mercredi 18 mai 2011

Après les sénateurs, feu vert des députés sur le projet psychiatrie

Le projet de loi réformant l'hospitalisation d'office, contesté par les professionnels, a été adopté en commission à l'Assemblée sans bouleversement après avoir été voté la semaine dernière au Sénat en première lecture à l'issue de plusieurs rebondissements. Ce texte instaure notamment pour la première fois la notion de «soins ambulatoires sans consentement». Ce projet de loi, initié fin 2008 par Nicolas Sarkozy après le meurtre d'un étudiant à Grenoble par un malade mental enfui de l'hôpital.


Soins psychiatriques : les apports de la discussion au Sénat
Jean-Louis Lorrain (UMP, Haut-Rhin),
rapporteur sur le projet de loi.

Par 172 voix contre 151, le Sénat a adopté en première lecture le projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques. Le texte  complète le droit existant en matière d'hospitalisation des personnes atteintes de troubles mentaux et n'étant plus en mesure de consentir à leur hospitalisation.

Une réforme des modes d'hospitalisation et des soins aux personnes atteintes de troubles mentaux

Le projet de loi substitue au terme d'hospitalisation l'expression de « soins sans consentement », car les soins psychiatriques pourront être dispensés en dehors de l'hôpital. Le Sénat a voté la principale nouveauté de ce texte, qui consiste à imposer une période d'observation de soixante-douze heures en hospitalisation complète à l'entrée dans la procédure de soins sans consentement. Une procédure qualifiée de « garde à vue psychiatrique » par Guy Fischer, vice-président du Sénat (CRC-SPG, Rhône).

Les sénateurs ont également adopté plusieurs amendements à l'article 1ier du projet de loi permettant aux soins psychiatriques d'être dispensés à la fois à l'hôpital mais également dans « des unités alternatives à l'hospitalisation temps plein, des lieux de consultations, des lieux d'activités thérapeutiques, et dans le lieu de vie habituel du patient ». Les sénateurs ont adopté un amendement qui ouvre la possibilité pour le juge des libertés de tenir une audience en visioconférence. « Nous voulons une loi applicable sur le terrain, a déclaré Marie-Agnès Labarre (CRC-SPG, Essonne), manifestant la perplexité de certains sénateurs quant à la faisabilité d'une telle mesure.

Le texte adopté par le Sénat « établit une typologie des lieux de soins et précise que tous les outils thérapeutiques de la psychiatrie devront être adaptés à la personne concernée. Nous osons espérer [...] que cette typologie des soins coïncidera avec le lancement du plan de santé mentale, dont nous aurions aimé connaître le contenu avant le vote du présent projet de loi » a rappelé Marie-Thérèse Hermange (UMP, Paris) à Nora Berra, secrétaire d'État chargée de la Santé.

La présidente de la commission des affaire sociales, Muguette Dini (UC, Rhône), s'est abstenue au moment du vote sur l'ensemble du texte, jugeant que « ce texte n'améliore en rien la situation parfois dramatique des familles de malades face aux crises de leurs proches, les malades ne trouveront pas davantage d'amélioration de leur prise en charge, le travail difficile des élus locaux ne se trouvera pas davantage allégé ».

Le vote en détail
Le texte a été adopté en première lecture par 172 voix contre 151. Les groupes Socialiste et CRC-SPG ont voté contre ainsi que 13 sénateurs du groupe RDSE, où 5 sénateurs se sont abstenus. Au groupe Union centriste, 22 sénateurs ont voté en faveur du texte, 4 se sont abstenus et 3 n'ont pas pris part au vote. 145 sénateurs du groupe UMP voté en faveur du texte (1 abstention, 2 sénateurs n'ont pas pris part au vote). 5 sénateurs non-inscrits ont voté pour, 2 n'ont pas pris part au vote.

Retrouvez l'intégralité des débats
grâce aux comptes rendus intégraux sur le site du Sénat
.

L’absentéisme galope à l’hôpital sans raison de s’arrêter

18/05/2011
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Selon la dernière note de conjoncture de Dexia Sofcap révélée ce mercredi par « Les Échos », l’absentéisme progresse toujours dans les fonctions publiques territoriale et hospitalière.

