mardi 9 mars 2010

NOUVELLES PSYCHANALYTIQUES

JEUDI 4 MARS 2010

La répétition à l’épreuve du transfert

Journée Nationale des Collèges Cliniques, 20 Mars 2010 en Avignon










Ce sont deux concepts fondamentaux de la psychanalyse qui sont proposés comme thème de travail cette année, dans une articulation qui indique que, s’ils ne sont pas sans lien, ils n’ont pas à être confondus.
Condition de l’interprétation, le transfert peut être facteur de résistance, de fermeture de l’inconscient, mais il est aussi le moteur de l’expérience, une condition du traitement.
L’expression « à l’épreuve » a, dès ses premiers emplois, le sens général « d’action d’éprouver » et spécialement, le mot équivaut à « souffrance, malheur ». C’est sous cette modalité que dans l’expérience analytique la répétition se manifeste et elle est contemporaine des premières questions posées par la pratique analytique. En effet, Freud dégage la notion de compulsion à la répétition à partir des phénomènes de la clinique et de la technique analytique, noués à la problématique du transfert. Non seulement l’analysant subit une compulsion à répéter ses inhibitions, ses symptômes, ce qui n’est pas reproduction, puisqu’en lieu et place de la remémoration, il traduit en acte des pensées refoulées, mais en plus il ne sait pas ce qu’il répète ni qu’il répète. Un « fragment de vie » échappe à la remémoration, à sa prise dans le langage. Cela va conduire Freud à introduire la pulsion de mort pour rendre compte de cette fonction de la compulsion à la répétition dégageant ainsi la dimension pulsionnelle.
Lacan fait de la répétition un concept fondamental en l’articulant au réel. Pour ce, il prend appui sur la distinction entre deux termes empruntés à Aristote, tuche et automaton qu’il fait respectivement équivaloir à la rencontre du réel (rencontre toujours manquée) et aux réseaux des signifiants. Le réel gît toujours derrière l’automaton. Pour le sujet, il existe une dimension d’irréductible, quelque chose qui résiste à la symbolisation, puisque ce qui conditionne la répétition c’est ce qu’elle produit, à savoir non pas quelque chose qui n’a pas eu lieu mais quelque chose qui est défaut, échec, non réussite, et qui par là même témoigne d’une jouissance.
Comment sortir du champ monotone de la répétition, est-ce qu’une analyse peut changer le cours de la répétition ? C’est là que le titre proposé « La répétition à l’épreuve du transfert » prend toute sa pertinence. « A l’épreuve » signifie aussi « qui peut résister à » indiquant l’importance du maniement du transfert. Au commencement de la psychanalyse est le transfert, et c’est dans l’actuel du transfert que se manifeste la répétition.
Lacan va disjoindre le transfert de la répétition en lui donnant son fondement dans la structure du « sujet supposé savoir ». Avec la règle de l’association libre, l’analyste offre au sujet la possibilité d’adresser sa question en lui supposant un savoir sur son symptôme, ce qui ouvre la voie à la répétition. La fonction de supposition de savoir est inhérente à la parole en tant qu’elle s’adresse à l’Autre et constitue un obstacle au dépassement de la répétition.
C’est à faire l’expérience de la parole avec tout ce que cela comporte de trébuchements, de lapsus, de silences, que la question de la supposition peut être découverte et que l’impossible à dire qui vient du réel de la structure peut être approché. Envisager une sortie possible de la répétition ouvre à la perspective de la contingence et de l’inédit, mais cela ne va pas sans l’acte analytique.

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