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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 22 décembre 2010

Aquitaine - JUSTICE
Meurtre de Momas (64), le procès d'un schizophrène
Publié le 17/12/2010

Nicolas Plévent, le meurtrier présumé d'un sexagénaire en 2009 passait en audience devant la Cour d'appel de Pau.
Convaincu de schizophrénie, il n’a pas pu bénéficier du non-lieu psychiatrique. Depuis la loi de 2008, même en cas de maladie mentale, les infractions et les crimes doivent être reconnus comme tels, en audience publique, devant une chambre de l’instruction qui prononce alors l’irresponsabilité pénale.

C’est ce qu’a requis l'avocat général, aujourd’hui vendredi 17 décembre, pour Nicolas Plévent, demandant l'hospitalisation d'urgence ainsi que des mesures de sûreté. La chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Pau rendra sa décision le 11 janvier prochain.

Le 20 octobre 2009, convaincu d’être victime d’un complot, il avait avoué avoir tué Jean-Marie Paletou, 66 ans, propriétaire de la maison dans laquelle il vivait avec sa mère. Il avait également grièvement blessé cette dernière alors qu’elle découvrait la scène du drame. Il est depuis interné dans l'unité pour malades difficiles de Cadillac en Gironde.



Finistère
18 décembre 2010

Assises. Six ans de prison pour «une vie dans le noir»18 décembre 2010


De suspense, il n'y en a pas eu. Au bout d'une heure et demie de délibéré, la cour d'assises a condamné, hier, le Brestois Stéphane Thépaut, 35 ans, à six ans de prison pour avoir rendu aveugle son propre père. «Quelle est la part de responsabilité de Stéphane Thépaut dans l'affaire ? Avait-il conscience de ce qu'il faisait?». Pour l'avocat général, M. Pouder, cette question est l'articulation principale du dossier. La veille, un psychiatre avait estimé que le jeune Brestois souffrant de schizophrénie connaissait «une altération de son discernement» lorsque, ce 27août 2008, il s'était rendu au domicile de son père, dans le quartier de Recouvrance, à Brest, et lui avait porté dix coups de couteau au visage et sur le torse, l'un d'eux plongeant la victime, déjà handicapée d'un œil, «dans le noir total».

Une cocotte-minute

«L'accusé, ce jour-là, c'était une cocotte-minute prête à exploser», observe Me Larvor, partie civile. Les autres intervenants de ce procès n'ont pas d'autres constats. «Il n'avait pas pris ses médicaments pour les nerfs. Il était dans un état d'excitation tel qu'il ne contrôlait plus rien. Ce geste, il fallait qu'il arrive. C'était le seul possible, à ses yeux, pour se libérer de la tyrannie paternelle», résume son défenseur, Me Serpolet. Et l'avocate de dresser un portrait peu flatteur de la victime qui «n'a pas joué le rôle protecteur qu'on attend d'un père» et d'y trouver matière à «circonstances atténuantes». «Circonstances aggravantes» lui fait écho le représentant du ministère public. «Peu importent les choses qu'on a fait subir à l'accusé. Il n'est pas acceptable de régler ses problèmes familiaux par la violence». Pour M. Pouder, il ne saurait, par ailleurs, être question de pulsions. «Il sait prendre les bonnes décisions pour juguler ses pulsions. Il a tenté de stopper le processus en passant au commissariat, en anticipant sa prise d'injection bimensuelle, quelques heures avant l'agression. Il est donc responsable de ses actes».

Pas d'intention de tuer

Accusation et défense s'accordent toutefois sur le fait que l'accusé «n'avait pas l'intention de tuer». La psychologue appelée à la barre hier matin ne dira pas le contraire. «Il cherchait une identification avec son père. L'arme, c'était le pont entre-eux, le seul objet lui appartenant dont le père prenait soin en l'affûtant. Le fils n'avait pas les moyens intellectuels de passer à un meurtre symbolique». À l'issue des plaidoiries, Stéphane Thépaut a tenu à lire un poème écrit avec l'aide de l'aumônier de la prison, un court texte inspiré de Saint-François d'Assises, le bien-nommé, où il est question de pardon. Et ce sont les yeux embués de larmes que les jurés se sont retirés pour délibérer. Ils ont réduit d'une année les demandes formulées par l'accusation.

Alain Coquil

La notation sur internet touche aussi les médicaments
Par Pauline Fréour
16/12/2010

Depuis un mois, meamedica.fr propose aux internautes de noter leurs médicaments. Une démarche qui n'inquiète pas trop les professionnels.

En pleine affaire du Mediator, retiré de la vente dix ans après les premières mises en garde, un nouveau site propose depuis un mois de «noter» les médicaments. Comme d'autres forums dédiés à la santé (Doctissimo, Au Feminin), meamedica.fr, qui existait déjà dans d'autres pays, permet de partager son expérience. Ce jeudi, on pouvait ainsi lire parmi les 2450 contributions que le Zyprexa, prescrit en cas de schizophrénie, avait transformé un patient en «gros légume amorphe». Un autre jugeait que le Laroxyl n'était «pas un antidépresseur mais un somnifère qui constipe et fait prendre du poids». Là où meamedica pousse plus loin la démarche, c'est qu'il permet d'évaluer les médicaments, sur une échelle de 1 à 5, à raison de plusieurs critères : efficacité, effets secondaires, gravité de ces effets, facilité d'emploi et satisfaction générale.

Le site, qui appartient à la société néerlandaise Insight Pharma Services BV, se dit «indépendant», «sans liens avec le monde médical et pharmaceutique». L'entreprise a été créée en 2008 par un pharmacien qui souhaitait «soutenir le patient dans son utilisation des médicaments». Les revenus ne proviendraient pas de la publicité absente du site- mais de la vente des plugins et widgets sur mesure, et de packs d'analyse, est-il précisé. Interrogée en novembre par Rue89, Insight Pharma Services BV expliquait être financée un investisseur qui souhaite garder l'anonymat.

Néanmoins, la question de la modération se pose. «Rien ne dit que les contributions sont bienveillantes et ne proviennent pas, par exemple, de laboratoires concurrents», relève Xavier Desmas, du Conseil national de l'ordre des pharmaciens. Selon Meamedica, celle-ci se trouve sous le contrôle d'un pharmacien. L'équipe vérifie aussi qu'un même internaute ne donne pas deux fois son avis sur un même médicament.

«Un ressenti toujours personnel»

Malgré des réserves, les professionnels du médicament ne s'inquiètent toutefois pas outre mesure. «On respecte la liberté d'expression, mais il faut savoir que le ressenti par rapport à un médicament est très personnel, rappelle Xavier Desmas. On le voit tous les jours en officine : certains pensent que le générique n'a aucun effet, d'autres au contraire qu'il a moins d'effets indésirables. Tous les avis individuels ne sont pas forcément pertinents». D'où un certain nombre de témoignages contradictoires sur le site. «Mais je n'ai jamais eu affaire, personnellement, à des gens qui demandaient ou refusaient un traitement sur la base d'informations lues en ligne», assure-t-il.

«Un avis individuel n'a pas la valeur d'une évaluation générale faite par des professionnels», souligne de son côté Fabienne Bartoli, adjointe au directeur général de l'Afssaps. «Quand on constate des effets indésirables, il faut d'abord se rapporter à la notice, puis consulter son médecin. Souvent, les effets secondaires relevés par les internautes sont déjà signalés sur la notice. C'est ennuyeux car cela peut inquiéter inutilement certaines personnes et les conduire à interrompre leur traitement.»

Pour autant, l'agence s'ouvre elle-même aux avis des particuliers. Après deux expériences menées en France, dont l'une pendant la vaccination contre la grippe A l'an dernier, il sera bientôt possible aux particuliers de remplir à leur tour un formulaire de notification en ligne. Cette évolution relève pour Fabienne Bartoli d'une «évolution sociétale» normale. «Les gens sont de plus en plus acteurs de leur traitement, et c'est très bien».

Doctissimo

Jusqu'à 290 000 hospitalisations seraient dues à des erreurs médicales
26 novembre 2010

Entre 160 000 et 290 000 admissions annuelles à l'hôpital seraient évitables, selon le 2nde enquête nationale sur les événements indésirables graves associés aux soins (ENEIS), menée par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) rendue publique le 25 novembre.

Sur les 31 663 journées d'hospitalisation observées entre avril et juin 2009, 374 événements indésirables graves (EIG) ont été identifiés, parmi lesquels 177 ont été considérés comme évitables, indiquent les auteurs de l'enquête, qui ne notent aucune évolution par rapport à 2004, date de la première enquête du genre. Celle-ci répondait alors à une demande de la Direction générale de la santé (DGS) et de la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) qui souhaitaient dresser un état des lieux et répondre aux objectifs de la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique de réduire les EIG.

Un EIG évitable est défini "comme un évènement indésirable qui n'aurait pas eu lieu si les soins avaient été conformes à la prise en charge considérée comme satisfaisante au moment de sa survenue". Plus ou moins graves, les conséquences de ces EIG vont du prolongement de la durée d'hospitalisation (61 cas en 2009) au décès (8 cas en 2009). Les procédures (intervention chirurgicale, anesthésie, endoscopie, injection, perfusion, sonde urinaire, etc.) arrivent en tête des causes des EIG évitables, suivies des produits de santé (médicaments ou autres : dispositif médical, tel qu'un bistouri électrique, produit sanguin, greffon, implant, prothèse, etc.) et enfin des infections liées aux soins.

