dimanche 5 juin 2011


Revue de presse sur le rapport de l'IGAS

Psychiatrie : Un rapport dresse un état des lieux très sévère
31/05/2011

SANTE - L'Inspection générale des affaires sociales fait état de 19 homicides commis en cinq ans par des patients hospitalisés de force...

Alors que le projet de loi réformant l’hospitalisation et les soins psychiatriques doit être définitivement adopté ce mardi, un rapport d  l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) dresse un état des lieux très sévère de la psychiatrie en France.
Ce document, révélé ce mardi par Le Parisien et mis en ligne sur le site de l’Igas, met  au jour 19 homicides commis en cinq ans par des patients et un nombre de fugues d'environ 10.000 par an.

Près de 2.000 membres du personnel agressés en 2009

Selon cette enquête menée à Paris, Lille, Amiens, Nice et Poitiers, les 19 meurtres recensés ont tous été commis par des malades de sexe masculin, hospitalisés de force et ayant des antécédents de violence.
Les victimes sont majoritairement des femmes, soit des proches de malades, soit d'autres malades, soit des personnels soignants. Service psychiatrie du Centre hospitalier Belair à Charleville-Mezieres (Ardennes), en juin 2005. «Ce premier constat factuel prouve l’existence d’actes violents particulièrement graves, sans qu’il soit toutefois possible d’en tirer des enseignements statistiques», peut-on lire dans le rapport, qui fait également état de 1.870 agressions du personnel en 2009.

L’organisation et la surveillance mises en cause

Les auteurs du rapport mettent en cause l'organisation du système psychiatrique français, et notamment la réunion dans un même établissement de malades atteints de pathologies de gravités différentes.
Les enfants sont parfois admis avec les adultes et ainsi, un autiste de onze ans a dû être placé dans une cage grillagée en Guyane en 2007 pour le protéger, dans un cas jugé particulièrement choquant par le rapport.

Le ministère travaille sur un plan global des maladies mentales

Est aussi mise en cause aussi la surveillance des établissements dont il est, selon les inspecteurs, trop facile de sortir. Le chiffre de 10.000 fugues annuelles représente 12% du total des patients internés.

Interrogé sur ce rapport, le ministre de la Santé
Xavier Bertrand a réagi ce mardi sur France 2 en indiquant qu’il jugeait nécessaire d'adopter un nouveau plan global pour le traitement des maladies mentales. Un plan sur lequel, a-t-il précisé, son ministère travaille actuellement.
C. F. avec Reuters

PSYCHIATRIE : L’échec. A réformer d’urgence ……

Voici un extrait du rapport de l’IGAS paru hier qui laisse rêveur. N’importe quelle science se remettrait en cause au vu de telles lacunes, et encore le mot est faible. Comme d’habitude, rien ne va changer mais pourtant, il serait grand temps qu’il y ait une vraie science pour s’occuper de ceux qui souffre mentalement.
Je vous laisse juge au vu des extraits de ce rapport. A quand une refonte totale de la psychiatrie ?
1. LES ACCIDENTS EN PSYCHIATRIE QUI METTENT EN JEU LA SECURITE DES PERSONNES REVELENT DES DEFAILLANCES REPETEES DU DISPOSITIF HOSPITALIER DE SANTE MENTALE

1.1. Le système de santé mentale est confronté à des violences qu’il sait mal prévenir ou gérer
1.1.1. L’IGAS et les services (ARS, ONVH) ont enquêté sur près d’une vingtaine d’homicides ou de tentatives d’homicide en cinq ans.
1.1.2. Les agressions de malades envers d’autres malades mentaux ou envers les personnels soignants sont fréquentes et pèsent sur le climat général
1.1.3. Les viols et les agressions sexuelles à l’intérieur des établissements ne sont pas des phénomènes exceptionnels
1.1.4. La maltraitance physique, dans des unités isolées, reste souvent cachée pendant plusieurs années

1.2. Les fugues et les évasions de malades hospitalisés sans consentement qui entraînent une rupture thérapeutique, sont faciles et fréquentes
1.2.1. La fréquence et le taux réel de fugues sont sous-évalués à tous les niveaux
1.2.2. Les modes opératoires ne demandent le plus souvent aucun effort particulier
1.2.3. L’évasion des détenus s’avère parfois plus difficile, mais l’hôpital psychiatrique reste pour un détenu le moyen le plus simple de s’échapper, en l’absence de garde pénitentiaire
1.2.4. La fugue d’un patient potentiellement dangereux n’est pas toujours signalée à temps aux forces de sécurité
1.2.5. Dans la majorité des cas, les fugues n’ont pour conséquence qu’une rupture thérapeutique, mais plusieurs décès se produisent chaque année au cours de ces fugues

1.3. Ces accidents engagent la responsabilité juridique des établissements pour défaut de surveillance ou d’organisation du service

