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samedi 2 janvier 2021

2021 : Edgar Morin espère que les forces "créatives" et "lucides" vont s'imposer face à la crise du Covid-19 même si elles sont "encore très faibles"

  

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Pour le philosophe et sociologue, la pandémie n'est qu'une des nombreuses crises de l'histoire auxquelles il se dit "habitué". Il estime qu'il faut apprendre à vivre avec l'inconnu, à "surmonter les crises", plutôt que de s'indigner.

Le philosophe et sociologue Edgar Morin, en mars 2019. (PASCAL GUYOT / AFP)

"Il faut qu'on apprenne à vivre dans l'incertitude", plaide le sociologue et philosophe Edgar Morin, invité de franceinfo vendredi 1er janvier, alors que l'année 2021 démarre sous le signe de l'épidémie de Covid-19. Il appelle à "avoir le courage d'être prêts à résister aux forcesnégatives". Selon Edgar Morin, "la crise favorise les forces les plus contraires" et parfois, les colères "rendent l'esprit aveugle et unilatéral". L'intellectuel espère que les "forces créatives" et les "forces lucides" puissent "s'imposer bien qu'elles soient encore très dispersées et très faibles".

franceinfo : Avez-vous été surpris par l'épidémie de coronavirus ?

Edgar Morin : J'ai été surpris par la pandémie. J'ai été habitué à voir arriver l'inattendu dans ma vie. L'arrivée d'Hitler était inattendue pour tout le monde. Le pacte germano-soviétique était inattendu et incroyable. La résistance de Moscou a été incroyable. Le déclenchement de la guerre d'Algérie a été inattendu. Je n'ai vécu que par l'inattendu et par l'habitude des crises. Dans ce sens-là, je vis une crise nouvelle, énorme, mais qui a tous les caractères de la crise. D'un côté, elle suscite de l'imagination créative et de l'autre côté, elle suscite des peurs et des régressions mentales. Et on cherche le salut providentiel, on ne sait pas comment.

Est-ce que la crise du coronavirus nous apprend à vivre avec l'inattendu ?

C'est ce que l'on doit apprendre parce qu'il faut savoir que dans l'histoire l'inattendu arrive et arrivera encore. On a cru vivre dans de fausses certitudes, avec les statistiques, avec les prédictions, avec l'idée que tout était stable alors que déjà tout commençait à être en crise. On ne se rend pas compte. Il faut qu'on apprenne à vivre dans l'incertitude, c'est-à-dire avoir le courage d'affronter, d'être prêt à résister aux forces négatives qui peuvent arriver. C'est cela, la question de changement de mentalité. Aujourd'hui, par exemple, on a oublié que la crise de la biosphère dont on a pris conscience dans les années 70 subsiste et s'aggrave partout. Là aussi, il faut s'attendre à des évènements auxquels on ne s'attendait pas auparavant.

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Nathanaël Wallenhorst : «Nous voulons un autre monde, et nous le voulons maintenant»

Par Anastasia Vécrin, dessin Xavier Lissillour — 1 janvier 2021

Nathanaël Wallenhorst : «Nous voulons un autre monde, et nous le voulons maintenant»

Nathanaël Wallenhorst : «Nous voulons un autre monde, et nous le voulons maintenant»

S’inspirant des analyses du sociologue et philosophe allemand Hartmut Rosa, le docteur en sciences de l’éducation invite à combattre le néolibéralisme grâce à la «résonance», concept opposé à l’accélération du monde et s’appuyant sur l’écoute des autres. Une réflexion qui ne relève pas uniquement du développement personnel, mais qui s’ancre dans une pensée politique révolutionnaire.

