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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 3 août 2021

Contre l’accumulation compulsive, rendre le patient « expert de son trouble »

par Marine Dumeny Publié le 3 août 2021

Anne Goepper, est psychologue clinicienne et psychothérapeute. Spécialiste en thérapies comportementales, cognitives et émotionnelles, elle détaille les mécanismes de l’accumulation compulsive et de son traitement.

Diplômée d’un master « Psychologie clinique en thérapies comportementales et cognitives » de la faculté de psychologie de Strasbourg, Anne Goepper exerce en libéral à Marlenheim. Elle intervenait auparavant en psychiatrie adulte au Nouvel hôpital civil (NHC) de Strasbourg. 

Anne Goepper, Psychologue spécialisée dans les TCCE (Document remis)
Anne Goepper, Psychologue spécialisée dans les TCCE (Document remis)

Rue89 Strasbourg: Qu’est ce que l’accumulation compulsive ?

Anne Goepper : En psychologie, la thésaurisation pathologique fait partie, selon le DSM-5 (manuel référence des troubles psychiques et mentaux), des troubles obsessionnels et compulsifs (TOC). Elle représente une difficulté persistante à jeter ou à se séparer de certains objets, indépendamment de leur valeur réelle et une souffrance au fait de les jeter. Cette difficulté aboutit à l’accumulation d’objets qui encombrent les lieux d’habitation et entraîne une détresse ou une altération du fonctionnement de la personne. Pour parler de ce trouble, différents termes synonymes existent en français : syllogomanie, collectionnisme pathologique, TOC d’accumulation ; résumés en anglais sous le terme « hoarding ».

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lundi 2 août 2021

Le théâtre pour appréhender l'autisme

Par Elsa Mourgues 

Le seul en scène "Une vie sur mesure" joué au festival d'Avignon, est une plongée dans les pensées d'un enfant puis adolescent décalé et passionné de batterie. Un regard drôle et touchant sur la différence autistique.







Une vie sur mesure se joue dans le "off" du festival d'Avignon qui se poursuit jusqu'au 31 juillet. Dans cette pièce primée de Cédric Chapuis, on découvre la vie d'un enfant atteint de troubles autistiques, passionné de musique. On estime à 700 000 en France, le nombre de personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA) beaucoup ne sont pas diagnostiquées, ne reçoivent pas de traitement adapté et peuvent se retrouver à vivre en marge de la société. Voici comment le théâtre nous permet de rentrer dans ces vies parallèles et ainsi d’appréhender le monde autistique.
 

"On ne dit pas autiste, mais artiste"

Dans la pièce Une vie sur mesure un jeune garçon, Adrien, atteint de troubles autistiques est obsédé par le rythme et la musique. C’est le langage qu’il comprend le mieux  

C’est un personnage qui a beaucoup de mal avec la société, qui a beaucoup de mal avec les autres êtres humains. Lui, ce qu’il comprend, c’est la batterie, c’est son instrument, il aime bien tapoter sur ses genoux dans sa chambre, ça le rend très heureux. Par contre, quand il s’agit d’avoir un dialogue avec les autres, qu’il y a des expressions qui sont employées, de l’ironie, là, il est complètement perdu. C’est un élément majeur de sa fragilité et c’est ce qui le rend très attendrissant. PierreMartin, comédien, interprète du personnage d'Adrien Lepage

Une communication différente est souvent l’un des signes les plus visibles du TSA. Ce trouble neurodéveloppemental entraîne une perception différente du monde par rapport à une personne dite neurotypique. 

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La Collection de l'art brut de Lausanne propose aujourd'hui ses "Anonymes"

01. août 2021

Certaines oeuvres sont en quête d'auteurs. La faute en est parfois au secret médical. A l'origine, ces peintures étaient considérées comme des preuves cliniques.

L’anonymat ? Vaste sujet… De la société à la lettre, également anonymes, c’est le grand ballet de ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas dire leur nom. Pour son exposition actuelle, la Collection de l’art brut de Lausanne se limite Dieu merci au domaine artistique. Le champ se voit même rétréci à la création en milieu captif: prison ou maison de santé. Le propos se réfère cependant à une notion plus générale de signature en matière de peinture et de sculpture. Si celle-ci est devenue la norme dans les deux premières décennies du XIXe siècle en matière de beaux-arts, elle apparaît en effet superfétatoire pour l’artisanat. Du moins dans le moyen et bas de gamme. Peu importe apparemment qui a exécuté telle ou telle chaise ou telle ou telle cruche à eau.

