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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 23 janvier 2023

Sur quelques écrits d'un jeune psychiatre, Jacques Lacan





O

n relira des textes rédigés par Jacques Lacan dans les années 1930, avant qu’il ne devienne psychanalyste. Cette production pré­analytique pose, entre autres, les questions suivantes : comment son expérience et sa production psychiatriques ont-elles joué dans sa pensée ultérieure ? Quelle est l’influence du freudisme sur ces textes, contemporains de sa thèse ? Quel est le rôle de son goût avéré pour l’art et les lettres dans le mouvement qui l’a amené de la psychiatrie à la psychanalyse ?

En opposant Jacques Lacan à son psychanalyste Rudolph Loewenstein, Elisabeth Roudinesco nous met sur une piste intéressante. C’est en juin 1932, après avoir rédigé sa thèse et terminé ses entretiens avec sa patiente Marguerite Pantaine, dite Aimée, que Lacan s’est mis sur le divan de Loewenstein. Selon Roudinesco, Lacan était tout le contraire de Loewenstein. Il était un jeune bourgeois libre, sans soucis matériels, qui avait traversé la Grande Guerre « dans les jardins du collège Stanislas », ne souffrant plus tard que de son « insatisfaction perpétuelle », autrement dit de sa névrose. Il allait entamer une carrière brillante. Le didacticien Loewenstein, en revanche, était, d’après Roudinesco, « un représentant exemplaire de cette fameuse psychanalyse juive et errante, toujours en quête d’une terre promise, toujours chassée d’est en ouest par l’antisémitisme et les pogromes [1] ». Lacan, pour sa part, n’a jamais été apatride et il n’a pas non plus été obligé de refaire son doctorat de médecine trois fois, comme ce fut le cas de Loewenstein à Zurich, à Berlin et à Paris. Pourtant, sa biographe ne dit pas à cet endroit de son ouvrage que les positions respectives des deux hommes ont quelque peu changé par la suite. Une cure analytique n’admet pas que les fronts se figent. Soit Lacan s’est identifié à Loewenstein, en perdant, lui aussi, son « chez soi », soit il y eut un étrange chiasme entre l’analyste et l’analysant, ou une sorte de « roque », comme on dit aux échecs. Lacan a été exclu en 1963 de l’Association Psychanalytique Internationale, dans laquelle son analyste jouait un rôle important puisqu’il en était le vice-président de 1965 à 1967. Se sentant « excommunié », c’est alors Lacan qui était devenu une sorte de juif errant, au moins dans son imaginaire. Ce n’était pas une mince affaire pour lui ! Dans son « Avis au lecteur japonais », daté du 27 janvier 1972, il affirme d’abord : « On n’entend pas le discours dont on est soi-même l’effet », pour ensuite restreindre son affirmation : « Ça se peut quand même. Mais alors on se fait expulser par ce qui fait corps dans ce discours. Ça m’est donc arrivé [2]. » C’est le destin de Lacan d’avoir plusieurs fois été viré de là où il enseignait. De plus, si l’on en croit Roudinesco, sa thèse n’a pas été aussi bien reçue qu’on pourrait le penser, de sorte qu’il ne l’a rééditée que quarante-trois ans après sa soutenance, à la faveur de l’immense succès de ses Écrits et des premiers Séminaires publiés, et non sans réticence. Son abord de la paranoïa par la personnalité ne s’est pas imposé en psychiatrie, et la psychanalyse avait déjà préparé le terrain au concept de l’autopunition, peu utilisé par les psychiatres. Freud, à qui il en avait envoyé un exemplaire, ne lui a répondu que sur une carte postale par ce message assez froid de janvier 1933 : « Merci de l’envoi de votre thèse. » Aucun psychanalyste ne l’a recensée et, de ses collègues psychiatres, seul Henry Ey, son camarade, a rédigé un article élogieux sur cet ouvrage. Ce sont des écrivains et des poètes surréalistes et communistes qui en ont parlé, mettant en valeur le matérialisme de l’auteur. Pas trop apprécié par les psychiatres, il trouva une reconnaissance dans l’avant-garde parisienne des années 1930, avant de devenir psychanalyste. Lacan n’a jamais été un grand voyageur, mais, par la force des discours, il s’est beaucoup déplacé, avant tout dans les savoirs. Je vous présenterai ici trois aspects de son œuvre, située à la lisière entre psychiatrie et psychanalyse.