2. LES FACTEURS INFLUENÇANT LA DANGEROSITE DES MALADES SE REVELENT MULTIPLES ET COMPLEXES


2.1. La violence subie ou provoquée par les malades mentaux est revue à la hausse dans la littérature scientifique internationale
2.1.1. Les données récentes de la littérature montrent que certaines catégories de malades ont un risque accru de commettre un homicide, même si la majorité n’est pas dangereuse
2.1.2. La faiblesse des données nationales n’est pas un argument pour penser que, dans notre pays, les choses puissent être différentes
2.2. Le confinement, la promiscuité et le désoeuvrement des malades créent les conditions favorables au passage à l’acte2.2.1. Le non-respect des droits des malades suscite des frustrations inutiles et dangereuses
2.2.2. L’utilisation abusive des chambres d’isolement contribue à accroître la tension dans les services
2.2.3. Le désoeuvrement des malades suscite un ennui néfaste
2.3. La conduite des hôpitaux vis-à-vis des addictions de leurs patients est marquée par l’incohérence2.3.1. L’alcool est partout prohibé
2.3.2. Fortement consommé par les malades, le tabac est revendiqué à leur égard par les personnels, souvent eux même fumeurs, comme « le seul plaisir qu’il leur reste » et les dommages qu’il cause sont ignorés
2.3.3. Les hôpitaux psychiatriques assistent impuissants aux trafics quotidiens de cannabis, alors que le cannabis est un facteur de psychose
2.3.4. Les autres drogues sont plus marginales
2.4. L’évaluation des critères de dangerosité individuelle pourrait progresser, mais a de toute façon des limites 2.4.1. Les outils d’évaluation clinique ne sont pas expérimentés en France
2.4.2. Les médecins ne peuvent pas à coup sûr pronostiquer la dangerosité d’un malade
2.5. L’éparpillement des informations entre les acteurs rend difficile l’appréciation de la dangerosité d’un patient2.5.1. Le médecin dispose uniquement des éléments cliniques et des informations que le patient a bien voulu lui communiquer
2.5.2. La communication avec les proches du patient n’est pas toujours suffisante
2.5.3. Les maires ne sont pas systématiquement associés au suivi ambulatoire des patients
2.5.4. Dans certains territoires, le préfet ne disposait pas, jusqu’à récemment, des éléments nécessaires pour éclairer ses décisions
3. LES FACTEURS SYSTEMIQUES ONT ETE JUSQU’ICI PEU DECRITS DANS L’ORIGINE DES DEFAILLANCES, ALORS QU’ILS JOUENT UN ROLE PRIMORDIAL

3.1. Les installations ne tiennent pas toujours assez compte des besoins
3.1.1. Les accès sont généralement mal aménagés et peu surveillés
3.1.2. Les allées et venues dans les unités de soins sont souvent mal gérées
3.1.3. La conception des unités pose souvent problème

3.2. L’organisation interne des établissements n’a pas suffisamment évolué pour prendre en compte les changements intervenus
3.2.1. Les réductions capacitaires hospitalières publiques sont parfois insuffisamment compensées par le développement des alternatives
3.2.2. L’organisation médicale intra hospitalière favorise souvent le contact entre des sujets fragiles et des sujets dangereux et n’aide pas à l’élaboration de projets d’ensemble novateurs
3.3. Le suivi des malades mentaux est déterminant pour éviter les ruptures thérapeutiques et limiter les complications somatiques3.3.1. Les traitements comportent de nombreux effets secondaires qu’il convient de surveiller attentivement
3.3.2. Les modalités d’organisation de la continuité des soins ne permettent pas toujours d’éviter la rupture thérapeutique ou la reprise d’addictions
3.3.3. La coopération avec les forces de sécurité a globalement progressé
3.4. La gestion des ressources humaines joue un rôle décisif dans la politique de prévention des accidents3.4.1. Malgré une croissance régulière des effectifs rapportés aux lits, certains établissements peuvent connaître des déficits localisés
3.4.2. En revanche le temps de présence des personnels est presque partout réduit
3.4.3. L’expérience et la formation du personnel sont déterminantes pour garantir la sécurité des patients
3.5. Les autorités de tutelle ne contribuent pas suffisamment à l’évolution du dispositif hospitalier de santé mentale3.5.1. La sécurisation des hôpitaux ne fait pas partie des priorités stratégiques des établissements et des autorités de tutelle
3.5.2. Des efforts d’investissement sont nécessaires pour restructurer et construire des bâtiments adaptés aux évolutions thérapeutiques

4. LES PROPOSITIONS


4.1. Un état d’esprit à changer de part et d’autre pour arriver à un équilibre


4.2. Rappel des recommandations
4.2.1. Equiper, bâtir, rénover, adapter
4.2.2. Organiser, restructurer, formaliser, gérer, former
4.2.3. Recenser, mesurer, évaluer, rechercher, expérimenter, valider, diffuser
4.2.4. Informer, communiquer, coordonner
4.2.5. Légiférer, règlementer


Romandie News

Sécurité/hôpitaux psychiatriques : l'IGAS pointe des dysfonctionnements

PARIS - Le rapport que l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) rend public mardi pointe de vrais dysfonctionnements en matière de sécurité au sein des hôpitaux où sont soignés les internés d'office assure le Parisien/Aujourd'hui en France.

