mercredi 12 mai 2010





Patrick Pelloux: "L'objectif de Sarkozy est de casser la sécurité sociale"

Par Alex Lemarié de La rédaction du Post

le 11/05/2010

Sur Le Post, le médecin urgentiste fustige "l'épouvantable" proposition d'Alain Minc pour financer les dépenses de santé des "très vieux" (lire son interview ci-dessous).

Vendredi, Alain Minc a dénoncé sur France Info "l'effet du vieillissement sur la hausse des dépenses d'assurance maladie". Pour "récupérer les dépenses médicales des très vieux", qui sont selon lui "un luxe", le proche conseiller de Nicolas Sarkozy propose de "mettre à contribution ou leur patrimoine, quand ils en ont un, ou le patrimoine de leurs ayants-droits".

Son intervention sur le sujet commence à 21,04mn: (Source: France Info)

Pour illustrer et appuyer son argumentation, Alain Minc a cité l'exemple de son père, âgé de 102 ans, qui a été "hospitalisé quinze jours en service de pointe".
Coût total de son hospitalisation, selon Alain Minc: 100.000 euros.

Le hic, c'est que Libération a démontré que le conseiller élyséen avait exagéré sur les chiffres, en multipliant par cinq les dépenses liées à l'hospitalisation de son père. Ce que Alain Minc a reconnu dans les colonnes du quotidien, avouant qu'il a "délibérément pris un chiffre qui frappe" pour donner du poids à son argumentaire.

Contacté par Le Post, le médecin urgentiste Patrick Pelloux s'élève lui aussi contre la proposition du conseiller de Nicolas Sarkozy.

Que pensez-vous de la proposition d'Alain Minc pour financer les dépenses médicales des personnes âgées ?

"Déjà, il est intéressant qu'Alain Minc reconnaisse lui-même qu'il manipule et utilise le mensonge pour faire avancer ses arguments... Cela en dit long sur l'état d'esprit du sarkozysme, prêt à tout pour faire passer ses idées."

"Après, je n'ai pas de mot assez dur pour qualifier cette proposition d'Alain Minc. C'est juste épouvantable et d'un cynisme... Cela lui va bien à lui, qui est riche, de proposer ça... Grâce à ce monsieur, nous allons redécouvrir la lutte des classes. La seule réponse que l'on peut et que l'on doit apporter, c'est le combat démocratique."

Alain Minc dit qu'il va en toucher un mot à Nicolas Sarkozy...
"Qu'ils arrêtent de nous prendre pour des cons! On connaît bien leur stratégie: ils envoient une balle et ils attendent de voir comment elle revient. Il est clair que la sortie d'Alain Minc sur ce sujet vise à préparer les esprits avant une éventuelle réforme des régimes d'assurance maladie. Je pense qu'à terme, l'objectif de Sarkozy est de casser la sécurité sociale. S'il casse la sécu, il casse le gaullisme."

"Avec son intervention, Alain Minc distille la pensée ultra-libérale du sarkozysme, qui est de dire: l'homme est au service de l'économie et pas le contraire. Cela crée une concurrence entre les êtres humains effroyable. Pourtant, Alain Minc étant un brillant économiste, il devrait savoir que ce qui a sauvé la France pendant la crise, c'est son système de sécurité sociale."

- Dans une interview accordée au Post, ce mardi, le député PS Jean-Marie Le Guen -spécialiste des questions de santé- se dit "totalement opposé" à la proposition d'Alain Minc et dénonce "des propos irresponsables" (lire son interview).

- Contacté par Le Post, le ministère de la Santé n'a pas souhaité réagir.
- Contacté par Le Post, le ministère du Budget n'a pas encore réagi.




Sécu : les chiffres fantaisistes d'Alain Minc

LEMONDE.FR | 11.05.10

"Il y a un problème dont on ne parle jamais (...) c'est l'effet du vieillissement sur la hausse des dépenses d'assurance-maladie et la manière dont on va le financer". Alain Minc a proposé, vendredi 7 mai, que les dépenses de soins des "très vieux" soient imputées à leur patrimoine ou à celui de leurs ayants droit. (Voir la vidéo ci-dessous)

Invité de l'émission Parlons Net, il a pris pour un exemple le cas de son propre père. "J'ai un père qui a 102 ans, il a été hospitalisé 15 jours en service de pointe. Il en est sorti. La collectivité a dépensé 100 000 euros pour soigner un homme de 102 ans. C'est un luxe immense, extraordinaire pour lui donner quelques mois ou, j'espère, quelques années de vie. Je trouve aberrant, quand le bénéficiaire a un patrimoine, ou quand ses ayants droit ont des moyens, que l'Etat m'ait fait ce cadeau à l'œil."

