samedi 18 septembre 2010







A l’hôpital Sainte-Anne, ça va être de la folie

Journées européennes du patrimoine








 

Une schizophrène, attachée au lit
par son père depuis 10 ans.
Photo : Stéphane Moiroux/Laure Gruel;
peinture : Paolo Del Aguila

 
2 000 visiteurs sont attendus dans l’hôpital psychiatrique Sainte-Anne à Paris à l’occasion des Journées européennes du patrimoine (18 et 19 septembre). Les 100 photos de l’exposition « Regards sur la folie » montrent la perception et la prise en charge de la psychose au sein de quatre peuples amérindiens : les Inuits, les Sioux-Lakotas, les Mayas et les Shipibo.Un travail sur place sur le continent américain pendant un an mené par Laure Gruel, psychomotricienne en psychiatrie et Stéphane Moiroux, infirmier et photographe professionnel. Une approche artistiquement subtile et humainement convaincante qui ouvre bien des portes et des esprits.

« Il y a un tabou autour de la folie, même dans des peuples qui ont d’autres représentations des troubles mentaux ». Stéphane Moiroux montre ses images de la folie chez les peuples Maya, Inuit ou Sioux en plein centre de Paris, dans un ancien pavillon de soin au cœur du centre historique de l’hôpital psychiatrique Sainte-Anne, inauguré en 1867. Les photos sont suspendues, pas de question de percer des trous dans les murs d’un bâtiment classé monument historique. « Quand on a monté ce projet, on s’est dit qu’il fallait le faire dans un lieu qui pouvait avoir du sens. On aurait pu faire cela dans un festival photographique, mais cela reste un public très spécialisé de la photographie. Nous, on parle des personnes en souffrance mentale et nous voulons toucher un grand public. »

Chaque peuple a sa propre manière de gérer la folie

Stéphane Moiroux, 29 ans, est depuis trois ans photographe et depuis dix ans infirmier. Il a travaillé aux soins palliatifs avec beaucoup de patients africains qui avaient souvent une manière « magique », « mystique » ou « symbolique » de représenter leur maladie. Sa partenaire du projet, Laure Gruel, 30 ans, est psychomotricienne en psychiatrie. Un métier où les patients parlent de leurs émotions à travers le corps, des massages, le théâtre, la balnéothérapie. Elle était très touchée par la souffrance de ses patients et par leur manière d’exprimer les choses. Après de longues discussions, Laure Gruel et Stéphane Moiroux sont tombés sur une question-clé : « Qu’est-ce que pourrait être la représentation des personnes qui ont des troubles mentaux graves comme la schizophrénie dans des populations qui ont une vision et une perception du monde différentes de notre rationalisme en Occident ? » Ils ont cherché des contacts auprès des centres hospitaliers, des centres de soins et d’hébergement en Amérique et ont décidé de rester pendant un an en Amérique afin d’étudier et d’aborder la question de la folie à travers quatre peuples différents. Un an après, ils sont de retour. Résumé : chaque peuple a sa propre manière de gérer la folie.

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