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Affaire Bastien Vivès : « La valeur morale d’une œuvre fait partie de sa valeur artistique »

Par

ENTRETIEN André Gunthert, historien des cultures visuelles, et Carole Talon-Hugon, philosophe spécialiste d’esthétique, éclairent, dans un entretien au « Monde », les vifs débats qui agitent le monde de la BD et de l’art, avec la polémique au Festival d’Angoulême sur le travail de Bastien Vivès, accusé de promouvoir la pédopornographie.

Avec l’affaire Bastien Vivès, c’est au tour de la bande dessinée d’être le théâtre de revendications éthiques et politiques – bien après le cinéma, le théâtre, ou l’art contemporain. L’annonce de la programmation d’une exposition consacrée à l’auteur au Festival d’Angoulême a suscité de fortes réactions et des pétitions, plusieurs personnalités et associations accusant Bastien Vivès de promouvoir la pédopornographie et la pédocriminalité par ses œuvres et ses propos.

Cette polémique vient s’ajouter à une longue liste de débats ayant agité les milieux artistiques français ces dernières années, après la consécration par les institutions médiatiques et culturelles d’artistes masculins controversés. Mais le cas Vivès, dont l’exposition a finalement été déprogrammée et qui fait désormais l’objet d’une enquête pour diffusion d’images pédopornographiques, soulève à la fois des questions d’ordre général et d’autres spécifiques au médium de la bande dessinée.

4 conseils pour promouvoir une meilleure santé mentale sans thérapie

 News 24 | Actualités en France et à l'international

Robinette Girard  28 janvier 2023

4 conseils pour promouvoir une meilleure santé mentale sans thérapie

Avec l’augmentation des taux de troubles affectifs saisonniers, il est temps de parler de santé mentale. Le conseil standard est d’aller en thérapie pour vos problèmes. Bien que cela sonne toujours vrai, même avec des paiements à échelle mobile, cela coûte cher. Services de thérapie en ligne comme MieuxAider et Espace de discussion ont rendu la thérapie plus abordable, à environ 60 $ à 90 $ par séance. Mais c’est encore hors de portée pour beaucoup de gens. 

La thérapie sera toujours l’étalon-or pour le traitement de la santé mentale. Bien que les circonstances puissent le rendre temporairement impossible. Ces quatre stratégies améliorent votre santé mentale sans dépenser d’argent. 

Découvrez aussi comment naturellement traiter la dépression et l’anxiété et les façons dont vous pouvez donnez-vous un coup de pouce de bonheur chaque jour. 

Utilisez des applications de santé mentale pour suivre les progrès quotidiens

Les applications de santé mentale offrent des ressources aux personnes qui, autrement, ne pourraient pas les obtenir. Bien qu’elles ne remplacent pas la thérapie et ne puissent pas diagnostiquer les problèmes de santé, les applications de santé mentale telles que Moodfit et Sanvello sont d’excellents outils à utiliser dans votre parcours de bien-être mental. Les meilleures applications de santé mentale va vous aider soulager le stress et l’anxiété et vous apprendre à gérer les symptômes à l’avenir. 

Il y a une grande variété dans ce que ces applications offrent et les fonctionnalités qui y sont intégrées. Beaucoup offrent un excellent catalogue de ressources pédagogiques pour vous aider à en savoir plus sur les conditions et à adapter les stratégies d’adaptation pour les gérer au quotidien. 

Les applications de santé mentale peuvent également vous rappeler de vous surveiller. La plupart envoient des notifications push tout au long de la journée, qui peuvent être utilisées comme indicateur pour s’arrêter et évaluer comment vous vous sentez. 

Jeune femme allongée dans son lit, faisant défiler son téléphone.

Wiphop Sathawirawong/Getty Images


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dimanche 22 janvier 2023

Trois questions sur la proposition de loi pour "l’accès direct" des patients à certains infirmiers, kinés et orthophonistes

Publié 

Voté à l'unanimité en première lecture jeudi, avec l'abstention du RN et de LR, le texte vise à permettre à ces professions de réaliser des actes jusqu’ici réservés aux médecins. Ces derniers dénoncent une "mise en danger" des patients.