Alors que l’horizon politique semble complètement fermé en ces temps de pandémie, il est des idées qui se déploient, qui infusent et qui, pourquoi pas, pourraient changer le monde. Parmi elles, les analyses du sociologue et philosophe allemand Hartmut Rosa, qui a si bien décrit l’accélération à l’œuvre dans nos sociétés (1), auquel il oppose non pas la décélération, mais une voie magistrale : la «résonance» (2). Plus qu’une métaphore musicale, le concept propose un nouveau rapport au monde, aux autres et aux choses, basé sur l’écoute. Des «convivialistes», ce mouvement international (3) qui veut lutter contre le néolibéralisme et qui inspire les partis de gauche, s’en emparent dans un essai vivifiant : Résistance, résonance : apprendre à changer le monde avec Hartmut Rosa (éd. Le Pommier). Rencontre avec Nathanaël Wallenhorst, docteur en sciences de l’éducation, enseignant à l’Université catholique de l’Ouest (UCO), qui a coordonné l’ouvrage.

En quoi le concept de résonance de Hartmut Rosa peut-il être une boussole pour changer notre rapport utilitariste au monde ?

Le concept de résonance est formalisé par Rosa en 2016, dans le prolongement de la tradition intellectuelle de la «théorie critique» qui analyse les processus d’aliénation de la modernité capitaliste tout en proposant des voies pour déjouer cette aliénation. La «résonance» vient s’opposer à l’«accélération», qui constitue la principale aliénation de notre époque avec cet impératif de croissance qui nous contraint à une accélération perpétuelle et insoutenable. Le problème vient du fait que nos sociétés contemporaines ne peuvent se stabiliser que dans ce mouvement de la croissance et de l’accélération de l’innovation, comme le montre la fragilisation engendrée par l’arrêt de cette course folle avec la pandémie de Covid-19. Une belle illustration de la nécessité urgente et absolue de changer de paradigme !

«Côté culture, l’épisode Covid aura du bon»

Par Julien Gester Ève Beauvallet Marie Klock et Sandra Onana — 1 janvier 2021

Le Centre Pompidou lors de la fermeture des lieux culturelles, le 13 mars.

Le Centre Pompidou lors de la fermeture des lieux culturelles, le 13 mars. Photo Cyril Zannettacci. Vu pour Libération

Au terme d’une année dévastatrice pour le monde de la création artistique, Libération a donné carte blanche à quatre artistes - cinéaste, femme de théâtre, bédéaste ou auteur - pour imaginer ce qui pourrait émerger du champ de ruines.

Benoît Forgeard : «En art, rien de tel que la contrainte»

Auteur au cinéma de comédies d’anticipation presque trop bien vues pour n’être que drôles (Gaz de France, Yves), le cinéaste retient avant tout de cette année qu’il ne faut plus rien chercher à anticiper.

«Je pèche par optimisme, mais côté culture, l’épisode Covid aura du bon. On peut être certain que les spectacles proposés à la réouverture des salles auront été parfaitement répétés, et beaucoup ont redécouvert le théâtre à l’occasion du confinement, via Internet. La Comédie-Française a fait un tabac, une nouvelle fenêtre s’est ouverte. Cette obligation à se virtualiser a permis d’attirer l’attention de nouveaux publics. En art, rien de tel que la contrainte. Expérimentation à poursuivre quand plus rien ne nous y forcera.

«Le cinéma a pris cher, encore que, dans ce contexte moins concurrentiel, les films français ont fait plus d’entrées que les américains. Mais la période semble avoir entériné un changement de rapport de force. Le temps d’un petit somme, les plateformes ont triplé de volume. C’est avec elles qu’il va falloir dealer. Attention toutefois : une panne mondiale d’Internet sur plusieurs mois aurait pour effet de relancer les salles. Aussi, je préconise de ne pas nous en débarrasser. Comme souvent, la société civile a plus de clés qu’elle ne l’imagine. Pour rééquilibrer les forces et contraindre les Gafa, il suffirait de se mobiliser. La résiliation de millions d’abonnements pourrait-elle faire pression ? Faudrait tenter. Qui commence ?»

« C’est désormais dans l’intime que les femmes cherchent leur dignité »

Par Nicolas Truong   Publié le 1er janvier 2020



Directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Eva Illouz est une sociologue des émotions, qui a notamment publié Les Sentiments du capitalisme (Seuil, 2006) et La Fin de l’amour : enquête sur un désarroi contemporain (Seuil, 416 pages, 22,90 euros). Intellectuelle engagée dans les combats sociaux et politiques de son temps, elle analyse comment l’intime est devenu une question politique.

