mardi 6 septembre 2011


Moins d'effectifs, plus de sédatifs



Publié initialement dans le

Blog région Midi-Pyrénées de l'Appel européen contre la dictature financière


Les personnels des urgences psychiatriques des hôpitaux publics de la Haute-Garonne (CHU Rangueil et Purpan) sont en grève depuis le 12 Juillet.
La psychiatrie est dans tout ces états parce que le monde de la finance non seulement ne veut en savoir que ce qui l'intéresse (au sens monétaire) mais qu'en plus il considère que certaines bouches ne valent pas que l'on distrait de précieuses devises pour elles. Au trou les gueules cassées et les esprits égarés dans le délire et la souffrance. L'histoire nous a même montré jusqu'à quelles extrémités peut conduire ce goût immodéré pour les économies.
La psychiatrie coute cher, parait-il. Baliverne. Elle coute ce qu'elle doit couter et surtout ce que l'on accepte d'y mettre pour améliorer la vie psychique des populations, de nos fils et nos filles que la vie n'a pas favorisé du côté du mental, de nos parents séniles et de nous même qui ne sommes pas à l'abri de quelque défaillance tant la vie devient compliquée. Ces histoires de coût de la santé sont à vomir, à force, elles deviennent intolérables. C'est ça la dictature de la phynance, et ça n'est pas nouveau. Un gros truc (genre Ubu Roi, j'aime Jarry) qui pense à sa panse, à bien la gaver surtout, même si et surtout (pure jouissance) c'est au détriment de tout les autres hommes. Elle dit : "Toi tu coutes cher à ma phynance, ma panse en souffre... zou, que je te décapite, au trou !" C'est tout, c'est simple, et marre qu'on nous fasse de tout cela une bouillie dont il paraît que le péquin moyen il peut rien y comprendre. Certains se gavent, ils sont au pouvoir, rien ne semble pouvoir s'opposer à leur tyrannie, ils en profiteront autant qu'il est possible d'en profiter. C'est simple !
Les urgences psychiatriques sont en grève depuis le 12 Juillet.
Les collègues infirmiers gueulent : «Moins d'effectifs, plus de sédatifs». Il faut bien comprendre que moins il y a de soignants dans un service de psychiatrie plus les psychiatres (des gens bien payés qui ont fait beaucoup d'études) se trouvent acculés à prescrire (c'est leur job) des neuroleptiques, des tranquillisants, des sédatifs, pour que les fous restent calmes. Le truc dingue c'est que ça coute la peau du cul tout ces médicaments. On nous fait croire à nous, les infirmiers psy (j'en suis !) que c'est nous, le matériel humain, le médicament bipédique, le tranquillisant barbu et qui sent parfois la transpiration, qui coute cher. On nous fait croire que toutes ces structures qui ne sont pas des lieux d'hospitalisation (CMP, CPC, Hopitaux de jours et autres) ça coute cher. C'est des murs, c'est sûr, les terrains et les murs, y'a bon pour la spéculation, on connait bien ça à Toulouse, ville des bureaux éternellement à louer.
Bien sur que tout cela c'est des sous, on est pas crétins au point de croire que ça ne coute rien, mais quoi, ça coute rien les médicaments psychotropes et les psychiatres pour les prescrire ? Un choix, c'est un choix ! Choisir entre le pouvoir des soignants de créer des conditions de soins humaines ou choisir d'assouvir l'insatiable fringale de la pompe à phynance. Car oui, c'est cela le choix. L'industrie pharmaceutique est aujourd'hui florissante et engrange des milliards sur le dos de notre santé et de la santé des peuples de toute la Terre. Elle produit sans cesse des nouvelles (parait-il) molécules censées nous guérir de tout les maux mystérieux qui nous empoisonnent l'existence.
Les actionnaires de l'industrie pharmaceutiques ont usés leurs culottes sur le banc de la même école que Sarkozy et consorts, ils sont du même monde, de la même confrérie très rubiconde du côté du portefeuille, du côté de l'avoir et très inhumaine du côté de l'être. Ils sont du même monde et du même côté du manche que ceux qui mettent la Grèce à genou (j'espère qu'ils n'arriveront pas à mettre le peuple grec à genou). «Équilibre phynancier de notre panse», gueulent-ils, ceux-là, tout en bouffant des petits-fours et en sabrant le champagne. Ils réduiront en cendre tout les services publics pour cela, il ne faut pas en douter.
C'est leur porte-feuille qui gueule, alors que chez nos frères et sœurs infirmiers c'est la conscience professionnelle qui gueule et même la conscience tout court, la conscience d'hommes et de femmes qui veulent faire bien leur boulot.
Les urgences psychiatriques sont en grève depuis le 12 Juillet.
Le soi-disant équilibre de la phynance fait disparaître des postes de soignants, de la base jusqu'au sommet, il fait disparaître des structures de soins, il réduit le temps de consultation chez le généraliste, en bref, il rétrécit l'offre de soin alors que la demande ne cesse d'augmenter sous le cout de boutoir du libéralisme. Ce libéralisme ultra qui aggrave la souffrance au travail, qui détruit des familles et sépare les gens, qui laisse les vieux à l'abandon, qui débilite la raison humaine et endort les consciences.
Il y a quelques années des gens intelligents, des spécialistes, des experts disaient : "gaffe, en augmentant l'offre de soins vous allez faire augmenter la demande de soin !". On augmentait l'offre parce que la demande augmentait. Les mêmes experts ont du se dire qu'en diminuant l'offre de soins on allait diminuer aussi la demande. Ça ne marche pas dans ce sens et toute cette demande de soin afflue aux urgences en général et aux urgences psy en particulier. C'est que peut-être la santé ne répond pas à la même logique marchande que le soja (ah ben, j'y pense d'un coup !).
Mais les luttes se multiplient et d'autres établissements de soins, à Toulouse et ailleurs dans la région, sont des lieux ou les poings se lèvent fasse à l'incurie des tutelles régionales et locales devant ces problèmes aujourd'hui majeurs. Ce sont des choix qu'il faut faire : choisir le soignant plutôt que la molécule. Messieurs Dames les psychiatres, nous savons que vous êtes aussi en difficultés, rejoignez ces luttes, elles sont aussi les vôtres, et privilégiés le soignant à la molécule (même si celle-ci a sa place.)

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