Si la fragilité et le comportement du patient sont des facteurs de risque non négligeables, les auteurs de l'enquête, eux-mêmes professionnels expérimentés, pointent du doigt les pratiques médicales sous-optimales, les ruptures dans la continuité des soins, et les déviances par rapport à des protocoles, règles ou recommandations. Parmi les 87 EIG évitables survenus en cours d'hospitalisation en 2009, 64 sont consécutifs à de telles erreurs.

Par ailleurs, les EIG évitables survenus lors d'une hospitalisation antérieure ou ambulatoire sont à l'origine de 2,6 % des séjours hospitaliers 2009. Dans 0,6 % et 0,4 % des cas, ces séjours dus à des EIG étaient assortis d'une menace du pronostic vital ou d'une incapacité.
Amélie Pelletier

Source :
Les événements indésirables graves associés aux soins observés dans les établissements de santé. Etude de la DREES n°17, novembre 2010 (téléchargeable en ligne).



22ème Semaine d'Information sur la Santé Mentale - SISM

« En parler tôt pour en parler à temps »
22ème Semaine d'Information sur la Santé Mentale

du 14 au 20 mars 2011

Le Thème : SANTÉ MENTALE : COMMENT EN PRENDRE SOIN ENSEMBLE ?

La Semaine d'Information sur la Santé Mentale (SISM) s'adresse au grand public. Chaque année, associations, citoyens et professionnels organisent des manifestations d’information et de réflexion dans toute la France.

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Foix.
Exister dans la cité malgré sa maladie psychique


conférence

Dix ans que l'association Espoir Ariège se bat pour aider des personnes en situation de handicap psychique et leurs familles. Avec le soutien financier du Conseil général, elle organise une formation avec pour thème « Soutien aide aux aidants », lundi et mardi prochain, à l'hôtel du Lac, à Foix. Elle a pour vocation d'expliquer les processus de rétablissement au sortir de maladies psychiatriques, notamment de la schizophrénie.

Ces deux jours se termineront par une conférence-débat, « Les psychoses : organiser les interventions autour du processus de rétablissement », animée par Jérôme Favrod, professeur à la Haute école de la santé de Lausanne (Suisse) et infirmier spécialiste clinique en psychiatrie communautaire. Ouverte à tous, elle aura lieu à l'Hôtel du département à Foix, à partir de 18 heures.

Pour Marie-José Palmade, présidente de l'association, les maîtres mots de leur action sont « accompagnement », « combat contre l'isolement en créant du lien », « droit à la citoyenneté malgré la maladie », « estime de soi ». Un travail souvent difficile car il se heurte aux préjugés : « Non, la psychose n'est pas la délinquance, s'indigne-t-elle. Il faut sortir du déni qui est dû à une trop grande stigmatisation des maladies psychiques ». Pour aider les malades et leurs familles, l'association, composée de bénévoles et de professionnels, proposent 5 services, dans le but d'apporter « des réponses adaptées, afin que les personnes malades puissent valoriser leurs aptitudes dans la cité ».

La journée de lundi (« Les peurs : comment les apprivoiser ? ») est ouverte aux familles. Inscriptions au 06 07 44 28 43.

Infos : www.espoir-ariege.com



Illuminée ?! Une Espagnole se déclare propriétaire du soleil
Publié sur Gizmodo.fr par francois le 29 nov 2010

A-t-elle la tête dans la lune ? Visiblement non et même les pieds bien sur terre au contraire. Une Espagnole de 49 ans s’est récemment présentée chez un notaire de sa localité. Juriste de profession, Angeles Duran avait remarqué que la propriété de l’astre n’avait pas encore (sic) été revendiquée en quelques 5 milliards d’années. La voilà donc désormais en possession de l’acte notarié. Madame soleil existe donc bel et bien.

Un coup de chaud a-t-il grillé quelques neurones d’Angeles Duran, citoyenne espagnole résidant dans la commune galicienne de Salvaterra de Miño (nord-ouest du pays) ? Impossible à dire tant la femme semble sérieuse dans sa démarche et ses explications.

Oui, c’est que désormais le soleil serait privatisé ! “Je suis propriétaire du soleil, étoile de type spectral G2, qui se trouve au centre du système solaire, à une distance moyenne de la terre d’environ 149,6 millions de kilomètres“, peut-on lire sur l’acte notarié offrant à Angeles Duran la propriété de l’astre solaire par usufruit.

Le notaire aurait demandé conseils à ses collègues avant de rédiger l’acte. On imagine en effet sa surprise pour ne pas dire plus. Quant à Angeles Duran, elle va plus loin et précise qu’il il existe une convention internationale interdisant aux pays d’être propriétaires des planètes mais pas les particuliers… Elle rejoint ainsi “un Américain qui a passé un acte devant notaire pour s’approprier la lune et presque toutes les planètes“.

Petite pépite en guise de conclusion : Angeles Duran doit désormais faire enregistrer au cadastre espagnol la propriété du soleil. Un organisme qui n’en connait pas un rayon puisque les responsables ont déjà déclaré leur incompétence sur le système solaire. Ah bon ?! Il doit quand même taper moult fort le soleil du côté de Salvaterra de Miño…
[Lavozdegalicia via AFP via Daily Mail]







 

dimanche 19 décembre 2010

A écouter l'argumentaire sur le site du Conseil constitutionnel
16 décembre 2010

L'article L337 du code de la santé publique, déclaré inconstitutionnel


Le conseil constitutionnel vient de déclarer inconstitutionnel l'article L337 du code de la santé publique qui concerne le maintien des hospitalisations sous contrainte.

A NOTER : Il y a lieu de reporter au 1er août 2011 la date de cette abrogation ; que les mesures d'hospitalisation prises avant cette date en application des dispositions déclarées contraires à la Constitution ne peuvent être contestées sur le fondement de cette inconstitutionnalité,

Vidéo de l'intervention de Maître Corinne VAILLANT qui pour le Groupe Information Asiles (GIA), qui a fait valoir ses arguments pour faire reconnaître l’inconstitutionnalité et l’abrogation de la loi du 27 juin 1990 et la nécessité de l’intervention obligatoire d’un Juge judiciaire avant toute décision d’hospitalisation sous contrainte.

Voir la vidéo ici


 
Statut des psychiatres des hôpitaux
13ème législature


Question écrite n° 14625 de Mme Gisèle Printz (Moselle - SOC)
publiée dans le JO Sénat du 29/07/2010 - page 1953
Mme Gisèle Printz attire l'attention de Mme la ministre de la santé et des sports le statut des psychiatres des hôpitaux.
En effet, ces professionnels, qui rédigent les certificats d'admission, de maintien ou de levée des mesures de soins sans consentement placées sous contrôle des directeurs et des préfets, doivent garder leur indépendance d'exercice pour garantir les libertés individuelles des personnes dont ils ont la charge. Cette nécessité, qui avait jusque-là été reconnue par les ministres successifs et validée par une nomination ministérielle, est niée en pleine réforme de la loi sur les soins sans consentement qui revendique pourtant une amélioration des droits des personnes.
En outre, la reconnaissance des spécificités de la psychiatrie était un engagement du ministère qui se trouve aujourd'hui remis en question par l'arrêt des procédures de nomination des chefs de services, chefs de secteurs psychiatriques, et par la remise en question de l'organisation qui permet à un secteur de constituer un pôle. Or les soins sans consentement sont sous la responsabilité des psychiatres au sein des secteurs. En faisant disparaître cette référence au secteur, le projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques fragilise la continuité des soins et menace leur efficacité.
C'est pourquoi elle lui demande de bien vouloir lui indiquer les mesures que compte prendre le Gouvernement pour reconnaître les spécificités de la psychiatrie et assurer l'indépendance de cette profession.

Réponse du Ministère de la santé et des sports
publiée dans le JO Sénat du 18/11/2010 - page 3036


En application des dispositions antérieures à l'entrée en vigueur de la loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (art. R. 6152-8 du code de la santé publique et, pour les praticiens hospitaliers de psychiatrie exclusivement, article 20 du décret n° 2006-1221 du 5 octobre 2006), la nomination dans l'établissement de santé était prononcée par arrêté du directeur général du Centre national de gestion des praticiens hospitaliers et des personnels de direction de la fonction publique hospitalière (CNG), après avis de la commission médicale d'établissement et du conseil exécutif. Si ces avis étaient divergents, l'avis de la commission statutaire nationale (CSN) était requis pour les praticiens de toutes disciplines. Pour les praticiens hospitaliers de psychiatrie en revanche, et pour une période transitoire de cinq ans (soit jusqu'au 6 octobre 2011), l'avis de la CSN était systématiquement requis quel que soit le sens des avis locaux. L'entrée en vigueur de la loi précitée modifie sensiblement le dispositif de nomination des praticiens. Désormais, sur proposition du chef de pôle ou, à défaut, du responsable de la structure interne, et après avis du président de la commission médicale d'établissement, le directeur de l'établissement propose au recteur général du Centre national de gestion la nomination des praticiens hospitaliers (art. L. 6143-7 du code de la santé publique). Les craintes soulevées par les syndicats de psychiatres hospitaliers ne sont pas fondées. En effet, le pouvoir confié au chef d'établissement de proposer un candidat praticien hospitalier au directeur général du CNG n'appartient pas au seul chef d'établissement. La communauté médicale est pleinement associée, par le biais tout d'abord d'une proposition du chef de pôle qui conditionne la proposition qu'adressera le directeur au directeur général du CNG, puis par l'avis du président de la commission médicale d'établissement. Enfin, la décision de nomination appartient au centre national de gestion. La pluralité des intervenants à la décision garantit ainsi la qualité et l'impartialité du processus de nomination. Rien ne permet de supposer que ces nouvelles modalités de nomination d'un praticien hospitalier dans un établissement puissent être de nature à remettre en cause l'indépendance des psychiatres dans l'exercice de leurs missions. En conséquence, l'élaboration d'un dispositif de nomination des praticiens hospitaliers spécifique à la psychiatrie, et dérogatoire au droit commun, n'apparaît pas fondée.