Le projet actuel a été porté par un homme de théâtre, ce qui peut sembler bizarre. Gustavo Giacosa est venu apporter le sujet sur un plateau à Sarah Lombardi, directrice de la Collection de l’art brut, qui lui a délégué la conservatrice Pascale Jeanneret. L’Argentin avait conçu un doublé avec La Grange de Dorigny, pour laquelle il entendait monter un spectacle intitulé «La Grâce». Ce théâtre l’a accueilli durant trois années comme résident, ce qui n’est pas rien. La pièce sera représentée en les 28 et 29 octobre prochains. L’homme s’intéressait au départ davantage aux victimes de la dictature dans son pays, à qui il convenait de restituer une identité. Autant dire que la présente exposition, ouverte le 26 juin 2021, marque un changement radical d’orientation.

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Mon père est mort à l’hôpital public, et ça s’est mal passé

par Luc Peillon   publié le 31 juillet 2021 

Journaliste à «Libération», Luc Peillon témoigne de l’attitude fuyante et pour le moins maladroite d’une partie du corps médical envers la famille d’un malade en fin de vie.

Mon père est mort. A 77 ans, d’un cancer quasi généralisé. Son âge élevé, la sévérité de la maladie : il n’y a rien à reprocher à dame Nature. Passons aussi sur l’erreur de diagnostic de la clinique X, qui l’a conduit à suspendre sa chimio pendant deux mois. Et qui lui a peut-être été fatale, malgré son transfert dans un des meilleurs CHU de Lyon.

Ce qui a du mal à passer, en revanche, c’est l’attitude, contrainte ou non par la situation actuelle de l’hôpital public, du personnel dit «médical». Car si infirmières et aides-soignantes ont été exemplaires, il en fut tout autrement des médecins. Il est plus facile aujourd’hui de prendre rendez-vous avec un ministre que d’échanger quelques mots avec un responsable du service oncologie, sa remplaçante quand il est en congés, ou l’interne de permanence.

dimanche 1 août 2021

Rennes. L'opéra s'invite au cœur de l'hôpital psychiatrique

Publié le 29/07/2021

Quand Monteverdi, Purcell ou Haendel s'invitent au sein de l'hôpital psychiatrique, patients et soignants s'ouvrent à une autre relation. Plus apaisés et libérés des carcans habituels, les émotions se libèrent.

L'opéra au sein de l'hôpital psychiatrique apporte de l'apaisement et plus de spontanéité dans la relation entre patients et soignants.

L'opéra au sein de l'hôpital psychiatrique apporte de l'apaisement et plus de spontanéité dans la relation entre patients et soignants. • © Catherine Deunf-France Télévisions

Du soleil, une petite brise et de l’opéra. Ce jeudi 29 juillet, comme tous les étés depuis neuf ans, la compagnie BarokOpera donnait une représentation dans le cadre splendide de la cour d’honneur de l’hôpital psychiatrique Guillaume Régnier à Rennes, face à la chapelle.

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« La psychiatrie, au cœur des débats d’assises, vient-elle servir ou desservir la justice ? »

Publié le 30 juillet 2021

La reconnaissance de l’altération du discernement comme motif de réduction de peine interroge sur le rôle du « psy » dans le procès pénal, relève le psychanalyste Jean Plissonneau dans une tribune au « Monde », analysant le verdict qui a condamné à trente ans de réclusion Hubert Caouissin, le meurtrier de la famille Troadec.

Tribune. Le récent procès de l’affaire Troadec à Nantes et la condamnation, le 7 juillet 2021, à trente ans de réclusion criminelle du paranoïaque Hubert Caouissin, meurtrier d’une famille entière massacrée à coups de pied de biche et chacun méthodiquement dépecé pour être réduit à quelques grammes de cendres, inscrit la psychiatrie comme un élément déterminant de la justice.

Octobre 2021 : focus sur la santé mentale en France

29 juillet 2021

Du 4 au 17 octobre 2021, la 32e édition des Semaines d'information sur la santé mentale promet de sensibiliser sur les droits des personnes avec un handicap psychique. De nombreux évènements sont organisés dans toute la France.

