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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 24 août 2020

Douglas Kennedy : « Le masque en dit long sur notre relation avec nos concitoyens »

Le romancier Douglas Kennedy, réfugié à Paris pour fuir un New York fantomatique en pleine pandémie et une Amérique trumpienne qui voit, dans le masque, « un truc de mauviette », réfléchit à ce qu’il révèle de notre rapport aux autres, au risque et au monde.
Publié le 24 août 2020
L’écrivain Douglas Kennedy, à Paris, le 2 november 2017.
Tribune. Dans la période hallucinante que nous traversons, un passeport américain est sans doute un sésame moins efficace qu’un passeport iranien. Grâce à l’incompétence de notre gouvernement fédéral dans cette crise due au Covid-19, nous avons désormais dépassé les quatre millions de cas, ce qui fait de nous une sorte de version moderne de « Mary Typhoïde », cuisinière qui contamina des dizaines de personnes au début du XXsiècle en niant obstinément qu’elle était malade. Ainsi les citoyens américains ont-ils interdiction d’entrer dans un grand nombre de pays.
Heureusement, j’ai acquis la nationalité irlandaise en 1983, si bien que mon passeport européen m’a permis, il y a quelques semaines, de fuir le pays de Trump pour me réfugier à Paris. J’ai passé les sept heures de vol masqué, sauf pendant les quinze minutes du repas. Après l’atmosphère fantomatique de New York – où tous les lieux culturels sont toujours fermés, où les restaurants et les bars ne peuvent servir qu’en terrasse et où, à la nuit tombée, plane une ambiance dystopique digne d’un roman de Philip K. Dick –, la vie à Paris semblait avoir repris son cours à peu près normalement… quoique avec l’omniprésence du masque.

Les liens profs-élèves au temps du virtuel

« La vraie question que pose le télétravail, c’est celle de l’utilité du travail »

Le retour du télétravail doit être l’occasion de repenser globalement l’organisation du travail, estime Isabelle Barth, professeure en sciences du management, qui s’inquiète de la tentation de réduire les temps jugés « improductifs ».
Publié le 24 aout 2020
Un employée échange avec ses collègues depuis son appartement de Nice (Alpes-Maritimes), le 15 mai.
Tribune. La rentrée s’annonce comme une « télé-rentrée ». Le télétravail imposé brutalement par le confinement s’installe comme un mouvement de fond dans les entreprises. Avec trois bonnes raisons : lutter contre une reprise de la pandémie, répondre à l’attente de nombreux travailleurs, et gagner en efficacité. Si les deux premiers mobiles sont facilement audibles, le troisième est la zone de tous les dangers. Car derrière la recherche d’efficacité, se profile la question de l’utilité, utilité des heures travaillées, utilité de certaines fonctions, utilité de certaines tâches.
C’est la question que j’ai entendue au cours d’une réunion (distancielle) avec des chargés de communication en ressources humaines : « Mais si tout cela c’était du vent ? » Tout cela ? Tout simplement les missions, qu’ils assumaient depuis des années dans leur entreprise, des tâches occupant leurs semaines de travail et assurant leur salaire de fin de mois.

Des suicides par arme à feu extrêmement troublants



Revolver Lefaucheux. © Wikipedia
Un homme de 78 ans est retrouvé mort à son domicile de la banlieue ouest de Paris par les services de secours. Son corps est suspendu au bout d’une corde fixée à un arbre du jardin. Le septuagénaire a laissé une lettre indiquant son passage à l’acte. On le soupçonne d’avoir tué sa femme dont le corps a été retrouvé le même jour. Les policiers, lors de leurs investigations, retrouvent sur une branche de l’arbre un revolver militaire Lefaucheux porteur de nombreuses traces de rouille. Lors de l’autopsie, les médecins légistes observent, comme cela est classique en cas de pendaison, un sillon typique ascendant sur le cou. Celui-ci est associé à une fracture du larynx et à des signes d’asphyxie : cyanose (rougeur de la face), hémorragies du blanc de l’œil (pétéchies conjonctivales).
Ce cas est rapporté par l’équipe du Pr Geoffroy Lorin de la Grandmaison (hôpital Raymond Poincaré, Garches, Hauts-de-Seine) dans le numéro daté de juin 2020 de The American Journal of Forensic Medicine and Pathology. Les médecins légistes notent chez ce pendu un élément troublant : l’existence, au niveau de la tempe droite, d’un orifice d’entrée qui contient une balle. Un dépôt de suie, circulaire, de 1 centimètre de diamètre, est présent autour de la plaie d’entrée. Il n’y a pas de fracture du crâne ou de perte de fragment osseux. L’autopsie montre une contusion cérébrale modérée.
Après extraction du projectile de la plaie, il s’avère que son extrémité est aplatie et que son diamètre est de 7 millimètres. Sa longueur est de 1,4 centimètre et son poids de 6 grammes. Les constatations montrent que la distance du tir a été faible. Par ailleurs, l’autopsie de la femme indique qu’elle est morte victime des coups à la tête assénés par son conjoint.
Pour en revenir au mari, le coup de feu n’a pas immédiatement entraîné une incapacité immédiate. Celle-ci a pu se produire alors que l’homme, décidé à se pendre, avait déjà la corde autour du cou. Le geste suicidaire a ainsi associé blessure par arme à feu suivie de pendaison, laquelle a été la cause principale du décès.