A lire ici


 

puf    La philosophie du corps
Michela Marzano

Penser l'être incarné.


L'ouvrage

Les philosophes ont souvent préféré méditer sur l’âme et ses passions, faire des enquêtes sur l’entendement humain, ou encore critiquer la raison pure, plutôt que se pencher sur la réalité du corps et sur la finitude de la condition humaine. Pourtant, même si le corps a souvent été considéré comme un fardeau entravant la connaissance et la vertu, aucune philosophie n’a jamais pu faire l’économie de sa présence. C’est dans et avec son corps que chacun de nous naît, vit, meurt c’est dans et par son corps qu’on s’inscrit dans le monde et qu’on ren-contre autrui.
Cet ouvrage analyse les paradoxes de notre rapport au corps et la manière dont chaque époque invite à le repenser.

Table des matières

Introduction

Le statut ambigu du corps humain
L’être humain : une personne incarnée

Chapitre premier. — Le dualisme et ses étapes
Le corps : une prison pour l’âme
Pensée et étendue
L’union de l’âme et du corps
Le corps : un fardeau
La sculpture de soi

Chapitre II. — Du monisme à la phénoménologie

Le monisme métaphysique de Spinoza
Le réductionnisme matérialiste : de l’homme-machine à l’homme neuronal
Nietzsche et le corps libéré
La révolution phénoménologique
Être et avoir

Chapitre III. — Le corps entre nature et culture
L’inné et l’acquis
Les pièges du constructivisme
La différence des sexes

Chapitre IV. — Abjection et réification : l’opacité de la matière
Le corps et l’abject
La réduction de l’homme à son corps
Un corps sans âme

Chapitre V. — Sexualité et subjectivité : l’accomplissement de la chair

Autrui : un objet de désir
Le jeu des pulsions
Aliénation et respect

Conclusion
Bibliographie

A propos des auteurs

Michela Marzano est chargée de recherche au CNRS. Auteur de nombreux ouvrages dont, aux PUF, Penser le corps (« Questions d’éthique », 2002) et Je consens donc je suis… (2006), elle a dirigé le Dictionnaire du corps (PUF, 2007).


Nouvelles psychanalytiques

Psychanalyse et relaxation, quelles pratiques aujourd’hui ?

Colloque de l’AREPS des 22 et 23 janvier 2011

Le training autogène de Schultz, lorsqu’il est introduit en France dans les années 50, suscite un vif intérêt chez quelques psychanalystes.
Au fil du temps, ces psychanalystes aménagent des pratiques différentes qui ont en commun la mise en mots du corporel dans un cadre spécifique à chaque méthode.
Les différences entre ces techniques témoignent de la créativité de ceux qui les pratiquent mais aussi de leur inscription dans une filiation.
- Avec Michel Sapir, s’élabore une approche prenant en compte les sensations et leur représentation dans une dimension transférentielle : la relaxation à induction variable. 
– L’abord de Julian de Ajuriaguerra privilégie le dialogue tonico-émotionnel et le contre-transfert dans la création de sa méthode de relaxation.
– Jean Bergès, à partir des travaux sur le tonus et de Ajuriaguerra sur le corps , a tenté de nouer les trois registres lacaniens (réel, imaginaire, symbolique) dans une méthode de relaxation thérapeutique. 
– De leur questionnement sur le rapport corps réel-corps imaginaire, Sami-Ali et Sylvie Cady font émerger la relaxation psychosomatique.
Ces méthodes sont nées de processus de pensée différents. Aujourd’hui, leur pratique en reste-t-elle marquée ? Comment ont-elles évolué ?

organisation et programme



Serpsy
L’ECHEC SYSTÉMIQUE EN SCIENCES DE LA SANTÉ


A propos d’une « audition publique » de la SAS (Sainte Autorité de Santé) sur la dangerosité des malades mentaux.

Dr Patrick Chaltiel. Psychiatre d’Exercice Public

Le 10 Décembre 2010 a eu lieu, au sein d’un cénacle d’Experts réunis en conclave, en présence d’un public restreint et trié sur le volet, dans les écuries du Palais Ministériel, une Audition « Publique » (sic !...pour un débat démocratique, relire les discussions des députés et des pairs sur la loi de 1838, période de monarchie constitutionnelle !).

Le thème en répondait à une commande royale quant à l’état de la science en matière de dangerosité des « schizophrènes » (vocable populaire, affectionné par notre monarque, pour exprimer la terreur commune de la folie… A cet égard, la psychiatrie devra un jour intégrer le préjudice causé aux malades par les dérives populistes de ce « diagnostic », dont elle devrait peut-être s’interdire désormais l’usage…).

Afin de « scientiser » l’affaire, on rajouta au fameux « schizophrène dangereux », le « bipôlaire », symbole de réussite des sciences biomédicales et caution de leur tentative d’appropriation-expropriation de la psychiatrie (discipline bio-psycho-sociale).
Le faible résultat de ce procès est à la hauteur de ce qu’on pouvait en attendre…nous verrons prochainement comment la SAS essorera le torchon pour en extraire la quintessence.

Mais, outre les considérations politiques alarmantes, environnant ce non-évènement, c’est sur le constat d’une faillite obstinée de la pensée scientifique dans le champ clinique que nous voulons attirer l’attention.

Si la Physique du 20e siècle s’est largement ouverte aux approches holistiques (le « tout » n’est pas réductible à la somme de ses parties) et systémiques (l’interaction entre parties produit des « qualités émergentes » dont l’expression ne peut être déduite de l’analyse des constituants)... Si la biologie du 21e siècle s’achemine à grand pas vers l’étude systémique du « scénario interactif » du génome humain, afin d’en saisir l’expression ou la répression, selon les caractéristiques de l’histoire du sujet ou de son environnement… Si les sciences économiques se sont totalement approprié les outils systémiques dans la compréhension et le contrôle des fluctuations et des bifurcations du flux des échanges économiques et financiers… Par contre, l’évolution des sciences cliniques du psychisme se singularise par une viscosité névrotique de notre pensée, enlisée dans une conception monadique de l’Esprit.

Malgré la terrible expérience européenne de l’eugénisme mis en actes génocidaires, cette conception monadique s’aggrave parfois, chez nous, d’aigres relents Moréliens (conception hérédo-dégénérative des troubles mentaux comme « régression philogénétique »), voire Lumbrosien (démasquage de l’individu dangereux, de la « classe dangereuse »). Lorsque ces rémanences européennes se placent sous l’égide de l’expertise anglo-saxonne du « fait statistique », on nommera les conceptions qui en découlent : Monadisme Aggravé (MA).

Toute entreprise contribuant à situer la folie, la violence, le désespoir, la solitude, la dangerosité comme symptômes pathognomoniques d’un dérèglement de l’individu (ou d’une classe d’individus) s’inscrit sous l’égide du MA. Cette doctrine confond deux ordres de phénomènes systémiques de niveau différent : des caractéristiques (pathologiques ou non) d’individus ou de groupes d’une part, et des qualités émergentes liées aux interactions de ces individus ou de ces groupes avec leur entourage humain de l’autre.

Folie, Violence, Dangerosité ne sont autres qu’émergentes : issues des interactions circulaires entre un individu (ou un groupe) et son environnement naturel, matériel et humain. C’est dans une « politique du lien » que la psychiatrie s’exerce, pour désamorcer ces délétères effets de systèmes, lorsqu’ils sont associés à des troubles mentaux.

C’est précisément dans ce champ qu’œuvre, en France, depuis cinquante ans, la Psychiatrie de Secteur.

Le déni massif auquel elle est soumise, de façon répétée. Le refus par la HAS d'en prendre en compte les avancées conceptuelles essentielles et de faire de celles-ci des données scientifiques empiriques, participe à une régression homogène de la pensée occidentale vers un retour aux procès en sorcellerie et à l'inquisition (dont les méthodes se couvraient aussi des atours de l’ "evidence based science").

A quand l'Audition Publique sur la cruauté des arabes, l'avarice des juifs et la paresse des nègres ?



Législation PSY

Violences et santé en France : état des lieux
par DREES - Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques

Cet ouvrage présente les résultats d’une étude inédite en France. Pour la première fois, l’ensemble des formes de violence en France sont étudiées sous l’angle de leur incidence à court, moyen, long terme, sur la santé. L’enquête Événements de vie et santé (EVS), réalisée par la DREES auprès de 10 000 personnes âgées de 18 à 75 ans résidant à leur domicile, apporte un nouvel éclairage sur la question des violences en France, en interrogeant à la fois les hommes et les femmes, sur tous les types de violence qu’ils ont pu subir (physiques, sexuelles, psychologiques, atteintes aux biens, etc.) et en observant le contexte et les conséquences sanitaires et sociales des violences…

L’ouvrage met notamment en évidence les liens directs entre le fait d’être victime d’actes violents, de présenter un état de santé dégradé et d’avoir traversé des événements de vie difficiles. Par ailleurs, même si la parole des victimes de violences semble se libérer, l’enquête montre que certaines violences, notamment sexuelles, restent une question taboue. Deux des articles présentent des résultats nouveaux : l’un sur les violences survenues durant l’enfance, l’autre sur le coût économique des violences conjugales.