Qu’est-ce que l’intime ?

Pour bien comprendre ce qu’est l’intime, il faut le replacer dans le contexte de l’évolution du mariage. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, un mariage paysan ou bourgeois est une union dans laquelle on n’exprime ni son moi individuel ni ses émotions comme expression de sa singularité.

Le mariage n’est pas non plus le lieu de l’épanouissement des individus, c’est plutôt une institution sociale qui a pour vocation de mettre en œuvre les normes, les codes, les valeurs et les attentes de la société. Il peut y avoir de l’affection, mais dans ce type de mariage, les hommes et les femmes exécutent des rôles, sont différenciés, chacun cantonné dans sa sphère d’action – même si, dans les ménages paysans, les hommes et les femmes peuvent travailler ensemble.

Au lycée, le ton des amours


 


Par Laurène Daycard — 1 janvier 2021

Pages exraites du fanzine réalisé par des élèves du lycée Ernest Ferroul, de Lézignan-Corbières.

Pages exraites du fanzine réalisé par des élèves du lycée Ernest Ferroul, de Lézignan-Corbières. Photos DR

La journaliste Laurène Daycard a animé en 2020 un atelier d’écriture dans un établissement de l’Aude. A partir du mot «amour», des élèves de seconde professionnelle ont écrit des textes, rassemblés dans un fanzine en forme de journal intime collectif, où les drames personnels côtoient la légèreté adolescente.

«A quoi pensez-vous quand je vous dis "amour" ?» Plus de vingt paires d’yeux me fixent, avant de jeter tout ce qui leur traverse l’esprit sur une feuille. «Coup de foudre», «papouilles» et «c’est compliqué» ressortent. J’encourage ceux qui ont le trac de la page blanche : «Qu’importe ce que vous allez mettre, ce sera forcément bien, parce que vous aurez été le puiser en vous.»

Ce 7 janvier 2020, je lance l’animation d’un atelier d’écriture avec trois classes de seconde en filière professionnelle du lycée Ernest-Ferroul, de Lézignan-Corbières (Aude). J’ai 30 ans, je suis journaliste, aguerrie aux questions de genre, et j’ai envie de comprendre comment les ados vivent aujourd’hui le rapport à l’amour. A partir des textes, on créera un «fanzine», un journal fabriqué avec des ciseaux, de la colle, de vieux magazines découpés et une photocopieuse.

J’ai découvert au lever du jour l’établissement dans lequel je vais passer la semaine, un mastodonte de béton érigé en pleine zone industrielle, depuis 2016, pour fédérer la jeunesse des campagnes avoisinantes, environ 1 200 élèves. En salle des profs, Dominique Angelvy, le professeur documentaliste qui a impulsé ce projet, m’offre un café. Sa consœur Vanessa Le Berrigaud me claque la bise. Je viens de passer une nuit blanche, terrorisée à l’idée de retourner à l’école, mais cette fois-ci du côté de l’estrade. Voyant mes traits tirés, elle me glisse qu’elle a, elle aussi, passé une nuit affreuse. «La plupart des profs font des insomnies les veilles de rentrée»,sourit-elle, avant de pousser la porte du CDI. Je vais retrouver l’une de ses classes, en section «accompagnement, soins et services à la personne» (ASSP). Les deux autres, ce sont les bac pro «commerce» et «conducteur transport routier marchandises» (CTRM).

Macron, Hollande, Sarkozy : entre les présidents et leur père, une histoire compliquée

Par   et      Publié le 31 décembre 2020




La salle des fêtes de l’Elysée est pleine à craquer. Les trois cents invités attendent Emmanuel Macron, qui s’entretient à l’étage avec François Hollande, pour la passation des pouvoirs, ce 14 mai 2017. L’orchestre de la garde républicaine joue L’Apothéose de Berlioz. Les dignitaires de la République conversent sous les plafonds à caissons du salon. Brigitte Macron, en robe bleue, est entourée de ses deux filles, Tiphaine et Laurence. On ne voit qu’elles, les Auzière, cheveux blonds, silhouettes fines et élégantes, leur joie évidente, et l’excitation de leurs enfants. Il y a aussi leurs conjoints, et leur frère, Sébastien.

