samedi 28 août 2010




Un accueil « hors les murs » pour les adolescents en souffrance. Et rien d'envisageable sans confiance
mercredi 25.08.2010

Parce que l'adolescent n'est pas un adulte comme les autres, le Dr Vincent Garcin, chef de pôle en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, met en place « l'accueil hors les murs ». ...

Un crayon à la main, complètement habité par son sujet, il explique : « Le jeune est là-bas, dans une impasse et nous ici... Comment le convaincre de nous rejoindre ? » Car pour Vincent Garcin, pas question de « s'imposer ». Ce qu'il faut ? Amener le jeune en situation de détresse et qui n'est pas demandeurs de soins, à élaborer lui-même sa propre demande et à la finaliser sous forme d'accord qui tiendra lieu d'engagement. En réalité, L'objectif est « l'accrochage thérapeutique », le moyen mis en place : l'intervention d'une équipe mobile et pluridisciplinaire. Pour le Dr Garcin, un constat : le seuil du passage de la psychiatrie infanto- juvénile vers la psychiatrie générale est fixé à 16 ans, au cœur même de l'adolescence.

De ce fait, la spécificité de la psychopathologie de l'adolescent ne trouve pas sa place, et la question de l'accès aux soins reste posée. C'est ce qui servira de fil conducteur à la mise en place - depuis 2003 - du Dispositif Spécifique de Soins aux Adolescents dans le service de psychiatrie publique de santé mentale Lille métropole.

Avis, accord

Mais si l'accord de l'adolescent est un préalable indispensable à tout projet de soin, on n'est
pas du tout dans le « c'est toi qui décides ». Le Dr Vincent Garcin est clair : « Pour mener à bien une démarche thérapeutique avec les ados, il faut absolument qu'ils y adhèrent pleinement, mais le médecin c'est moi... Et les besoins en matière de soins, c'est à moi de les déterminer ». Autrement dit, ce n'est pas l'avis de l'ado qui est demandé mais son accord : « ... Et nous ne lâchons rien tant que nous ne l'avons pas obtenu... » Le but du Dr Garcin : aller au-devant des ados pour intervenir avant que le seuil critique ne soit franchi. Le fonctionnement de l'équipe mobile est bien rodé : composée d'un « binôme » non médicalisé (infirmiers, psychologues, assistante sociale), l'équipe mobile s'engage à intervenir dans les 24 heures suivant la demande, et de préférence dans un lieu investi par la personne en souffrance ou en errance (exemple : le cabinet du médecin traitant, l'établissement scolaire...). Et pour illustrer l'essentiel de l'approche de l'équipe mobile (se mettre en état d'attente), le Dr Garcin témoigne : « ... Un jour, arrivant avec l'équipe mobile au domicile d'un jeune sur la demande de ses parents et du médecin de famille, nous constatons qu'il refuse de descendre de sa chambre dans laquelle il est enfermé depuis deux jours... La famille nous invite à entrer... Mais nous refusons, et décidons de rester sur le pas de la porte en faisant savoir au jeune - par l'intermédiaire du médecin de famille- que nous resterons dehors tant que le jeune ne nous autorisera pas lui-même à entrer... ». Le miracle opère. Le jeune comprend que l'équipe mobile n'entend pas s'imposer à lui, et que rien ne se fera sans son accord.

Le projet thérapeutique peut alors s'élaborer car la confiance est instaurée.

• M.P. (CLP)

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