Le groupe de courtage d’assurance calcule que la durée moyenne des arrêts maladie a atteint, en 2010,

24,1 jours dans la fonction publique hospitalière, soit un jour de plus qu’en 2009 (dans les collectivités territoriales, on est à 22,6 jours).

À l’hôpital, le taux d’absentéisme global est compris entre 9 % dans les plus grosses structures – au-delà de 100 agents – et 14 % dans les petites – moins de 50 agents.

Pour Dexia Sofcap, les absences pour raison de santé sont en hausse constante depuis 2007 dans les fonctions publiques territoriale et hospitalière. À l’hôpital, leur nombre a ainsi augmenté de 6 % en quatre ans, leur gravité a progressé de 8 % et le nombre d’agents concernés de 4 %. Le nombre de jours d’arrêts pour maladie ordinaire a augmenté de 17 % entre 2007 et 2010.

Quant aux accidents du travail, ils touchent plus d’agents (+ 10 %), sont plus fréquents (+ 26 %) et durent plus longtemps (+ 18 %).

Pénibilité élevée, vieillissement des personnels, recul de l’âge légal de départ en retraite : tout se conjugue, selon Dexia Sofcap pour que l’absentéisme poursuive son développement à l’hôpital au cours des prochaines années.
SPIRALE - Travailler plus pour vivre moins
Se lever pour saluer un collègue, se rendre à la machine à café, passer aux toilettes : selon une étude, seuls ces réflexes, au bureau, pourraient permettre de limiter les effets néfastes de la sédentérisation sur la santé. Dans un article de La Repubblica, traduit par le Courrier International et relayé par l’Express.fr, “rester assis toute la journée à son bureau aurait des conséquences néfastes et irréversibles sur l’organisme”.

Selon une étude de l’American Cancer Society, au-delà de six heures par jour passées en position assise, les employés s’exposent à un taux de mortalité supérieur de 20 % à celui de leurs collègues passant moins de trois heures sur une chaise.

L’Express.fr relève également une étude australienne selon laquelle “occuper pendant plus de dix ans un emploi sédentaire double les risques d’apparition de cancer, notamment colorectal”. Outre le cancer, les risques auxquels s’exposent les employés sédentaires sont le diabète ou l’obésité. Dans l’article, le chercheur au Centre de recherche biomédicale Pennington, aux Etats-Unis, Marc Hamilton, prévient : “Les muscles deviennent aussi réactifs que ceux d’un cheval mort. Cela peut entraîner notre métabolisme dans une spirale négative”.
SYMPTÔMES - Alzheimer n’est pas forcément lié à la perte de mémoire
17 mai 2011
Beaucoup de patients souffrant de la maladie d’Alzheimer ne présentent pas de troubles de la mémoire. C’est ce que révélerait une étude menée par des chercheurs de Barcelone et présentée par le Los Angeles Times. Cette particularité affecterait plus particulièrement les jeunes patients, ceux qui ont une cinquantaine d’année – “middle-aged”. Ces personnes courent donc le risque d’un mauvais diagnostic, explique le journal : sur quarante individus, quinze ne présentaient pas les pertes de mémoire propres à la maladie d’Alzheimer.

Certains avaient des problèmes de vue, d’autres des troubles du langage, d’autres encore des troubles du comportement, rapporte le quotidien. Parmi ces patients, 53 % ont d’abord reçu un mauvais diagnostic – et 47 % n’avaient toujours pas reçu un bon diagnostic au moment de leur mort.” A l’opposé, les patients souffrant de pertes de mémoire semblaient plus faciles à diagnostiquer : seulement 4 % d’entre eux ont d’abord été victimes d’un mauvais diagnostic.

Pour les chercheurs cités dans l’article, “cela peut s’expliquer par le fait que les proches des patients et les médecins ne s’attendent pas à ce que la démence affecte quelqu’un de si jeune, relativement parlant”.