Un infirmier libéral au domicile d'un patient, à La Grave, dans les Hautes-Alpes, le 22 novembre 2021. (THIBAUT DURAND / HANS LUCAS / AFP)

"Ce texte répond à deux objectifs : lutter contre les déserts médicaux et améliorer l’accès aux soins." La députée du Loiret et rhumatologue Stéphanie Rist (Renaissance) est parvenue à faire adopter sa proposition de loi, jeudi 19 janvier, permettant l’ouverture d’un "accès direct" des patients à certains infirmiers, kinésithérapeutes et orthophonistes.

En clair, le texte vise à donner aux patients l'accès à ces professionnels de santé sans devoir passer par leur médecin traitant, et ce, tout en étant remboursés. Voté à l'unanimité en première lecture, avec l'abstention du RN et de LR, il "redit que le médecin généraliste est au centre du parcours", mais permet "qu'il ne soit pas le premier vu en consultation, mais peut-être le deuxième", a expliqué la députée de la majorité.

Le texte sera examiné par le Sénat le 14 février. Franceinfo vous explique ce qu'il contient précisément et pourquoi il suscite une vive opposition des médecins.

1 Quelles sont les professions concernées par cet "accès direct" ?

La proposition de loi vise notamment à élargir les missions des infirmiers en pratique avancée (IPA), un statut créé par la loi Touraine de 2016 puis un décret en 2018, qui permet d'obtenir un meilleur salaire et un peu plus d'autonomie, avec un élargissement des compétences sur des pathologies ciblées. La pratique avancée requiert un diplôme à bac +5, et non à bac +3 comme les infirmiers diplômés d’Etat.

Les kinésithérapeutes et orthophonistes exerçant dans des établissements de santé sont également ciblés et seraient autorisés, si la loi est entérinée, à faire certaines prescriptions de soins et médicaments.

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LA FABULOSERIE


LA FABULOSERIE
25 JANVIER – 25 AOÛT 2023

Téléchargez le dossier de presse ICI

Alain Bourbonnais, Puéril Magic ! / recto-verso, 1972

La Fabuloserie a 40 ans.

Cette date anniversaire est pour la Halle Saint Pierre l’occasion de célébrer la collection qu’Alain et Caroline Bourbonnais ont rassemblée avec une passion insatiable à partir de 1972, à Paris d’abord à l’Atelier Jacob puis à Dicy en Bourgogne dans un domaine aménagé en une maison-musée et un jardin habité. Une collection sous le vent de l’art brut qui, si elle poursuit la démarche initiale de Jean Dubuffet, s’en écarte librement pour imposer le regard, le goût et la sensibilité de ses fondateurs. A la croisée de l’art brut, de l’art naïf et de l’art populaire, également ouvert sur les cultures extra occidentales, l’art hors-les-normes de La Fabuloserie n’a cessé d’accueillir les œuvres singulières de créateurs dépourvus de soucis esthétiques, qui ne se disent ou ne se pensent pas professionnels de l’art. Pour ces hommes du commun habités par une force créatrice irrépressible, Alain Bourbonnais voulait « un temple du rêve, de l’imagination, de l’émotion » ce que Michel Ragon résuma parfaitement :   
Avec toute l’ingéniosité de l’architecte qui en avait soupé de l’architecture rationnelle et rêvait d’anarchitecture, Alain Bourbonnais aménagea un parcours initiatique, un labyrinthe avec des chambres à surprises que l’on ouvre subrepticement, quitte à en ressortir avec frisson et horreur, comme dans la chambre noire où s’affalent les bourrages de Marschall. On gravit des escaliers de meunier. On traverse des murs. Tout est étrange. Tout est surprenant. Tout est insolite. Tout vous agresse. Tout vous enchante. Ce voyage qui surprend, émerveille, déconcerte et stupéfie à la fois, se prolonge dans le parc où les bâtisseurs de l’imaginaire et inspirés du bord des routes ont trouvé leur derrière demeure. Leur œuvre de toute une vie passée à transfigurer leur environnement quotidien en un paradis personnel, est réinterprétée et préservée, échappant ainsi à la destruction et à l’oubli. Point d’orgue au fond du parc, au-delà de l’étang, « le Manège de Petit Pierre » se dresse comme la promesse d’un moment magique et enchanteur.