Il s’agit donc d’un suicide, plus précisément d’un homicide-suicide dans la mesure où l’homme s’est donné la mort après avoir tué sa femme. Il est excessivement rare que des cas de « suicides complexes », définis par l’utilisation d’au moins deux méthodes afin de parvenir au décès, de façon concomitante ou non, soient rapportés dans la littérature médicale.

Le docteur qui croyait révolutionner le monde grâce aux orgasmes et à l’énergie cosmique

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Par Mélodie Nelson   26 août 2020


IMAGES VIA WIKICOMMONS SAUF INDICATION CONTRAIRE.


La révolution sexuelle impliquerait des orgasmes simultanés entre hétérosexuels qui ne se parlent pas, voire qui s’enferment seuls dans une garde-robe.

Wilhelm Reich, le plus jeune collaborateur de Freud, est né en 1897. Il a lié sexologie, thérapie psychanalytique et théories marxistes, inspiré par son éducation à la ferme, où les accouplements de taureaux et de vaches ont joué le rôle de divertissement enfantin. Croyant que la chasteté est mauvaise pour la santé, ses idées perdurent, mais le psychanalyste semble plus reconnu aujourd'hui comme un être controversé, marquant mais dérangeant, que comme un pionnier de la sexualité.

Freud avait développé l'idée-clé de la libido, en 1915, dix ans après la publication de ses Trois essais sur la théorie sexuelle. Il la définissait comme une énergie spécifiquement sexuelle, non quantifiable lorsqu'il en envisage d'abord le concept. Reich reprend le concept de Freud et tente d'y lier une science expérimentale qui serait capable de la quantifier, de faire en sorte de mesurer ce que le jeune psychanalyste et docteur appelle la puissance orgastique. Pour Reich, l'orgasme a un pouvoir insoupçonné de guérison et de révolution. L'orgasme constituerait la source vitale des individus et des sociétés, qui sont malheureusement contaminées par les angoisses et tout ce qui bloque la libération de leur puissance transformatrice couleur foutre.

« Reich veut déjouer tout refoulement et amener les sujets à s'ouvrir et à jouir sainement, garantissant ainsi leur santé physique et psychologique dans un monde à l'équilibre précaire »

Comment gérer ses émotions ?

Publié le : 
Colère, tristesse, timidité : les émotions font partie de notre quotidien, mais lorsqu’elles sont envahissantes ou incontrôlables, elles peuvent considérablement altérer les relations avec l’entourage et la réalisation de certains projets.


Extrait de séance – le psy est en colère




 


SUISSE

Extrait de séance
J’ai eu l’impression que ma mère avait à la fois besoin de mon aide et la refusait, ce qui m’a fait vivre un mélange de volonté d’aider, d’impuissance et de colère. C’est plusieurs années plus tard que je m’en suis vraiment rendu compte et que j’ai pu transformer ce vécu en quelque chose de constructif, en partie grâce à Nathalie.
Du fait que Nathalie était une de mes premières clientes, je me mettais de la pression pour être un « bon » thérapeute. Je ne savais pas ce que ça voulait dire bien sûr, mais j’avais au moins l’intention du sauveur en herbe. Et Nathalie me semblait y être imperméable[1].

