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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 16 juillet 2011

Vie et mort secrètes du fils "schizophrène" du chef historique des communistes italiens


ROME CORRESPONDANT -
C
'est une histoire triste comme la fin des illusions. Aldo Togliatti, le fils du leader historique du Parti communiste italien (PCI), Palmiro Togliatti (1893-1964), est mort samedi 9 juillet dans une clinique psychiatrique de Modène (Emilie-Romagne). Il avait 86 ans, fumait comme un pompier, faisait des mots croisés et des parties d'échecs en solitaire. De la trop lourde hérédité de son père, surnommé "le meilleur", il n'avait que les traits physiques. "C'était le portrait de son père, écrit Miriam Mafai dans Botteghe oscure, addio (Mondadori, 1996), mais avec plus d'incertitude dans le regard, plus d'hésitation dans la démarche, quelque chose d'irréparablement vacillant."

Son décès, qui n'a été annoncé par la famille qu'après les obsèques, aurait pu passer inaperçu. Interné depuis 1980, Aldo Togliatti n'a été longtemps qu'un prénom sur une fiche d'admission. Il a fallu une enquête du journal La Gazzetta di Modena, en 1992, pour révéler l'identité de ce pensionnaire à qui un cadre local du PCI rendait visite une fois par semaine.


Né le 29 juin 1925, Aldo passa sa jeunesse en exil. Il découvre Moscou et le sinistre Hôtel Lux, le quartier général du Komintern, où sont hébergés les dignitaires des partis frères en exil. En 1937, ses parents le délaissent pendant trois ans lors de la guerre d'Espagne. Ses lettres, alors, témoignent d'un profond désarroi. A l'école, il fréquente les enfants de Mao, de Tito et de Dolores Ibarruri Gomez, connue sous le nom de la Pasionaria.


Diplômé en ingénierie, il rentre en Italie à la fin de la guerre, en 1945. Un autre événement l'accable. Ses parents se séparent, et Palmiro s'en va vivre avec Nilde Lotti, future présidente de l'Assemblée. Aldo reste avec sa mère, Rita Montagnana, et s'enferme peu à peu dans la lecture. "Il a lu beaucoup plus de livres que moi, disait son père. Mais je ne réussis pas à le comprendre."


Parfois, il fugue. En 1950, on le retrouve au port de Civitavecchia, où il prie un marin hollandais de le prendre à bord. Une autre fois, c'est au Havre qu'il cherche à s'embarquer pour fuir les souvenirs des nuits hantées de l'Hôtel Lux. A la mort de sa mère, en 1979, la santé mentale d'Aldo s'altère. Les psychiatres diagnostiquent une "schizophrénie avec tendances autistiques". Un an plus tard, il entre à la clinique Villa Igea, d'où il ne ressortira plus. Dans ses Mémoires, Massimo Caprara, le secrétaire de Palmiro Togliatti, se souvient d'une visite à Prague avec Aldo : "Je n'ai pas l'impression qu'il ait été communiste", écrira-t-il.
Philippe Ridet

Fronton. C'est le premier centre médico psychologique rural

Marie-Hélène Champagnac et Jean-Jacques Romatet inaugurent le Centre médico  psychologique rural./ Photo DDM
Marie-Hélène Champagnac et Jean-Jacques Romatet inaugurent le Centre médico  psychologique rural./ Photo DDM
Marie-Hélène Champagnac
et Jean-Jacques Romatet inaugurent
le Centre médico psychologique rural.
Photo DDM









Le Centre médico psychologique de Fronton a été inauguré lundi rue du 19-Mars-1962. Rattaché au Service Universitaire de Psychiatrie de l'enfant et de
l'adolescent du CHU de Toulouse, il dispense des soins psychiques de proximité pour les enfants et les adolescents de 2 à 16 ans.
Le CMP de Fronton estcependant ouvert depuis septembre 2010, il répond ainsi aux besoins du bassin de vie de Fronton/Villemur.
Un projet qui a généré la collaboration de nombreux partenaires autour de la municipalté et du CHU de Toulouse.

Un projet engagé depuuis 2004

C'est en présence de Marie-Hélène Champagnac, maire de Fronton, Ghislaine Cabessut, conseillère générale, Jean-Philippe Raynaud, médecin chef de service, Jean-Jacques Romatet, directeur général du CHU, Laure Pauly, médecin référent, les cadres de santé, psychiatres, psychologues, partenaires sociaux, personnel de santé et éducateurs spécialisés ainsi qu'une cinquantaine d'invités que s'est déroulé l'inauguration des locaux du CMP.
Le professeur Jean-Philippe Raynaud a relevé la collaboration avec la municipalité depuis 2004 pour mener à bien ce projet.

Service de proximité

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L'accueil d'urgence en péril


M
onsieur le Maire de Paris, vous n'ignorez pas la situation alarmante du SAMU social. Les budgets dévolus à l'accueil des personnes à la rue connaissent des diminutions drastiques : les centres d'hébergement d'urgence ferment leurs portes, et les nuits d'hôtel destinées à pallier les 13 000 places manquantes dans les centres d'Ile-de-France se font de plus en plus rares.

Le budget destiné aux familles baisse à lui seul de 24 %, jetant sur le trottoir un nombre considérable d'enfants, de femmes et d'hommes livrés à des vies impossibles. Plusieurs médecins hospitaliers ont raconté comment ils voyaient arriver dans leurs services des familles démunies, demandant à dormir dans un renfoncement de couloir pour fuir la violence du trottoir. A défaut de pouvoir leur proposer une solution d'hébergement, le personnel du SAMU social leur avait conseillé cette ultime solution de misère digne du Moyen Age : demander la charité dans un hôpital.

Le 30 juin, le SAMU a fermé le centre d'hébergement d'urgence Yves-Garel situé dans le 11e arrondissement de Paris, qui accueillait 57 hommes et 38 femmes. Un bâtiment a été trouvé pour accueillir les hommes, en revanche pour ce qui concerne les femmes, aucune solution de rechange n'a été mise en oeuvre.

Ces quelques 38 places du centre Yves-Garel étaient les seules places que le SAMU social de Paris proposait aux femmes en situation d'hébergement d'urgence.

DISCRIMINATION MEURTRIÈRE

Le manque de places était déjà très préoccupant mais, depuis le 1er juillet, plus aucune femme ne peut compter sur les centres d'urgence gérés par le SAMU social pour échapper à la rue. Inébranlable, le gouvernement refuse tout compromis, assumant avec cynisme une discrimination meurtrière envers une population vulnérable, négligée depuis des années et abandonnée.

Vous-même avez dénoncé publiquement, il y a quelques jours, ce désengagement effrayant du gouvernement, qui porte atteinte à ce droit social fondamental qu'est l'accueil inconditionnel des personnes à la rue. Vous avez témoigné de votre inquiétude et de l'importance à vos yeux d'un engagement solidaire.

