dimanche 6 février 2011

Soins aux détenus : l’UHSA a tenu « son pari », selon les psychiatres
04.02.2011

« L’UHSA n’est pas un hôpital-prison ! », ont martelé - une nouvelle fois - hier les intervenants médicaux lors des journées d’études « psychiatrie et prison » qui se poursuivent aujourd’hui à l’ENS de Lyon. Leur objectif est d’analyser cet objet thérapeutique encore peu identifié qui a fait coulé beaucoup à son ouverture le 18 mai dernier au sein du centre hospitalier du Vinatier. L’Unité hospitalière spécialement aménagée, « n’est pas un lieu de rétention, de sûreté, un hôpital pour pédophiles » ou encore « un outil d’éradication de la maladie mentale en prison », lance d’emblée le Dr Eve Bécache, la responsable de l’UHSA. L’unique « objet » de l’UHSA est d’apporter une égalité de soins aux personnes détenues souffrant de troubles mentaux, rappellent la psychiatre et le directeur du Vinatier, Hubert Meunier.

Dotée de 3 unités de 20 lits, l’UHSA s’adresse à une population de plus de 7 000 détenus, répartis sur une région allant de Dijon à Aurillac, de Privas à Besançon. Au 26 janvier, elle avait accueilli 164 patients de toutes les prisons de la région mais une majorité était issue de Corbas. Seules 15 femmes et 4 mineurs figuraient parmi les patients âgés pour la plupart de moins de 49 ans. 99 patients étaient des condamnés et 65 des prévenus. Psychoses, dépressions sévères… les pathologies des patients de l’UHSA sont « très lourdes » et « nous sommes confrontés de manière permanente à la mort et aux pulsions de mort », explique le Dr Bécache en soulignant que les 117 soignants doivent subir, eux-aussi, l’enfermement. Avec 49 patients condamnés pour homicide et 26 pour viols, l’UHSA est aussi une « concentration des crimes de sang », cependant il n’y a « jamais eu de violences ». Le premier décès par suicide a été enregistré récemment mais l’équipe a aussi encadré 11 libérations de détenus dont 2 sont rentrés chez eux (les autres restant hospitalisés dans d’autres unités). « Il faut toujours se dire qu’ils seront libres un jour et travailler avec les services qui les prendront en charge », souligne Eve Bécache. Seuls 2 patients sont là depuis l’ouverture, les autres restent en moyenne 46 jours. Mais l’UHSA est « pleine » en permanence. Bref, après 9 mois d’expérience, la responsable de l’unité estime que « le pari et les objectifs ont été tenus » et que l’UHSA est « exclusivement un outil de soins ».
Sylvie Montaron

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