Très critique envers l'institution, le rapport, publié le jour même du vote solennel des députés sur une réforme controversée de l'hospitalisation d'office, évalue à environ 10.000 fugues par an parmi les patients pourtant hospitalisés sous contrainte.

Les auteurs du rapport qui sera remis aux ministres de la Santé, de la Justice et de l'Intérieur ont enquêté sur une vingtaine d'homicides survenus dans les hôpitaux psychiatriques au cours des cinq dernières années, et sur de nombreuses agression dont ont été victimes des malades et des soignants.

Ils estiment que derrière les drames individuels, se répètent des dysfonctionnements systématiques.

L'inspection a travaillé dans cinq établissements et a analysé les accidents en psychiatrie survenus dans la population des 80.000 malades internés d'office. Ce sont ces patients que la loi oblige à rester dans les hôpitaux pour prévenir tout problème pour eux-mêmes et les autres.

Cette population représente environ 50% de tous les patients suivis en psychiatrie.

Le projet de loi examiné lundi en deuxième lecture à l'Assemblée nationale, instaure notamment la possibilité de soins ambulatoires (à domicile) sans consentement. Très fortement constesté par les syndicats de psychiatres, il avait été initié fin 2008 par Nicolas Sarkozy après le meurtre d'un étudiant à Grenoble par un malade mental enfui de l'hôpital.

Une pétition d'opposants à ce projet de loi, à l'appel du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, a recueilli plus de 30.000 signatures.
(©AFP / 31 mai 2011

Romandie News

Violence, fugues, maltraitance: un rapport tance les hôpitaux psychiatriques

PARIS - En plein débat sur l'hospitalisation d'office, les hôpitaux psychiatriques sont taxés de négligence en matière de sécurité, dans un rapport officiel sévère publié mardi.

Ce document rédigé par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) souligne les violences et les fugues recensées dans ces établissements, mais aussi la maltraitance dont sont parfois victimes les patients.

Il se base sur l'analyse les accidents en psychiatrie des cinq dernières années, dont certains très médiatisés, comme le meurtre en 2008 à Grenoble d'un étudiant par un malade mental enfui de l'hôpital.

Conclusion: l'Igas a constaté que, derrière les drames individuels, se répétaient des dysfonctionnements systémiques.

Alors que les hôpitaux accueillent toujours plus de personnes hospitalisées sans leur consentement (quelque 80.000 par an), ils peinent selon l'Igas à faire face aux situations de violences.

La mission a dénombré une vingtaine de meurtres en cinq ans (dont sept à l'intérieur d'un établissement et trois au cours de fugues) et une dizaine d'agressions sexuelles dans l'enceinte hospitalière.

Ces drames sont rares, mais les agressions contre le personnel et les malades paraissent en revanche plus nombreuses que ne le laissent percevoir les 1.870 signalements recensés en 2009, estime l'Igas.

Le rapport relève aussi les fugues, évaluées entre 8.000 et 14.000 parmi les personnes hospitalisées sans leur consentement. La plupart le font à pied, en plein jour, par le portail central, relève l'Igas, qui déplore une trop faible surveillance.

Si les directions des hôpitaux sont critiquées pour leur faible réaction, c'est toute l'organisation des soins psychiatriques qui est remise en cause. L'Igas évoque la maltraitance physique des patients et plus largement les mauvais usages hospitaliers.

Le fait notamment de confiner dans des espaces étroits des personnes aux pathologies très différentes, certaines délirantes et en crise aiguë et d'autres proches de la sortie favoriseraient les fugues ou les violences.

Contrairement à une idée répandue, ce ne sont pas les effectifs de personnels qui font défaut, estiment les auteurs, qui critique la gestion des ressources humaines par les hôpitaux.

Les pouvoirs publics ne sont pas épargnés: la sécurisation et l'amélioration des soins psychiatriques ne font pas partie des priorités stratégiques déjà nombreuses des autorités de tutelle.

Il faudrait être naïf pour penser que ce rapport est publié aujourd'hui par hasard, a dit à l'AFP Norbert Skurnik, du syndicat des psychiatres de secteur, en référence au projet de loi de réforme de l'hospitalisation d'office voté mardi par les députés et rejeté par la profession qui le juge trop sécuritaire.

Le rapport de l'Igas vient à nouveau enfoncer le clou de cette orientation qui entretien un climat de peur et de stigmatisation des malades, a jugé le psychiatre Paul Machto, responsable d'un centre de jour à Montfermeil, sur France Inter.

Selon les deux psychiatres, le rapport de l'Igas constitue surtout une charge contre la psychiatrie de secteur. Ce mode d'organisation fait qu'en principe un malade est soigné par l'établissement psychiatrique du lieu de sa résidence, et non en fonction de sa pathologie.

Il y a une loi qui est votée aujourd'hui au Parlement, qui est importante, mais il nous faut aussi un nouveau plan de santé mentale, qui est demandé par tous les acteurs du dossier, a dit mardi le ministre de la Santé Xavier Bertrand, interrogé sur France 2 sur le rapport de l'Igas.
(©AFP / 31 mai 2011

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