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Remboursement des psychologues : quelle prise en charge de la CNS ?


 

De:  Christelle Brucker   Publié le 20/01/23

LUXEMBOURG

Le directeur de la CNS rappelle que la contribution de la caisse aux 144 euros d’une consultation reste encore à définir

La CNS peine à chiffrer combien lui coûtera le remboursement des séances chez le psychologue. En attendant, dans les cabinets, les demandes de nouveaux patients affluent déjà.

Le remboursement de leurs séances de psychothérapie par la CNS n’est pas encore effectif – l’entrée en vigueur est prévue d’ici fin mars –, mais les psychologues et psychothérapeutes en constatent déjà les effets, avec une forte augmentation des demandes.

Et pour cause, voilà plus de cinq ans que les patients attendent cette mesure, la Caisse nationale de santé (CNS) et la Fapsylux n’étant pas parvenues à s’entendre, notamment sur la question cruciale du tarif de la consultation. Or, ces derniers mois, la pression politique est montée d’un cran, les ministres socialistes de la Santé et de la Sécurité sociale, Paulette Lenert et Claude Haagen, ayant fait de la santé mentale leur fer de lance.

Après l’échec des négociations officiellement acté en septembre et le lancement de trois mois de médiation, c’est finalement le ministre lui-même qui a tranché, annonçant un tarif de 144 euros pour une séance de 50 à 60 minutes, là où la CNS plaidait pour 120 euros et les psychologues 175 euros.

«On n’avait pas proposé ce tarif au hasard», insiste le directeur de la CNS, Christian Oberlé. «Il nous semblait adapté aux 90 à 120 euros facturés par la plupart des psychologues contactés. Le but étant d’éviter que le remboursement donne lieu à des augmentations.»

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Nouveau traitement d’Alzheimer, le Lecanemab suscite l'espoir

Vendredi 20 janvier 2023

Un médecin examine les scanners cérébraux pour détecter d'éventuelles maladies ou lésions dans une clinique. ©Getty - Andrew Brookes

Début janvier, l'autorisation par les autorités de santé américaines de la commercialisation d'un nouveau médicament qui permettrait de freiner le développement de la maladie diagnostiquée à un stade précoce - le Lecanemab - a suscité de grands espoirs.

Avec
  • Bruno Vellas Responsable du gérontopôle du CHU de Toulouse

Traitement de la maladie d’Alzheimer : un long tâtonnement

Comme l’explique Bruno Vellas, la maladie d’Alzheimer se caractérise par l’accumulation d’une « protéine dans le cerveau, de façon anormale, qui va entraîner petit à petit une mort neuronale ». Il s’agit d’une protéine amyloïde que « tout le monde a dans le cerveau. De manière générale, elle devient soluble et elle disparaît. Mais dans la maladie d’Alzheimer, elle se sépare et laisse un fragment, qui va s’accumuler, et qui est toxique au niveau neuronal ».

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Michelle Perrot : comment devient-on féministe ?

Vendredi 20 janvier 2023

Provenant du podcast

Le Cours de l'histoire

Photographie de Michelle Perrot, historienne, militante féministe et autrice de "Le Temps des féminismes". - © JF ROBERT

On ne naît pas féministe, alors comment le devient-on ? Précurseuse de l’histoire des femmes, Michelle Perrot retrace son itinéraire intellectuel et nous éclaire sur la profondeur historique des luttes qui agitent aujourd’hui nos sociétés.

Avec
  • Michelle Perrot Historienne, professeure émérite d’histoire contemporaine à l'Université Paris Cité

Comment devient-on féministe ? C’est un long cheminement intellectuel, avec des Enquêtes sur la condition ouvrière en France au XIXe siècle et des Ouvriers en grève. C’est la Délinquance et le système pénitentiaire et L'Impossible prison. C’est aussi l’Histoire des femmes en Occident, ces femmes et leurs images, leurs silences, leurs ombres dans l’histoire. Ce sont des Histoires de chambres et une Mélancolie ouvrière. C’est Lucie Baud et George Sand. Sur Le Chemin des femmes, voici Le Temps des féminismes.

