jeudi 22 décembre 2011

Un substrat cortical pour les hallucinations auditives ?
Publié le 04/03/2011


Définies comme des perceptions sonores (bruits ou paroles) sans contrepartie réelle dans le monde extérieur, les hallucinations auditives (HA) représentent une composante « sévère et invalidante » de la schizophrénie. Mais à défaut de découler d’une source objective, elles pourraient s’enraciner dans un dysfonctionnement occulte de certaines structures cérébrales dont l’activité anormale serait alors interprétée par le sujet comme des informations sonores pertinentes (vraisemblablement à la manière du vécu onirique).

Émanant d’un service de psychiatrie français (CHRU de Lille) [1], une méta-analyse examine dix études explorant des HA à l’aide de l’imagerie cérébrale par positrons (PET Scan) ou par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) et concernant un total de 68 patients avec des HA imputables à des troubles psychotiques (schizophrenia spectrum disorders). Les auteurs ont notamment cherché à préciser quelles régions du cerveau s’activent le plus lors de tels phénomènes hallucinatoires, avec un seuil minimal de résolution de 200 mm3 (cluster extent threshold) pour  la « cartographie » cérébrale.

Les conclusions de cette méta-analyse montrent qu’une expérience hallucinatoire auditive est associée non seulement à un accroissement d’activité des aires fronto-temporales engagées dans la perception du langage (speech perception) et dans sa production (speech generation), en particulier l’aire de Broca, mais aussi à une activation au sein du lobe médio-temporal, une structure « particulièrement impliquée » dans la mémoire verbale.

Pour les auteurs, ces données sont compatibles avec un modèle physiopathologique des HA où la sensation de pseudo-réalité résulterait d’une « activité aberrante » du cortex affectant un réseau de neurones impliqués à « différents niveaux de complexité » de l’architecture cérébrale. À titre comparatif, on attend désormais des recherches analogues sur l’activation probable de certaines zones du cortex dans d’autres formes d’hallucinations (notamment cénesthésiques ou visuelles).


Dr Alain Cohen

Jardri R et coll.: Cortical activations during auditory verbal hallucinations in schizophrenia: a coordinate-based meta-analysis. Am J Psychiatry, 2011 ; 168-1 : 73–81.

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