mercredi 12 mai 2010

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CÔTES-D'ARMOR

Psychiatrie. La CFDT craint le retour «à la prison»


11 mai 2010

Face à un déficit prévisionnel de 700.000 €, la direction de la fondation BonSauveur (qui gère le centre de Bégard) prévoit notamment 11,5 suppressions de postes. La CFDT se dit «très inquiète» pour un secteur de la psychiatrie déjà en crise.

«Nous allons vers la maltraitance». Cette annonce alarmiste est signée Francis Urvoy, le délégué du personnel CFDT du centre hospitalier spécialisé de Bégard (550 salariés). Il y a quelques jours, le syndicaliste et ses collègues ont appris que leur direction envisageait la suppression de 11,5 postes et le gel des bas salaires pour faire face au déficit prévisionnel de 700.000€. Un déficit dû à la non-augmentation de la dotation allouée à l'établissement par l'État. Et ce pour la deuxième année consécutive. «L'inflation est de 1,5%, les charges d'entretien et sécurité informatique, ainsi que les salaires augmentent. Nous devons nous adapter aux données budgétaires, nous n'avons pas le choix», explique Henri Terret, le directeur général de la fondation. «Mais les ajustements que nous avons effectués ne remettent absolument pas en cause la qualité des soins pour les patients. Parler de maltraitance, c'est faux. Il faut raison garder : les effectifs sont en nombre suffisants et tout est fait pour que les patients soient le mieux soignés possible».

Situation déjà dégradée

La sérénité du responsable de la fondation tranche avec l'inquiétude d'Yves Le Bivic, le secrétaire du comité d'entreprise du centre hospitalier de Bégard. «Nous sommes dans un contexte où la psychiatrie est fréquemment mise sur la sellette, notamment avec des fugues de patients qui débouchent sur des faits dramatiques. Si on réduit le nombre de personnels, on risque de revenir à des méthodes du siècle dernier. C'est-à-dire la prison». Et pour Yves Le Bivic, ces suppressions de postes sont d'autant plus mal venues que la situation est déjà dégradée:«Aujourd'hui, nous n'avons plus le temps de connaître les patients. Le personnel infirmier ne fait que les croiser».

Discours schizophrénique des financeurs

Secrétaire départementale du syndicat CFDT Santé Sociaux, Véronique Lautredou est persuadée que d'autres établissements risquent de rapidement connaître les mêmes difficultés que Bégard. «Tout le secteur médico-social (personnes âgées et handicap) du département va être touché. Les deux financeurs, l'État et le conseil général, n'augmentent pas leurs dotations. Mais les dépenses, elles, sont en hausse. Et la variable d'ajustement, c'est le personnel». «Nos financeurs tiennent un discours schizophrénique», embraye Francis Urvoy. «D'un côté, ils nous demandent de plus en plus de qualité dans les soins et la prise en charge des patients, mais de l'autre, ils nous donnent de moins en moins de moyens».

Julien Vaillant

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