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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 15 septembre 2021

Les sept bonnes façons de marcher quand on a la maladie de Parkinson

Publié le 14 septembre 2021

CHRONIQUE

Pascale Santi

Une étude néerlandaise montre que, s’il existe sept stratégies pour surmonter les problèmes liés à la marche, elles restent souvent méconnues des patients.

Dix mille pas et plus. Les troubles de la marche sont fréquents dans la maladie de Parkinson. Pour surmonter les difficultés, les patients usent d’imagination pour trouver des stratégies dites de compensation.

Philo Frédéric Gros : «Crier à la honte, cela fait trembler le système »

par Anastasia Vécrin et Robert Maggiori  publié le 17 septembre 2021 à 19h41

Pour le philosophe, cet affect complexe qu’est la honte ne se résume pas à la tristesse, il est, quand il prend la forme d’une colère collective, une étincelle, un explosif, pour dénoncer les violences sexuelles, l’inaction face au changement climatique, la fortune des puissants... 

La honte n’est pas un sentiment qui jouit d’une bonne réputation, parce que, quelles qu’en soient les formes – de la culpabilité à la timidité, de la pudeur à la vergogne ou au sentiment d’humiliation – elle implique toujours une retenue, un triste repli sur soi, une sorte de douloureuse passivité. Mais ce n’est pas ainsi que la conçoit le philosophe Frédéric Gros qui, après s’être intéressé à la désobéissance, inverse à présent le sens de la honte. Dans la Honte est un sentiment révolutionnaire (éd. Albin Michel, 2021), le professeur d’humanités politiques à Sciences-Po Paris soutient que la honte est l’affect majeur de notre époque. «C’est une honte !» ; «La honte doit changer de camp !» : loin de n’être que tristesse, elle porte en elle une colère qui, quand elle se conjugue, devient une force politique active, «révolutionnaire».

Véronique Nahoum-Grappe : « Les talibans tentent d’éliminer les femmes du social »

Publié le 15 septembre 2021

TRIBUNE

Le nouveau pouvoir de Kaboul vise « l’exclusion sociologique » des femmes mais aussi « l’effacement de l’identité de genre » dans l’imaginaire collectif officiel, alerte l’anthropologue dans une tribune au « Monde ».

Tribune. Zarifa Ghafari, première femme afghane élue maire, expliquait le 4 septembre, dans les colonnes du Figaro Madame, que les talibans « tentent de faire disparaître l’identité des femmes, de les faire disparaître de la société. Ils les effacent même des murs en recouvrant leurs visages sur les affiches. Ils refusent qu’elles travaillent, qu’elles étudient et même qu’elles sortent ». Elle définit ce que le pouvoir taliban tente de faire aux Afghanes : les exclure de tout enseignement et de tout travail rémunéré, éliminer leur image physique distinctive partout dans l’espace public. Chassées des institutions sociales, elles doivent l’être aussi du monde du dehors et ne plus être reconnues en tant que femmes dans les rues, ni même figurées sur un mur.

Cynthia Fleury, repenser le soin

LE 14/09/2021

Tracts, le podcast | Que serait une société qui ne se soucierait pas du soin ? Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, ne l'envisage pas. "Quand la civilisation n’est pas soin, elle n’est rien", déclare l'auteure du Tracts "Le Soin est humanisme". Comment les humanités peuvent-elles habiter le temps du soin ? Comment comprendre le sens de notre vulnérabilité ? 

Cynthia Fleury, en 2016.
Cynthia Fleury, en 2016. Crédits :  Jean-Marc ZAORSKI - Getty

En observant les "corps fatigués" et "esprits abîmés" des citoyens lors de la crise des Gilets Jaunes et, aujourd'hui, subissant les conséquences de la pandémie, Cynthia Fleury a décelé la "trace d'une vraie usure", révélatrice d'une crise de la subjectivité, d'un manque de soin de soi et d'autrui et d'un défaut de considération pour le soin dans notre Etat de droit.

Or le soin, estime la philosophe et psychanalyste, professeure titulaire de la chaire Humanités et Santé au Conservatoire national des arts et métiers et directrice de  la chaire de philosophie à l'hôpital Sainte-Anne du GHU Paris psychiatrie et neurosciences, se trouve au fondement de notre humanisme. Dans ce Tracts, Cynthia Fleury défend une conception politique du soin. "Quand la civilisation n’est pas soin, elle n’est rien, constate-t-elle. Les humanités doivent prendre racine et promouvoir une vie sociale et politique fondée sur l’attention créatrice de chacun à chacun."