Mères et aveugles



Elles ont désiré un bébé, elles l’élèvent au toucher, à l’écoute. A Paris, une structure, unique, les prépare et les aide à affronter le regard des autres. Et à surmonter leur handicap.
Par ONDINE MILLOT

Progressivement, tout doucement, Anne s’était faite à l’idée qu’elle n’aurait pas d’enfants. Son compagnon précédent n’en voulait pas, la quarantaine approchait et puis, sourit-elle, il y a «le regard des autres, les appréhensions». Sur ses genoux, Till, «4 mois et 10 jours», se marre. Avec ses grands yeux bleus écarquillés, ses trois poils blonds sur le caillou, sa bouille parfaite de poupée Corolle, il pourrait poser dans les catalogues. Il tend les mains vers le visage de sa mère, lui pince les joues. Elle lui caresse le nez, la pointe du menton. L’autre jour, il faisait beau, ils sont sortis. Un passant a regardé

Anne, sa canne, la tête de Till dans le porte-bébé. «C’est pas dangereux, avec un enfant ?» Anne a répondu : «Pardon ?» de l’air «qui dit qu’il ne faut pas insister». Et s’il avait insisté ? «Je lui aurais dit que la vie est dangereuse.»
Anne est aveugle de naissance. Elle aimerait voir les sourires de Till mais, «au fond, ce n’est pas vraiment un manque, au sens d’une nostalgie de quelque chose qu’on connaît». Ce serait plutôt «pour vérifier que ça va». Dans les caresses et les comptines dont elle enveloppe Till, on ne sent pas cette angoisse. Mais les mères aveugles, sourit-elle, se sentent obligées de montrer qu’elles font tout «très bien». Voire «mieux». Le désir d’enfant, qu’on ne questionne chez nulle autre, elles doivent toujours le justifier.

Elle enchaîne, en cajolant et en riant, les «démonstrations» : jeux, promenade, bain… Elle a tout de suite dit oui pour recevoir des journalistes, «pour lever les a priori». «Au début, les pleurs pendant le change, ne pas savoir ce qu’il avait, ça me stressait. Ça m’a aidé de sentir que Stéphane avait confiance en moi.»

«La poussette plus la canne, c’est impossible»

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Le déclin de la psychiatrie française

Un ancien infirmier de secteur psychiatrique nous livre son retour sur trente ans de métier, et, dépité par l'évolution du secteur psychiatrique français, explique pourquoi il a démissionné.
Entretien avec Emmanuel Digonnet.
Emmanuel Digonnet est un ancien infirmier de secteur psychiatrique – « profession qui n’existe plus depuis que Bernard Kouchner a supprimé [pdf] cette spécialisation pour les infirmiers en 1992 ». Après plus de vingt ans d’exercice, définitivement dépité par les orientations prises par le service public de « psychiatrie », il a démissionné. S’il ne pratique plus, il parle par contre très bien de son ancien métier, et des raisons qui l’ont poussé à ne plus l’exercer1 . Entretien pour ArticleXI et repris ici par OWNI.

Article XI: Comment as-tu débuté ?

Je suis arrivé en psychiatrie par hasard, pour raisons « alimentaires », au début des années 1980. Quand j’ai commencé, je n’y connaissais rien ; pour moi, la psychiatrie n’était que la prise en charge de patients exclus de la société pour des raisons mentales. Une maladie mentale n’existait alors à mes yeux que si elle était visible : l’autisme, les gesticulations, les cris…

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Haute-Savoie : L'accueil thérapeutique
Par Valérie Chasteland  

L'accueil en famille, une alternative à l'hôpital.


Des familles de Haute-Savoie accueillent des malades ayant des troubles psychiatriques. Une alternative à l'hôpital.

Connaissez-vous les familles d'accueil thérapeuthique ? 


Il s'agit de familles rémunérées par l'hôpital qui acceptent de recevoir chez elles des patients suivis par des services psychiatriques. Ils renouent ainsi avec la vraie vie.

Ces personnes souffrent de troubles parfois graves comme des hallucinations, des angoisses ou des troubles schizophréniques. En famille, elles retrouvent ainsi des repères et réapprennent à vivre avec les autres.

Depuis 3 ans, Frédérique et Catherine habitent chez "Mado" à Annecy-le-Vieux en Haute-Savoie. Comme une seconde maman, bienveillante et exigeante, "Mado" leur apprend le quotidien : comment se laver, ranger, faire les courses ou gérer une angoisse avant un rendez vous à l'hôpital.

