LE MONDE | | Par Feriel Alouti
Les marches exploratoires visent à faire des femmes des quartiers prioritaires de véritables actrices de la citoyenneté locale et à se réapproprier l'espace public. Vincent Wartner / Riva Press pour Le Monde
Au début, Corinne hésitait. Ne sachant ni lire ni écrire, elle avait peur d’être « inutile ». D’autant qu’à l’époque, elle se sentait « regardée », « mal à l’aise » dans son quartier d’Amiens (Somme) où elle élève seule ses six enfants. Alors pour échapper « aux mauvais regards », elle s’était décidée à sortir le moins possible. C’est « grâce aux marcheuses », dit-elle, que la rue a retrouvé de sa convivialité. Et Corinne, sa confiance en elle. « Ça m’a appris à parler avec les élus, à dire ce qu’il ne va pas. Avec les marcheuses, maintenant on se voit même en dehors », se réjouit-elle, un petit four entre les doigts.
Comme Corinne, elles sont des dizaines à avoir assisté à la Journée nationale des marches exploratoires (voir encadré), organisée en février, à Paris. Venues de Rouen, Saint-Etienne-du-Rouvray, Vannes, Avignon, Bordeaux, Creil, Amiens (douze villes au total), elles ont voulu raconter leur expérience pour en dresser un premier bilan.
L’idée de ces marches ? Sillonner les avenues, emprunter des ruelles, traverser des parcs et des places, « pas pour cueillir des fleurs, précise Djamila Debab, coordinatrice des marches au sein de l’association Interm’Aide, à Creil (Oise). Mais pour réinvestir les espaces publics occupés par les hommes. »