Michelle Perrot : "Les féminismes sont pluriels"

Dans un nouvel ouvrage, Le Temps des féminismes, co-écrit avec Eduardo Castillo, Michelle Perrot retrace à travers un récit autobiographique toutes les étapes fondamentales de la recherche historique sur les femmes. "C'est de l'historiographie passionnante : comment émerge un sujet ? Comment évoluent les problématiques ? C'est tout cela qu'on a essayé de questionner dans le livre. Pourquoi le féminisme au pluriel ? Parce que les féminismes sont pluriels. Le féminisme, si on l'emploie au singulier, est à mon sens beaucoup plus fort et nombreux que dans les années 1980. Aujourd'hui, une jeune femme se dira volontiers féministe. Dans ma génération, beaucoup de femmes disaient qu'elles n'étaient pas féministes et ne voulaient pas être cataloguées comme telles alors qu'elles étaient d'accord avec les revendications féministes" souligne l'historienne Michelle Perrot, à propos de son ouvrage.

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Michelle Perrot : «Je crois que le féminisme a gagné»

par Sonya Faure et Anastasia Vécrin  publié le 20 janvier 2023

Pionnière de l’histoire des femmes en France, l’historienne revient dans un livre intime sur un siècle de féminisme tout en analysant le moment féministe actuel qui, elle y croit, pénètre les consciences. Même si la vigilance s’impose.

«Les femmes ont-elles une histoire ?» La réponse, aujourd’hui, semble évidemment oui. Mais c’est par cette question qu’il y a cinquante ans, Michelle Perrot a posé, avec une poignée d’historiennes, les premières lignes de l’histoire des femmes. Une pierre fondatrice qui a permis l’émergence de figures féminines mais qui a surtout sorti de l’oubli des pans entiers de la vie des femmes ordinaires. Comment écrire une histoire des femmes alors qu’elles sont, comme l’écrit l’historienne, des «ombres légères», et que leurs traces sont plus discrètes que celles des hommes ? Dans son dernier livre, le Temps des féminismes (Grasset), Michelle Perrot revient avec Eduardo Castillo, son ancien étudiant et journaliste, sur ce moment charnière, son parcours, sur sa prise de conscience tardive des inégalités de genre ainsi que sur #MeToo. A 94 ans, elle livre aussi un regard toujours équilibré et bienveillant sur les débats brûlants de notre époque : voile, universalisme, wokisme…

Aviez-vous pressenti l’événement #Metoo ?

Nous vivons un moment féministe d’une importance considérable. Je n’avais pas vu venir le surgissement #MeToo. Mais si cet événement fait rupture, il s’inscrit aussi dans la lignée des revendications des femmes pour les droits du corps et d’abord pour le droit à l’avortement et à la contraception des années 70. Autrefois, on disait : «Un enfant si je veux, quand je veux, comme je veux.»Aujourd’hui, on dit : «Un amour, une relation sexuelle si je veux, quand je veux, comme je veux.»

Publier les féministes étrangères disparues : les chemins de traverse de l’édition militante

– Pauline Gabinari  Publié le 20/01/23

« Nous crachons sur Hegel », le livre de l’Italienne féministe, radicale et visionnaire Carla Lonzi. L’autrice, disparue en 1982 était devenue une figure mythologique, approximativement citée, faute de référence précise.  

« Nous crachons sur Hegel », le livre de l’Italienne féministe, radicale et visionnaire Carla Lonzi. L’autrice, disparue en 1982 était devenue une figure mythologique, approximativement citée, faute de référence précise. Photo Pietro Consagra

Les féministes non francophones des années 1970 apparaissent depuis quelque temps dans les rayons de nos librairies, comme Carla Lonzi et son “Nous crachons sur Hegel”, qui vient de sortir en France. Mais il faut souvent déplacer des montagnes pour que leurs textes arrivent jusqu’à nous.