Cet ouvrage est en vente sur le site de la Documentation française.



Charles-Perrens nomade

Une équipe mobile psychiatrie précarité, dépendant de l'hôpital, vient de s'installer rue des Douves. Elle travaille en lien avec Emmaüs, le foyer Leydet, le Diaconat.

Par ISABELLE CASTÉRA
16 décembre 2010

Les gens dans l'entre-deux. Entre-deux frontières, deux toits, deux histoires. Au bord de la folie ou en plein dedans. L'équipe mobile psychiatrie précarité (EMPP) de l'hôpital Charles-Perrens travaille autour de la notion d'errance. Médecins psychiatres, psychologues, infirmiers ou secrétaire, ils tentent de développer une manière de soigner ces personnes en rupture sociale, enfermées dans l'isolement ou leur maladie psychiatrique. « On n'attrape personne au lasso », souligne Christophe Lagabrielle, médecin psychiatre du service. Façon de signifier que l'approche thérapeutique ne se revendique pas figée, institutionnelle. Nous voici là, dans l'aventure de la folie qui se soigne hors les murs. Donc, il faut s'adapter, inventer de nouveaux codes, respecter ce qui existe en excluant toute volonté de vouloir enfermer les gens dans des cases, ni même dans un avenir serein.

Écoute, conseil, formation

L'EMPP officie « sur le terrain ». « Nous travaillons auprès des équipes de travailleurs sociaux qui sont en lien direct avec ces populations, note Sylvain Macalli, psychologue. Ils nous demandent d'intervenir auprès de personnes chez qui ils perçoivent un problème psychiatrique. Pour 30 % d'entre eux, il s'agit de sans-abri débarqués de pays en guerre, des migrants qui présentent des tableaux psychiatriques sévères, suite à des traumatismes de guerre, des violences subies, répétées. Ils sont venus pour sauver leur peau… et se faire soigner. »

Rôle de conseil auprès des équipes sociales : Samu social, Centre d'accueil d'information et d'orientation des personnes en errance, Emmaüs, Foyer Leydet, Diaconat. Leur zone d'activité tourne autour de Bordeaux et de la CUB. « Les lieux d'hébergement d'urgence sont situés à Bordeaux, la plupart des sans domicile se planquent aussi à Bordeaux, donc nous travaillons beaucoup ici, mais nous intervenons aussi au cas par cas, lorsqu'on nous appelle dans toute l'agglomération. Nous arrivons en seconde ligne pour étayer les équipes, ajoute le docteur Lagabrielle. Nous ouvrons un espace de parole avec une dimension psychiatrique, médicale. Il nous arrive aussi d'assurer de la formation auprès des équipes. »

Une continuité identitaire

Le travail de l'équipe itinérante interroge le nomadisme sous toutes ses formes. Pas facile pour les thérapeutes de ne pas s'inscrire dans une relation suivie avec leurs patients. « On n'essaie pas de trouver des solutions pérennes pour eux, ce n'est pas forcément notre démarche. Mais ça peut l'être, selon les cas, précise Sylvain Macalli. On tente de refaire un lien entre les événements vécus et leur psychisme, de retrouver une continuité identitaire au milieu de ces ruptures violentes. Il s'agit d'accompagner l'errance en amenant du soin, tout en respectant cette vie entre-deux. Sans tenter à tout prix de les en sortir. Faire sens. »

Rue des Douves, l'EMPP accueille certains patients seuls, ou accompagnés d'un travailleur social. Pathologies ordinaires de psychiatrie hospitalières. « Pas seulement des alcooliques, comme on pourrait l'imaginer, ils ne sont pas plus nombreux dans la rue qu'ailleurs, stipule le docteur Lagabrielle. Nous traitons des addictions et tout le reste. »

L'EMPP sera officiellement inaugurée le 17 janvier, rue des Douves en présence des autorités, de l'équipe et Patrice Pouyeto, patron du Pôle santé mentale.
Loin de la ville, soigner la maladie mentale
07/12/2010

Au centre médico-psychologique de Civray (Vienne), situé en zone rurale, les soignants misent sur un travail de terrain pour repérer les patients en souffrance

Aujourd’hui, c’est jour de marché à Civray (Vienne), comme tous les mardis. Près de la mairie, un vendeur de CD a mis sa sono à plein volume. Au programme, accordéon et musette. Et c’est sur l’air de Lili la Berrichonne que la population locale fait ses courses. « Il faut reconnaître que cela met un peu d’animation, car, d’ordinaire, c’est plutôt tranquille comme endroit », confie un habitant de ce bourg rural de 3 000 habitants, situé à proximité de la Charente et des Deux-Sèvres.

« Ce n’est pas un hasard si nous avons choisi le mardi pour faire nos consultations. Certains patients, isolés et sans moyen de locomotion, viennent au marché en voiture avec leurs voisins. Et du coup, cela leur permet de venir nous voir », explique Roselyne Gobin, infirmière au centre médico-psychologique (CMP) de Civray.

Ce centre est une antenne du centre hospitalier spécialisé (CHS) Henri-Laborit de Poitiers, distant d’une soixantaine de kilomètres. « C’est un outil essentiel d’accès aux soins. Car il est évident que bon nombre des patients reçus ici n’iraient jamais jusqu’à Poitiers pour voir un psychiatre », constate Roselyne Gobin.

Le CMP de Civray prend en charge des patients souffrant de troubles de la personnalité et du comportement : dépressions, schizophrénies, délires, troubles maniaco-dépressifs… Deux mardis par mois, durant toute une journée, des consultations y sont assurées par une équipe venue de Poitiers, composée d’un médecin, de deux internes, d’une psychologue et d’une infirmière.

Les violences perpétrées par des malades mentaux restent exceptionnelles

Ce mardi de novembre, l’ambiance est calme au CMP. Ici, les locaux sont accessibles à tous. Pas de vigile à l’entrée ni de mesure de sécurité particulière. « On travaille dans un climat très serein, assure Roselyne Gobin. On connaît bien nos patients qui, dans l’immense majorité des cas, ne posent aucun problème d’agressivité. »

Ce discours est aussi celui du professeur Jean-Louis Senon, chef du pôle II (Poitiers-Civray) de psychiatrie adulte du CHS Laborit et responsable des urgences psychiatriques du CHU de Poitiers. À la fin de cette semaine, ce médecin doit présider une commission d’audition de la Haute Autorité de santé (HAS) sur la dangerosité psychiatrique : « C’est un sujet sensible qui, malheureusement, est en général abordé sans recul par les responsables politiques, le plus souvent à l’occasion d’un fait divers, explique-t-il. Il est donc très important de rappeler que les violences perpétrées par des malades mentaux restent tout à fait exceptionnelles. Plus de 95 % d’entre eux ne sont jamais violents. »

Ce psychiatre tient aussi à préciser qu’en cas de passage à l’acte, la violence est en premier lieu dirigée contre la personne elle-même. « La mortalité par suicide chez les schizophrènes est dix fois supérieure à celle de la population générale », souligne-t-il, en reconnaissant que, même s’ils restent rares, les actes de violence contre autrui ne peuvent être ignorés. « Le plus souvent, cette violence est intrafamiliale, dirigée contre un proche (père, mère, sœur…) que le malade identifie comme un persécuteur. »

Pour le professeur Senon, il est donc important d’être capable de repérer certains signes d’alerte pouvant annoncer un passage à l’acte. « Le premier signe, c’est souvent une modification dans le comportement de la personne. Il faut être très attentif si, par exemple, une personne s’isole, se coupe de toute relation sociale, cesse de faire une activité qui lui procurait du plaisir ou manifeste une plus grande irritabilité », indique le psychiatre.

La violence est d’abord l’expression d’une très grande souffrance


« Chez un malade mental, la violence est d’abord l’expression d’une très grande souffrance. Et les familles sont souvent les premiers témoins de cette souffrance qui s’exprime, c’est vrai, souvent par un isolement et un repli sur soi », confirme Jean Renaud, délégué régional en Poitou-Charentes et trésorier national de l’Union nationale des amis et familles des malades psychiques (Unafam).

Un autre facteur à ne pas négliger est la consommation d’alcool ou de cannabis. « L’alcool, consommé de façon importante, peut être un catalyseur de la violence, souligne le professeur Senon. Quant au cannabis, il ne crée pas la psychose mais peut favoriser une déclaration plus précoce d’une schizophrénie avec un délire plus actif. »

Mais le principal facteur de risque est surtout l’arrêt des traitements. « Un patient qui prend ses médicaments régulièrement est en général tout à fait stabilisé. Il peut, bien souvent, avoir une vie familiale, sociale et même professionnelle. Le problème, c’est lorsqu’il arrête », souligne Jean Renaud.