Illustration article

Grosse rentrée 2021 pour la santé mentale ! Annoncées début 2021 par Emmanuel Macron, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie auront lieu en septembre (article en lien ci-dessous). Quelques semaines plus tard, du 4 au 17 octobre, les Semaines d'information sur la santé mentale (SISM) prendront le relais. Nom de code ? #SISM2021. Déployée dans toute la France, cette 32e édition aura pour thème « Pour ma santé mentale, respectons mes droits ». L'occasion d'aborder deux axes majeurs : le non-respect des droits comme facteur de risque pour la santé mentale et le non-respect des droits des personnes concernées par les troubles psychiques.


Mesures nouvelles en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent : mesures de la feuille de route "1000 jours" en psychiatrie périnatale

Logo ARS Bretagne

29 juillet 2021

AAP générique


Dans le cadre de la feuille de route santé mentale et psychiatrie, l'ARS Bretagne a décidé le renouvellement, en 2021, des crédits finançant des projets de renforcement de l’offre de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent ; ce à hauteur de 30 millions d'euros.
Les dossiers devront être adressés à l’ARS Bretagne avant le 30 septembre 2021


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Doctolib, un nouveau monopole sur ordonnance ?

par Arthur Quentin    publié le 30 juillet 2021

Désormais incontournable dans la santé, la société chérie de la macronie n’a laissé que des miettes aux concurrents qu’elle n’avait pas encore avalés. Les médecins s’inquiètent mais il est peut-être trop tard.

Nous sommes le 3 avril 2019. Bien avant la pandémie de Covid-19. Cédric O vient tout juste d’être nommé secrétaire d’Etat au Numérique et pour sa première apparition publique, il fait le choix symbolique de se rendre chez Doctolib. Très enjoué, il déambule dans les locaux de la jeune société de prise de rendez-vous médicaux en ligne. Il veille scrupuleusement à saluer tous les employés et tutoie son jeune PDG (34 ans) Stanislas Niox-Château, traduisant une forte proximité entre l’entreprise et le gouvernement. Ce dernier est encore plus souriant que son invité, pour ne pas dire euphorique. Et pour cause. Doctolib vient d’accomplir une levée colossale auprès de General Atlantic, un fonds d’investissement américain : 150 millions d’euros. Ce qui lui a permis d’entrer dans le club des «licornes» françaises, ces start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars. Le genre de success-story de la «French Tech» qui plaît en macronie.

Sans-abris sur la très chic place des Vosges : «La seule façon de se faire entendre, c’est d’occuper des lieux»

par Eva Moysan   publié le 29 juillet 2021

Entre 400 et 600 personnes sans abri sont regroupées sur la place des Vosges à Paris, sous la houlette d’associations qui réclament des solutions d’hébergement pour tous. Elles devraient passer la nuit sur place.

Des tentes rouges, vertes et grises sont plantées dans le square propret de la très chic place des Vosges. C’est au cœur du IVe arrondissement de Paris que le collectif Réquisitions – dont le DAL ou Utopia 56 – a décidé d’organiser sa septième installation. Leur but : rendre visible la situation des personnes sans abri dans la capitale et leur trouver une solution d’hébergement. Entre 400 et 600 d’entre eux sont sur la place reconnaissable à ses immeubles en brique rouge.

Suicides dans la police : «J’ai pensé à me faire sauter la tête devant mon patron»

par Alexandra Pichard  publié le 29 juillet 2021 

Pression hiérarchique, politique du chiffre, management inhumain… En vingt-cinq ans, 1 100 agents se sont donné la mort. Un mal-être qui reste tabou dans la fonction, où ceux qui parlent se retrouvent marginalisés par leurs supérieurs et leurs collègues.

Jérôme (1) aurait pu être le soixantième policier à mettre fin à ses jours en 2019. Un soir d’avril, après une énième remarque de ses supérieurs, il s’enfile une bouteille entière d’alcool, met un message sur le groupe WhatsApp qu’il partage avec ses collègues et se tire une balle dans la bouche avec son arme de service. «Par miracle, la balle a ricoché et est sortie au niveau de la tempe», dit calmement le policier de 43 ans (dont vingt-deux passés dans l’institution) au visage fin et désormais en partie paralysé. «Professionnellement, on n’a pas été gâtés ces dernières années : j’ai vécu les attentats, les gilets jaunes… Des climats extrêmement anxiogènes», raconte-t-il dans sa chambre de la clinique de Val Dracy (Saône-et-Loire), où il est hospitalisé.