Moi :
Est-ce que vous avez pu mettre en pratique les pistes explorées lors de notre dernière séance ?
Nathalie (sourit comme une enfant qui se fait attraper en train de faire une bêtise) :
Non… (fait des yeux faussement étonnés, attend ma réaction en ayant un léger sourire)

Je sens mon agacement. Elle a fait l’effort de venir me voir pour évoluer dans sa problématique de déprime, de procrastination et d’addiction, elle dit être heureuse de notre travail, mais n’en fait rien. Rien de rien. Elle enchaîne demandes et refus, en boucle. Je suis fâché mais rien ne transparait. A l’époque je crois ne pas en avoir été complètement conscient, ou d’avoir été dans le déni car la colère me posait un questionnement moral qui pourrait se résumer au dilemme de devoir choisir entre l’empathie et la congruence[2]. Comme la plupart des psys humanistes au début de leur carrière, j’ai choisi l’empathie. Sauf que compter sur la naïveté de ma cliente ou pire que les choses puissent s’arranger avec le temps était une malheureuse manière de gérer mon dilemme ainsi que ma peur du conflit qui aurait pu découler d’une confrontation : celle de dire à ma cliente que j’étais fâché ! Le plus important pour moi aujourd’hui est de faire la distinction entre ce qui me concerne, ce qui concerne la relation et ce qui concerne la personne en face de moi. Dans cette situation, ma colère ne concerne pas ma cliente, dont l’attitude est le déclencheur et non la cause de ma colère (la cause étant le souvenir de l’émotion que l’attitude de ma maman provoquait en moi – l’attitude de Nathalie réactivant ce souvenir).

Casablanca: ouverture d’une clinique pour la prise en charge des maladies mentales (Vidéo)

LesEco.ma

MAROC

26 août 2020

Après l’ouverture en février 2011 de la Clinique Villa des Lilas-Oasis, 1ère Clinique spécialisée dans le soin des troubles mentaux et des addictions au Maroc et en Afrique, répondant aux normes internationales les plus exigeantes, le prestigieux quartier du Complexe aéroportuaire Casa-Anfa accueille la 2ème Clinique Villa des Lilas à Casablanca, La clinique Villa des Lilas-Anfa.

COVID-19: la hausse des états dépressifs met la psychiatrie en alerte

Medscape Logo

Vincent Richeux  26 août 2020

Washington, Etats-Unis -- En juin 2020, 40% des adultes américains ont déclaré un trouble de santé mentale ou une consommation de substances psychoactives en raison de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, selon les résultats d’un rapport du Centers for Disease Control and Prevention (CDC) [1], qui dresse un état des lieux alarmant de l’état psychiatrique de la population. Les plus jeunes et les minorités ethniques sont les plus affectés. 

En comparaison avec des données récoltées lors du deuxième trimestre de l’année 2019, la prévalence des troubles de l’anxiété ou de la dépression apparait trois fois plus importante dans cette nouvelle étude, soulignent les auteurs de l’enquête, qui révèle également une fréquence particulièrement élevée des pensées suicidaires chez les jeunes adultes.

« Alors que la pandémie continue de progresser, il reste urgent de lutter contre les disparités en termes de santé mentale et d’adapter les moyens d’apporter un soutien, afin de limiter les conséquences psychologiques » de cette crise sanitaire, estiment les chercheurs. Selon eux, des actions sont surtout à mener auprès des populations les plus fragiles, tels que les travailleurs précaires ou les minorités ethniques, plus vulnérables face au virus.

Covid-19 : «peut-être un vaccin au premier trimestre 2021»

Par Olivier Monod — 
Un bénévole se fait vacciner contre le Covid-19 lors d’un test à Tubingue (Allemagne), le 22 juin.
Un bénévole se fait vacciner contre le Covid-19 lors d’un test à Tubingue (Allemagne), le 22 juin. Photo K. Pfaffenbach. Reuters


Même si elle reste prudente, Marie-Paule Kieny, la présidente du nouveau Comité vaccin, trouve les premiers résultats des essais «encourageants».

Le gouvernement français s’est doté d’un Comité vaccin, pour le conseiller sur les projets en cours. Entre mutations et enjeux politiques, sa présidente, Marie-Paule Kieny, directrice de recherche à l’Inserm, fait le point pour Libération sur les recherches d’un vaccin contre le Covid-19.
Pensez-vous, comme l’a dit cette semaine Emmanuel Macron, que «nous avons des perspectives […] raisonnables d’avoir un vaccin dans les prochains mois» ?
Nous pouvons être raisonnablement optimistes, mais il faut se garder d’être trop enthousiastes. Les entreprises les plus avancées semblent tenir leur calendrier. Leurs données chez l’animal et leurs premiers résultats chez l’homme sont encourageants. Si tout continue à bien se dérouler, nous pourrons voir arriver un vaccin au premier trimestre 2021. Les capacités de production devraient être suffisantes pour fournir les quantités nécessaires au deuxième trimestre 2021. Je me place ici dans un scénario idéal où l’un des vaccins les plus avancés fonctionne effectivement.

