mercredi 12 janvier 2011

Les psychiatres ne suivraient pas la règle d’or
Publié le 12/01/2011

Selon les éditorialistes du British Journal of Psychiatry, les psychiatres ne respecteraient pas toujours ce principe éthique universel, connu sous le nom de   ‘‘Règle d’or’’ (The Golden Rule). Principe résumant et supplantant, par sa simplicité exemplaire, la masse des lois et autres réglementations : « Traitons les autres comme on accepterait d’être traité par eux. »

Or les auteurs commentent une étude allemande indiquant que les psychiatres « ne veulent généralement pas être traités comme ils traitent souvent leurs patients. » Dans cette étude, 500 psychiatres (recrutés lors d’un congrès annuel) ont été interrogés sur leurs pratiques professionnelles, sur la façon dont ils préfèreraient eux-mêmes être traités s’ils se trouvaient à la place du malade, et sur ce qu’ils répondraient à un patient leur demandant ‘‘Que feriez-vous à ma place, Docteur ?’’ Et les résultats de cette enquête sont édifiants ! Car les psychiatres semblent pratiquer la politique du ‘‘Fais comme je dis, et non comme je fais !’’
 
Par exemple, alors que près de la moitié des psychiatres proposent des injections de neuroleptiques retard (depot antipsychotic medication) à leurs patients ayant une mauvaise observance à l’égard des traitements per os, seulement 15 % d’entre eux s’appliqueraient à eux-mêmes, le cas échéant, cette stratégie thérapeutique ! Et encore, il est possible qu’un biais entache ces statistiques déjà éloquentes, car les réponses données par les professionnels ne sont peut-être pas tout à fait sincères, dans la mesure où certains psychiatres ne répondraient pas franchement ce qu’ils pensent, mais ce qu’ils estimeraient ‘‘socialement acceptable’’ de répondre. En clair, ils minimiseraient les réponses ‘‘choquantes’’ (du type ‘‘Ce qui vaut pour autrui ne vaut pas pour moi’’ et vice-versa) quand ils repèreraient une entorse flagrante à la logique ou à l’éthique ! Enfin, pour exercer la psychiatrie, on n’en reste pas moins pusillanime : en effet, cette étude allemande montre que les psychiatres sont plus volontiers enclins à s’appesantir sur les effets latéraux des médicaments, quand ces traitements les concernent personnellement que s’ils sont destinés à leurs patients !
Dr Alain Cohen

Crawford MJ et Dunlea E : Providing patients with information about treatment choices : do unto others ? Br J Psychiatry 2010; 197: 429-430.

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