samedi 25 septembre 2010




Sans queue ni tête : quand la psychanalyse rencontre la prostitution

Rien que pour voir Isabelle Huppert interpréter une prostituée libre et indépendante, « Sans queue ni tête » vaut le déplacement! Malgré quelques incompréhensions scénaristiques, le film tient ses promesses : une comédie légère sur un sujet qui l’est beaucoup moins.

Si postulat de départ il devait y avoir, il pourrait ressembler à ce qui suit : un homme, psychanalyste, rencontre une femme, prostituée. Chacun à leur façon  soignent les maux (ou les mots?) et la solitude de l’âme. La réalisatrice Jeanne Labrune n’en fait pas des tonnes, mais insinue avec beaucoup de délicatesse que les deux professions ont plus de ressemblances que l’on imagine. Alice (Isabelle Huppert) et Xavier (Bouli Lanners) font connaissance à un tournant de leur vie : elle est fatiguée par ses clients et pense à changer de vie ; lui en a marre de ses patients et vient de se faire quitter par sa femme. La relation qui s’établit entre ces deux êtres est aussi étrange que profonde. Ils semblent ne jamais se comprendre vraiment, ne se parlent pas beaucoup et pourtant, une sorte d’électricité passe entre eux. Le peu de scènes qu’ils ont en commun suffit à installer la relation dans un ailleurs bien meilleur.

Ce qui par contre est dommageable, c’est l’arrivée d’un tiers en cours de récit. Pierre Cassagne (Richard Debuisne), un psychiatre bien intentionné, se substituera aux manques et aux absences de Xavier. Par le biais d’une sculpture représentant un ange il y aura passation de relais, de Xavier à Alice, puis d’Alice à Pierre : juste retour des choses, puisqu’au départ c’est Pierre qui avait acquis cette oeuvre d’art aux enchères. La boucle est bouclée mais n’en révélons pas trop! Pierre est donc un passeur, présence indispensable? En tous les cas elle se justifie dans le scénario et dans la mise en scène… au détriment de la relation entre Alice et Xavier. Même si le brouillard rend tout merveilleux, il n’aurait pas été du luxe d’en savoir un peu plus. Ce couple qui n’en est pas un (disons qu’il s’agit d’une sorte de duo de « confort ») aurait mérité d’être plus exploré. Car chacun a changé la vie de l’autre. Ce qui, toute proportion gardée, n’est quand même pas rien.

Sans queue ni tête est une comédie. Plutôt satirique mais jamais méchante. Le film ne se moque pas de la solitude humaine, il prend en dérision les situations absurdes engendrées par cette solitude. Entre les hommes et les femmes tout semble étrange et compliqué : le mieux finalement est de s’en amuser. La nature humaine est bien faible et même s’il est difficile de savoir à qui se fier, psy ou prostituée, chacun a son petit plus à apporter.

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