Hiver 2021. L’un des derniers exemplaires encore disponibles à la vente de Sputiamo su Hegel, recueil d’essais de Carla Lonzi (1931-1982), quitte les étagères de la Librairie des femmes de Milan. Solidement empaqueté, il traverse la frontière puis remonte vers le nord, direction Caen. Livré et déballé chemin de Fleury, aux éditions Nous, il est réceptionné dans la joie. Et pour cause : cela fait six mois que son éditrice, Patrizia Atzei, le cherche. Librairies généralistes, catalogues de bibliothèques et revendeurs d’occasion, elle avait tout tenté pour retrouver les textes de celle qui parlait déjà, il y a cinquante ans, d’enjeux socio-politiques du désir, d’instrumentalisation de la culture par le patriarcat et de femmes clitoridiennes. En traduisant et publiant ce livre, dont la version française Nous crachons sur Hegel sort ce vendredi 20 janvier, la maison indépendante, vieille de plus de vingt ans, souhaite changer la donne. Redonner une vraie place à la féministe radicale italienne pour qu’elle ne soit plus seulement ce genre de figure mythologique que l’on cite approximativement, faute de trouver la référence précise.

Séances inclusives Cinéma et handicap : «Ça devrait être la norme, pas l’exception, d’être tous ensemble comme ça !»

par Eloïse Duval   publié le 18 janvier 2023

Le cinéma la Fauvette de Neuilly-Plaisance, en partenariat avec l’association Ciné Relax, propose chaque mois une séance adaptée aux personnes handicapées.

Dans l’obscurité, un pâle halo de lumière caresse les fauteuils de velours rouge de la salle de cinéma. Un brassard jaune fluorescent enroulé autour du bras gauche, Katia, bénévole au sein de l’association Ciné-Relax, promène sa lampe dans les allées verticales, manifestant délicatement sa présence au cas où l’un des spectateurs aurait besoin de sortir de la salle. Car tous les premiers samedis du mois, le cinéma la Fauvette, accroché aux hauteurs du plateau de Neuilly-Plaisance, est le théâtre d’une séance un peu particulière. L’association Ciné Relax y propose, en partenariat avec les cinémas et les collectivités locales, des séances inclusives ouvertes aux personnes autistes, polyhandicapées, ou ayant un handicap cognitif ou intellectuel.

Et si l’angoisse de Parcoursup commençait dès la crèche ?

Publié le 20 janvier 2023

CHRONIQUE

Clara Georges

Face aux incertitudes, les parents s’y prennent parfois très tôt pour tenter de sécuriser la scolarité de leurs enfants, observe Clara Georges pour la newsletter « Darons Daronnes ».

A la cantine du journal, l’autre jour, devant un dahl de lentilles (très bon), une collègue m’a parlé de son fils, actuellement en CM2. Le collège dont il dépend n’a pas bonne réputation, et son mari et elle s’inquiétaient. Mais elle a rencontré une femme, enseignante elle-même, dont l’enfant est scolarisé là-bas, et qui lui a dit le plus grand bien du collège. Cette conversation l’a rassurée. Quand je lui ai demandé ce qui lui faisait peur, elle m’a répondu qu’elle craignait pour le bien-être de son enfant et que le niveau soit trop faible. En réfléchissant, elle a ajouté que ce qui lui importait vraiment, c’était qu’il ait la possibilité, le jour venu, de faire ce qu’il a envie de faire – que les portes ne se ferment pas sous son nez en raison de son lieu de scolarisation.

« Ils dorment plus longtemps » : en Suède, les bébés font la sieste en extérieur (même s'il fait 0°)

20 janvier 2023








« Qu’il neige, qu’il pleuve, qu’il vente », à Stockholm, les bébés font, quoi qu’il arrive, la sieste dehors. Même l’hiver. Et en Suède, ça n’a rien d’exceptionnel. C’est ce que racontent Ahlam et Felicia, deux éducatrices à la crèche Polaris, en banlieue de la capitale ainsi que Lorraine, maman franco-suédoise.


Dole. Fermeture brutale d'une unité de soins psychiatriques à Saint-Ylie

Par Julien Berrier  Publié le 

Cet après-midi, jeudi 19 janvier 2023, les soignants de Saint-Ylie se sont réunis pour protester contre la fermeture inattendue de l'unité des Acacias. Explications.

Jeudi 19 janvier, le personnel de Saint-Ylie attend les explications de la direction.

Jeudi 19 janvier, le personnel de Saint-Ylie attend les explications de la direction. (©Voix du Jura)

Alors qu’ailleurs dans le Jura la journée du 19 janvier était consacrée à la mobilisation contre la réforme des retraites, c’est un autre combat que menaient les salariés du centre hospitalier spécialisé (CHS) de Saint-Ylie. En début d’après-midi, ils étaient rassemblés pour réclamer des explications à la direction.

