mardi 11 janvier 2011

La psychiatrie regarde vers l'aval

Une unité d'hospitalisation vient d'être transférée de Cadillac à Lormont. Plus de proximité pour préparer l'avenir.
 En septembre dernier, à quelques dizaines de mètres de l'arrêt de tram Buttinière et de l'avenue Carnot, à un jet de pierre de la clinique des Quatre pavillons, entouré d'immeubles d'habitation, s'est ouvert le Centre psychothérapeutique (CP) de Lormont. Un centre de soins dans l'ancien château des Gravières, parfaitement intégré dans la cité, connecté à son environnement.

« L'ouverture de ce centre psychothérapeutique à Lormont confirme notre volonté de proximité, d'abord dans la prise en charge des patients, mais également avec tout ce qui fait la vie d'une cité : sa population, ses associations, ses activités », explique Jacques Laffore, directeur du Centre hospitalier (CH) de Cadillac, dont dépend la nouvelle structure lormontaise.

Décentralisation


Le CH de Cadillac, établissement public spécialisé dans la prise en charge de la maladie mentale, c'est la maison mère. À Cadillac même, à 40 km au sud de Bordeaux, en bord de Garonne, se trouve l'hôpital historique. Mais la maison mère, au fil des ans et des politiques de rapprochement avec les patients, a fait des petits. Pas moins de 50 structures de soins ambulatoires et d'unités d'hospitalisation délocalisées, de la pointe d'Ambès à Bazas, de La Réole à Belin-Béliet. Il s'agit de toujours plus décentraliser, par secteur de 70 000 habitants. L'ouverture récente du CP de Lormont en est l'exemple-type. Une ouverture qui a d'ailleurs entraîné la fermeture d'une unité à Cadillac.

Doté de 30 lits de psychiatrie générale adulte, le centre comprend une aile ouverte pour les hospitalisations libres et une aile fermée pour les cas les plus aigus, dans le cadre d'une hospitalisation sous contrainte. Et les 30 lits sont occupés… « C'est un secteur qui ne manque jamais d'activités », dit en souriant Jacques Laffore.

Des activités, les patients lormontais n'en manqueront pas. Le bâtiment tout neuf abrite deux salles pour les ateliers création, le sport, la relaxation. Ces ateliers se pratiquent avec les infirmiers, les éducateurs et les psychologues, mais aussi avec des artistes et des professeurs de sport qui viennent de l'extérieur et qui emmènent régulièrement les patients hors les murs. Un partenariat avec le Rocher de Palmer va bientôt se concrétiser (lire aussi ci-dessous).

Par ici la sortie


Le but est de « préparer la réintégration des patients dans la cité et la société, en respectant leur citoyenneté et en développant leurs capacités d'expression », précise le docteur Frédéric Ducos. Ce retour à la cité - au sens de « ville » et de « collectivité » - Nicolas le souhaite et s'y prépare. Ce patient de 41 ans, présent depuis l'ouverture en septembre, considère sa chambre un peu vide, aux tons blanc, gris clair et bleu ardoise, comme « un lieu de vie, un lieu de transition avant un studio indépendant ».

L'après-hospitalisation… Tout aussi importante que l'hospitalisation en elle-même. « Non, la psychiatrie publique n'est pas un secteur sinistré. Oui, les besoins sont toujours là, très importants. Mais le plus urgent, c'est d'apporter des solutions en aval de l'hospitalisation : maisons d'accueil spécialisées, foyers, bailleurs plus confiants vis-à-vis des patients », souligne avec force Jacques Laffore.

De Cadillac à Lormont, de la chambre d'hôpital au studio indépendant, décidément, l'aval, c'est l'avenir.

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