Coronavirus : une mutation et beaucoup d’interrogations

Par Camille Gévaudan — 

Le nouveau coronavirus n’arrêtant pas de muter, les variantes du Sars-CoV-2 sont désormais innombrables.
Le nouveau coronavirus n’arrêtant pas de muter, les variantes du Sars-CoV-2 sont désormais innombrables. Photo Niaid

Si une nouvelle forme du virus a été identifiée dans plusieurs pays, d’autres facteurs peuvent expliquer la moindre mortalité constatée actuellement.

Que penser de "Saturne" de Sarah Chiche ? Les critiques du Masque & la Plume

publié le 

Dans son tout nouveau livre, la psychologue clinicienne et psychanalyste Sarah Chiche raconte une enfance hantée par le deuil, et dévoile comment, à l’image de son père, elle faillit être engloutie à son tour. Hormis Frédéric Beigbeder, les critiques du Masque & la Plume ont tous été profondément touchés.

Le livre présenté par Jérôme Garcin

Une psychanalyste à qui on doit l'an passé Les enténébrés. Ce roman s'ouvre par la mort, en 1977, de Harry, jeune de 34 ans. Il était le père d'une fillette de 15 mois, Sarah. Il était aussi l'héritier d'une dynastie de médecins ayant quitté l'Algérie après l'indépendance et qui a bâti un empire de cliniques privées en France. Mais voilà, contrairement à son frère, Harry était un rêveur, pas un gestionnaire, il aimait les étoiles et avait épousé une femme, Ève, un peu trop libre et trop belle pour son milieu bourgeois. Et c'est le portrait romancé de ce fantôme de père que fait son orpheline de fille. "Roman dédié aux vulnérables, aux endeuillés" et dont la dernière phrase est :
Tout est perdu, tout est splendide.

Olivia de Lamberterie salue un livre qu'elle trouve aussi beau que douloureux 


OL : "C'est un livre aussi sur sa mère. Moi, j'ai trouvé que c'était ça qui était très beau dans le livre. C'est le portrait de sa mère. C'est vraiment un roman de psychanalysteC'est comment une histoire familiale terrible peut vous tuer et comment vous pouvez faire pour vous en sortirC'est extrêmement douloureux, parfois, peut-être un peu trop à mon goût, mais je trouve que ce qui est très réussi, ce sont les deux frères, c'est le portrait de la mère qui est une femme absolument splendide qui fait des photos érotiques, qui se prostitue un peu et qui, un jour, rencontre un homme, le père de l'héroïne, qui va essayer de la sauver de tout cela. 


dimanche 23 août 2020

Coronavirus au Canada : démissions en cascade chez les infirmières du Québec

Publié le : 
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Une infirmière canadienne dans un service de traitement du Covid-19 
à l'hôpital St Paul de Vancouver en Avril 2020 (image d'illustration). 
Jonathan Hayward/The Canadian Press via AP

Le Québec, en particulier la ville de Montréal où le Covid-19 a frappé fort ce printemps, fait face à une démission en cascades de ses infirmières. Épuisées par les efforts supplémentaires que l’on leur demande déjà depuis plusieurs années, des centaines d’entre elles quittent le système de santé. Une défection inquiétante alors que la province tente de se préparer à une deuxième vague cet automne.




LA PSYCHIATRIE DANS LA CITÉ / N°151 (26 JUILLET 2020)

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Introduction

Philippe Meyer :