Si la Ville de Paris ne peut pas se substituer à un financement qui devrait venir de l'Etat, face à l'incurie du gouvernement en matière de politique sociale, la Mairie de Paris ne serait-elle pas en position de trouver un lieu pour ces femmes à la rue ? La question se pose d'autant plus que les bâtiments du centre Yves-Garel étaient prêtés par la Ville, et qu'ils vont être démolis sans qu'un nouveau lieu ait été proposé en remplacement. La Ville ne dispose-t-elle pas d'un local qu'elle pourrait prêter d'urgence pour compenser cette destruction ?

Nous savons bien que la Ville contribue au fonctionnement de plusieurs associations d'accueil des plus démunis, mais une institution comme le SAMU social est une institution nationale et internationale. En tant que mandataire officiel de l'Etat, le SAMU apporte la garantie visible et capitale d'un droit social. Monsieur le Maire, ce droit à l'accueil d'urgence est en péril. Trouver un bâtiment pour accueillir ne serait-ce que quarante femmes ferait rempart contre cette démolition annoncée.

Julia Peker, agrégée de philosophe, bénévole au SAMU social de Paris


Réel du langage, langage du réel : résonance du sujet parlant
Brigitte Lalvée

didier_weillAvec ce quatrième essai consacré à la question du sujet humain, ce « sujet du réel » convié à répondre à l’appel du langage et à y soutenir sa réponse [1], Alain Didier‑Weill revient, comme en un quatrième tour donné à sa pensée, en homologie avec son propos, sur la pulsation temporelle en quatre temps, d’une temporalité de structure, qu’il dégage comme une scansion fondamentale du devenir du sujet parlant –un « sujet du réel » avant que d’être un sujet de l’inconscient, appelé de ce fait à advenir au‑delà de l’inconscient, au‑delà de son dévoilement dans une cure psychanalytique, « là où ce n’était pas encore ». Un « oui » originaire, dont le titre même de l’ouvrage souligne le « mystère », met en mouvement cette pulsation temporelle et fait de son accomplissement une expérience dont l’auteur n’hésite pas à affirmer le caractère mystique : expérience inauguralement extatique mais non ineffable, dont il est difficile d’expliquer l’avènement en quelque sorte aléatoire, ouverte à tout sujet et non à quelques initiés, se produisant à l’insu même de celui qui s’y livre mais à laquelle un sujet encore à venir peut se refuser en connaissance de cause ‑ainsi du nourrisson rejetant le lait de sa mère qu’il perçoit comme « incomestible », dépourvu de signifiance. De cette expérience mystique qui précède l’inconscient, le rendant possible, qui par là même l’excède et lui succède, l’auteur s’attache à éclairer le déroulement, entre ombre et lumière, entre mystère et raison, et faire entendre le tempo dans l’entrelacement de ses temps que rythment Eros et Thanatos.

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L’expertise médicale mise à mal par les réseaux sociaux ?

L’essor des réseaux sociaux de santé sur Internet semble précipiter irrémédiablement la fin du modèle paternaliste, un temps caractéristique de la relation médecins-patients. Dans une étude récemment publiée, des sociologues tentent de cerner ce nouveau « savoir profane » qui émerge de ces réseaux.

« Au-delà de la simple recherche d’informations, concernant une pathologie ou des traitements, les internautes cherchent la plupart du temps à briser leur isolement »
, souligne un rapport réalisé par une équipe de sociologues à partir d’entretiens et d’observations dans des associations de patients. « Les sites de réseaux sociaux permettent un accès à une information que ne donnent pas les professionnels de santé. Ils n’apparaissent donc pas en concurrence avec eux, mais sont plutôt complémentaires », indique la sociologue Sylvie Craipeau, qui a participé à l’étude menée pour le Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGIET) à la demande du ministère de la Santé.

Néanmoins, derrière ces généralités, la coexistence entre savoir médical et savoir profane du patient fondé sur l’expérience personnelle de la maladie n’est pas toujours aussi idyllique sur le Web 2.0. En se penchant particulièrement sur les réseaux sociaux dans les domaines du sida, du cancer et de l’autisme, les chercheurs mettent en exergue l’impact des associations de patients sur les idéologies véhiculées sur la toile. Ainsi, pour le sida, les réseaux sociaux constituent selon eux une nouvelle étape dans le mouvement d’autonomisation des malades et de contestation des pouvoirs établis par des collectifs issus de la société civile comme Act-Up et AIDES.

Dans le cas de l’autisme, ces réseaux constituent aujourd’hui de véritables tribunes soutenant des approches médicales négligées par les institutions. Les sociologues citent l’exemple du groupe Yahoo Autisme, liste de discussion nationale non liée à une association particulière où échangent essentiellement des parents confrontés à différentes formes de la maladie. « L’identité collective du groupe » se situe dans la condamnation unanime de l’approche psychanalytique au profit des techniques comportementales et cognitives de traitement de l’autisme. Certaines méthodes de traitement liées à la psychanalyse, à l’instar du packing, y sont dénoncées avec véhémence. Le groupe Yahoo Autisme porte « un nouvel éclairage sur le développement d’une expertise profane dans les réseaux sociaux de santé », laquelle « se construit explicitement contre l’expertise des professionnels et des institutions médicales » qui « persistent à aborder l’autisme à partir d’une approche psychanalytique », notent les sociologues.

Réalité de terrain.

A contrario, dans le champ du cancer, les réseaux sociaux se situent « dans la continuité de l’histoire des relations entre malades, associations, médecins et chercheurs propres à cette maladie ». Ici, émerge un modèle où « les nouveaux outils techniques sont des moyens de renforcer la collaboration entre patients et médecins ou chercheurs », grâce à une association médiatrice. Le cas de Jeunes solidarité cancer est cité en exemple. Cette ancienne structure satellite de la Ligue contre le cancer s’appuie grandement sur un forum destiné à accueillir des échanges entre les malades, leurs proches et des membres de l’association. Les témoignages recueillis constituent la base de l’action institutionnelle de l’association. « Le réseau social donne bien accès à une réalité de terrain, à une réalité profane mais celle-ci n’est pas appréhendée comme une force à opposer au discours des institutions, mais comme une somme d’expériences à porter à la connaissance des médecins et des pouvoirs publics, afin d’apporter à ceux-ci un complément d’information », décrivent les sociologues. Ce forum permet aussi de « faire descendre vers la base le savoir autorisé des médecins », « conformément à une mission historiquement au cœur de l’activité des associations de lutte contre le cancer », indique ce rapport davantage introductif que véritablement analytique sur la réalité des réseaux sociaux en santé.
› DAVID BILHAUT

Je suis malade… Vite, sur Internet !
11.07.11

Le site de l'association "Les Petits Bonheurs" qui propose une aide au quotidien pour les malades atteints du sida.