Aujourd’hui, le traitement de fond d’une schizophrénie repose sur la délivrance d’antipsychotiques. «Nous utilisons des médicaments de nouvelle génération qui ont moins d’effets secondaires et sont mieux tolérés par les patients», explique le docteur Christelle Paillard, qui assure depuis deux ans les consultations bimensuelles de psychiatrie au CMP de Civray.

« Il s’agit, dans la quasi-totalité des cas, de traitements qui se présentent sous la forme de comprimés à prendre tous les jours, ajoute-t-elle. Dans certains cas, on associe à ces antipsychotiques des neuroleptiques délivrés par injection. » Si un patient arrête son traitement, l’effet n’est pas immédiat. « C’est très progressif. En moyenne, pour un traitement avec des comprimés, le risque de délire réapparaît entre trois et six mois après l’arrêt des prises », précise le professeur Senon.

Que faire lorsque la personne refuse tout contact avec les soignants ?

Mais comment être certain qu’un patient prend bien son traitement ? Comment savoir si une personne, qui vit seule, sans contact avec l’extérieur, n’est pas en souffrance ? « Certains patients ne viennent jamais au CMP. Pour ne pas les perdre de vue, il faut donc aller chez eux », explique Roselyne Gobin, qui, deux fois par semaine, le lundi et le jeudi, fait des visites à domicile à Civray et sur les environs.

« C’est très instructif de voir les gens dans leur cadre de vie habituel, poursuit l’infirmière. On peut se rendre compte si un patient n’a pas touché à ses boîtes de médicaments ou s’il a changé ses habitudes. On peut parler avec l’entourage. Parfois, c’est un voisin qui va me dire que M. Untel n’a pas l’air d’aller très bien et qu’il faudrait peut-être aller le voir. J’essaie aussi d’être en contact avec les médecins généralistes ou les assistantes sociales du secteur pour qu’ils me fassent remonter des informations sur une personne en souffrance. »

Selon le professeur Senon, ce travail de terrain est essentiel. « Cette présence humaine est irremplaçable. J’ai beaucoup d’admiration pour les infirmières qui sont souvent de véritables “mémoires vivantes” de nos patients. Elles connaissent leur histoire, la famille, les antécédents médicaux. C’est très précieux pour être capable de réagir vite si un patient se met à présenter un danger, pour lui-même ou pour autrui. »

Reste une question, régulièrement posée par des familles parfois très désemparées : que faire lorsque la personne va mal mais refuse tout contact avec les soignants ? « Ce n’est pas une situation facile, reconnaît Jean Renaud. Mais si la personne est vraiment en souffrance, il ne faut pas hésiter à avoir recours à la procédure de l’hospitalisation à la demande d’un tiers (HDT).

Ce n’est pas facile pour un père ou une mère de signer une demande d’HDT, surtout les premières fois. Certains le vivent avec beaucoup de culpabilité. Il faut donc leur dire que cette hospitalisation n’est pas une privation de liberté. C’est une façon d’aider une personne qu’on aime à ne pas se mettre en danger. » Un avis partagé par Jacques Colin, cadre supérieur de santé au CHS Laborit : «L’hospitalisation n’est pas un fin de soi. C’est juste, parfois, le seul moyen de gérer une crise et de permettre à un patient d’aller mieux.»
Pierre BIENVAULT


Les Livres de la Psychanalyse

Les Paradoxes du délire Wittgenstein, Schreber et l'esprit schizophrénique
Louis A. Sass
Traduit de l'anglais par Pierre-Henri Castel
Parution : 13 décembre 2011

Les Paradoxes du délire est un essai sur la philosophie et sur la folie – sur la folie comme proche parente de la philosophie, et sur la philosophie comme une espèce de la folie.
Être fou, tant dans la pratique clinique que dans l’imagination de tout un chacun, est considéré comme un état de l’esprit où l’on croit des choses fausses et où l’on en perçoit d’autres qui n’existent pas. Mais bien des schizophènes n’agissent pas comme s’ils prenaient leurs délires pour la réalité. Dans un travail d’une pénétration et d’une sensibilité exceptionnelles, Louis Sass fait voler en éclats les conceptions reçues du délire, en mettant en regard les notes autobiographiques d’un schizophrène paranoïde – le célèbre Daniel Paul Schreber – avec les écrits du philosophe (ou de l’antiphilosophe) Ludwig Wittgenstein.

Quantité de « maladies intellectuelles » que Wittgenstein a détectées en philosophie – ces maladies qui impliquent le détachement à l’égard de la vie en société comme de toute préoccupation pratique, ainsi qu’une pente exagérée à l’abstraction et à la centration de la conscience sur elle-même – présentent de frappantes affinités avec les symptômes de la schizophrénie. La schizophrénie, démontre ainsi Louis Sass, pourrait bien être non la perte de la rationalité, mais le point ultime sur la trajectoire d’une conscience s’involuant sur soi seule.

L'auteur

Louis Arnorsson Sass, docteur en philosophie, est professeur de psychologie clinique à l’université Rutgers (New Jersey), où il occupe également les fonctions de chercheur au Centre des Sciences cognitives et de professeur de Littérature comparée. Ses travaux, toujours marqués par l’interdisciplinarité, se situent à la croisée de la psychologie clinique, de la philosophie, des arts et de la littérature. Ils incluent des études phénoménologiques à propos de la schizophrénie et sur les notions de «vérité» et de «Soi» en psychanalyse, en philosophie herméneutique et à l’époque postmoderne. Il est notamment l'auteur de Madness and Modernism: Insanity in the Light of Modern Art et de Literature and Thought.


Lacan : points de repère

L’objet de ce livre, c’est lire Lacan.
Or, l’enseignement de Lacan peut faire « mur de langage » pour les élèves. Que l’on ne puisse emprunter d’autre voie pour aborder Lacan, que celle qui consiste à passer par ses signifiants, n’entraîne pas automatiquement cette conséquence qu’il n’y aurait qu’à le réciter. D’ailleurs, quand on le récite, c’est toujours de travers…Trois grandes périodes marquent l’enseignement de Lacan : celle de l’identification imaginaire, celle de la systématisation du symbolique, et la plus récente : celle de la rencontre du réel.
Plutôt que ces distinctions, il y a lieu de le relire en suivant le fil d’un concept. Celui du sujet par exemple. Comment Lacan passe-t-il de sa thèse sur la paranoïa au Je du stade du miroir, puis au « sujet enfin en question », puis au sujet divisé du fantasme ? De même pour la chaine signifiante, avec le déplacement qui porte Lacan d’une interrogation sur le symbole et le langage, puis à l’hypothèse d’une chaine formelle, et de là à l’écrit du signifiant jusqu’à la chaine borroméenne.
Quant à l’objet, on voit se préciser, au fil de son enseignement, son hétérosexualité : de l’objet de pulsion et de l’objet du désir, à l’objet a. L’intérêt de ce « programme » n’est pas tant de l’établir et ensuite de le meubler de références à l’
œuvre de Lacan, que de le faire fonctionner, d’éprouver la cohérence (ou l’incohérence) de cette œuvre.




Au cœur des luttes des années soixante. Les étudiants du PSU.

Jacques Sauvageot, ancien président de l'UNEF, un des animateurs de mai 68, réalise l'introduction de cet ouvrage, publié chez Publisud et coordonné par deux anciens responsables de l'UNEF et des ESU, Roger Barralis et Jean-Claude Gillet.
Cet ouvrage n'est pas seulement une réaction à l'occultation fréquente par les médias du rôle du PSU et des ESU dans les luttes politiques des années soixante et spécialement en mai 68 ; il marque aussi la volonté des anciens étudiants du PSU de ces années-là d'écrire leur part de mémoire pendant qu'il en était encore temps. Ils l'ont fait en restant fidèles à leurs idéaux de jeunesse, car ils croient toujours "qu'un autre monde est possible" ! Dans ce livre ils apportent, pour la première fois, leurs témoignages sur cette période, pendant laquelle "le fond de l'air est rouge" ! les discours, les propositions, les réponses alors apportées, les problématiques soulevées sont susceptibles d'alimenter la réflexion et les débats d'aujourd'hui ; loin de figer un point de vue des années 60, ce livre souhaite apporter des éclairages liés à nos vies de citoyens d'aujourd'hui. 400 pages de contributions, plus d'une vingtaine d'auteurs, une centaine de participants différents aux réunions qui ont scandé un travail de 18 mois - pendant lesquels les projets de témoignages et d'articles étaient régulièrement diffusés pour discussion à un réseau de 140 destinataires, des décisions "éditoriales" prises en commun : telles sont les caractéristiques singulières de l'élaboration de cet ouvrage, fruit d'un travail collectif au cours duquel le caractère contradictoire des débats n'a pas éclipsé l'atmosphère de camaraderie chaleureuse qui présidait à leur déroulement . En cette année 2010 qui marque le cinquantième anniversaire de la création du PSU, ce livre contribue à rappeler que ce parti, disparu depuis 20 ans, a joué un rôle essentiel dans le renouveau du socialisme en France. Ainsi que l'affirment plusieurs centaines de signataires de l'appel « Avril 2010 : il y a un demi-siècle naissait le PSU. Appel à celles et ceux qui ont été de ses combats ou peuvent s'y reconnaître » : "Se retrouver à l'occasion de cet anniversaire ce n'est pas céder à la mode des commémorations (…) C'est une histoire de vie. Elle n'est pas morte avec l' « organisation PSU ». Peut être pourrions nous lui retrouver du sens pour la vie d'aujourd'hui. "



samedi 18 décembre 2010

Alcool, as-tu du cœur ?