Guidé par les huissiers vers le carré de la famille, un ami du jeune président cherche en vain du regard le « côté Macron ». Il finit par apercevoir un homme de taille moyenne, les cheveux dégarnis et coiffés en arrière, avec un nœud papillon. Les bras croisés, celui-ci observe avec un air ronchon et amusé la valse des courtisans qui guettent le nouveau chef de l’Etat. L’invité, qui lui trouve une vague ressemblance avec « Emmanuel », vient se présenter à lui :

– Ça n’arrive pas à tout le monde d’être le père d’un président qu’on installe…

– Non, sans doute, répond Jean-Michel Macron, glacial. Puis, regardant sa montre : « Vous savez si ça dure longtemps ? » 

Morgellons


 




Les « Morgellons » ou « maladie des Morgellons » est une dermatose controversée, signalée aux États-Unis en 2002, mais qui pourrait avoir des origines plus anciennes. Elle est actuellement caractérisée « par la présence de filaments de plusieurs couleurs qui se trouvent sous, sont enrobés dans la peau ou en font saillie »1. Les fibres retrouvées dans ces lésions cutanées ulcéreuses spontanées sont inertes ou organiques, blanches, noires, rouge ou bleues1. Les patients décrivent souvent aussi des sensations de picotement ou prurit ou parfois l'impression que quelque chose de rampe sous leur peau, évoquant une parasitose sous-cutanée. Aucun parasite n'étant généralement retrouvé, ce syndrome a été et est encore le plus souvent considérée comme une forme de « délire parasitaire » ou syndrome d'Ekbom, un trouble factice, ou encore un syndrome collectif d'origine psychogène. Quelques auteurs estiment toutefois que la maladie des Morgellons est une véritable maladie somatique d'origine infectieuse, qui pourrait avoir comme cause la bactérie responsable de la maladie de Lyme, ou correspondant à une anomalie de la peau qui intègrerait localement des fibres provenant de l'environnement extérieur1.

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On refait le film, avec Chloé Galibert-Lainé

LE 29/12/2020

À retrouver dans l'émission

LA GRANDE TABLE CULTURE

par Maylis Besserie

Un tourbillon d'images pour nos imaginaires virtuels: la chercheuse et réalisatrice Chloé Galibert-Lainé donne du sens à nos vertiges contemporains avec deux films à mi-chemin entre fiction et documentaire. 

Négatif photographique
Négatif photographique Crédits :  Auteur : Smith Collection/Gado / Contributeur - Getty

Comment s'orienter dans la pensée à l'ère du flot numérique ? C'est la question à laquelle la chercheuse à l'ENS-PSL Chloé Galibert-Lainé consacre sa thèse en recherche et création, thèse explorant notamment l'éthique et la politique du cinéma contemporain. Elle en tire deux films, restituant l'expérience d'une réalisatrice-spectatrice, l'écran noir comme une salle de projection, l'infini horizon d'internet pour espace d'archives. Ses deux films sont disponibles sur son site internet, ainsi que de nombreux métrages qui accompagnent et nourrissent son travail de recherches théorique. 

Ces deux films sont comme des réponses à deux films qui m'ont affectée émotionnellement, presque physiquement. Je les pense presque comme des remake mais aussi comme des analyses de la mécanique que ces deux films mettent en place. (Chloé Galibert-Lainé)

Ce qui m'intéresse dans mon travail de recherche et de création, c'est l'activité spectatorielle, qu'est-ce que ça fait quand on regarde des images et qu'est-ce que les images nous font quand elles nous regardent ? (Chloé Galibert-Lainé). 