Le site de l'association "Les Petits Bonheurs" qui propose une aide au quotidien pour les malades atteints du sida. DR

C
’est devenu un réflexe. Que ce soit pour des migraines, un mal de dos, à l’annonce d’un diagnostic médical ou pour un simple bobo, six Français sur dix se sont déjà renseignés sur Internet, selon un sondage CSA réalisé en février sur 995 personnes. Cette proportion atteint même huit sur dix chez les 18-24 ans.

Une fois en ligne, ces internautes se documentent bien sûr, mais échangent également conseils et impressions par ordinateurs interposés. Les 84 sites de santé-bien-être répertoriés en France ont rassemblé pas moins de 16 millions de visiteurs uniques en mai, selon Médiamétrie. Plus d’un internaute sur trois (38,7 %) est allé y faire un tour dans le mois.

Cette pratique, apparue au début des années 2000, bouleverse le rapport entre soignants et soignés, nombre de patients se présentant désormais comme des "experts" face à une profession médicale quelque peu déboussolée. On comprend aisément que le ministère de la santé ait donc mandaté le Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGIET) pour tenter de mieux cerner le phénomène. "Nous avons cherché à comprendre ce qui se passe en ligne, afin d’encourager les bonnes pratiques, mais aussi à inciter à la prudence sur des approches moins favorables du point de vue de la santé publique", explique Robert Picard, référent santé du CGIET.

Sous la houlette de cette institution, deux sociologues, Gérard Dubey et Sylvie Craipeau, viennent donc de plancher pendant un an , un travail dont Le Monde a pu prendre connaissance en exclusivité. Dans le cahier des charges de ces observateurs, de multiples interrogations. L’information de santé en ligne est-elle fiable ? Implique-t-elle des risques ? Cette pratique en réseau favorise-t-elle la construction d’un savoir spécifique ? Et si oui, lequel ? Ces chercheurs se sont volontairement limités à trois pathologies : le cancer, le sida et l’autisme.

UNE EXPRESSION SOUVENT VIOLENTE ET CRUE

Première constatation, la Toile est un formidable réceptacle des maux des Français. Internet rassemble une masse d’informations d’autant plus inédites que "pour de nombreuses pathologies, notamment cancéreuses, les récents progrès de la médecine allongent les périodes de rémission, certaines affections étant devenues non létales", explique Gérard Dubey. Les internautes s’épanchent alors "sur fond de maladie chronique, poursuit-il. C’est une nouvelle expérience qui se véhicule en ligne".

De fait, le Net regorge d’informations pour le moins anxiogènes qu’il est nécessaire de prendre avec distance, estime ce chercheur. "A l’annonce d’un diagnostic, les malades sont souvent victimes de ce que l’on appelle un effondrement de l’identité. Ils vont alors sur Internet, principalement la nuit, pour décharger sans limite leurs angoisses", note-il.

Principal problème de cette confession en ligne, "les internautes ont tendance à projeter leur espace privé dans l’espace public", explique le sociologue : les malades s’expriment souvent de façon violente et crue sur leurs problèmes, "sans code ni médiation pour ménager celle ou celui qui va recevoir le message", ajoute M. Dubey.

Ce facteur est d’autant plus "aggravant" que ce sont souvent des personnes "elles-mêmes fragilisées par la maladie" qui vont chercher de l’information en ligne. Particulièrement concernés par ce phénomène, les sites santé généralistes qui drainent une audience de masse, et sur lesquels certains malades n’hésitent pas à utiliser leur pathologie comme "une sorte de revendication identitaire", poursuit Sylvie Craipeau.

"CES SITES RÉPONDENT À UN MANQUE"

Cependant, note la sociologue, la parole en ligne semble mieux canalisée sur de petits forums, souvent spécialisés sur une pathologie précise, comme les sites créés par des associations de malades. "Nous avons remarqué que des normes implicites se mettent alors en place, explique-t-elle. Les internautes se retiennent, ne disent pas tout, pas n’importe quand. Cela ressemble davantage à une petite société." Sur ces sites peuvent notamment s’organiser des projets communs comme "la circulation de modules éducatifs pour des enfants autistes, ou encore des propositions d’aide au quotidien pour les malades du sida, sur le site de l’association Les Petits Bonheurs", illustre la chercheuse.

Plus généralement, le succès de ces réseaux et forums doit, selon ces observateurs, être une source de questionnements pour le corps médical. "Ces sites répondent à un manque. Les malades vont chercher sur Internet des savoirs pratiques et un échange de vécu qu’ils n’ont que très rarement chez le docteur ou plus généralement dans l’institution médicale", note M. Dubey. Les internautes s’échangent bonnes pratiques, régimes alimentaires, conseils d’hygiène mais aussi des sujets de préoccupation très intimes, comme le devenir des relations sexuelles après une chimiothérapie, par exemple.

Sur certains sites se construit alors "un savoir profane, pratique, complémentaire du savoir expert des médecins". "D’ailleurs, note Gérard Dubey, certains malades revendiquent ce savoir comme un facteur participant à l’amélioration de leur état." Peut-on y voir l’amorce d’un cercle vertueux ? "Le temps où le docteur de famille prenait du temps et devinait un problème de santé à la façon dont son patient entrait dans son cabinet semble dépassé, remarque le sociologue. Certains médecins, s’estimant victimes de leur hyper spécialisation technique ou de leur manque de temps, sont demandeurs de ce nouveau type d’informations, de ce vécu exprimé en ligne."

Comme si les réseaux et forums réussissaient à redonner aux malades une importance et une place qu’ils ont peu à peu le sentiment d’avoir perdues. Intéressée par ces résultats, la Haute Autorité de santé envisage d’approfondir ces pistes de recherche.
Laure Belot

Le trait de l’écriture, entre angoisse du réel & consistance du sujet
Manon Delcour

Gérald Moralès, L’Écriture du réel. Pour une philosophie du sujet, Paris : Les Éditions du Cerf, coll. « La nuit surveillée », 2010, 190 p., EAN 9782204092258.

Dans cet essai, Gérald Moralès, docteur en philosophie et psychanalyste, entend examiner tous les constituants du postulat selon lequel « Il y a une écriture du réel ». Ce projet l’amène d’une part à envisager la matérialité graphique de l’écriture, d’autre part à distinguer réalité et réel. Considérant la catégorie lacanienne du réel sous l’angle du « corps pensé dans le passage entre l’insistance du vide et la consistance du trait, […] avant l’instauration symbolique, avant l’émerge du signifiant et sa prise par le langage » (p. 9), il estime, après avoir étudié l’œuvre de Pierre Guyotat et de Bernard Réquichot, que l’écriture du réel s’effectue à partir de l’angoisse et, sur cette base, esquisse une théorie du sujet.