Merci de nous avoir rejoint pour cette discussion en compagnie de Raphaël Gaillard, professeur de psychiatrie à l’Université Paris Descartes et chef de pôle à l’hôpital Sainte-Anne à Paris.
Dans une tribune publiée par Le Monde du 1er juillet, l’économiste Jean de Kervasdoué et le psychiatre Daniel Zagury écrivent : « Les partis politiques n’abordent les questions de santé que sous leur aspect économique et financier. Il y a fort à parier que, après le choc de l’épidémie de Covid-19, il ne sera pas dit grand-chose de la santé mentale qui, à notre connaissance, n’est pasà l’agenda du Ségur de la santé lancé le 25 mai. Pourtant, depuis une décennie, la situation est passée de grave à catastrophique. Certes, de tout temps, la folie – terme aujourd’hui refoulé – a dérangé, mais le rejet collectif du différent, de l’anormal dans une société du bien-être n’explique pas à lui seul la persistance du massacre. Certes, la reconnaissance publique par Agnès Buzyn de l’abandon de la psychiatrie a dégagé l’Etat d’une posture perverse de déni, mais, sur le fond, rien n’a changé. »
L’institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) a publié en juin une étude consacrée aux effets du confinement sur la santé mentale des Français : un tiers des répondants déclare avoir été en situation de détresse psychologique durant le confinement.
La psychiatrie a un rôle important à jouer dans la gestion de l’après-coronavirus mais les décideurs publics se sont, depuis de nombreuses années, détournés du soin des troubles mentaux. Cette spécialité est pourtant un observatoire pertinent de notre société : les troubles qu’elle cherche à soulager sont en effet les conséquences de notre organisation sociale et de ses dysfonctionnements. De plus, elle témoigne de la manière dont la déviance est appréciée dans notre pays.
Raphaël Gaillard, en tant que président du Congrès de l’encéphale, vous êtes auteur de nombreux articles qui permettent de découvrir la gestion de la crise sanitaire de l’intérieur. On peut y lire que la psychiatrie a, une fois encore, été le parent pauvre des politiques menées avec un oubli du GHU Psychiatrie dans la distribution de masques. Celui-ci accueille 70 000 patients par an. Vous livrez également votre vécu de la crise en tant que chef d’un pôle qui compte 600 soignants qui ont dû parfois recourir au système D pour continuer à prodiguer des soins. Par ailleurs, l’observation clinique que vous faite du champ politique dans le cadre de cette vous conduit à remarquer une recherche de coupables qui témoigne de l’impossibilité pour de nombreux citoyens de vivre avec la contingence d’un virus que nous découvrons chaque jour. 

Cet effritement de la contingence constitue « l’être au monde du paranoïaque », ce qui doit nous interroger.
Peut-être commencerons-nous par cette période si particulière traversée depuis le 15 mars. Quels enseignements en tirez-vous ?


A La Chesnaie, la récupération, c’est tout un art

Par    Publié le 13 août 2020





La route serpente dans la campagne autour de Blois, puis elle entre dans une forêt qui abrite la clinique psychiatrique de La Chesnaie. La première chose que l’on voit, c’est une construction qui pourrait sortir d’un conte, avec son clocher à bulbe, son toit pointu, son allure biscornue et ses étranges bow-windows : le Club. La porte est ouverte, des gens vont et viennent, parfois seuls, parfois à plusieurs : ici, ces hommes et ces femmes, de tout âge, on les appelle des « pensionnaires », pas des malades, et leur apparence peut se confondre avec celle des soignants, qui ne portent pas de blouses blanches et que l’on appelle les « moniteurs ».

La psychiatrie, une arme de combat pour dépasser la race. Frantz Fanon de Lyon à Blida en passant par Saint Alban.

À retrouver dans l'émission
GRANDES TRAVERSÉES : FRANTZ FANON, L'INDOCILE
par Anaïs Kien


LE 20/08/2020


Si Fanon est considéré comme un penseur politique de la domination coloniale, il est avant tout psychiatre. C’est avec ses yeux de soignant qu’il aborde la situation des relations interraciales aussi bien aux Antilles, en France qu’en Algérie pendant sa guerre de libération.

Colin Salmon jouant le rôle de Frantz Fanon dans le film documentaire "Frantz Fanon : Peau noire, masque blanc".
Colin Salmon jouant le rôle de Frantz Fanon dans le film documentaire "Frantz Fanon : Peau noire, masque blanc". Crédits : Réalisateur : Isaac Julien (1995)

Si Fanon est considéré comme un penseur politique de la domination coloniale, il est avant tout psychiatre. C’est avec ses yeux de soignant qu’il aborde la situation des relations interraciales aussi bien aux Antilles, en France qu’en Algérie. 
Ce jour-là dans la cour de la Sorbonne, Frantz Fanon a 31 ans, ancien combattant martiniquais de la Deuxième Guerre mondiale il est devenu médecin. C’est en uniforme, sous le drapeau des armées alliées contre le nazisme qu’il a découvert les ravages du racisme colonial. 
Après son retour du front, Frantz Fanon, blessé et décoré, n’a que 20 ans. Parti en 1943 pour sauver l’idéal républicain français, il en est revenu transformé par l’expérience du racisme colonial en métropole. En 1946, son bac en poche il regagne pourtant cette métropole si blessante, jadis adulée, pour y commencer des études de médecine. Après un bref passage à Paris où il est logé comme d’autres dans un ancien bordel de la rue Blondel affecté au logement des étudiants d’Outre-mer, il s’installe à Lyon.