dimanche 22 novembre 2009




SANTÉ. L'hôpital psy renforce sa sécurité. Un praticien dénonce un univers quasi carcéral

C'est la fronde derrière les murs de l'asile

Olivier Labouret dénonce « l'instrumentalisation des faits-divers pour justifier une politique coercitive ».

Olivier Labouret n'a pas peur des parallèles osés. Que la direction de l'hôpital psychiatrique entreprenne de rehausser les grilles de l'établissement, évoque l'installation de caméras à l'entrée des unités ou équipe les travailleurs isolés d'émetteur-récepteur à activer en cas de danger, et le praticien dénonce, vingt ans après la chute du mur de Berlin, « un nouveau mur de la honte qui est en train de s'ériger. »

300 000 euros pour le Gers

Pour ce psychiatre, membre de l'Union syndicale de la psychiatrie et du collectif national contre la nuit sécuritaire, « on est en train de cloisonner la société. »

Après le meurtre d'un étudiant par un malade mental l'année dernière à Grenoble, l'État a débloqué des fonds pour améliorer la sécurité des hôpitaux. Sur cette manne, 300 000 euros ont été alloués au département du Gers. « Une enveloppe démagogique, selon Olivier Labouret, qui est en train de nous faire revenir cinquante ans en arrière. Alors que depuis des dizaines d'années, nous avons travaillé à ouvrir les murs de l'hôpital vers l'extérieur, on traite désormais les patients comme des fauves, et avec eux les soignants, qui sont obligés de vivre dans le même environnement quasi carcéral. »

« Faut-il transformer l'hôpital psychiatrique en prison ? », demande Olivier Labouret. « Nous disposons déjà de services fermés et de chambres d'isolement pour les patients dits dangereux. En érigeant des grillages infranchissables de trois mètres de hauteur, on va seulement aggraver les problèmes de violence, alors que dans les faits, nos patients ne sont pas plus dangereux que la population en général. Au contraire, ils sont plus souvent des victimes », déplore Olivier Labouret qui promet de rester vigilant sur « les autres mesures coercitives qui se profilent à l'horizon. »

Auteur : Blandine Philippon


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