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L'enfermement des mineurs évalué par le Sénat


R
ésultats encourageants pour les centres éducatifs fermés (CEF). Doivent mieux faire dans les plus brefs délais pour les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM)... Voilà la tonalité des appréciations décernées à ces structures dédiées aux mineurs délinquants dans le rapport intitulé "Enfermer et éduquer : quel bilan pour les CEF et les EPM ?", rendu public, mardi 12 juillet par les sénateurs Jean-Claude Peyronnet (PS) et François Pillet (UMP).

Créés par la loi du 9 septembre 2002 après une élection présidentielle marquée par le thème de la sécurité, ces établissements n'avaient guère été évalués. Après huit années de fonctionnement pour les premiers CEF - aujourd'hui au nombre de 44 - et alors que le territoire national compte six EPM - ouverts entre juin 2007 et avril 2008 -, la commission des lois a souhaité vérifier s'ils remplissaient bien la mission fixée par le législateur : "assurer une action éducative dans un cadre privatif de liberté".

Faute de données statistiques, MM Peryonnet et Pillet ont recouru à une quarantaine d'entretiens avec des professionnels de l'enfance délinquante, et procédé à quatre visites dans des CEF et trois dans des EPM. Ils en ont conclu qu'"un travail éducatif (visant à une réinsertion des mineurs) peut être mené" dans ces cadres privatifs de liberté.

Dispositif alternatif à l'incarcération destiné à la prise en charge pour 6 mois renouvelables de mineurs délinquants multirécidivistes ou multi-réitérants âgés de 13 à 18 ans, les CEF qui regroupent 488 places au total valent, selon eux, les 640 euros par jour et par mineur qu'ils coûtent.

"Le dispositif des CEF mérite d'être pérennisé et même étendu"
, dit le rapport qui précise que près de la moitié des mineurs réintègrent un dispositif de droit commun à l'issue d'un placement en CEF. Et, alors que 60 % sont déscolarisés à leur entrée, 32 % retournent dans un établissement scolaire, tandis que 25 % s'orientent vers une formation professionnelle.

Les sénateurs soulignent cependant les difficultés de recrutement du personnel de ces établissements confiés à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Les CEF exigent "un taux d'encadrement élevé". Les co-rapporteurs suggèrent "que la prise en charge puisse perdurer au-delà de la majorité" et insistent sur la nécessité d'adapter la localisation des CEF aux régions les plus urbanisés.

MM. Peyronnet et Pillet regrettent en revanche le bilan "décevant" des EPM (près de 350 places gérées par la PJJ et l'administration pénitentiaire). S'ils leur reconnaissent d'avoir "contribué à l'amélioration des conditions de détention des mineurs", ils réclament "des évolutions rapides et significatives" et une clarification du coût réel estimé entre 290 et 320 euros par jour et par mineur. Ils demandent enfin un suivi des jeunes majeurs à leur sortie. Un exercice que le "droit à l'oubli" ne permet pas actuellement.
Patricia Jolly

mercredi 13 juillet 2011

puce Molière sur le divan
Théâtre du Lucernaire  (Paris)  juillet 2011


Comédie écrite et mise en scène de Michelle Brûlé, avec Claire Chérel, Bruno La Brasca, Diana Lazslo, Edith Monteil, Paul Spera et Anaïs Tobelem.

A l'instar de son bourgeois gentilhomme qui faisait de la prose sans le savoir, Molière faisait-il de la psychanalyse sauvage avant l'heure ?

Assurément la réponse est affirmative pour Michelle Brûlé qui, à partir de l'oeuvre de Molière soumise à la grille d'interprétation de papa Freud, a écrit une partition burlesque qui use à plusieurs niveaux, et ce de manière aussi réussie que jubilatoire, pertinente et impertinente, de l'hybridation.

En effet, "Molière sur le divan" résulte d'un montage de scènes, elle a pioché dans sept comédies, dont "L'avare", "Le misanthrope" et "Le malade imaginaire", pour ne citer que les plus connues, d'une fusion de leurs caractères communs les plus "symptomatiques" et d'un mélange des genres de l'onirisme au réalisme psychologique pour créer une "comédie monstre" en ce qu'elle met en scène une famille de monstres névrotiques dont les goûts vestimentaires évoquent ceux de la famille Adams.

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vendredi 8 juillet 2011

Halte aux méthodes du néomanagement !
Miguel Benasayag, philosophe et psychanalyste
30.05.11

Dans cette époque rude et désenchantée, si la vie quotidienne de beaucoup d'entre nous se révèle de plus en plus sombre, il faut avoir conscience qu'il ne s'agit pas là d'un fait du hasard, d'une fatalité tombée du ciel.

La dureté des temps (souffrance au travail, isolement, fatalisme, dépression) est chaque jour renforcée par l'action de personnages dont la médiocrité et la terne banalité contrastent avec l'intensité du mal qu'ils font. Petits hommes gris à la Simenon, ils représentent la matérialisation finale du cauchemar imaginé par Robert Musil dans L'Homme sans qualités (Seuil, 1979). Ces agents de la tristesse opèrent dans des domaines de plus en plus étendus, mais il en est certains où leurs méfaits sont assez récents et particulièrement choquants : l'éducation et la santé en font partie.

Ils se présentent en général comme des "managers", des gestionnaires d'un nouveau genre et viennent prendre la place des "anciens" dans des établissements scolaires, des hôpitaux, des centres médico-psycho-pédagogiques, des instituts médicaux-éducatif (IME), etc.

Ordinateur et pointeuse en poche, ils ont pour mission d'apurer les comptes et de "remettre au travail" le personnel. Avec eux, plus de "feignants", d'"assistés", de "privilégiés" (certains ont dû télécharger récemment le portrait de Laurent Wauquiez en fond d'écran...). Ils appliquent le règlement, tout le règlement, rien que le règlement.

Or dans ces endroits singuliers où l'on soigne et où l'on apprend, l'essentiel se passe justement à côté du règlement. Pas contre, mais en dehors. Dans un hôpital, dans un centre psy, la qualité des soins dépend avant tout de la relation avec le patient. Elle passe par l'écoute, le dialogue, le regard, l'attention, et le pari partagé. Une minute peut valoir une heure, une heure une journée, une journée une vie. Aucun logiciel ne peut traiter ce genre de données.