Le versant éthique des mesures barrières chez les enfants et adolescents

Einaudi MA   21 avr. 2021  

Au vu des données disponibles dans la littérature, l’enfant apparaît comme peu transmetteur du SARS-CoV-2, en particulier avant l’adolescence, et l’ouverture des écoles ne semble pas avoir favorisé la constitution de clusters. Cependant, l’efficacité de certaines mesures barrières (port du masque) et le niveau de risque admissible de transmission faisaient encore l’objet de divergences entre experts à la rentrée scolaire de 2020. C’est dans ce contexte d’incertitude que des protocoles sanitaires de distanciation sociale contraignants ont pourtant dû être mis en place, rendant notamment le port du masque obligatoire dès l’âge de 6 ans (entrée en classe de CP) depuis novembre 2020. Si ces mesures semblent justifiées au nom du principe de précaution, le rapport bénéfice sanitaire sur risques collatéraux n’a pas été évalué au plan éthique.

L’effet des mesures sanitaires sur le lien social

Au sein de l’Espace éthique PACA-Corse, la cellule éthique de soutien a fait l’objet d’une procédure de saisine pour réfléchir à ces questions. Un débat rassemblant des professionnels d’horizons divers (pédiatres, psychologues, directeurs d’établissement scolaire, philosophes, sociologues, etc.) a été organisé en septembre 2020. 

Il en ressort que le vécu du confinement a eu des répercussions très différentes en fonction des milieux sociaux et selon que les familles avaient pu ou non s’inscrire dans la continuité des enseignements scolaires et mettre à profit les outils pédagogiques à disposition. Lors de la réouverture, les enfants ont été heureux de retrouver du lien social à l’école. Mais ceux qui n’avaient pas pu bénéficier de cette continuité pédagogique ont eu plus de mal à se remettre dans les apprentissages. Chez les lycéens, c’est l’impression d’un confinement qui dure qui a le plus affecté les apprentissages, la socialisation et l’équilibre psychique.

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Accord de revalorisation trouvé entre la Sécurité sociale et les médecins libéraux

Mis en ligne le 31/07/2021

L’Assurance maladie et les médecins libéraux ont signé vendredi 30 juillet 2021 un accord pour près de 800 millions d’euros d’investissement avec, notamment, plus de 300 millions d’euros de revalorisations pour les généralistes et les spécialistes et 300 autres pour le numérique en santé.

Trois syndicats, MG France, Avenir Spé-le Bloc et la CSMF ont signé ce nouvel avenant à la convention médicale, « un investissement d’un peu moins de 800 millions d’euros », a indiqué Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) lors d’un point presse.

« Cela traduit une adhésion large à cet avenant puisque ces syndicats signataires représentent près de 54 % des médecins généralistes et 61 % des médecins spécialistes », a-t-il ajouté.

Cet accord, pour Patrick Gasser (Avenir Spé-Le Bloc, premier chez les spécialistes), « remet la médecine spécialisée un peu au centre du débat, sans oublier la médecine générale ». « L’augmentation du nombre de patients âgés dépendants nécessitait de donner aux médecins traitants, sans attendre, les moyens de les prendre en charge à domicile », juge MG France dans un communiqué, en ajoutant « prendre ses responsabilités » même si le texte est « certes imparfait ».

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NEUROSCIENCES La peur mise à nu

par Gautier Cariou 29.07.2021


Pour comprendre la peur, les neuroscientifiques étudient les mécanismes physiologiques à toutes les échelles : psychologique, cellulaire, et même moléculaire. Portrait d’une émotion vitale qui peut devenir pathologique.

« Il était douteux, inquiet : un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre. Le mélancolique animal entend un léger bruit : ce lui fut un signal pour s’enfuir devers sa tanière. » Dans cet extrait de la fable Le Lièvre et les Grenouilles, La Fontaine pose les principales caractéristiques de la peur. « Il s’agit d’une émotion de base définie comme une réponse physiologique à un stimulus, une réaction à une situation dangereuse pour l’organisme. Du point de vue de l’évolution, c’est un comportement développé pour la survie », décrit Philippe Fossati, psychiatre à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière1 (ICM), coresponsable de l’équipe Contrôle cognitif, intéroception, attention.

