dimanche 15 mai 2011

Festival de Cannes

Psychanalyse du drame de Columbine

12/05/11

Critique de "We need to talk about Kevin", par Donald Hebert.

Un film sur un fossé entre une mère, son fils... Et ses conséquences. (D.R.) Un film sur un fossé entre une mère, son fils... Et ses conséquences. (D.R.)

De notre envoyé spécial à Cannes.

Le dégoût. Celui qu’éprouve une mère pour son fils, parce qu’il se révèle différent de ce qu’elle attendait. Voilà le thème de "We need to talk about Kevin", de Lynne Ramsay.

Le film met en scène Eva (interprété par Tilda Swinton)  qui tente de garder la raison après la tuerie dont son fils est l’auteur. Bercée entre la culpabilité d’avoir mis au monde un monstre et la volonté de chasser ses démons, elle revisite les moments-clés de l’éducation de son fils. Les crises de désespoir face à un bébé qui ne cesse de pleurer avec elle, mais qui est calme avec son père. La frustration de voir son jeune enfant ne lui témoigner aucune affection. La peur de voir l'adolescent se venger du mal qu’elle lui a fait.


Une femme prise dans un engrenage.


Peu à peu, un duel s’installe entre la mère et le fils, une lutte pour le pouvoir, invisible mais permanente. Si la thèse de l’erreur de naissance est évoquée au début à travers les doutes de la mère qui ne reçoit pas les signes qui devraient la rassurer, on s’écarte très rapidement d’un Rosemary’s baby pour plonger dans un névrose maternelle. A travers cette psychanalyse, on découvre la dureté d’une femme prise dans un engrenage et qui n’arrive pas à témoigner de son amour.


Les choix artistiques sont au service de l’histoire, la photo et le montage sont des œuvres à eux seuls. Les plans serrés et les effets plastiques s’alternent dans un montage complexe de flash back et de rêves qui piègent le spectateur dans la tête de cette famille tourmentée. A voir.

Donald Hebert - Le Nouvel Observateur

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