mercredi 9 novembre 2011


Grève de la faim à l’hôpital


Le service de psychiatrie. Deux de ses membres sont en dépression. (Photo archives NR)
Le service de psychiatrie. Deux de ses membres sont en dépression.© (Photo archives NR)
A Thouars, deux membres du service de psychiatrie de l’hôpital ne travaillent plus. Elles témoignent et parlent de “ pressions morales ”.
Epuisées. Ce n’est pas qu’un mot : Stéphanie et Alice (1) sont visiblement très marquées. D’ailleurs, la sécurité sociale a estimé qu’elles souffrent toutes les deux d’une « affection de longue durée » en raison de leur état dépressif. Mais, à ce jour, c’est, à leurs yeux, pratiquement la seule reconnaissance de leur souffrance. L’une est infirmière, la seconde est agent d’entretien. Toutes deux dans le service de psychiatrie sur le site de Thouars de l’hôpital Nord-Deux-Sèvres, toutes deux exercent depuis une vingtaine d’années. Depuis près de deux ans, elles vivent un calvaire. Parlent de « pressions morales ». Selon Stéphanie, « tous les moyens étaient bons. Cela passait par des paroles ou bien par le planning ».
Les deux femmes ont d’abord alerté leur hiérarchie directe, « sans résultat ». Elles sont ensuite passées à l’échelon supérieur : la direction et les ressources humaines. Elles ont même écrit au ministère de la Santé et au Président de la République (2). Sans trouver de réponse qui les satisfasse. « On a l’impression qu’après les pressions morales d’une personne, l’administration a pris le relais. »
“ Pas un acte suicidaire
mais de révolte ”
Stéphanie, l’infirmière, a été vue par un médecin d’une unité de pathologie professionnelle et environnementale qui a conclu qu’elle était bel et bien atteinte d’un « syndrome anxio-dépressif réactionnel majeur en lien avec son travail habituel d’infirmière psychiatrique au centre hospitalier de Thouars », avec pour « agent causal » pressenti des « pressions morales stratégiques ou professionnelles ». Un diagnostic pourtant écarté par l’expert du comité médical de l’établissement. Ne voyant pas d’autres moyens d’être entendue, Stéphanie a saisi le tribunal administratif et surtout entamé chez elle une grève de la faim depuis le 25 octobre :« Ce n’est pas un acte suicidaire, mais de révolte ». Toutes les deux ne craignent qu’une chose : elles ne veulent « en aucun cas être reconnues dans l’incapacité de travailler. Nous aimons notre travail et voulons le reprendre. Mais pas dans ces conditions ».
Après plusieurs mois en arrêt de travail, elles ont été placées d’office en disponibilité par la direction. Conséquence : leur rémunération a été considérablement réduite (pour passer respectivement à 900 € et 500 € par mois). Ajoutant de terribles difficultés financières à leur souffrance morale.
(1) Prénoms d’emprunt.
(2) Le ministère et la présidence ont répondu, orientant les deux Thouarsaises vers le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail de l’hôpital, ce qui n’a pas débouché non plus.
Pierre Calmeilles  la Nouvelle République  

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