Le premier, Watching the pain of others, film entre l'essai et le journal de bord, propose une réponse intime au visionnage du film de Penny Lane, The Pain of others (2018), lui-même constitué du montage d'un ensemble de témoignages en ligne. Autant d'extraits vidéos qui documentent l'air du temps, une époque où chacun se construit un univers virtuel, une communauté " non pas d'empathie" mais plutôt " agglomérat silencieux de clics et de likes". La chercheuse filme sa réaction face à ce flot d'images, documente ses recherches pour tenter d'y voir plus clair, entre le vrai et le faux, l'authentique et la construction face à la constante mise en scène de soi sur les réseaux. 

Dans "Watching the pain of others", je voulais partager mon ressenti de spectatrice avec le film de Penny Lane qui est lui-même un film de spectatrice. (Chloé Galibert-Lainé)

Son second moyen-métrage, Forensickness, a pour point de départ le film de Chris Kennedy, Watching the Détectives (2017), film entièrement construit sur les photos partagées par les internautes à la recherche des terroristes responsables de l'attentat de Boston de 2013.  Sur les traces virtuelles des enquêteurs, Chloé Galibert-Lainé remonte le fil des correspondances, des réseaux de sens qui se déploient et s'entretiennent au travers ce kaléidoscope virtuel.

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Coronavirus : « Dans cette crise, c’est le vivre ensemble qui est atteint », estime la philosophe Cynthia Fleury

« 20 MINUTES » AVEC  La philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury revient sur les défis que la crise sanitaire fait peser sur nos vies individuelles et collectives

La philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury.
La philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury. — Francesca mantovani / Editions Gallimard.
  • Chaque semaine, 20 Minutes propose à une personnalité de commenter un phénomène de société dans son rendez-vous « 20 Minutes avec… ».
  • Ce vendredi, la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury, auteur de Ci-gît l’amer. Guérir du ressentiment * (Gallimard) revient sur les effets de la crise sanitaire et sociale actuelle sur notre santé individuelle et collective.
  • « Dans une société des individus, la question de la connaissance de soi n’est pas anodine, elle est indissociable du bien-être ou du mal-être de la société », explique aussi la philosophe.

Une pandémie qui menace notre santé mais aussi notre économie et notre société. Comment vivre sans voir ou embrasser ses proches, surmonter l’épreuve de la perte de son travail, garder confiance dans des autorités qui tâtonnent face à un virus méconnu, reprendre espoir avec la découverte de vaccins… A l’aube d’une nouvelle année qui sera encore marquée par le coronavirus, la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury, professeur titulaire de la chaire « Humanités et santé » au Conservatoire National des Arts et Métiers, titulaire de la chaire de « Philosophie à l’Hôpital » du GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences, auteur de Ci-gît l’amer. Guérir du ressentiment *(Gallimard) revient sur les effets de cette crise sanitaire et sociale inédite sur notre santé individuelle et collective.

Cette pandémie nous place face à dilemme encore accru en cette fin d’année : se réunir avec ceux qu’on aime au risque de leur nuire ou y renoncer par principe de précaution. Comment percevez-vous ce questionnement ?

J’ai eu beaucoup de patients qui se posaient cette question. A chaque fois je les invitais à voir la spécificité de leur situation. Il n’y a pas de réponse toute faite. J’ai le sentiment que chacun invente un peu une solution en prenant en considération des principes mais aussi son désir. C’est un mélange de responsabilité collective et d’autodétermination pour respecter aussi les priorités de chacun, le sens de la vie. Autant on peut comprendre que le gouvernement nous incite à des gestes par catégorie, autant c’est aussi un Etat de droit et c’est important que les individus se saisissent des responsabilités qui sont les leurs.

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vendredi 1 janvier 2021

Cynthia Fleury : "C'est en préservant sa responsabilité qu'on préserve sa liberté"

LE 01/01/2021

À retrouver dans l'émission

LES MASTERCLASSES

par Emilie Aubry

Rencontre avec la philosophe et psychanlyste Cynthia Fleury, spécialiste de philosophie morale et politique, et dont la réflexion nous entraîne dans l'intimité des choix individuels comme autant de choix collectifs et politiques.