Petit à petit, dans ce cadre rassurant et contenant, Frédérique et Catherine reprennent goût à la vie et prennent des forces pour affronter la réalité.

Une étape entre hôpital et autonomie
(En vidéo, le reportage d'Ariane Combes et Raphaëlle Duroselle).

Débat : Processus démocratique

La Presse
17.05.2011

Débat : Processus démocratique

Des psychiatres et des penseurs se prononcent

L’Association tunisienne de psychiatrie d’exercice privé a organisé les 9es journées nationales de psychiatrie sur le thème «Parole, écoute et liens avec la démocratie», qui a eu lieu dernièrement à Sousse.

Le colloque a rassemblé plusieurs psychiatres tunisiens et français, parmi lesquels les Pr Seddik Jeddi, Azzeddine Guediche, Taoufik Skhiri et Karim Taben, ainsi que les Dr Houssem Louiz, Herve Bokobza, Paul Lacaze et Hatem Achache. Des penseurs, dont Youssef Seddik, étaient de la rencontre.

Plusieurs sujets ont été débattus, entre autres la relation patient-psychiatre avant et après la révolution tunisienne, le rôle de la psychiatrie dans le processus démocratique, la relation gouvernant/gouvernés et le déplacement du pouvoir, les préoccupations actuelles de la psychiatrie...

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Appel à contribution

Vendredi 30 septembre 2011  |  Paris (75000)

Passage à l'acte, l’agir, de la performance à la psychiatrie

Publié le mardi 17 mai 2011 par Karim Hammou
Résumé
La performance qui naît dans l’Actionnisme viennois, regorge d’atteintes au corps et d’actions dont le dénominateur commun est de s’écarter avec violence de la norme – une violence exercée par l’artiste sur son propre corps, sur ce qui l’entoure, et par ricochet, sur le spectateur qui assiste à la performance ou en regarde les traces (photographies, vidéo). On rencontre cette mise en jeu du corps dans le travail de Valie Export, Chris Burden, Gina Pane ou Marina Abramovic. L’usage et la manipulation de fluides corporels (fèces, sang, urine, sperme), autres types d’actes fréquents dans les performances d’Hermann Nitsch ou d’Otto Muehl, circulent chez Gasiorowsky, Jean-Jacques Lebel ou Michel Journiac. On peut enfin signaler des comportements hors-normes à la fois spectaculaires et impressionnants : colères et destructions d’Arman, visite de musée un lièvre mort dans les bras de Beuys, nudité de Yayoï Kusama et de sa bande dans les rues de New York des années 1960.
Annonce
Colloque Organisatrices :
INHA/ HICSA, Université Paris I Emilie Bouvard, doctorante, Paris I
Vendredi 20 janvier 2012 Isabelle Salmona, psychiatre, ASM 13
et samedi 21 janvier 2012
Lieux : INHA, Paris,
Hôpital Sainte-Anne, Paris

« Passage à l’acte »,

l’agir, de la performance à la psychiatrie.

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Une association demande un durcissement des lois sur la récidive

LEMONDE.FR avec AFP
17.05.11

Une très large majorité de Français (70 %) estime que la justice est trop indulgente à l'égard des récidivistes et plus de la moitié (62 %) se dit favorable à une nouvelle loi contre la récidive sexuelle, selon un sondage CSA, publié mardi. Selon cette enquête réalisée pour l'Institut pour la justice — association de défense des victimes — 50 % des personnes interrogées sont "tout à fait" convaincues que la justice est trop indulgente envers les récidivistes et 20 % se disent "plutôt d'accord" avec cette assertion. Cette proportion tombe à 59 % chez les catégories socio-professionnelles les plus élevées et monte à 77 % chez les moins élevées.

Les multiples lois sur la récidive votées ces dernières années semblent insuffisantes à 62 % des sondés, qui sont favorables à un nouveau texte contre la récidive des crimes sexuels. Les moins de 30 ans se prononcent pour à 76 %. A cet égard, le projet de loi sur les jurés populaires, examiné à partir de mardi au Sénat, ne paraît pas efficace pour lutter contre la récidive à 52 % des sondés, mais 44 % pensent le contraire. L'introduction de citoyens assesseurs dans les tribunaux correctionnels voulue par Nicolas Sarkozy a pour but, selon l'exécutif, de rapprocher les Français de la justice. L'Institut pour la justice organise, mardi, à Paris, une "journée nationale de lutte contre la récidive", qui prévoit l'intervention publique d'acteurs du monde judiciaire, de familles de victimes et la présentation d'une pétition contre la récidive.