La peur se manifeste à plusieurs niveaux : physiologique (accélération du rythme cardiaque, sudation…), comportemental (immobilisation, fuite, combat) et subjectif (vécu émotionnel qui peut être verbalisé chez les humains). Bien qu’elle soit une émotion normale et nécessaire à la survie, il arrive qu’elle devienne pathologique. « Si la peur devient inadaptée au contexte et excessive dans son déclenchement, son intensité ou sa durée, on bascule alors vers l’anxiété », note le psychiatre.
 
L’anxiété se définit ainsi comme une peur sans objet, intervenant dans des situations pourtant sans danger. Et lorsqu’elle s’installe durablement, elle mène généralement à la dépression. D’autres pathologies de la peur existent comme les phobies ou encore le trouble du stress post-traumatique (TSPT). Ce dernier – qui concerne 8 % de la population – survient après un événement traumatisant : viol, attentat, guerre, accident de la route… Les patients qui en sont atteints ont des reviviscences très intenses et intempestives de leur traumatisme, ce qui les empêche de vivre normalement.

Éteindre la peur

On sait aujourd’hui qu’il existe une continuité entre la peur normale et ces pathologies, et que l’on peut les étudier par le biais des neurosciences et de l’imagerie cérébrale. « On sait ainsi qu’il existe toute une circuiterie cérébrale qui sous-tend la peur, indique Philippe Fossati. En schématisant, celle-ci englobe l’amygdale, mais aussi des régions du tronc cérébral et l’hypothalamus. » Dans les troubles de la peur, ce réseau devient dysfonctionnel. Toutefois, certains traitements peuvent agir dessus. C’est le cas par exemple de la thérapie EMDR (pour Eye Movement Desensitization and Reprocessing). Recommandée par la Haute autorité de santé dans le traitement du TSPT, elle consiste en des séances de rappel du souvenir traumatique associées à des stimulations auditives, visuelles ou tactiles bilatérales alternées.

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« Les troubles flambent » : les urgences pédopsychiatriques au chevet de la détresse adolescente

Par     Publié le 2 août 2021




Yassine (tous les prénoms des enfants ont été modifiés) tient Clémentine dans ses bras. Le grand adolescent aux traits enfantins sourit à pleines dents, stupéfait de la facilité avec laquelle il a enlacé cette jolie jeune fille de 14 ans, à peine arrivée. « Vous êtes à l’hôpital, là, pas dans un club de rencontres », peste Doris (qui n’a pas souhaité donner son nom), l’aide-soignante, en traversant la salle de vie de l’unité Urgences et liaisons de psychiatrie infanto-juvénile (Ulpij) de la Fondation Vallée, située au cœur du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), et dans laquelle Le Monde a pu passer une semaine. Yassine et Clémentine sont tous les deux là pour des tentatives de suicide ; l’un a avalé deux boîtes d’anxiolytiques le matin de son bac blanc, l’autre a fait une overdose d’ecstasy.

Chaque année, ils sont près d’une centaine d’enfants et d’adolescents à séjourner dans ce service unique en région parisienne, capable « de fonctionner en vraie urgence et d’hospitaliser un jeune en une heure, dans un espace fait pour ça, explique le docteur Hugo Naudet, médecin de l’unité. Ici, on récupère les pires situations, mais je n’ai jamais eu autant de demandes pour des cas complètement catastrophiques. On doit sans arrêt trouver des solutions, on n’a que huit places. » L’Ulpij agrège toutes les détresses adolescentes aggravées par la pandémie de Covid-19, qui a augmenté la maltraitance intrafamiliale, la désocialisation, le temps devant les écrans et les idées suicidaires. Et depuis décembre 2020, « les troubles flambent », affirme le docteur Naudet.

A gauche, le combat féministe balance entre espoirs et malentendus

Par   Publié le 30 juillet 2021

L’élue EELV Alice Coffin manifeste, devant l’hôtel de ville de Paris, en faveur de la démission de Christophe Girard, le 2 février 2021.
Sans faire consensus à gauche, la question féministe fait son apparition dans les débats en vue de l’élection présidentielle et divise, au nom de l’universalisme, au risque d’occulter la réalité des luttes.

C’est presque devenu un passage obligé pour les candidates et candidats, affichés ou probables, à l’élection présidentielle. Le mouvement #metoo les amène à prendre en compte, de près ou de loin, un combat féministe difficile à passer sous silence. A gauche surtout, le féminisme fait son apparition dans les professions de foi, mais si beaucoup l’emploient, rares sont ceux qui s’accordent sur sa définition.