Dans les centres médico-psychopédagogiques, les écoles, collèges et lycées, les objectifs chiffrés, les fichiers, les classements et catégories administratives ne peuvent cadrer avec des parcours d'élèves et patients multiples, complexes et singuliers. Ici, le travail a à voir avec le désir et le lien. Qui peut prétendre quantifier et rationaliser cela ? Nos petits soldats du management se méfient, eux, du vivant, de la complexité, de l'insaisissable. Ils haïssent cela même, car ces notions les empêchent de compter en rond. Ils n'ont qu'un mot à la bouche qu'ils répètent tel un mantra : "la loi, la loi, la loi."

Et l'on soupçonne, derrière ce formalisme, derrière leur apparente froideur, quelque chose de sombre et malsain. On connaît en psychanalyse et en psychopathologie ce phénomène d'obéissance stricte à la loi qui passe par l'effacement du sujet, définition même de la jouissance. Ces personnages, Lacan les appelait des"jouis-la-loi".

Ils ne se réfèrent qu'aux représentations réglementaires et légales du vivant ; mais la complexité du vivant, qui est la matière même de ces lieux de soins et d'éducation, n'est pas toute représentable. Par ailleurs, la loi dont ils parlent n'est pas la loi comme champ conflictuel. Ce qu'ils nomment respect de la loi n'est autre qu'une obéissance qu'ils exigent comme une simple compétence, au même titre que savoir lire ou écrire.

Plus d'espace, du même coup, pour la pensée critique et l'autonomie. Dans leur esprit, l'autonomie doit se transformer en pure autodiscipline, ce qui fait d'eux de petits soldats de la mise en place d'un pouvoir arbitraire. Dans leurs tableaux et leurs contrats d'objectif, l'essentiel leur échappe. Au point de susciter des effets "contre-productifs" - pour utiliser leurs termes.

A force de vouloir imposer de la rationalité, en contrôlant les horaires, en voulant rentabiliser chaque minute (chaque euro d'argent public dépensé...), en quadrillant les services, en instituant des rôles de petits chefs et sous-chefs, c'est la contrainte qui devient la règle, épuisant le désir et l'initiative des salariés.

Obligés de travailler dans un univers panoptique où tout est mesurable et transparent, ils perdent le goût de leur métier, s'impliquent logiquement moins, et souffrent au quotidien.

Ces méthodes de management sous la pression sont suffisamment élaborées (en provenance des États-Unis pour la plupart) pour savoir jusqu'où ne pas aller trop loin, éviter des dérives qui se retourneraient contre leurs auteurs. Ils savent harceler sans dépasser la limite légale.

Ces auteurs eux-mêmes, petits chefs psychorigides, médiocres et sans aucune envergure spirituelle, sont parfaitement fuyants. Il est impossible d'engager une discussion contradictoire avec eux car ils ignorent tout du funeste dessein qu'ils servent jour après jour. Ils sont les aiguilleurs d'un train dont ils ne maîtrisent ni la puissance ni la destination.

Petits hommes méprisables et benêts qui participent à un processus qui les dépasse. Ce néomanagement pour lequel l'homme devient une ressource impersonnelle et interchangeable prépare les fondements d'une société que l'on voit se dessiner chaque jour de plus en plus clairement, où les critères économiques font la loi, et où la loi écrase la vie.

Les grands changements sociaux, ceux qui vont dans le sens de la tristesse et de la restriction des libertés, ne se passent jamais du jour au lendemain, de façon soudaine, comme on franchit le Rubicon. Ces bouleversements se préparent dans la durée, lentement, discrètement. Et c'est bien de cette façon que la petite armée de ces hommes sans qualités est en train de préparer le terrain d'une société brutale et obscure.

Pour continuer notre travail, dans ces lieux vitaux, il nous faut résister. Mais résister au nom de quoi ? Comme ce pouvoir s'attaque directement à la vie, c'est la vie elle-même qui devient résistance.

Ouvrage : "Organismes et artefacts : vers la virtualisation du vivant ?" (La Découverte, 2010).
Miguel Benasayag, philosophe et psychanalyste

Refuser la loi sur le titre de psychothérapeute

27 juin 2011

Il faut absolument refuser la loi sur le titre de psychothérapeute. Cette disposition législative est un des aspects organiques indissociable du reste : l'accepter, c'est faire entrer un cheval de Troie dans la nouvelle réglementation du soin psychique.

C'est la création d'une nouvelle corporation de "psychothérapeutes" au service du reste 'loi HPST, soins sans consentement, accréditation car qu'est-ce qu'elle introduit ?



Des psychiatres "sauvés" du dispositif car reconnus "psychothérapeutes" de droit, ce qui fait froid dans le dos quand on voit l'absence totale de cette formation dans leur études. Plus fort: : on leur reconnait ce titre alors que dans le même temps, on est en train de leur enlever l'exercice concret, condamnés qu'ils deviennent à n'être que des experts destinés au tri et aux prescriptions des pathologies les plus lourdes. 



Les psychologues cliniciens, les seuls réellement formés à l'université, sont condamnés à des formations et à des stages suplémentaires les plaçant au même titre que n'importe quel médecin. C'est un scandale, car non seulement cela est un affront aux universitaires en psychologie, mais c'est aussi une manière à inciter leurs programmes à faire l'impasse sur ces formations (psychopathologie et psychothérapies) puisque ceux qui voudront l'exercer devront se soumettre à des formations extra-universitaires spécifiques.



Les médecins, quelques soient leurs spécialités, pourront avoir accès au titre avec autant de facilité qu'un psychologue clinicien. C'est la reconnaissance de la prégnance d'un modèle médical organique pour aborder la psychopathologie.


Les psychologues non cliniciens seront soumis aux mêmes contraintes de formation que le béotien lambda qui veut devenir psychothérapeute alors que pendant ses trois premières années universitaires (licence) il est, de fait, initié à la psychopathologie et aux approches psychothérapiques.



Les psychanalystes se trouvent réduits aux mêmes exigences.



Enfin, alors que la loi se motivait d'être une barrière contre les dérives sectaires, elle est la porte ouverte au titre de "psychothérapeute" à n'importe qui car elle ne garantit rien et ne protége en rien. Cette loi était inutile : elle est devenue nocive.



Qu'ont fait l'ordre des médecins et les universitaires ? A quelle complicité, au moins passive, se sont-ils soumis ?



Quant on voit le contenu de ces formations donnant accès au titre, on comprend tout : les approches humanistes classiques (psychanalytiques ou autres, basées sur une idée de la personne et du lien thérapeutique) sont réduites au quart du programme. Les trois autres quarts sont consacrées aux approches cognitive, comportementalistes ou neurobiologiques. Celles-ci ne peuvent constituer autres chose que des techniques. N'étant fondées sur aucun substrat ontologique ou philosophique ; elles peuvent être au service de n'importe quelle idéologie (rappelons-nous l'utilisation de la psychiatrie dans l'ex-URSS).