L’Etat social de droit ne tient que par la mise en place d’un ethos du soin. On a vu à quel point lorsque tout s’écroule, à cause d'une catastrophe, de l'inédit, du réel dans sa dimension d'ébranlement, les choses classiques s'effondrent. Mais il y a une chose qui ne s'écroule pas, c'est l'ethos. C'est-à-dire les valeurs, les gestes solidaires, la culture, le capital social… Tout ça ne s'écroule pas, car ce n'est pas que matériel, c'est quelque chose qui tient par l'implication des individus. Cynthia Fleury

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Ceija Stojka du paradis rom perdu à l’enfer des camps

par Elisabeth Franck-Dumas   publié le 14 septembre 2021

A Paris, la galerie Christophe Gaillard expose l’œuvre de l’artiste autrichienne qui fut déportée à 10 ans par les nazis.

Dès le perron de la galerie l’on aperçoit leurs grosses feuilles maladroites, leurs pétales de feu. Des tournesols, présents ici dans des soliflores à divers stades de floraison ou de dépérissement, l’artiste rom autrichienne Ceija Stojka, disparue en 2013 et découverte en France grâce à l’expo que lui consacra la Maison Rouge à Paris en 2018, écrivit dans un poème qu’elle était «la fleur du rom». La galerie Christophe Gaillard à Paris a eu la délicate idée d’en semer dans les salles – délicate parce que cette scénographie évoque d’un même mouvement fragilité et flamboyance, mais aussi parce que ce qui réconforte dans l’œuvre, malgré la noirceur sans appel de nombre de toiles, c’est un rapport à la nature solaire et vital.

Les toiles sulfureuses de Georgia O'Keeffe exposées au Centre Pompidou

Centre Pompidou  Jusqu'au 6 décembre 2021

C'est une icône aux Etats-Unis, plus connue que Hopper outre atlantique. Georgia O’Keeffe est ce que l’on appelle une légende, une mythologie. Georgia O’Keeffe n’est autre que l’artiste femme la plus chère au monde avec un record de 44 millions de dollars pour une œuvre, la première femme à avoir été exposée au MoMA à New York, celle qui a précédé par son succès l’iconique Jackson Pollock avant la Seconde Guerre mondiale. Alors comment se fait-il qu’il ait fallu 35 ans après sa mort pour enfin lui dédier une rétrospective d’envergure à Paris ? Le Centre Pompidou réunit ici une centaine de ses œuvres, venues du monde entier, car le musée parisien ne possède qu’une seule de ses œuvres. Un immense chantier donc pour faire venir ces toiles ici, et proposer au public une lecture – ou une relecture – inédite du travail de l’artiste. L’Histoire de l’art a retenu de Georgia O’Keeffe ses fleurs géantes, ses pétales charnels, ses pistils exubérants. Et pour cause, quelle flamboyance ! Pourtant, ces œuvres sont loin d’avoir fédéré la critique… Lorsque surgissent ces toiles en 1923, la révolution freudienne est en cours. C’est le scandale. Son exposition affole le monde de l’art qui y voit l’expression provocante du désir féminin, comme autant d’images érotiques et de symboles sexuels à peine dissimulés… Une hypothèse radicalement réfutée par l’artiste qui accusera ses détracteurs de projeter sur ses toiles leurs propres obsessions… Voici qui donne un peu le ton de la personnalité d’une artiste immense au caractère bien trempé. Au-delà de ses fleurs tentaculaires, nous plongeons ici dans un univers hors-norme, qui balaie plus de 60 ans de création, découvrant au fil de ses œuvres la naissance du modernisme américain. Ses gratte-ciels news yorkais nous donneraient le vertige, ses tourbillons floraux nous hypnotisent autant qu’ils nous intriguent, ses paysages lunaires du Nouveau-Mexique nous invitent à la contemplation. Une seule constante dans son travail : une énergie vitale nourrie par la lumière, la couleur et la sensualité. Georgia O’Keeffe nous laisse un héritage vivace et intense, une peinture inclassable qui caresse les contours de l’abstraction sans jamais totalement y succomber. Une artiste qui toute sa vie durant, sur presque 100 ans, continuera à suivre les seuls codes qu’elle s’édictera, en éclairant l’Histoire de l’art de ses visions audacieuses.

  • Georgia O'Keeffe, Inside Red Canna, 1919
  • Georgia O'Keeffe, Series I White & Blue Flower Shapes, 1919
  • Georgia O'Keeffe, Black Hills with Cedar, 1941-1942
  • Georgia O'Keeffe, Jimson Weed White Flower No. 1, 1932
  • Georgia O'Keeffe1994.54
  • Georgia O'Keeffe, Black Door with Red, 1954
  • Georgia O'Keeffe, Oriental Poppies, 1927
  • Georgia O'Keeffe, Pelvis with Distance, 1943
  • Georgia O'Keeffe, Ram’s Head, White Hollyhock-Hills (Ram’s Head and White Hollyhock, New Mexico), 1935
  • Georgia O'Keeffe, Red, Yellow and Black Streak, 1924
  • Georgia O'Keeffe, The Shelton with Sunspots, N.Y., 1926