Cette pétition, qui revendique plus de trois cent mille signataires, demande de nouvelles mesures tels "la suppression des remises de peine automatique, une modernisation de la psychiatrie criminelle et le renforcement des droits des victime". Elle est adressée mardi au président de la République dans une lettre ouverte qui demande un "cap nouveau" en matière de lutte contre la récidive, indique l'Institut pour la justice.
 Les Français se sentent démunis face au grand âge


16/05/2011
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Plus d’un Français sur deux (55 %) ne se sent pas capable de prendre en charge une personne âgée dépendante de leur entourage, c’est le résultat du 6e baromètre TNS Sofres pour la Fédération hospitalière de France (FHF) en partenariat avec le Mensuel des maisons de retraite. Quelque 28 % d’entre eux confient même n’être « pas capables du tout », un sentiment qui augmente de 2 points depuis l’année dernière.

En cause, le coût de la prise en charge. Moins de la moitié de la population (42 %) pourrait assumer l’hébergement, estimé en moyenne à 2 200 euros, tandis que seulement 14 % des sondés considèrent leur parent en mesure de payer une maison de retraite. Le manque d’information explique également cette impuissance déclarée, puisque 63 % se disent mal informés, surtout les moins de 50 ans.

Face à cette situation, les établissements pour personnes âgées ne parviennent pas à changer une image toujours plus négative depuis 2005. En effet, 52 % des Français affirment en avoir une mauvaise opinion et subissent le placement comme une solution contrainte et subie : 97 % pensent que cela coûte cher d’aller en maison de retraite, et 84 % que les places sont insuffisantes.

Les Français restent enfin très critiques à l’égard de l’action politique : 67 % ne la jugent pas satisfaisante. Pour répondre à leurs inquiétudes, ils plébiscitent l’augmentation du personnel qualifié, dans un secteur valorisé, puisque 64 % conseilleraient un métier d’aide et de prise en charge des personnes âgées à leurs enfants.
› C. G.

[Exclusif] Les lettres d'Althusser à sa femme

17/05/11

Voici, inédites, les lettres de Louis Althusser à sa femme Hélène, qu'il étrangla en 1980, devenant ainsi le premier criminel de l'histoire de la philosophie. Chronique d'un meurtre annoncé.

Louis Althusser, philosophe et enseignant à l'Ecole Normale Supérieure, étrangle sa femme en 1980. Inédites, les lettres qu'il lui a écrites sont aujourd'hui publiées. SIPA
Louis Althusser, philosophe et enseignant à l'Ecole Normale Supérieure, étrangle sa femme
en 1980. Inédites, les lettres qu'il lui a écrites sont aujourd'hui publiées. SIPA

L'histoire qu'on va lire n'en a toujours pas fini, trente ans plus tard, de propager ne sorte de terreur sacrée assortie de ricanements mauvais. Qui d'autre qu'un romancier pervers, un pasticheur de Dostoïevski mandaté par la CIA, aurait d'ailleurs pu en mettre au point l'atroce et implacable trame?

Le 16 novembre 1980 au petit matin, Louis Althusser, véritable mythe des années 1960-1970, initiateur philosophique de toute l'intelligentsia française contemporaine, étrangle sa femme Hélène rue d'Ulm, dans son appartement de l'Ecole. Déclaré irresponsable au moment des faits, il ne sera jamais jugé et survivra dix ans à son geste.


Sur les ruines encore fumantes du gauchisme, neuf ans avant la chute du mur de Berlin, la déréliction criminelle du plus fascinant métaphysicien du communisme français est pour toutes sortes de revanchards une divine surprise. L'acte d'accusation définitif du marxisme normalien, le suicide enfin accompli du « moment antihumaniste » français, également incarné par Foucault, Barthes ou Lacan.


