mardi 31 août 2010

Les déjantés du cinéma
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Die ewige maske : premier film suisse vu dans le cadre de la rétrospective « L'ombre d'un doute ».  

Réalisateur : Werner Hochbaum

Durée du film : 85 minutes

Date de sortie du film : 1935

Avec : Mathias Wieman (docteur Dumartin), Peter Petersen (professeur Tscherko), Tom Kraa (docteur Wendt), Franz Schafheitlin (monsieur Negar), Olga Tschechowa (madame Negar), etc.

Avis de Nicofeel :

Réalisé par Werner Hochbaum en 1935, Die ewige maske est un thriller suisse qui traite de la psychanalyse. Librement inspiré d'un roman de Léo Lapaire, L'autre qui est en nous (titre français du film) débute par un plan séquence dans un hôpital avec la présentation des personnages, plan séquence se clôturant avec la chambre 112. Dans cette chambre 112, il y a le mourant, monsieur Negar. Le docteur Dumartin administre son sérum au mourant Negar, sans l'aval du professeur Tscherko, le chef de l'hôpital. L'échec des soins explique le départ de Dumartin et surtout les délires qu'il va vivre.

Très bien mis en scène, Die ewige maske est également marquant par une très belle photographie qui utilise à plein les possibilités du noir et blanc, à manière des impressionnistes, notamment lorsque Dumartin fait des rêves (cauchemars) ou se comporte comme un schizophrène. Plusieurs scènes demeurent remarquables comme lorsque Dumartin saute dans l'eau après avoir parlé à son reflet ou lorsqu'il rêve d'un autre endroit avec notamment des ballerines que l'on voit en transparence.

Le cinéaste Werner Hochbaum rend particulièrement bien à l'écran ce personnage de Dumartin  qui est en fait prisonnier d'un labyrinthe souterrain qui représente précisément son propre esprit et ses responsabilités dans le décès de Negar. Il y a beaucoup de passages avec des portes et des couloirs. C'est intéressant dans le cadre de la schizophrénie vécue par Dumartin. Derrière une porte, Dumartin trouve quelqu'un qui porte un masque (d'où le titre du film). Et évidemment derrière le masque il y a tout simplement Dumartin. Comme on peut s'en douter, la résolution de ce thriller ne peut se faire que dans la chambre 112, lieu du trauma.

Le film est également intéressant par ce qu'il évoque deux méthodes de pensée au niveau de la médecine qui se font concurrence. Le professeur Tscherko, qui représente un docteur de l'ancienne école, ne veut pas le changement. C'est la raison pour laquelle où il est de prime abord opposé à l'idée d'adopter le sérum du docteur Dumartin. Ce sont les jeunes loups, les docteurs Wendt et Dumartin, qui représentent non seulement la relève mais surtout l'avenir.

Bien que disposant de nombreuses qualités, Die ewige maske n'est pas parfait. On regrettera par exemple : l'utilisation des raccords avec l'utilisation de photogrammes ; l'annonce des docteurs au haut parleur avec un aspect robot un peu ridicule ; des acteurs souvent en sur-jeu et principalement celui jouant le professeur Tscherko qui est vraiment en roue libre.
Malgré tout, Die ewige maske est un film disposant d'un solide scénario, d'une belle mise en scène et d'un bon rythme.

Avis de Locktal :

Ce surprenant film de 1935, se présentant comme un huit-clos se déroulant uniquement dans un hôpital, tente de donner une illustration cinématographique de la psychanalyse.

Le réalisateur centre l'intrigue sur l'opposition entre la médecine traditionnelle, présentée comme dépassée, et la psychanalyse, science nouvelle qui en ressort grandie.

Die ewige Maske traite de la schizophrénie et narre les mésaventures de son héros, le docteur Dumartin, qui vient d'inventer un sérum pouvant soulager la souffrance de certains patients et qui souhaite l'expérimenter sur un cas condamné qui, après amélioration de son état, finira par succomber (on apprendra plus tard qu'il est mort d'une embolie). Après avoir été durement accusé d'incompétence par l'épouse du défunt, d'autant plus que le directeur de l'établissement n'avait pas autorisé l'utilisation du fameux sérum, notre héros, refusant d'assumer la responsabilité de son acte, devient schizophrène et se crée un double dont le visage est toujours revêtu d'un masque.

Sur ce canevas, après une impressionnante séquence d'ouverture en plan-séquence, Werner Hochbaum crée un univers paranoïaque oppressant qui entraîne le docteur Dumartin et le spectateur dans les dédales de l'esprit humain en utilisant des techniques expressionnistes (surimpressions, symboles,... ). La multiplications des portes (qui peuvent être vues comme les portes de l'esprit) renforce le côté psychanalytique du film.

L'univers mental, dans lequel le héros évolue et se cherche, est transcrit par des surimpressions et distille un climat mystérieux dans lequel l'esprit s'égare et où le docteur Dumartin est constamment emprisonné derrière des barreaux noirs qui strient l'écran.

Hochbaum entraîne le spectateur vers différentes pistes et multiplie les signes étranges, comme cette fameuse chambre 112, dans laquelle le patient du début est décédé (le plan-séquence d'ouverture se clôt d'ailleurs sur ce numéro de chambre) et d'où ressortira notre héros enfin guéri de ses troubles mentaux.

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