dimanche 17 avril 2011

À découvrir au LaM de Villeneuve-d'Ascq : Wölfli, le paysan schizophrène devenu le maître de l'art brut

10.04.2011
JEAN-MARIE GUICHARD
 Une sélection de cent cinquante des oeuvres de Wölfli à voir jusqu'au 3 juillet. PHOTO MAX ROSEREAU
Une sélection de cent cinquante des œuvres
de Wölfli à voir jusqu'au 3 juillet.
PHOTO MAX ROSEREAU

| EXPOSITION |

En 1895, Adolf Wölfli, 31 ans, solide journalier maltraité durant son enfance, est interné pour schizophrénie à l'hôpital psychiatrique de Berne, en Suisse. Il va y passer le reste de sa vie, entre les infirmiers et... ses crayons de bois. Durant trente-cinq ans, le « malade mental » noircit et colorie des milliers de pages, réalisant une des plus étonnantes sagas d'art brut jamais réalisées, à base de personnages minuscules intégrés à des motifs décoratifs orientalistes. ...


Une sélection de 150 de ses oeuvres est présentée depuis hier au LaM de Villeneuve-d'Ascq, première grande exposition temporaire d'art brut depuis la réouverture. La visite des onze salles permet d'appréhender la création dans l'ordre chronologique, depuis les premières feuilles en noir et blanc jusqu'à la mystérieuse Marche funèbre, succession compulsive de pages remplies de mots clés.

Dessins, écrits

Reconnu comme « artiste » par ses médecins puis par des collectionneurs avertis, Wölfli est considéré désormais comme une valeur sûre dans le monde de l'art et le LaM n'a eu les moyens, jusqu'ici, que de s'offrir deux pièces. « Différent » mais instruit, Wölfli a également beaucoup écrit, notamment Du berceau au tombeau, récit de voyage imaginaire, autofiction introspective remplie d'appréciations sur la vie et de théories sur le monde à venir. Plusieurs pages sont visibles à l'expo ainsi que des albums de musique.

Longtemps hermétiques, ses notations musicales ont été décryptées récemment, dévoilant des compositions parfaitement jouables. Comment les visiteurs vont-ils accueillir cette exposition-test sur l'attractivité de l'art brut ? Sachons en tout cas que l'oeuvre de Wölfli, « l'expression la plus représentative de l'art brut », selon Dubuffet, ne laisse pas indifférent.


Son maniérisme et son souci du détail, ses obsessions - croix, chiffres, têtes aux yeux noirs - sa mise en scène des sujets, avec une interaction innovante pour l'époque entre graphisme, texte, collages, tout ici interpelle notre appréciation souvent cartésienne de l'oeuvre d'art. Et si, pour une fois, nous laissions simplement parler nos émotions... brutes.


Jusqu'au 3 juillet au LaM, 1, allée du Musée à Villeneuve-d'Ascq. Du mardi au dimanche de 10 h à 18 h.
Dix et sept euros. Rens. au 03 20 19 68 88.

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