La pilule

LE 27/07/2021

À retrouver dans l'émission

40 OBJETS DE LA MONDIALISATION

par Pierre Singaravélou

D'où vient la pilule ? De l'eugénisme à l'émancipation féminine. 

pilules
pilules Crédits :  Peter Dazeley - Getty

C’est une petite pastille qu’on avale et qui a révolutionné la vie des femmes. L’histoire de la pilule contraceptive nous est racontée par l’historienne Bibia Pavard dans Le Magasin du Monde. Son origine remonte aux années 1910, dans les quartiers populaires de New York lorsqu’une infirmière et militante socialiste décide de lutter contre les ravages des grossesses non désirées. Dans l’entre-deux-guerres, elle se rapproche des mouvements eugénistes puis de médecins afin de promouvoir le contrôle des naissances. Dans les années 1950, Margaret Sanger s’associent aux chercheurs de la Fondation Worcester pour la biologie expérimentale qui combinent progestérone et oestrogène de synthèse pour inhiber l’ovulation. Ces recherches sont financées par la fortune personnelle deKatharine McCormick, première femme diplômée du prestigieux MIT et militante féministe.  

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Une histoire de la ponctuation : au commencement était le “.”

Par Pierre Ropert  27/07/2021 

L’écriture aurait 6000 ans. La ponctuation, sa petite sœur, un peu moins. Elle serait apparue à Alexandrie, au IIIe siècle avant J.-C. A l'époque, avant même l'apparition des blancs entre les mots, on se contente de quelques points.

“Au commencement était le Verbe”... Ou était-ce le point ?
“Au commencement était le Verbe”... Ou était-ce le point ?  Crédits : 

Au commencement était le Verbe”... ou “la Parole”, à en croire les traductions du prologue de L’Évangile selon Jean. A cette parole s’est peu à peu superposée l’écriture, transcription directe de l’oralité sur le papier. De nos jours, plus personne ne songe à remettre en question le pacte tacite existant entre le lecteur et l'auteur quant à la place de la ponctuation dans un texte. Cette dernière n’a pourtant pas toujours existé : si l’écriture est datée du IVe millénaire avant J.-C., sa petite sœur, la ponctuation, a tardé à apparaître. 

“Les premières traces de la ponctuation se retrouvent dans les écritures du Proche-Orient ancien remontant au troisième et deuxième millénaire avant notre ère, assure Paolo Poccetti, professeur de linguistique à l’Université Tor Vergata de Rome et auteur de La Réflexion autour de la ponctuation dans l'Antiquité gréco-latine. "Les langues impliquées étaient celles sémitiques et le système d’écriture était le cunéiforme. Ces premières formes d’écriture étaient conçues pour un nombre très limité de destinataires, sinon pour n’être pas lues du tout. L’écriture était un domaine restreint à des compétences professionnelles et [concernait] des documents qui, le plus souvent, ne contenaient que des listes d’objets, des récoltes agricoles, des revenus financiers, etc.” 

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Le jour où… Jane Goodall a vu un singe fabriquer un outil

par Florian Bardou    publié le 29 juillet 2021 à 21h03

La primatologue britannique se souvient, pour «Libération», de ce jour de novembre 1960 où, pour la première fois, en Tanzanie, elle observe des chimpanzés fabriquer des outils, capacité jusqu’alors considérée comme le propre de l’homme. Une révolution dans les sciences naturelles.

Une journée de novembre 1960, dans le parc national de Gombe, dans le nord-ouest de la Tanzanie. Assise dans une clairière, avec de quoi prendre des notes, Jane Goodall, 26 ans, en tenue de brousse, observe un chimpanzé s’affairer autour d’un monticule de terre rouge. C’est un «très beau» mâle, le visage «noir» surmonté d’une légère calvitie, et elle le surnomme depuis peu David Greybeard (David «Barbegrise», en français), à cause de la couleur de sa barbichette. Le comportement du primate l’intrigue : pourquoi introduit-il un brin d’herbe dans le tunnel de cette termitière ? «Après quelques secondes, il a retiré ce brin d’herbe et a croqué les termites avec gourmandise !, se souvient pour Libération l’éthologue britannique, aujourd’hui âgée de 87 ans. Lorsque le brin d’herbe est devenu trop mou, il l’a laissé tomber et a pris une brindille dont il a ôté les feuilles une à une.» Sur le moment, elle ne réalise pas tout à fait : le vieux chimpanzé a fabriqué un outil !