Sur cette obscure affaire, les 700 pages de lettres à sa femme apportent un éclairage inédit
, complémentaire de l'autobiographie écrite par Louis Althusser après le meurtre, «l'Avenir dure longtemps», parue en 1992. A maints égards, elles constituent une réhabilitation de la figure d'Hélène Rytmann. Ainsi que le souligne Yann Moulier-Boutang, biographe d'Althusser, celle-ci fut longtemps dépeinte par les proches du philosophe, notamment par ses maîtresses, en trognon revêche, en insoutenable chienne de garde pour lequel celui-ci n'aurait eu trente-cinq ans durant qu'un attachement filial dépravé.


Très frappantes, de ce point vue, les innombrables lettres empreintes d'amour vrai et d'admiration sans mélange pour Hélène, militante communiste juive de huit ans son aînée et héroïne véritable de la Résistance dont il fit la connaissance déjà douloureuse en janvier 1946. Mais le premier rôle de cette Correspondance, c'est le chaos mental d'Althusser qui le tient, ce syndrome bipolaire lui faisant alterner phases de dépression profonde, entre électrochocs et abrutissement au Valium, avec phases d'hyperactivité le poussant à multiplier les conquêtes, intellectuelles et sexuelles. 


«Nous avions un Maître
. J'ai vécu ma jeunesse dans l'illusion d'être un soldat dans la grande armée magnifique dont il était le Général,
écrit Bernard-Henri Lévy dans la préface qui ouvre cette publication chez Grasset. Eh bien le Général prenait ses ordres chez son psychiatre. » C'est hélas bien cela le choc renouvelé de ces lettres à Hélène, leur révélation à la fois grotesque et terrible: la précocité de la démence d'Althusser, son intensité, sa présence sourde, continue, faisant des opérations conceptuelles extrêmement complexes de ce «sourcier» de la pensée marxiste, ainsi qu'il se décrit en 1962, quelques rares trouées au milieu d'un désastre sans borne.


Ainsi donc Louis Althusser
, seule figure intellectuelle capable d'unir aujourd'hui dans un même éloge l'antitotalitaire auteur de «la Barbarie à visage humain» et Alain Badiou, qui lui rendait encore un hommage appuyé en 2008 dans «Petit Panthéon portatif» (la Fabrique), Althusser, seul point d'accord sentimental possible entre des personnages désormais aussi divergents que Régis Debray, Alexandre Adler et Etienne Balibar, Althusser, donc, était aussi ce vieil adolescent hagard, lâche, émouvant, ressassant ad nauseam un passé familial maudit et plus ou moins fictif. Celui-là même qui écrivait en 1967 à une Hélène condamnée: «Je commence à rêver que je pourrai bientôt reprendre contact avec la vie réelle.»

Aude Lancelin

Lettre de Louis Althusser à Hélène, sa femme.
 [© Fonds Louis Althusser-Imec-Images]
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Techno-Science.net
Le pouvoir des placebos



Un récent sondage, dirigé par Amir Raz, professeur de psychiatrie à l'Université McGill et chercheur principal à l'Institut Lady Davis, indique qu'un répondant sur cinq - parmi les médecins et les psychiatres de facultés de médecine du Canada - a administré ou prescrit un placebo. Par ailleurs, une proportion encore plus importante de psychiatres (plus de 35 pour cent) a déclaré prescrire des doses subthérapeutiques de médicaments (c'est-à-dire des doses inférieures - parfois considérablement - à la concentration thérapeutique minimale recommandée) pour traiter leurs patients.

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Dans le secret des émotions humaines

Les chercheurs se mobilisent pour explorer le phénomène de la conscience et de l'empathie pour son prochain.

Écrit par
Alain PEREZ Journaliste

Les 100 milliards de neurones du cerveau communiquent à la fois par des signaux électriques et des signaux chimiques (neurotransmetteurs).
Les 100 milliards de neurones du cerveau communiquent à la fois par des signaux électriques et des signaux chimiques (neurotransmetteurs).