Il s'agit bien de cela : former des "techniciens psychistes" au service des nouvelles politiques du soin basées sur l'objectivable, le quantifiable et l'évaluable d'un individu réduit à son "adaptabilité" sociale. Ils seront utilisables aussi bien dans le champ psychiatrique classique que dans ceux du monde de l'entreprise ou de l'Education Nationale.


Il n'y a qu'une position : refuser toute collaboration à la mise en place de cette loi.



Refuser d'y candidater.
Refuser d'y être jury.
Refuser d'accepter des stagiaires.

Joseph Mornet, psychologue, secrétaire national de la Fédération Croix Marine

La santé mentale ne peut être limitée à une psychiatrie sous contrainte et mériterait une loi de santé publique

En sa qualité de gérant d’établissements de santé mentale depuis plus d’un demi siècle, la MGEN sait que le nerf de la guerre est la qualité des soins mis à la disposition des personnes fragilisées. Il apparaît dès lors fort déplacé, voire dangereux, de limiter les problèmes de santé mentale à un problème de trouble à l’ordre public, comme le suggère aujourd’hui le gouvernement.
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Regard sur la réforme des soins de santé mentale en Espagne et au Pays basque

Maria José Valderrama
Traduction de Iñaki Tapia

Plan

L’HISTOIRE
L’AUTRE MODÈLE EXPLICATIF
LA RÉFORME PSYCHIATRIQUE
PRÉSENT ET AVENIR

Texte intégral

La sanction et le stigmate ont été les éternelles compagnes des personnes atteintes de maladies mentales. La marginalisation de celui qui est différent est une réponse humaine habituelle ; le « fou », en tant qu’égal et différent en même temps, provoque des réponses de méfiance et de rejet. Le discours général de l’anthropologie médicale au sujet de la maladie mentale grave (en référence explicite à la psychose) s’oriente beaucoup vers des questions qui concernent le stigmate (Goffman, 1980[1]). À travers l’histoire et jusqu’à aujourd’hui, le stigmate a socialement caractérisé les personnes atteintes de maladies mentales graves, tout en marginalisant ceux qui en souffrent / les subissent (Szasz, 1976[2], 1976[3]). Bien qu’il s’agisse d’une réalité parfaitement connue, il n’en reste pas moins nécessaire d’essayer, d’une part, de mettre en évidence les racines du stigmate et de la marginalisation qui marquent encore ce collectif ; et d’autre part de s’interroger sur les causes favorisant leur perpétuation ainsi que sur les raisons pour lesquelles il est si difficile de dépasser, faire disparaître ou au moins mitiger leurs effets défavorables. En effet, situation bien connue, les personnes atteintes de maladies mentales graves sont surreprésentées dans les collectifs marginalisés.

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Un rapport du Sénat propose de décloisonner le système de santé
ÉlisaBertholomey
07.07.2011
 
Jean-Pierre Fourcade - Capture d'écran

Deux ans après la promulgation de la loi portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST), le sénateur UMP Jean-Pierre Fourcade présentait ce jeudi le rapport du comité d’évaluation de la réforme. Il milite pour plus de formation et un décloisonnement du système de santé.

[...] Autre recommandation concernant le décloisonnement, la réorganisation des services de psychiatrie dans les hôpitaux. « Le comité recommande de constituer de véritables communautés hospitalières de territoire en psychiatrie, pouvant intégrer des services de psychiatrie des établissements de santé non spécialisés ». Cette préconisation vient directement des professionnels du secteur qui estiment qu’il faut clarifier les missions du secteur psychiatrique et repenser l’organisation de l’hospitalisation pour éviter la promiscuité dans les mêmes unités entre malades de gravité, de pathologies et d’âges différents.
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Bilan de la loi Bachelot : un rapport milite pour la création d’ORDAM

07/07/2011
Le sénateur UMP Jean-Pierre Fourcade a rendu public ce jeudi le rapport d’évaluation de la mise en application de la loi HPST. Il la juge « satisfaisante », mais propose quelques « ajustements » des règles de gouvernance des établissements de santé, ainsi que la création d’ORDAM (objectifs régionaux de dépenses d’Assurance-maladie).

Premier constat du rapport, le rôle des conseils de surveillance des hôpitaux doit être renforcé, « afin d’assurer un meilleur équilibre » entre ce conseil, le directoire et la CME (commission médicale d’établissement). « On ne remet pas en cause l’équilibre du système, a insisté le sénateur Fourcade, mais il faut davantage faire partager la vision d’avenir et la stratégie en associant tout le monde aux orientations ».

C’est ainsi que l’une des recommandations du rapport suggère que la CME donne « un avis sur les orientations stratégiques, budgétaires et financières pluriannuelles de l’établissement. Elle doit donner également un avis sur le CPOM (contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens). Elle doit être consultée sur l’organisation en pôles ». Mais selon le sénateur, la modification du management hospitalier doit s’accompagner « de modifications statutaires » pour les personnels soignants. Le rapport préconise donc une « rémunération supplémentaire sur la base d’un contrat d’objectifs » pour les médecins statutaires hospitaliers et hospitalo-universitaires et les cadres paramédicaux.

Côté ARS, le document préconise un pilotage « resserré autour du secrétaire général des ministères sociaux ». Avec une action « essentiellement stratégique » pour laisser aux directeurs généraux des ARS un « maximum de marge de manœuvre, notamment en matière financière ». Le rapport va même plus loin en la matière, car il préconise de mettre en place des ORDAM (objectifs régionaux de dépenses d’assurance-maladie). « Outre l’effet de décloisonnement, argumente le rapport, les ORDAM responsabiliseront les directeurs généraux d’ARS sur le maintien des équilibres financiers de l’Assurance-maladie. » Un projet de dispositif déjà vivement contesté par la CSMF (confédération des syndicats médicaux français) qui estime qu’« à travers cette mesure, en donnant tous les pouvoirs, y compris financiers, aux ARS, les parlementaires achèvent l’édifice de l’étatisation de la médecine libérale que constitue la loi Bachelot ».

Enfin, selon le rapport, il faudrait désormais faire une pause dans les réformes, les professionnels consultés ayant « fait part de la nécessité de stabiliser les règles de gouvernance du système de santé ».

Quant aux suites réservées à ces propositions, Jean-Pierre Fourcade a assuré que le parlement lui donnerait une « traduction sous forme d’amendements ». Il a par ailleurs souhaité que le gouvernement suive les recommandations du rapport « sur le plan réglementaire ».
HENRI DE SAINT ROMAN
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Dangerosité psychiatrique : savoir anticiper le passage à l’acte

La Haute Autorité de santé (HAS) publie une série de recommandations destinées aux professionnels de santé pour prévenir la survenue d’actes violents chez les patients souffrant de troubles mentaux graves.

