jeudi 3 décembre 2009





A votre santé
parAnne Jeanblanc
Publié le 02/12/2009


Les psychiatres contre le bracelet électronique chez les malades psychiatriques





Les psychiatres s'opposent au port du bracelet électronique chez les patients psychiatriques, selon 400 spécialistes issus des secteurs de la psychiatrie et de la justice réunis mardi à Lille, pour la deuxième journée "Psychiatrie et justice". Les effets psychologiques et les risques de ce dispositif y ont été exposés. Et pourtant, l'utilisation d'un "dispositif de géolocalisation" pour surveiller et éviter la fugue de malades considérés comme potentiellement dangereux a été prônée en décembre dernier par le président de la République, Nicolas Sarkozy.

"Tous les psychiatres sont contre. Nous avons présenté à l'Élysée un argumentaire contre cette mesure", déclare le Dr Paul Bonnan, du centre hospitalier de Cadillac-sur-Garonne en Gironde. "Nous n'avons pas reçu de réponse formelle, mais il n'en est plus question dans les discussions que nous avons eues avec le cabinet de la ministre de la Santé". Cependant, par prudence, les arguments prouvant l'inadéquation de la mesure à la psychiatrie continuent d'être mis en avant. Après le soulagement de sortir ou de ne pas aller en prison, le port du bracelet électronique dans la population pénale ordinaire provoque un "malaise important", voire des troubles psychologiques, a rapporté la présidente de l'Association nationale des juges d'application des peines, Martine Lebrun, au vu des expériences étrangères (essentiellement aux États-Unis et au Royaume-Uni). Aucune étude n'a été menée en France, où seuls quelques indicateurs sont disponibles.

Le bracelet statique - activé uniquement au domicile, pour vérifier la présence de la personne aux heures fixées par le juge d'application des peines ou lors d'une assignation à résidence - est de loin le plus répandu en France avec 40.000 personnes concernées depuis 2002, dont environ 16.000 en 2009. Il déclenche une alarme en cas d'absence de signal et un appel à la personne pour savoir où elle se trouve. Comme le bracelet mobile, avec GPS pour "géolocaliser la personne", il serait "difficile à supporter au-delà de quatre à six mois", souligne Martine Lebrun. Selon les spécialistes, sa présence permanente peut provoquer "des angoisses massives, une dépersonnalisation, une transformation de l'image corporelle" - déjà perturbée chez les malades - et aussi "un risque d'automutilation" pour se débarrasser du bracelet.


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