Mieux vaut picoler régulièrement que tout ingurgiter d’un coup le week-end. C’est peu ou prou la conclusion d’une étude mise en ligne par le British Medical Journal, après observation des us et bitures des Français (buveurs réguliers) et des Irlandais du Nord (adeptes du binge drinking le week-end), populations consommant par ailleurs le même volume d’alcool. Bilan ? Quasiment deux fois plus de risques de mourir d’une crise cardiaque en Irlande. Les chercheurs tiennent cependant à rappeler aux gros buveurs que «quel que soit leur mode de consommation, ils augmentent leur risque de maladie».

jeudi 16 décembre 2010

Malades de père en fils
Publié le 29/11/2010  
  

« Tel père tel fils » : ce dicton semble posséder notamment une portée épidémiologique en psychiatrie. Car dans la descendance des patients avec antécédents psychiatriques, on connaît le risque de développer une problématique analogue d’une génération à l’autre. Portant sur toute la population danoise née entre 1980 et 1994 et suivie jusqu’en décembre 2008 (soit près de 900 000 personnes !), une étude sur ce thème montre que cette probabilité ne concerne pas seulement les affections identiques à celles des parents (comme la schizophrénie ou la maladie bipolaire, troubles où la dimension génétique est bien établie), mais aussi « une large variété de troubles » et que ce risque s’avère plus élevé parmi les sujets dont les deux parents sont atteints d’une maladie mentale. En particulier, les enfants dont le père et la mère relèvent simultanément d’un diagnostic psychiatrique sévère ont statistiquement « treize fois plus de risques de développer une schizophrénie » et « huit fois plus de risques d’être concernés par une toxicomanie. » Plus généralement, on observe une association significative entre les troubles psychiatriques des parents (psychoses affectives ou non affectives) et ceux des enfants, même pour des affections « non considérées jusqu’alors comme cliniquement connexes. » Les enfants des personnes sans pathologie mentale sévère mais avec un autre trouble psychiatrique ont aussi un risque plus élevé d’être, à leur tour, atteints d’une maladie mentale.

Selon les auteurs, ces résultats soulignent le rôle des facteurs de vulnérabilité familiale et pourraient avoir également des retombées pour la classification des maladies mentales. Dans ces facteurs sous-tendant l’association trans-générationnelle entre pathologies, les gènes ne sont probablement pas seuls en cause et l’environnement pourrait intervenir, par exemple par le biais de complications obstétricales, ou d’un contexte traumatisant : séparation des parents, décès précoce d’un parent, maltraitance, difficultés socio-économiques… Pour mieux comprendre cette dimension familiale des maladies mentales, des recherches ultérieures devraient préciser le rôle respectif de ces différents éléments.
Dr Alain Cohen

Dean K et coll. : Full spectrum of psychiatric outcomes among offspring with parental history of mental disorder. Arch Gen Psychiatry, 2010 ; 67 : 822-829.


 

mercredi 15 décembre 2010

Un juge d'application des soins ?

C’est un vendredi soir par mois. Dans un local du XIe arrondissement de Paris, prêté par un syndicat de psychiatres, le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire se réunit. C’est un petit groupe unique de psys qui débat et se bat en toute liberté. Ce collectif était apparu après un appel lancé dans Libération contre la psychiatrie sécuritaire de Nicolas Sarkozy. La semaine dernière, il aurait pu fêter tranquillement ses deux années d’existence, mais la situation s’est compliquée, ou plutôt précipitée. Un arrêt rendu, le mois dernier, par le Conseil constitutionnel va rendre obligatoire la présence d’un juge pour décider ou non, passé quinze jours, de la poursuite d’une hospitalisation contre la volonté d’un patient. Les «Sages» s’appuyant sur le fait que seul un magistrat peut ôter la liberté d’un citoyen.

Une victoire de l’Etat de droit ? Allons donc, «c’est la création d’un juge d’application des soins», lâche Roger Ferreri, pédopsychiatre dans l’Essonne. Il parle avec talent, sait trouver le mot juste. «On va maintenant nous opposer la vérité judiciaire. Au moins, avant, la situation était claire. Quand on hospitalisait un patient contre sa volonté, ce n’était pas pour son bien, mais parce que la société voulait se protéger. Là, c’est un changement radical. Le juge va décider de la pertinence de la poursuite d’un traitement.» «Ce débat m’ennuie terriblement», poursuit Michaël Guyader, psychiatre dans l’Essonne, de sa belle voix grave. «On veut m’entraîner sur un débat pour savoir qu’elle est la meilleure façon de contraindre un malade. Honteux», gronde-t-il. Ils sont ainsi, grandes gueules, mais les mains dans la pratique. Patrice Charbit, psychiatre à Montpelleir hésite. Se demande s'il ne faut pas adopter une stratégie "pour être efficace".

Hervé Bokobza, personnalité repère du groupe, est ennuyé. Il le sait, ce débat casse les lignes. Certains peuvent être tentés par l’arrivée du juge dans la décision de privation des libertés pour un patient. N’est-ce pas, en effet, moins arbitraire qu’une décision administrative ? «On ne sait quel texte va présenter le gouvernement pour intégrer cet avis du Conseil constitutionnel. Ne nous laissons pas piéger.» Récemment, il a écrit : «Que vont ressentir, penser ou vivre les patients qui seront à l’hôpital sur décision du juge ? J'avoue que moi, j’aime savoir quand je fais un certificat d’hospitalisation à la demande d’un tiers, que c’est avec l’équipe de soins et son engagement que vont se décider les soins, se vivre leur évolution, leur arrêt, leur poursuite.»

Que faire alors ? Se taire ? Faire alliance ? Ou imiter Jean Oury : dans les années 50, alors qu’il dirigeait une clinique en Indre-et-Loire, lassé par les diktats qu’on lui imposait, il a claqué la porte, est parti sur les routes avec ses malades, à la recherche d’un nouvel endroit. Et ce fut la création de la clinique emblématique de La Borde où les malades sont pris en charge avec «hospitalité».





Les Livres de la Psychanalyse

Quelque chose à dire à l'enfant autiste
J-A Miller, E. Laurent, A. Stevens, Ph. Lacadée, B. De Halleux
12 décembre 2010

Ce livre retrace l’expérience d’un centre spécialisé, l’Antenne 110, qui accueille des enfants autistes depuis trente-cinq ans. Les textes rassemblés ici témoignent d’une clinique institutionnelle inventive dont le socle a été nommé “pratique à plusieurs”, pratique qui trouve ses racines dans le langage. Il a pour but de montrer et d’attester que les enfants souffrant d’autisme ont un potentiel spécifique pour y suppléer à condition d’être entendus dans ce qu’ils ont à nous dire. La pratique de ce centre donne un éclairage atypique sur les ressources de ces enfants pris dans leurs stéréotypies et exclus du discours commun ainsi que sur des réponses inédites que les intervenants leur adressent. Sa lecture permet aux professionnels - éducateur, paramédical, psychologue et psychiatre - de trouver une position juste dans leur écoute et dans leurs interventions auprès des enfants. En outre, ce livre traduit et met en forme le savoir intuitif que les parents manifestent dans leur rencontre avec ces professionnels. Au-delà de la clinique originale développée au fil des pages, le lecteur découvrira une prise de position décidée, un désir de savoir et de « savoir y faire » avec ces enfants, un désir fondé sur une éthique analytique sans concession.




Roche : étude positive pour un médicament anti-schizophrénie
6 décembre 2010

(CercleFinance.com) - Roche a fait part de résultats positifs pour un médicament-candidat contre la schizophrénie à l'issue d'une étude clinique de phase II d'une durée de huit semaines.

Le groupe pharmaceutique suisse explique que son inhibiteur glycine RG1678 a démontré 'une réduction cliniquement significative des symptômes de schizophrénie, accompagné de changements positifs dans le fonctionnement personnel et social des patients'.

Diagnostiquée habituellement entre 15 et 35 ans, la schizophrénie touche environ 24 millions de personnes dans le monde.





La stigmatisation de la maladie mentale perd du terrain…
Publié le 08/12/2010    

Enfin une actualité optimiste ! Selon l’éditorialiste de The American Journal of Psychiatry, on observe des progrès sensibles dans l’élimination de la stigmatisation des maladies mentales. Si ce constat prometteur de tolérance repose sur une étude comparant les réactions sociales devant les affections psychiatriques aux États-Unis, entre 1996 et 2006, rien n’interdit d’envisager sa transposition probable pour d’autres pays.

Cette évolution appréciable de l’opinion interviendrait « à la faveur d’une meilleure compréhension des maladies mentales » et elle serait en partie imputable à une conception de ces affections orientée davantage sur un aspect neurobiologique, lequel se démarque ainsi résolument d’une quelconque culpabilisation du sujet. Et bien que de nombreuses maladies mentales ne soient que « partiellement traitées » malgré la conjonction des moyens pharmacologiques et psychothérapeutiques, cette acceptation répandue d’un déterminisme neurobiologique des pathologies psychiatriques peut aider utilement à stimuler des recherches plus poussées et, espère l’auteur, à « encourager leur financement et la promotion d’une législation » contre les discriminations et pour la parité entre des sujets malades ou non.