Pour Alain Minc, cette proposition "progressiste" devrait figurer au programme des socialistes.

Le problème, c'est que cet exemple familial a suscité des interrogations. Sur le blog de Jean-Daniel Flaysakier, spécialiste des questions de santé à France 2 et sur LibéOrléans, le blog du journaliste Mourad Guichard, des internautes s'étonnent de la somme évoquée par M. Minc.

En effet, la tarification à l'activité empêche d'atteindre de tels montants. Libération a contacté Alain Minc, qui précise : "Écoutez, c'était illustratif. Ce montant est sans doute plus élevé que la réalité. (...) Seize jours de service de pointe, ça doit être 20 000 ou 25 000 euros […]. J'ai délibérément pris un chiffre qui frappe ; le montant que j'imaginais qu'on puisse me réclamer."

Le Monde.fr



libeorleans.fr

http://www.libeorleans.fr/libe/2010/05/d%C3%A9penses-de-sant%C3%A9-minc-veut-pr%C3%A9senter-la-douloureuse-aux-tr%C3%A8s-vieux-malades.html 

Dépenses de santé: Minc veut présenter la douloureuse aux «très vieux» malades

SANTÉ. La manière dont l’économiste Alain Minc entend régler une partie des déficits de la sécurité sociale ne laisse pas le mouvement Ensemble pour une santé solidaire de marbre. Vendredi 7 mai 2010, à l’occasion d’un «Parlons Net», le rendez-vous médiatico-politique de France Info, Rue89, LePoint.fr et Dailymotion, l’homme qui parle à l’oreille des décideurs a proposé que les dépenses de soins des «très vieux» soient imputées à leur patrimoine ou à celui de leurs ayants-droits. Une proposition qualifiée de «monstruosité» par Éric Taillandier, le porte-parole du mouvement qui milite pour le maintien d'un système égalitaire.

«Il y a un problème dont on ne parle jamais (...) c’est l’effet du vieillissement sur la hausse des dépenses d’assurance maladie et la manière dont on va le financer», explique Alain Minc appuyant sa démonstration sur un exemple très personnel: «Moi j’ai un père qui a 102 ans, il a été hospitalisé 15 jours en service de pointe. Il en est sorti», rassure-t-il. «La collectivité française a dépensé 100.000 euros pour soigner un homme de 102 ans. C’est un luxe immense, extraordinaire pour lui donner quelques mois ou, j’espère, quelques années de vie».
Alain Minc propose alors une mesure qu’il qualifie lui-même de «progressiste»: «Je trouve aberrant que quand le bénéficiaire a un patrimoine ou quand ses ayants droits ont des moyens que l’état m’ait fait ce cadeau à l'oeil. Et donc je pense qu’il va bien falloir s’interroger sur le fait de savoir comment on récupère les dépenses médicales sur les très vieux en ne mettant à contribution ou leur patrimoine quand ils en ont un ou le compte patrimoine de leurs ayants droits».

«Comment un homme aussi intelligent qu’Alain Minc peut-il en arriver à proférer une telle monstruosité et de la qualifier de progressiste alors qu’il s’agit d’une régression sans nom ?», s’interroge Éric Taillandier. «Pour lui, quand on est très vieux, on n’est plus un homme ou une femme comme les autres, puisqu’on n’a plus le droit à la solidarité nationale. Cela rompt avec le principe d’égalité», dénonce-t-il.

Pour clore son propos, Alain Minc précise qu’il va faire cette proposition - qui devrait, selon lui, figurer dans un programme socialiste - à Nicolas Sarkozy. Ce que redoute Éric Taillandier: «Si cette proposition aberrante était reprise (...) cela constituerait une brèche irrécupérable dans le principe même de la sécurité sociale universelle».

Dans le même temps, le militant associatif se rassure: «Je doute qu’aucun politique ne mette le doigt dans cet engrenage infernal».

En réaction à cette sortie, Martin Hirsch, l’ancien haut commissaire, estime qu’Alain Minc «pose une question intéressante», tandis que Jean-Daniel Flaysakier, spécialiste des questions de santé à France 2, dénonce «une proposition à très haut risque».

Mourad Guichard

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