mercredi 6 octobre 2010





Mieux vaut une thérapie familiale qu’individuelle pour l’anorexique

Une étude randomisée américaine menée chez 121 adolescents atteints d’anorexie mentale démontre définitivement la supériorité de la thérapie familiale (ou méthode de Maudsley), qui donne aux parents un rôle actif, par rapport à la thérapie individuelle. Deux fois plus de patients sont en rémission complète à la fin du traitement de 1 an.


« NOTRE RECHERCHE était grandement nécessaire. L’anorexie mentale est une maladie qui peut engager le pronostic vital, et il est incroyable de constater le manque d’information sur la façon de la traiter », souligne dans un communiqué le Dr James Lock (université médicale de Stanford) qui a codirigé l’étude avec le Pr Daniel Le Grange (université médicale de Chicago). Selon ce dernier, « cette étude démontre sans équivoque que pour une adolescente atteinte d’anorexie mentale et médicalement stable, la thérapie familiale doit être le traitement de choix ». Il ajoute, toutefois, que la psychothérapie individuelle réussit mieux dans certains cas. Les chercheurs analysent maintenant les données pour établir s’il est possible d’identifier des sous-groupes pour lesquels l’un ou l’autre traitement serait plus indiqué.

Dans l’étude, 121 adolescents atteints d’anorexie mentale (âgés de 12 à 18 ans), essentiellement des jeunes filles (91 %), ont été affectés par randomisation pour bénéficier, pendant un an, de 24 sessions d’une thérapie soit familiale, soit individuelle. Les patients étaient évalués au début, puis à la fin d’un traitement de 1 an, et enfin 6 et 12 mois après l’arrêt.

La thérapie familiale (ou méthode de Maudsley) est conduite en 3 phases. Elle favorise le contrôle parental de la restauration du poids, tout en améliorant le fonctionnement familial face au développement de l’adolescent. Les parents sont pris comme « cothérapeutes » et guidés pour aider l’adolescent à manger suffisamment et à ne pas se surmener physiquement. Un parent doit notamment être présent à chaque repas et chaque goûter.

Le principal critère d’efficacité était le taux de rémission complète, c’est-à-dire normalisation du poids et du comportement alimentaire. À la fin du traitement, 42 % des patients en thérapie familiale étaient en rémission complète, contre seulement 23 % de ceux en thérapie individuelle. La différence est, cependant, jugée comme non significative.

Mais après 6 et 12 mois de suivi, la thérapie familiale se montre significativement supérieure à sa concurrente. Le taux de rémission complète à 6 mois se chiffre à 40 % pour les patients en thérapie familiale, contre 18 %. À 12 mois, les taux s’établissent respectivement à 49 et 23 %. En ce qui concerne les rémissions partielles, les deux traitements donnent les mêmes taux à 6 et 12 mois. Enfin, durant la prise en charge, moins d’adolescents en thérapie familiale ont été hospitalisés pour stabilisation médicale (seulement 15 %, contre 37 % pour les autres).

› Dr VÉRONIQUE NGUYEN

« Archives of General Psychiatry », 4 octobre 2010.
Quotimed.com, le 05/10/2010

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