Faute de psychiatre

Quelques jours plus tôt, la direction de l’hôpital avait annoncé la fermeture de l’unité de soins psychiatriques Les Acacias dans un délai de trois mois. Cette unité permet l’hospitalisation, parfois de longue durée, de patients du bassin lédonien atteints de troubles psychotiques. Les Acacias disposaient de 25 lits gérés par une vingtaine de soignants. « C’est un service qui accueille chaque année 300 patients », souligne Nelly Vorillion, secrétaire générale CGT.

Une annonce qui a surpris car le directeur de l’hôpital Florent Foucard n’en avait soufflé mot lors de la traditionnelle cérémonie de voeux le 13 janvier.

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Santé mentale dans les quartiers Nord de Marseille: l’accès aux soins devenu impossible


 



Par :Yoram Melloul  Publié le : 

Le personnel de santé au travail à l'Hôpital de La Timone, à Marseille, en 2020. (Image dillustration)

Le personnel de santé au travail à l'Hôpital de La Timone, à Marseille, en 2020. (Image dillustration)  © Christophe SIMON / AFP

Dans le nord de Marseille, la psychiatrie est en souffrance. En manque de médecins, et depuis peu de soignants. Édouard Toulouse, le seul hôpital psychiatrique des quartiers Nord a de plus en plus de mal à remplir correctement sa mission. Mal desservi et loin du centre-ville, le nord de Marseille n’a rien à envier aux déserts médicaux de la ruralité française… 

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Médecins pour demain : « Les vœux du chef de l’Etat ont consterné la profession »


Paris, le samedi 21 janvier 2023 - 

Créé en septembre dernier sur Facebook, le collectif Médecins pour demain est à l’origine d’un mouvement de colère inédit au sein de la médecine de ville. Initiateur d’une grève de deux semaines, le groupe, qui revendique 17 000 adhérents, demande notamment la hausse du tarif de la consultation à 50 euros. Le Dr Noelle Cariclet, psychiatre et porte-parole de Médecins pour demain, a répondu aux questions du JIM sur le mouvement et ses revendications.

Jim.fr : Pourquoi avoir créé ce collectif ? Pensez-vous que les syndicats ne sont pas assez réactifs ? Pensez-vous créer un syndicat à la suite de votre mouvement et participer aux élections ?

Dr Noelle Cariclet : Le collectif s’est créé à l’appel du Dr Christelle Audigier face à l’inquiétude grandissante des médecins, exprimée sur les réseaux sociaux, quant à la dégradation du système de santé. Ce constat émanait des quatre coins de la France et a rapidement abouti à des propositions pour améliorer l’accès aux soins. Il nous est rapidement devenu nécessaire de nous unir sous forme de collectif pour défendre ces préconisations face aux propositions de lois coercitives qui sont pour nous des fausses solutions.

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«Cet endroit m’a sauvée» : à la Cité des dames, accueil de nuit pour femmes sans-abri

par Cassandre Leray   publié le 15 janvier 2023

Alors que le plan «grand froid» avait temporairement déchargé les centres parisiens en décembre, les haltes sont de nouveau saturées. Dans le XIIIe arrondissement de Paris, l’équipe n’a d’autre choix que de refuser des femmes sans domicile, faute de places.

publié le 15 janvier 2023 à 13h33

Ayla (1) compte les jours. Cette nuit, une fois de plus, elle dormira dehors. Voilà des mois que la jeune femme d’une trentaine d’années n’a plus de chez elle. Son regard fatigué le dit mieux que des mots : elle ne ferme presque jamais l’œil. «Quand tu es une femme à la rue le soir, tu ne dors pas. Tu protèges tes affaires, mais surtout ton corps, explique-t-elle. J’ai constamment peur qu’on me viole.» Ses paupières ne parviennent à se clore qu’une fois installée sur les fauteuils de la Cité des dames. Quasi quotidiennement, Ayla se rend dans ce centre d’accueil pour femmes sans-abri au cœur du XIIIe arrondissement de Paris. «Je sais qu’il n’y aura pas de place pour moi cette nuit, mais je garde espoir pour demain.»