vendredi 2 décembre 2011


Sécurité : Badinter critique le «charlatanisme politique» de Sarkozy

L’ancien Garde des Sceaux socialiste a dénoncé «l’exploitation» des chiffres de la délinquance lors de la présentation d’un rapport du think tank Terra Nova.


Robert Badinter, le 23 mars 2010 à Paris (AFP Bertrand Guay)
«Il y a une exploitation cynique des chiffres (de la délinquance) depuis dix ans», a critiqué l’ancien ministre et sénateur socialiste lors de la présentation, à Paris, d’un rapport présenté à cet égard par la Fondation Terra Nova (à lire ici en PDF), un think tank proche du PS. Rapport qu'il a préfacé.
«Le ministre de l’Intérieur (Claude Guéant) nous dit que la délinquance a reculé pour la neuvième année consécutive dans notre pays, c’est une imposture», a-t-il ajouté de même que «celle du nombre de victimes, 500.000 tous les ans à les en croire». «Ce sont des victimes virtuelles pour lesquels nous n’avons aucune explication», observe Badinter, pour qui «on abuse de la crédulité du public» avec du «charlatanisme politique».

«Le sarkozysme pénal est une escalade»

Le rapport de Terra Nova, signé des magistrats Valérie Sagant, Benoist Hurel et Eric Plouvier dénonce la présentation par Nicolas Sarkozy, sur dix années, de «chiffres contestables et pas fiables», a dit le seconde lors de sa présentation à la presse.
«Il y a eu une pression sur les policiers, les gendarmes et les magistrats pour produire de bonnes statistiques plutôt que de bons services à la population»,selon elle. Cette «pression s’est focalisée sur des indicateurs chiffrés contestables» comme le nombre des interpellations dans le domaine des stupéfiants - 140.000 - «qui a doublé en dix ans comparé à 6.000 affaires de trafics».
Le rapport met en cause l’arsenal législatif mis en oeuvre par Sarkozy comme ministre de l’Intérieur puis comme Président, des «habillages et des artifices» pour plusieurs d’entre eux, a fait valoir Sagant. «27 faits divers, 27 lois», attaque Hurel citant 144 interpellations «seulement» dans le cadre de la loi sur les rassemblements illicites dans les halls d’immeubles. «C’est la rhétorique du conditionnement, les discours forts génèrent des lois dont l’échec génère une demande de législation plus forte, le sarkozysme pénal est une escalade», selon lui.

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