Toujours très spectaculaires et fortement médiatisés, les actes de violence perpétués par les malades mentaux relèvent de l’exception. « Tous types de violence confondus, 3 à 5 % seulement des actes violents seraient dus à des personnes souffrant de troubles mentaux », essentiellement des troubles schizophréniques ou bipolaires, rappelle la HAS. Beaucoup plus fréquemment, les personnes atteintes de troubles mentaux sont les victimes (de leur fait, de celui d’autrui ou de la société).

Ces actes de violence envers autrui touchent en premier lieu la famille et les proches, d’autres patients et les professionnels de santé. Plus exceptionnellement, des personnes sans aucun lien avec le patient. « La maladie mentale grave n’est pas, en elle-même, un fort indicateur de violences à venir. Les facteurs qui participent à la genèse des comportements violents sont multiples et souvent intriqués », indique la Haute Autorité qui fait pas moins de 84 recommandations pour prévenir les passages à l’acte.

Présidée par le Pr Jean-Louis Senon, la commission d’audition sur la dangerosité psychiatrique a identifié les principaux facteurs de risque : antécédents de violence commise ou subie, notamment durant l’enfance ; précarisation, difficultés d’insertion sociales, isolement ; abus ou dépendance à l’alcool ou à d’autres substances psychoactives ; trouble de la personnalité de type antisocial ; âge inférieur à 40 ans ; rupture de soins ou défaut d’adhésion au traitement.

Écouter les proches.

Outre ces facteurs de risque, des éléments cliniques peuvent laisser présager d’une survenue prochaine d’actes violents. Chez les patients schizophrènes, plusieurs signes doivent alerter les soignants : délire paranoïde avec injonction hallucinatoire ; idées délirantes de persécution avec dénonciation d’une personne considérée comme persécutant le malade ; idées délirantes de grandeur, passionnelles ou de filiation ; menaces écrites ou verbales pouvant évoquer un scénario de passage à l’acte contre le persécuteur supposé.

Pour les troubles de l’humeur, les équipes soignantes doivent être vigilantes vis-à-vis de la douleur morale du patient. Des idées de ruine, d’indignité ou d’incurabilité, notamment quand elles s’élargissent aux proches, un sentiment d’injustice ou de blessure narcissique peuvent interpeller.

« Être attentif et à l’écoute des proches permet souvent de désamorcer un possible passage à l’acte violent »
, note la HAS. « La prise en charge attentive, proche et durable et surtout sans rupture de soins, en particulier dans les six premiers mois après la sortie de l’hôpital, est une des clés pour prévenir ce risque », conclut la Haute Autorité.

Les psys vus par leurs patients

N°1 - juin / juillet / août 2011
Les psys vus par leurs patients
N°1 - juin / juillet / août 2011
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Le Cercle Psy est un nouveau journal au ton et au regard résolument neufs.

Son originalité ? Présenter toutes les psychologies, sans exclusive et sans invectives : de la psychanalyse aux neurosciences, de la clinique au cognitivisme, en passant par la psychologie sociale, la psychologie du développement, celle du travail...

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Le Cercle Psy s'adresse à tous ceux qui s'intéressent à la psychologie, professionnels, étudiants et grand public.

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30 mai 2011

Psychanalyse et création ; la cure et l’œuvre

Michel Lapeyre

2
Février 2011 – P.U. du Mirail

" J'ai donné comme titre à mon séminaire : Psychanalyse et création, pour pouvoir prendre plutôt que donner des leçons auprès de l'art et du "poète".
C'est urgent, à mon avis, pour retrouver le sens de ce qu'est la psychanalyse. Il n'y a rien de pire que de faire de la psychanalyse un idéal de connaissance et de vie (de savoir et de jouissance) à quoi l'on sacrifie tout. Ça ne veut pas dire pourtant, au contraire, qu'il s'agit de relativiser la psychanalyse. Freud dit souvent que les acquis d'une cure peuvent se perdre (même chez et pour l'analyste).

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L'hôpital public va-t-il dans le mur ?

Critiques. Quatre professionnels de santé livrent leurs impressions sur la fragilité du système français.

Martine Schachtel

"L'hôpital public est mal parti. Il se déshumanise."
Cadre de santé à l'hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, cette infirmière est sur le point de prendre sa retraite. Elle vient d'écrire L'hôpital à la dérive (1).
"L'hôpital public est mal parti, il va dans le mur. J'ai accompagné son évolution : les compétences du personnel se sont accrues, les équipements médicaux se sont extraordinairement perfectionnés. Mais, paradoxalement, il se déshumanise. 

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Pr Bernard Devauchelle
"L'hôpital public n'a aucune raison de s'effondrer. C'est une question de volonté et d'hommes."
Mondialement célèbre pour avoir réalisé la première greffe de la face, le Pr Bernard Devauchelle dirige au CHU d'Amiens un service de chirurgie.
"L'hôpital public n'a aucune raison de s'effondrer dès lors qu'il est capable de donner les moyens à ses équipes d'innover et d'accomplir des progrès médicaux. Je suis plutôt optimiste. L'hôpital, c'est avant tout des hommes et des femmes. Certes, la contrainte budgétaire est importante. Certes, il y a un environnement réglementaire lourd et parfois pesant. Certes, l'esprit de certains médecins se fonctionnarise dans le mauvais sens du terme. Mais je n'ai rien contre les fonctionnaires, au contraire, je suis l'un des leurs, nous avons le sens de la gratuité et de la générosité et, tant que les équipes hospitalières garderont cette foi, l'hôpital sera capable de s'en sortir.

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Françoise Lalande
"Les problèmes financiers ne jouent qu'un rôle secondaire."
Inspectrice générale des affaires sociales, Françoise Lalande, médecin, a une longue expérience des missions d'enquête dans des établissements où se sont produits des accidents médicaux. Son témoignage étonnant a été recueilli au printemps dernier lors de son audition par une commission parlementaire.

"Les établissements de santé confrontés à des accidents ou à des dysfonctionnements réagissent toujours de la même façon : ils les imputent à une insuffisance de leurs moyens. Notre analyse montre au contraire qu'il en est rarement ainsi. La pertinence des soins peut se définir comme leur adéquation aux besoins des patients (...). La Haute Autorité de santé a identifié quatre causes principales de non-pertinence : c'est d'abord la mauvaise organisation des soins, qui se traduit, par exemple, par des temps d'attente excessifs aux urgences. Ce sont ensuite des décisions médicales inadéquates, comme des prescriptions abusives (...). Une troisième cause tient aux patients ou à leur entourage : ainsi, ce dernier peut provoquer le placement en hôpital psychiatrique de personnes âgées ou handicapées souffrant de simples troubles du comportement, qui pourraient y côtoyer des malades dangereux. Enfin, la dernière cause est le manque de structures relais, notamment pour le maintien à domicile ou pour la réadaptation. Les problèmes financiers, en revanche, ne jouent qu'un rôle secondaire.

