mercredi 11 août 2010







Autisme, ethnicité et immigration

Émanant notamment de pays nordiques, un nombre croissant d’études européennes suggèrent l’existence d’une fréquence accrue de l’autisme chez les enfants nés dans une famille de parents migrants. Mais curieusement, cette constatation n’est pas vérifiée dans les recherches analogues réalisées en Amérique du Nord où l’origine ethnique comme le statut migratoire de la mère tendent au contraire à être écartés des facteurs de risque possibles des troubles de type autistique (autism-spectrum disorders). Réalisée sur des données recueillies entre 1999 et 2005, et portant sur 428 enfants avec autisme, une étude prospective menée en Grande-Bretagne confirme cependant la vraisemblance de cette dimension migratoire dans le déterminisme (polyfactoriel) de l’autisme. Les données disponibles montrent en effet que les mères nées hors d’Europe ont, comparativement aux mères nées au Royaume-Uni, un risque accru d’avoir un enfant avec autisme. Ce risque se révèle maximal pour les mères Noires originaires des Antilles (Caribbean group). Une analyse plus précise suggère que cette augmentation du risque dépend surtout du contexte d’immigration, plutôt que de la seule origine ethnique. Autrement dit, ni la couleur de peau ni la culture ni la nationalité d’origine ne semblent liées au risque d’autisme à la seconde génération ; en revanche, ce risque est corrélé au statut d’immigrante de la mère. Une étude de 1995 (R. Goodman & col.) a montré par exemple que ce risque est multiplié environ d’un facteur 5 à la seconde génération de migrants d’origine africaine ou antillaise, et une autre étude (M. Barnevik-Olsson & col., 2008) a montré sa multiplication par un facteur 3,5 chez les enfants de mères d’origine somalienne ayant émigré en Suède. Plusieurs questions demeurent toutefois en suspens. Pourquoi les études nord-américaines ne confirment-elles pas ce phénomène ? Les effets de l’immigration paternelle sont-ils analogues à ceux de l’immigration maternelle ? L’âge de la mère lors de son immigration (avant ou après l’âge de procréer) a-t-il une incidence sur ce risque d’autisme dans sa descendance ? Et ces effets de l’immigration sur le risque d’autisme persistent-ils encore dans les générations suivantes ?

Dr Alain Cohen

Keen DV and coll. : Autism, ethnicity and maternal immigration. Br J of Psychiatry 2010 196(4) : 274-281.

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