Pour quelles raisons Bill Gates consacre-t-il désormais l'essentiel de sa vie à l'amélioration de la santé et à l'éducation des mal-lotis de la planète ? Il y a trois réponses à cette question. La première est d'ordre personnel. Appliquant les préceptes de la bourgeoisie industrielle nord-américaine, Gates obéit à une motivation imprimée dans son cerveau depuis l'enfance : une fois fortune faite, on achète sa place au paradis en aidant les pauvres. La deuxième est plus pragmatique : le système fiscal américain incite fortement les nantis à investir dans la création de fondations caritatives. La troisième explication est scientifique. Elle s'appuie sur les travaux de la discipline montante dans les neurosciences : la physiologie des émotions.

Les neurones dictent l'émotion

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dimanche 15 mai 2011

L'appel d'anciens résistants aux jeunes générations

14.05.11

L'ancien résistant Stéphane Hessel lors du lancement de l'Appel de Thorens-Glières, samedi 14 mai.
L'ancien résistant Stéphane Hessel lors du lancement de l'Appel de Thorens-Glières, samedi 14 mai.
AFP/JEAN-PIERRE CLATOT


Réunis samedi 14 mai sur le plateau des Glières, haut-lieu de la résistance, en Haute-Savoie, des vétérans de la lutte contre l'Occupation lancent un appel aux candidats à la présidentielle de 2012 afin de ranimer les idéaux de la Libération. Comment retrouver l'esprit des réformes politiques de 1944 ? Voici le texte intégral de l'appel, obtenu par Le Monde :
Appel de Thorens-Glières, le 14 mai 2011

Le 8 mars 2004, treize vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France libre lançaient un " Appel aux jeunes générations " dénonçant notamment " la remise en cause du socle des conquêtes sociales de la Libération ". Cette tendance régressive s'accélère dramatiquement. Nombre de citoyennes et citoyens s'en indignent.

Partout la prise de conscience que les valeurs, toujours actuelles, incarnées en 1944 dans le programme du Conseil National de la Résistance, ouvrent l'espoir qu'un mieux-vivre ensemble est possible. Il est aujourd'hui concevable de définir un nouveau "programme de la Résistance" pour notre siècle. Au lieu de cela, le débat public qui s'annonce avec les élections de 2012 semble privilégier les manœuvres politiciennes au service d'intérêts particuliers sans traiter :
  • des causes politiques des injustices sociales,
  • des raisons des dérégulations internationales,
  • des origines des déséquilibres écologiques croissants.
Comme en 2004, nous souhaitons que tous les citoyens, tous les partis, tous les syndicats, toutes les associations participent à l'élaboration d'un Projet de Société du 21ème siècle en repartant du programme du CNR " Les jours heureux " adopté le 15 mars 1944.

Ce programme politique constitue toujours un repère essentiel de l'identité républicaine française.

Avec l'association " Citoyens Résistants d'Hier et d'Aujourd'hui " nous appelons tous les partis politiques, toutes les candidates et candidats à un mandat public dans le cadre des élections présidentielle et législatives de 2012 à prendre trois engagements qui mettront réellement en application la devise républicaine " Liberté Egalité Fraternité ".

Premièrement, afin de garantir l'égalité :

Lancer immédiatement le travail législatif et réglementaire qui permettra de reconstituer les services publics et institutions créés à la Libération pour aller vers une véritable démocratie économique et sociale. Possible en 1944, cette démarche l'est d'autant plus aujourd'hui, alors que le pays n'a cessé de s'enrichir depuis. Droit à la santé pour tous, droit à une retraite, droit à l'éducation, droit au travail, droit à la culture demeurent les seuls véritables garants de l'égalité républicaine. Une égalité qui n'a de sens que dans le respect du droit des étrangers.

Deuxièmement, afin de garantir la liberté :
  • Approfondir la forme républicaine du gouvernement afin de séparer clairement les pouvoirs et renforcer la démocratie parlementaire au détriment de notre régime présidentiel personnalisé.
  • Développer de nouvelles pratiques de la démocratie dans laquelle l'action de la société civile sera reconnue, et restaurer les conditions du principe d'ailleurs défini à l'article 2 de la constitution actuelle : " gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ".
  • Garantir la qualité du débat démocratique et la fiabilité des contre-pouvoirs, en assurant à nouveau la séparation des médias et des puissances d'argent comme en 1944.
Ces 3 axes de débats devront aboutir à une démarche souveraine d'" Assemblée constituante " vers de nouvelles pratiques républicaines.