Cynthia Fleury
Cynthia Fleury Crédits :  Lionel Bonaventure - AFP

Une heure avec Cynthia Fleury, pour comprendre comment on devient philosophe et psychanalyste. Car c'est sans doute le croisement de ces deux disciplines, dans sa vie et dans son œuvre, qui peut apporter une clef de compréhension de sa pensée.

Cynthia Fleury doit aménager ses consultations avec ses patients, tout en écrivant chaque jour, en publiant très régulièrement. Elle est également professeure titulaire de la Chaire Humanité et santé du Conservatoire national des arts et métiers, dirige la Chaire de philosophie  du GHU Paris "psychiatrie et neurosciences". Et elle fait partie du Comité consultatif national d'éthique parmi d'autres engagements.

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Peut-on (encore) croire aux bienfaits de l'innovation ?

LE 01/01/2021

À retrouver dans l'émission

ENTENDEZ-VOUS L'ÉCO ?

par Tiphaine de Rocquigny

Alors que le progrès technologique est en plein essor, la croissance stagne. Comment expliquer ce paradoxe et peut-on encore croire aux bienfaits économiques de l'innovation dans le secteur numérique ?

Tim Cook dévoilant la nouvelle génération d'iPhones à Cupertino en 2019.
Tim Cook dévoilant la nouvelle génération d'iPhones à Cupertino en 2019. Crédits :  JUSTIN SULLIVAN - AFP

Alors que nos sociétés n'ont jamais été aussi riches d’inventions, d’innovations et que le secteur numérique est en progrès permanent, la croissance refuse de décoller. C'est pourtant ce qui aurait dû se produire, à en croire les théories de l'économiste Joseph Schumpeter.

Comment explique ce paradoxe ? Témoigne-t-il de l'inefficacité de notre politique économique, ou relève-t-il un problème structurel plus fondamental ? Car si la croissance stagne, les inégalités sociales et le chômage semblent en plein essor depuis les années 1980 et le marché des technologies est de plus en plus marqué par une tendance au monopole. Comment comprendre le phénomène de concentration des géants du numérique américains ? S’agit-il d’une dérive ou au contraire du cœur d’un modèle économique fondé sur la prédation ? Quel rôle pour l’Etat au-delà des tentatives de régulation ?

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Au lit, les hommes aussi font leur âge

Le mythe d’une éternelle jeunesse sexuelle flatte l’ego masculin, mais invisibilise les effets du vieillissement et de l’andropause, laquelle débute dès 40 ans, nous explique la chroniqueuse de La Matinale Maïa Mazaurette, qui observe que tout se passe comme si seules les femmes subissaient les assauts du temps.

Publié le 2 janvier 2021


LE SEXE SELON MAÏA

Après 50 ans, un tiers des hommes ont régulièrement des problèmes d’érection. Après 60 ans, 41 % ont des complexes concernant la fermeté de leur sexe. Après 70 ans, 29 % recourent à des médicaments pour améliorer leurs performances (enquête IFOP/Charles.co, 2019).

Toute honte bue : deux livres de femmes aux sources de l’alcoolisme au féminin





Deux témoignages paraissent en janvier sur ce sujet encore tabou. Loin des clichés de l’auto-humiliation, ils sont les récits d’un difficile exercice de reconstruction, alors que les femmes sont encore nombreuses à identifier boisson et émancipation

Par 

Anya Taylor-Joy interprète Beth Harmon, dans la série  « Le Jeu de la dame ». « La fille qui boit trop est devenue une marque culturelle, un statut social », observe Claire Touzard, autrice de « Sans alcool ».

A quoi ressemble une femme alcoolique ? Quand il s’agit d’alcool, il n’est jamais inutile d’aller chercher du côté de Marguerite Duras, qui a beaucoup bu et beaucoup écrit sur le sujet : « Une femme qui boit, c’est comme un animal qui boirait, un enfant. L’alcoolisme atteint le scandale avec la femme qui boit : une femme alcoolique, c’est rare, c’est grave. C’est la nature divine qui est atteinte. Autour de moi, j’ai connu ce scandale. De mon temps, pour avoir la force de l’affronter en public, rester seule dans un bar la nuit par exemple, il fallait avoir déjà bu. »