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Alain-Michel Ceretti
"Ceux qui peuvent payer doivent payer plus."
Fondateur du Lien, association de lutte contre les infections nosocomiales, Alain-Michel Ceretti dirige aujourd'hui le Pôle santé et sécurité des soins auprès du Médiateur de la République.
"Je voyage beaucoup à l'étranger. La France y est enviée pour son système de santé, et en particulier ses hôpitaux. La démarche de gestion du risque dans nos établissements de santé a beaucoup progressé et est très avancée, en particulier en matière d'infections nosocomiales. La grande difficulté qui demeure, dans notre pays comme à l'étranger, c'est le caractère artisanal du mode de fonctionnement des médecins. Comme on peine à inculquer que le soin s'inscrit dans une démarche d'équipe et non dans celle d'un seul homme, on continue à enregistrer des incidents et des accidents médicaux. On les attribue pudiquement à des défauts d'organisation.

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Dossier réalisé par François Malye et Jérôme Vincent

Pour une politique de santé publique de l'enfant et de l'adolescent

02.05.11

En matière de santé et de bien-être de l'enfant, la France ne figure plus parmi les pays les mieux classés. Les inégalités de santé persistent et s'aggravent. Les nouvelles problématiques telles que les pathologies chroniques, les allergies, l'obésité ou la santé mentale sont insuffisamment prises en compte, et révèlent les limites du système de santé actuel. Dans cette note, Jean-Marie Le Guen, député et médecin, se prononce en faveur d'une réelle politique de santé de l'enfant, intégrant l'apport des sciences médicales et sociales. Il préconise de faire évoluer les structures existantes, en intégrant une dimension santé au service public de la petite enfance, en modernisant et valorisant l'offre de soins primaires.
La France est mal classée en matière de santé de l'enfant. Selon l'Unicef, elle est 13e en matière de bien être général des enfants sur 25 pays de l'OCDE. Elle est même 18ème pour ce qui concerne le bien être éducationnel.

Plusieurs indicateurs montrent que les conditions de vie générale d'un nombre croissant d'enfants se détériorent : environ 2 millions d'enfants vivent sous le seuil de pauvreté ; la maltraitance, qui touche toutes les classes sociales, reste un phénomène répandu et insuffisamment pris en compte ; les adolescents français font partie des jeunes d'Europe les plus enclins à adopter des comportements à risque.
Au cours du XXe siècle, les progrès scientifiques, en particulier ceux de la médecine, nous ont donné les moyens de lutter efficacement contre la mortalité d'origine infectieuse et dans le domaine de la périnatalité. Néanmoins, la santé ne se résume pas au "silence des organes", selon la formule de Paul Valéry : il ne s'agit pas d'un état fixe défini par l'absence de pathologie mais de l'entretien et de l'amélioration d'un capital santé, sur lequel il est possible d'agir. Un ensemble de facteurs y concourent : la lutte contre les maladies infectieuses bien sûr, mais aussi les aspects comportementaux, le contexte familial (affectif et socio-économique) ainsi que les conditions sociétales et environnementales.

Le système socio-sanitaire français en matière de santé des enfants repose sur quatre piliers : la protection maternelle et infantile, la santé scolaire, les pédiatries hospitalière et libérale. Il reste aujourd'hui principalement orienté vers les périodes dites de vulnérabilité : grossesse, naissance et petite enfance et, dans une moindre mesure, l'adolescence, à travers le prisme déformant des comportements à risques.

Cette approche montre ses limites et ne permet pas de répondre aux évolutions des problématiques de santé : les accidents de la vie courante restent la première cause de mortalité avant 15 ans, les pathologies chroniques sont de plus en plus fréquentes et potentiellement très pénalisantes tout au long de la vie, les troubles des apprentissages et les troubles mentaux constituent autant de freins à l'insertion sociale puis professionnelle.

En d'autres termes, nous développons mal le capital santé de nos enfants. Face à ce constat, l'Etat doit retrouver un rôle moteur pour engager la réorientation de la médecine de l'enfant vers une prise en charge intégrant une dimension préventive et globale de la santé.

Souhaitable pour lui-même, un effort massif de promotion de la santé durable de l'enfant permettrait de surcroît d'apporter une réponse au développement de la violence, des enfants comme des adultes, et contribuerait au renforcement de la compétitivité économique de la France, par une amélioration qualitative de la main d'œuvre, en meilleure santé, profitant d'une meilleure qualité de vie et mieux formée.

La base d'une politique de santé durable se fonde sur une approche globale entre comportements des individus et environnements dans lesquels ils évoluent. L'enfance est une période d'autant plus complexe qu'elle dépend d'un milieu d'origine sur lequel l'acteur principal a peu de moyens d'agir au départ. L'Etat doit reconnaître et se réapproprier la responsabilité qu'il a de protéger et de préserver la santé des enfants, quel que soit leur milieu de vie.

Il ne suffit pas de procurer du soin aux enfants atteints de pathologies : il faut construire à l'intention des enfants une politique globale intégrant l'apport des sciences médicales et sociales et structurant "de véritables trajectoires de développement".

Nos préconisations portent sur les actions à développer dans différents domaines et sur l'évolution des structures existantes. La prévention doit enfin être considérée comme une entité à part entière et bénéficier des outils, connaissances et pratiques adaptés avec des objectifs clairs. Le système de soins doit se rendre visible et lisible pour toutes les familles et permettre une prise en charge optimale de chaque enfant. Le repérage et l'accompagnement des enfants en situation de vulnérabilité sont une partie intégrante de la politique de santé publique pour l'enfant. L'Etat est un acteur principal dans la mise en œuvre de cette politique par le pilotage et les moyens à investir dans le potentiel santé de chacun.

Les structures existantes ne répondent plus aux besoins actuels. Il ne s'agit pas de tout reconstruire mais bien de s'appuyer sur elles et de les faire évoluer. Ainsi, le service public de la petite enfance pourrait intégrer une dimension santé et constituer une porte d'entrée vers le système de soins.
Dans ce cadre, nos deux principales propositions sont :
  • L'extension de la protection maternelle et infantile jusqu'à 12 ans ;
  • La prise en charge à 100% pour les enfants des familles les plus modestes.
Les services publics de médecine préventive ont vocation à jouer un rôle prédominant dans l'offre de soins primaires en pédiatrie. Enfin, les facultés qui forment les professionnels de santé initialement et en continue ont le devoir de se saisir des problématiques actuelles posées par la santé de l'enfant actuellement et de développer la recherche.

L'intégralité de la note est disponible sur le site de Terra Nova.