samedi 25 septembre 2010






LES FRANÇAIS ET LEUR SYSTÈME DE SANTÉ

Explosion du renoncement aux soins


Le « Baromètre Cercle Santé-Europ Assistance » met en évidence un boom du renoncement aux soins en France ou près d’un quart de la population affirme avoir en 2010 au moins une fois abandonné ou remis à plus tard la possibilité de se soigner. Pour des motifs économiques.

EN GUISE d’introduction à leur seconde « Convention on Health Analysis ans Management » (CHAM 2010), réunie le week-end prochain à Chamonix, le Cercle Santé et Société, que préside le Pr Guy Vallancien, et le groupe Europ Assistance publient l’édition 2010 de leur « Baromètre ». Les pratiques et les attentes en matière de santé des ressortissants des États-Unis et de sept pays européens (Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Suède, Pologne et Autriche) y sont décortiquées – au total, 3 600 personnes de 18 ans et plus ont été sondés dans ces huit pays par l’Institut CSA, entre le 1er juin et le 9 juillet.

L’exercice ouvre la porte à toutes les comparaisons internationales et, à la seule échelle française, s’avère une mine d’informations. La plus spectaculaire concerne le renoncement aux soins (voir diagramme). À la question de savoir si la crise économique les a conduits à renoncer ou à reporter des soins (qu’il s’agisse de consultations médicales, d’examens, d’interventions chirurgicales, de soins dentaires ou d’achats de médicaments), 23 % des Français ont répondu « oui ». Sur ce point, dans l’échantillon du CSA, seuls les Polonais (25 %) et les Américains (24 %) font « mieux ». Surtout, la tendance du renoncement aux soins est en très forte hausse en France, où elle a pris 12 points en un an (11 % des Français admettaient avoir abandonné ou reporté des soins en 2009). Dans un registre proche, 49 % des Français pensent que leur système de santé ne garantit pas l’égalité d’accès aux soins (48 % affirment le contraire) – voir diagramme.

Pour autant, l’offre de soins de la France continue – les indices sont quasiment stables sur les 4 dernières années – de jouir d’une bonne appréciation chez ses concitoyens : 3 % jugent « excellente » l’organisation du système de soins, 12 % la disent « très bonne » et 46 % « bonne » (32 % l’estiment « moyenne » et 6 % « mauvaise »). Dans le détail, le regard sur la qualité des soins en consultation qui s’était légèrement dégradé entre 2006 et 2009 retrouve son niveau d’il y a quatre ans – même chose pour la qualité des soins lors d’une hospitalisation.

La pénurie de généralistes : menace n° 1.


Invités à classer les « menaces » qui pourraient peser au cours des prochaines années sur leur système de soins, les Français citent comme « très importantes » la « pénurie de médecins généralistes » (63 % des personnes interrogées citent cet écueil), devant le « manque de financement public » et les « inégalités d’accès aux soins » (58 % dans les deux cas), puis l’« augmentation du financement personnel » (53 %), les « délais d’attente avant d’être soigné » (52 %) et l’« augmentation des prix des actes médicaux » (48 %).

Pour écarter ces menaces et financer une dépense de santé en hausse constante, les Français sont très partagés : 32 % sont favorables à une hausse des impôts ou des cotisations obligatoires, 23 % penchent pour le recours aux assurances privées et aux mutuelles, 28 % préfèrent l’option des franchises pour chaque acte médical (17 % n’ont pas d’opinion).

› K. P.

Le Quotidien du Médecin du : 23/09/2010

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