dimanche 20 novembre 2011

Imagerie et modèles, l’avenir de la psychiatrie
Publié le 16/11/2011


L’avènement de la neuro-imagerie fonctionnelle par résonance magnétique (IRMf) représente certainement l’une des plus grandes innovations dans la recherche contemporaine en psychiatrie. Désormais consacrée, cette technique a pourtant moins de vingt ans, rappellent les éditorialistes de The American Journal of Psychiatry, puisque la première étude sur ce thème fut publiée dans ce mensuel de référence en 1994 (même si des travaux antérieurs existaient déjà [1]).
Le succès de l’IRMf s’explique notamment par le fait que nous ne pouvons pas (sans risque pour le patient) « effectuer une biopsie du cerveau ni observer concrètement son fonctionnement cellulaire », excepté de façon indirecte, à travers les actes et les discours des intéressés. Et pour la plupart des affections psychiatriques, nous ne disposons d’aucun modèle animal, contrairement aux autres spécialités médicales pour lesquelles « des modèles animaux se révèlent essentiels pour les progrès thérapeutiques. »
Cette caractéristique de la psychiatrie tient bien sûr à la complexité et à la spécificité des maladies mentales : elles s’apparentent à des pathologies de la communication difficiles à modéliser en dehors du champ clinique, dans la mesure où le cerveau ne sécrète pas la pensée comme une glande sécrète une hormone, et où « les animaux de laboratoire ne peuvent pas nous transmettre leurs états d’âme. » Cependant, précisent les auteurs, l’essor de ces modèles animaux peut « aiguiller la recherche de nouveaux traitements», en particulier contre l’anxiété, la dépression et les troubles de stress post-traumatique (PTSD).
Et si la démarche psychothérapeutique (liée au langage) constitue l’autre approche possible, centrée notamment sur l’évocation « des perceptions et des émotions », les études d’imagerie cérébrale suggèrent que les dysfonctionnements observés dans ces affections (troubles anxieux, dépressifs ou post-traumatiques) semblent aussi « impliquer des processus non linguistiques » sur lesquels les patients ne peuvent donc pas échanger. Cet apport indirect de l’IRMf pourrait « encourager des tentatives » notamment d’ordre cognitivo-comportementaliste, comme le « conditionnement des réponses à des stimuli » (stimulus response conditioning), pour cibler aussi le dysfonctionnement de ces processus hors de la sphère du langage (sublinguistic information processing dysfunctions), et apprécier l’effet de ces nouvelles stratégies psychothérapeutiques sur le contrôle des émotions et du comportement.



Dr Alain Cohen











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