile de France et en Rhône Alpes (voir encadré). Et les deux Unions militent en faveur de sa généralisation sur toute la France, en complément, bien sûr, de la médecine scolaire et de la PMI.

Faisabilité démontrée

« L’expérimentation, réalisée auprès de 60 généralistes et pédiatres, a tout d’abord montré la faisabilité d’un tel test en médecine générale » indique le Dr Dominique Girardon (URPS). De plus, elle s’avère utile afin de détecter les troubles de l’apprentissage : au cours d’une consultation sur deux, une ou plusieurs anomalies ont été repérées pour la première fois. « Il s’agit surtout de problèmes de vue (21 %), de troubles de l’audition (10 %) et de troubles du langage oral (8 %) », détaille le Dr Jean-Paul Blanc (AFPA), qui indique que « ces pourcentages relevés dans le cadre de l’étude sont proches de ceux attendus et connus ». Par ailleurs, l’expérience a été jugée très profitable par les médecins y ayant participé. 78 % d’entre eux estiment qu’elle leur a permis de repérer des troubles qu’ils n’auraient pas décelés sans cela. « De plus, Un an après le test sur le terrain, la quasi totalité des médecins inclus ont indiqué qu’ils continuent à utiliser les outils fournis lors de l’expérimentation,» évoque le Dr Blanc.

Côté patient, la satisfaction est également au rendez-vous : les parents ont perçu la consultation comme intéressante (90 %) et l‘enfant comme « amusante » (81 %) et globalement, l’expérience a été vécue comme un moment privilégié d’échange avec le médecin.

Lorsqu’un trouble est dépisté, les suites données ont été de différents types : orientation vers une consultation spécialisée (40 % des enfants), nouveau rendez-vous donné à court terme (40 %), prescription d’un examen complémentaire (3 %). Toutefois, quelques bémols ont été relevés. Tout d’abord, la consultation est jugée trop longue (54 minutes en moyenne) : selon les expérimentateurs, « il est difficile de trouver le temps nécessaire et de l’intégrer dans un planning ». Elle a été désormais allégée en abandonnant certains tests, afin qu’elle ne dure pas plus de 45 mn , avec la possibilité de la scinder en deux temps.

La question de la rémunération se pose

Ensuite, pour que cette consultation puisse être effective sur le terrain, elle doit s’assortir d’une rémunération adaptée et d’une formation préalable. « Nous pouvons assurer la formation et lever les budgets nécessaires pour ce faire », avance le Dr Régis Mouries (URPS). En revanche, quant à la rémunération, c’est aux autorités d’en décider. L’association MOD 456 propose un forfait santé publique de consultation de prévention. « Ce forfait, aux alentours de 150 euros, propose le Dr Mouries, inclurait la ou les consultations de repérage (si la consultation est scindée en deux temps), l’analyse des tests, ainsi que le temps de coordination nécessaire pour amorcer la prise en charge de l’enfant lorsqu’elle se révèle nécessaire ». Il reste à convaincre le gouvernement de l’importance de développer les actions de prévention, en leur attribuant les moyens financiers nécessaires.
Charlotte Demarti

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