Certes, le rejet des personnes avec des troubles mentaux est loin d’avoir totalement disparu. Mais les progrès thérapeutiques ont contribué à « rendre les symptômes moins visibles et moins problématiques  pour la plupart des patients. Et à ce sujet, il semble exister une sorte de cercle vertueux, une boucle de rétroaction « motivant les interventions pour bannir la stigmatisation. » En favorisant une meilleure compréhension scientifique des troubles, des changements d’attitude à l’égard de la maladie mentale peuvent en effet accroître la demande d’aide, laquelle permet elle-même l’obtention d’un traitement susceptible de « réduire la détresse et les dysfonctionnements, promouvoir une rémission et, par suite, diminuer encore la stigmatisation sociale. »
Dr Alain Cohen

Goldman HH : Progress in the elimination of the stigma of mental illness. Am J Psychiatry 2010 ; 167-11 : 1289-1290.






Action contre le fichage en psychiatrie
par Olivier Labouret

L’action de mes patients pour faire valoir leur droit d’opposition à l’informatisation de leurs données personnelles de santé psychiatrique est finalisée : signé par 24 patients suivis en consultation, le courrier ci-joint sera envoyé dès la semaine prochaine au Service d’Information Médicale de mon CHS, à la CNIL et à l’UNAFAM du Gers.

L’argumentation est principalement la suivante : le Comité National d’Ethique a dénoncé lui-même le risque d’atteinte aux libertés individuelles présenté par l’informatisation des données personnelles de santé ; il n’existe pas de garde-fous technique à la subtilisation de données personnelles au sein de la plupart des établissements ; la finalité de cette informatisation est de contrôler l’activité des soignants et non pas médico-économique ; le diagnostic comportemental obligatoire est stigmatisant et porte atteinte à la vie privée...

Cette argumentation est volontairement concise, peu technique et percutante. Elle est plus développée dans un article à paraître j’espère fin septembre, et que je diffuserai alors largement. Seuls les patients stabilisés, non psychotiques, susceptibles de recevoir l’information et de comprendre les enjeux du fichage de leurs données personnelles ont été informés, la plupart ont accepté de signer avec perspicacité et courage, et certains ont participé à la co-rédaction du courrier ! Le courrier est signé collectivement, la liste des signataires est à part pour respecter leur confidentialité, et la photocopie de leur carte d’identité est jointe au courrier pour que la plainte soit officiellement recevable.

Il faut compter 2 mois environ pour informer les patients et rassembler leurs signatures... Démarche passionnante, sinon thérapeutique car elle permet de rendre les patients acteurs de leurs soins, de leur redonner leur dignité citoyenne !

Cette action militante est probablement une première (une première demande il y a un an, plus brouillonne, avait servi de ballon d’essai : la CNIL n’a jamais répondu et le SIM a tapé en touche ! Cette fois je ne les lâcherai pas !!)

Je vous engage instamment à vous approprier à votre tour cette démarche, d’une importance capitale pour préserver les libertés des patients comme des soignants ! Si je reste seul, avec 24 patients, nous n’aurons aucune chance d’être pris en considération et le fichage (c’est à dire tôt ou tard la sélection des patients) va s’imposer rapidement comme une évidence ; si nous sommes 10 psychiatres en France et 200 patients, cela aura une toute autre ampleur...

L’exemple du CNRBE doit nous inspirer : le conseil d’état a annulé le fichier base-élèves car le ministère n’avait pas respecté le droit d’opposition et la finalité des interconnexions !

Je vous remercie de vous associer à cette démarche militante, d’y consacrer un peu de temps et d’énergie avant cette rentrée qui risque d’être éreintante : c’est un combat urgent mais de longue haleine, et qui en vaut la peine !!

Je reste à votre entière disposition pour toute information ou tout conseil utiles.
Salutations militantes,
Olivier Labouret

(PS : merci de diffuser largement aux collègues psychiatres et psychologues hospitaliers !)

Documents joints
   * courrier collectif Droit d’Opposition patients (Word – 26.5 ko)



Pays Basque
Loi HPST : la psychiatrie dénonce
14/12/2010
F.O.

Le syndicat CGT du Centre hospitalier de Bayonne dénonce les dernières réformes politiques de santé concernant la psychiatrie publique et affiche son soutien à la Commission régionale psychiatrique CGT Aquitaine reçu ce jour, 14 heures, à la direction de l'Agence régionale de santé.

En remettant le programme intitulé «Pour un nouvel élan de la psychiatrie française, vers une politique de santé mentale», la commission régionale psychiatrie d'Aquitaine entend dénoncer «des choix politiques qui ne sont plus en cohérence avec les principes même du service public».

Pour elle, le redécoupage territorial dans le cadre de la loi Hôpital Patient Santé Territoires (loi HPST) conduit à une disparition de la psychiatrie de secteur définie par la circulaire du 15 mars.

«La réforme en cours induit la marchandisation du système de santé, avec la mise en place de valeurs inspirées du modèle libéral : rentabilité, productivité, management, clientèle...», ont indiqué ses membres.


Des personnes manifestent pour la santé mentale
Publié : 08 décembre 2010

FREDERICTON - Le simple geste de joindre les mains a attiré l'attention du gouvernement du Nouveau-Brunswick.

Des centaines de personnes se sont tenues les mains au centre-ville de Fredericton, mercredi, afin d'attirer l'attention sur ce qu'elles appellent le manque de services pour les enfants et adolescents atteints de maladie mentale.

L'organisatrice Maureen Bilerman a indiqué qu'elle a eu l'idée après avoir pris trois ans pour trouver de l'aide pour son adolescente, atteinte de trouble bipolaire.

Elle veut que le gouvernement applique les recommandations faites en 2008 par le défenseur des enfants et de la jeunesse, Bernard Richard.

Dans son rapport, M. Richard recommandait la création d'une institution et une meilleure collaboration pour les services aux enfants et adolescents souffrant de problèmes complexes.

La ministre du Développement social, Sue Stultz, a précisé qu'elle attendait le rapport final de M. Richard au début de l'année prochaine avant de décider quoi que ce soit.


Les néonaticides largement sous-estimés en France
Par Vincent Olivier
publié le 09/12/2010

Pédiatre, épidémiologiste, chercheuse à l'Inserm, Anne Tursz* poursuit, année après année, son travail autour de l'enfance, qu'il agisse de maltraitance du déni de grossesse où comme ici, des néonaticides (définis comme un infanticide survenant dans les 24 premières heures de la vie).

Il y a en France, selon vous, plus de 5 fois plus de néonaticides que ce qu'en disent les statistiques officielles. Comment être vous parvenue à cette estimation?

Nous avons croisé les données de 26 tribunaux avec les statistiques officielles de mortalité dans trois régions: la Bretagne, l'Ile-de-France et le Nord-Pas de Calais. Résultat: nous avons repéré 2,1 néonaticides pour 100 000 naissances, contre 0,39 selon les statistiques officielles. Autant dire qu'il y a une sous-estimation massive de ce phénomène, au point que le pourcentage de 2,1 est, lui aussi, vraisemblablement en deçà de la réalité. Dans un 2ème temps, nous avons comparé le profil de ces mères avec celui de la population générale, et nous avons analysé le contenu de leurs expertises psychiatriques et médico-psychologiques. 

Définition

Les néonaticides sont définis comme un infanticide survenant dans les 24 premières heures de la vie.

Quel est donc le profil de ces mères ?

Elles sont toutes dans une extrême solitude morale, dévouées à autrui, très dépendantes - de leur mère, puis de leur compagnon. Leurs carences affectives, profondes, remontent à leur plus jeune âge, au point qu'elles ne se sentent pas autorisées à prendre une décision par elles-mêmes. Mais, à la différence des parents de bébés secoués, elles n'ont le plus souvent pas subi de violence durant leur enfance. 

Autres caractéristiques : un tiers d'entre elles avait au moins 3 enfants, plus de la moitié vivait avec le père de leur enfant, les 2/3 avaient une activité professionnelle et leur catégorie socioprofessionnelle justement ne diffère pas de celle des femmes de la population générale. 

S'agit-il d'un déni de grossesse ?

Non, aucune de ces femmes n'était dans ce cas là: il ne s'agit pas de déni mais d'une situation de détresse totale, d'une sorte de stratégie pour se rassurer, pour éviter l'inéluctable. Il n'y avait pas non plus de maladie mentale, de schizophrénie, ni d'altération de leur discernement au moment des faits. En d'autres termes, ces femmes ne sont ni des monstres ni des folles. 

En outre, celles qui avaient déjà des enfants étaient de bonnes mères, au sens général du terme. Aucune n'avait recours à la contraception (par oubli ou pas refus de principe, souvent du conjoint d'ailleurs), la plupart ont caché leur grossesse à leur entourage et toutes ont mis l'enfant au monde seules, en secret. 

Qu'en est-il du père ?

Dans les tribunaux, il est souvent considéré comme celui qui n'est responsable de rien, même si certains ont reconnu qu'ils avaient "des soupçons". Je pense également à ce père qui avait dit à sa femme "Si tu m'en fais un 3ème (sic) je te quitte", sans mesurer la portée de sa phrase. Mais certaines femmes protègent aussi leur mari pour éviter que celui ci se retrouve aussi en prison et, du même coup, que les enfants soient placés en institution ou en famille d'accueil. 

Une dernière observation tout de même : certes, ces pères ne sont pas forcément irresponsables, certes, ces mères méritent, pour la plupart d'entre elles, notre compassion. Mais il ne faudrait pas oublier pour autant que la principale victime, c'est l'enfant.


