mercredi 1 décembre 2010

Seuls, reclus chez eux : est-ce grave docteur ?

Seul, chez soi, à l’abandon : est-ce pour autant une maladie? Des «personnes âgées en perdition dans leur domicile», tout le monde en connaît : ces vieux qui ne sortent plus de chez eux, qui ouvrent peu la porte, ont peur de tout. Souvent, quand le voisinage intervient, c’est trop tard, la personne a basculé dans un autre univers.

La semaine dernière, à l’hôpital Georges-Pompidou à Paris, s’est tenu, à l’initiative de la Fédération des réseaux de santé gérontologie d’Ile de- France, le colloque «Gériatres et psychiatres : quelles collaborations au domicile du patient ?» Une étude a été présentée sur ces vieux en perdition chez eux. Ce sont des gériatres d’une association de l’est parisien qui ont travaillé sur cette population.

Ils disent avoir vite senti qu’il s’agit «d’une population particulière, pour la plupart en manque de soins». Et ont décidé d’analyser les dossiers des 225 premiers patients visités. Leur âge moyen est de  81 ans, 62% sont des femmes, 75%vivent seuls.«Près d’une personne sur deux a un entourage défaillant, lointain, voire inexistant», a décrit le Dr Stephan Pau-Montero. «35%, au départ, refusent les soins ou les aides en tout genre. 49% n’ont pas de médecin traitant.» L’étude montre que «31% de ces personnes âgées vivent dans des domiciles insalubres, 32%s ont dénutris. Par exemple, 14% d’entre eux ont des frigidaires vides, ou éteints, ou encore mal utilisés.» Que faire ? Intervenir alors qu’apparemment la plupart de ces personnes n’expriment pas de demandes ? Ne rien faire, ne serait-ce pas de la non-assistance à personne en danger ? Les gériatres américains ont défini un syndrome gériatrique dit «d’autonégligence», à l’instar des chutes, de la dénutrition, voire des incontinences.

Ce syndrome se définit «par une absence de recours aux besoins primaires», que ce soit l’hygiène, la santé, la sécurité, l’eau ou la nourriture. Dans le cas de l’étude de l’est parisien, près des deux tiers des personnes âgées en seraient atteintes. Et le Dr Stephan Pau-Montero de conclure : «La reconnaissance de ce syndrome doit permettre une meilleure prise en charge de ces personnes jusque-là exclues du parcours de soins traditionnels.» Est-ce si sûr ?

Médicaliser des comportements peut certes avoir des effets positifs. Mais sont-ils malades ?
Qu’en disent les intéressés ? Comme souvent dans ce genre d'études, leur parole manque fortement....
Eric Favereau


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