Georgia O'Keeffe, Inside Red Canna, 1919
© Christie's Images

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Qui ne connaît pas les fleurs de Georgia O’Keeffe, ces courbes organiques à la beauté ineffable et à l’ambiguïté certaine ? Ses toiles subjectives participèrent incontestablement à la renommée internationale de celle que l’on surnomme la « mère du modernisme américain » et signèrent assurément l’un des chapitres les plus brûlants de l’Histoire de l’art. Riche d’une centaine de peintures, dessins et photographies, l’exposition – première rétrospective française entièrement dédiée à l’artiste – embrasse ainsi l’ensemble de sa carrière artistique, de ses premiers vertiges cosmiques à ses gratte-ciels new-yorkais des années 20, jusqu’au Nouveau Mexique, sa terre d’adoption dans laquelle elle s’établit définitivement après la Seconde Guerre mondiale. Figure à part de l’abstraction américaine, Georgia O’Keeffe développa tout au long de sa vie une œuvre solitaire, tournée vers une observation aigüe de la nature et de ses grands espaces. Lectrice de Kandinsky, l’artiste qui fut la première femme à intégrer les expositions du MoMA caressa les contours de l’abstraction sans jamais totalement y succomber. Dotée d’un caractère indépendant, elle restera en marge de tous les mouvements, préférant développer un univers qui lui est propre, à la fois sensuel, contemplatif et biomorphique.

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Courrier des lecteurs : « Une stigmatisation de la psychiatrie »

le 17 septembre 2021

Ancien médecin-chef du centre psychothérapique des Hôpitaux Civils de Colmar qu’il a créé en 1968, le docteur Jean-Paul Sichel réagit « avec tristesse et une certaine amertume » au transfert de la psychiatrie en cours de l’hôpital Pasteur vers l’ancien hôpital pour enfants Le Parc (notre édition de ce mercredi 15 septembre) : « J’ai créé le centre psychothérapique – avec le soutien du directeur de l’époque, M. Robert Turlan – dans l’enceinte de l’hôpital Pasteur en 1968. J’ai dirigé ce service jusqu’à mon départ à la retraite en 1999. Ce service fut considéré comme un modèle dans toute la France car conçu et organisé “dans les murs” de l’hôpital général. »

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mardi 14 septembre 2021

Interview Alain Finkielkraut : «Je ne suis ni un scrogneugneu ni un peine-à-jouir»

par Simon BlinCécile Daumas et photo Marie Rouge pour Libération  publié le 15 septembre 2021

Dans son dernier essai, le philosophe, spécialiste des sorties de route outrancières, s’en prend violemment aux mouvements féministe, antiraciste, écologiste les accusant de «totalitarismes». Et s’enferme dans une vision nostalgique du passé.

Il ne veut pas être le «bénisseur espiègle du monde qui vient». Et il le prouve. Dans son dernier essai qui prend la forme d’un pamphlet, l’Après littérature (Stock), Alain Finkielkraut fait la liste de tout ce qu’il déteste, et elle est longue : le nouveau féminisme et son écriture inclusive, les antiracistes qui déboulonnent les statues, les écologistes et leurs éoliennes qui abîment les paysages français, les plots jaunes qui défigurent les rues de Paris (#SaccageParis), les «vitupérations» du rap et le «fracas» de l’electro… Même l’incendie de Notre-Dame n’est pas un accident mais un «suicide» devant tant de «laideur». Contre «l’idéal égalitaire» de la gauche «woke», terme brandi à tout-va pour désigner les militants progressistes, une seule chose trouve grâce aux yeux de l’académicien polémiste : une «approche littéraire» du monde, sa subtilité et son ambiguïté, qu’il vénère mais dont il déplore la perte d’influence.

« On est le triste reflet de l’effondrement de la psychiatrie » : dans les Flandres, un établissement de santé mentale en voie de « démantèlement »

Par   Publié le 13 septembre 2021

L’EPSM à Bailleul, dans le Nord, est contraint de transférer soixante-dix lits faute de psychiatres et d’internes. Une situation mortifère, loin d’être unique.

Manifestation à l’EPSM de Bailleul (Nord), le 18 juin 2021.

L’enterrement symbolique de la psychiatrie publique française est en marche. Les croix en bois plantées dans le sol de l’entrée de l’établissement public de santé mentale (EPSM) des Flandres, à Bailleul (Nord), illustrent depuis quelques mois le combat d’une partie des 1 200 agents hospitaliers contre le transfert annoncé de 70 lits de psychiatrie vers l’EPSM d’Armentières, à 15 kilomètres de là. « Bailleul va être amputée d’une partie de son histoire faute de psychiatres et d’internes en nombre suffisant, dénonce Nicolas Lefebvre, président du conseil de surveillance depuis 2015, et adjoint au maire de Bailleul. On est le triste reflet de l’effondrement de la psychiatrie publique en France. »