Reuters
Publié le 13/12/2010
Le procès d'un meurtre relance le débat sur la récidive

L'ouverture lundi du procès du meurtrier présumé d'une jeune fille tuée dans le RER relance le débat en France sur la récidive, les expertises et le suivi des criminels sexuels.

Thierry Deve-Oglou, 43 ans, qui comparaît devant la cour d'assises de Pontoise (Val-d'Oise), est accusé d'avoir tué de 34 coups de couteau le 25 novembre 2007 dans une rame du RER D Anne-Lorraine Schmitt, 23 ans, après avoir selon le dossier tenté de la violer.

L'empreinte génétique de l'accusé, qui s'était blessé lui-même, a été décelée sur le corps de la victime. Thierry Deve-Oglou, qui a reconnu les faits, encourt la réclusion à perpétuité. Le verdict est attendu mercredi.

Thierry Deve-Oglou avait été condamné à cinq ans de prison dont deux avec sursis pour le viol d'une femme sous la menace d'une arme le 25 janvier 1995, déjà dans une rame du RER D.

Il a purgé deux ans de prison avant de bénéficier d'une libération conditionnelle. L'accusé travaillait au moment des faits chez un négociant en bois, où il était bien noté par sa hiérarchie. Son entourage l'a décrit comme renfermé et impulsif.

Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, s'est prononcé pour l'affectation de jurés populaires aux juridictions d'application des peines pour éviter la répétition de tels cas.

"Nous ne pouvons pas rester sans rien faire. Cette réforme est absolument nécessaire. L'idée qu'il y ait des jurés populaires pour l'application des peines est absolument essentielle à mes yeux", a-t-il dit sur France Info.

Les expertises réalisées lors du premier procès de 1996 avaient conclu que l'accusé n'était pas un malade mental et il n'avait pas été jugé dangereux.

EXPERTISES EN QUESTION

Des expertises contradictoires ont été rendues dans l'affaire Schmitt, deux concluant que le meurtrier présumé ne souffrait d'aucun trouble mental, mais la troisième concluant à une "dangerosité psychiatrique extrême" du fait d'une psychose.

Un collège d'experts désigné pour trancher a conclu à son entière responsabilité et, tout en excluant une maladie mentale, a parlé de "troubles de la personnalité".

Le général Philippe Schmitt, père de la victime, a milité après le crime dans des associations pour que soit durci le traitement judiciaire des criminels sexuels.

Il conteste notamment le régime carcéral français qui, par le truchement de réductions de peines automatiques ou quasi automatiques, fait que les condamnés criminels n'exécutent la plupart du temps qu'environ la moitié de leurs condamnations.

Les personnes ayant soutenu le général, notamment l'Institut pour la justice, proche de la droite, estiment que les experts psychiatres et psychologues travaillent mal en France au plan judiciaire et réclament de nouvelles règles.

La psychiatrie, qui n'est pas une science exacte, a déjà conduit à des diagnostics judiciaires problématiques. L'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) se dit favorable à la création d'un institut pour améliorer le recrutement et la sélection des experts dans tous les domaines.

Concernant les libérations conditionnelles, le syndicat souligne que, même s'il avait purgé une peine de dix ans de prison ferme pour la première affaire, soit le double de sa peine, Thierry Deve-Oglou aurait été libre en 2007.

L'USM répète qu'il est à ses yeux impossible à des agents de probation chargés chacun de centaines de dossiers de détenus, d'assurer un suivi efficace de chaque personne. Thierry Deve-Oglou n'y était pas soumis au moment des faits.

Cette affaire avait amené Nicolas Sarkozy à faire voter la loi sur la "rétention de sûreté", qui permettrait de maintenir enfermées, après l'exécution de leurs peines, les personnes condamnées à plus de 15 ans de réclusion et jugées dangereuses.

Le Conseil constitutionnel a interdit l'application rétroactive de ce texte, car il fonde la détention non sur un crime mais sur des faits futurs hypothétiques.
Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse




laMarseillaise

Prédictibilité illusoire
06-12-2010 

Quelle prise en charge pour les auteurs de violences sexuelles ? Une des questions auxquelles les professionnels de la psychiatrie ont tenté de répondre vendredi à Marseille, lors d'un colloque sur les troubles comportementaux.

Sous un titre abscons pour la plupart des lecteurs « apport des neurosciences au confluent de la psychiatrie et de la justice », un important colloque s’est tenu vendredi à l’amphi HAI de la Timone. Cette journée a été organisée sous l’égide de la clinique universitaire et psychiatrique, dirigée par le Pr Christophe Lançon ainsi que sous l’impulsion du tout nouveau Centre de ressources interrégional pour la prise en charge des auteurs de violences sexuelles CRIR-AVS.

De cet événement hospitalo-universitaire, qui s’adressait en priorité aux professionnels du secteur psychiatrique, on peut en retirer un certain nombre d’idées sur la réalité des personnalités violentes ainsi que l’actualité de certaines thérapeutiques à l’œuvre depuis quinze ans, pour finir par les changements législatifs récents (loi du 25 février 2008) créant la rétention de sûreté pour les personnes condamnées à plus de quinze ans de réclusion criminelle.

Chose peu courante dans un colloque de la spécialité psychiatrique, l’invitation d’un généticien, le Pr Pierre Roubertoux, en raison de ses travaux sur l'hypothèse d’un gène de la violence. « On a pu penser qu’ils étaient impliqués ceux portés par le chromosome Y, liés aux neuromédiateurs excitateurs, aux endrogènes, à la sérotonine », commence-t-il par dire. Pour autant, les choses se complexifient puisque le gène code lui-même des protéines et l’on passe d’une causalité déterministe à une causalité probabiliste, en raison des erreurs dans le processus de codage. Conclusion les gènes candidats ne sont pas valides. Ouf ! on est quand même rassuré la perspective eugéniste s’éloigne.

Bien que participant au CRIR-AVS, le Pr Christophe Lançon joue dans ce débat le rôle d’empêcheur de tourner en rond. Dans une intervention volontairement absurde, il explique rien de moins que le concept de personnalité ne correspond qu’à du verbiage et que de ce fait, il ne saurait définir les troubles de la personnalité ? Le professeur en psychiatrie joue l’aiguillon et se moque de la localisation systématisée d’une géographie du cerveau des structures du lobe préfrontal, identifié abusivement comme le siège des actions violentes.

Cependant on cesse de sourire à la présentation de l’exposé du Pr Florence Thibaut sur le traitement hormonal des auteurs d’agressions sexuelles. Les traitements anti-androgènes associés aux antidépresseurs sérotoninergiques permettent de réduire les pulsions sexuelles, après consentement éclairé et plus précisément, suite à un à une condamnation d’une peine de prison ferme et d’une injonction thérapeutique.
ANTONIO MOREIRA




apcars

Le psychiatre Daniel Zagury dénonce “la stigmatisation démagogique” de la récidive
Article de Patricia Jolly,
paru le 10/12/10 sur lemonde.fr

Le procès de Thierry Devé-Oglou - accusé du meurtre d’Anne-Lorraine Schmitt en 2007 et déjà condamné pour un viol remontant à 1995 - relance le débat sur la récidive des délinquants sexuels, et sur la fiabilité des expertises psychiatriques déterminant leur “dangerosité”.

Daniel Zagury, expert psychiatre près la cour d’appel de Paris, souligne que cette dangerosité est “une notion prospective, statistique, probabiliste dont la certitude est exclue , et que si le psychiatre a sa place dans l’évaluation de la dangerosité, il n’en a pas l’exclusivité”.

“Il ne s’agit plus pour le psychiatre de diagnostiquer et traiter une maladie, rappelle-t-il, mais de pronostiquer que le sujet est porteur - ou non - de facteurs de risque.” Et cette opération n’est pas aisée. “Car le coupable de la récidive devient l’expert psychiatre, ou d’autres acteurs de la chaîne pénale auxquels on reproche d’avoir fait une mauvaise évaluation”, déplore le docteur Zagury.

“Cette stigmatisation démagogique est contre-productive, estime-t-il, car elle terrorise les acteurs de la chaîne pénale tout en offrant aux pervers une incitation à la récidive, puisqu’ils n’en sont plus tenus pour responsables.”

Le risque zéro est une quête “illusoire car inhumaine”, selon le docteur Zagury, qui dénonce “l’utilisation de ces drames humains à des fins politiques et électoralistes”.

Diminuer encore ce phénomène de récidive lui semble cependant possible. “La balle est dans le camp des politiques, assure-t-il. Ils doivent contribuer à mettre en place une chaîne d’interventions rationnelles, et adopter - comme c’est le cas au Québec - le même discours que tous les autres acteurs de cette chaîne sur l’efficacité de la libération conditionnelle et de l’encadrement par rapport à la récidive.”

Il s’agit notamment, selon le docteur Zagury, de se dégager de l’obsession des soins et des traitements, pour favoriser “un contrôle bienveillant mais ferme, à base d’accompagnement thérapeutique et de balisage du parcours”.

“La rencontre avec l’agent de probation et d’insertion ou le travailleur social est tout aussi utile que le soutien thérapeutique, conclut le docteur Zagury. Car ce qui pousse le délinquant sexuel à la récidive le plus souvent n’est pas une pulsion, mais un sentiment d’isolement et d’abandon.”