Troisièmement, afin de garantir la fraternité :

Travailler les coopérations avec les peuples et les pays, en refusant l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. Favoriser résolument des solutions soutenables pour les équilibres écologiques, dans les limites de développement compatibles avec la survie humaine. Ecarter de la marchandisation totale les besoins vitaux de l'être humain comme l'eau, la nourriture et l'énergie. Il est temps de bien vivre ensemble, dans la haute nécessité de l'épanouissement du plus grand nombre et d'offrir une perspective d'avenir prometteur aux jeunes générations.

Plus que jamais, comme le proclamait en 2004 l'Appel des Résistants aux jeunes générations, à ceux et celles qui font ce siècle qui commence, nous voulons dire avec affection : " Créer c'est résister. Résister c'est créer ".

Les signataires : Raymond Aubrac, résistant ; Stéphane Hessel, résistant, déporté ; Marie-José Chombart De Lauwe, résistante, déportée, présidente de la Fondation pour la mémoire de la déportation ; Daniel Cordier, résistant, secrétaire de Jean Moulin ; Georges Séguy, résistant, déporté ; Walter Bassan, résistant, déporté ;  Henri Bouvier, résistant, déporté ; Léon Landini, résistant FTP MOI ; Pierre Pranchère, résistant ; François Amoudruz, résistant, déporté, membre de la présidence nationale de la FNDIRP ; Jean Marinet, résistant, déporté, président de la FNDIRP de l'Ain ; Noëlla Rouget, résistante, déportée ; Odette Nilès, résistante, ex-fiancée de Guy Moquet ; Charles Paperon, résistant, co-président de l'ANACR Finistère ; Pierre Moriau, résistant.

Étrangers malades : la loi adoptée restreint le droit au séjour

Le Parlement a définitivement adopté le projet de loi sur l’immigration qui durcit les règles d’éloignement des étrangers sans papiers.
L’Assemblée puis le Sénat ont approuvé hier soir les conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi relatif à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité. Les députés ont adopté le texte par 297 voix contre 193, les sénateurs par 182 voix contre 151.

L’encadrement du droit au séjour des sans-papiers atteints de pathologies graves, par un nouvel article (17 ter), était l’un des enjeux du texte modifié au cours des navettes successifs entre les deux chambres. La vive opposition du Conseil national du sida, de la Société française de santé publique, de médecins engagés dans des associations (COMEDE, MSF, MDM, AIDES, COMEGAS) ou des syndicats et la mobilisation de plus de 1 000 médecins appelant à « l’accessibilité » n’y a rien changé. Le compromis sur lequel se sont accordés les parlementaires vise encore plus à durcir les conditions d’obtention du titre de séjour « étrangers malades ». Le droit au séjour est désormais conditionné à l’« absence » du traitement approprié dans le pays d’origine. L’autorité administrative peut cependant prendre en compte des « circonstances humanitaires exceptionnelles », après avoir recueilli l’avis du directeur général de l’agence régionale de santé.

L’opposition veut déposer un recours.

Lors de l’adoption du texte par l’Assemblée, le ministre de l’intérieur, Claude Guéant, s’est réjoui : « Le titre de séjour "étranger malade" est conservé, conformément à l’esprit et à la lettre de la loi de 1998. Nous avons simplement voulu contenir les effets de la jurisprudence récente du Conseil d’État. Désormais, la rédaction est claire, responsable et humaine. Elle ne met pas en cause les circulaires diffusées en 2005 et 2010 par le ministre de la santé pour protéger notamment les personnes infectées par le VIH ».

L’opposition de gauche a affirmé son intention de déposer un recours auprès du Conseil constitutionnel. La sénatrice PS Bariza Khiari a souligné : « L’article 17 ter condamne en pratique les étrangers car l’existence de traitement dans les hôpitaux riches des pays d’origine est loin de garantir leur accessibilité à tous. » La députée PS Sandrine Mazetier a, elle, stigmatisé un texte qui aura été « l’occasion de défaire notre pacte républicain ».

Dès l’annonce du texte approuvé en commission paritaire, le Conseil national du Sida avait dénoncé des restrictions qui « vide de tout contenu un dispositif jusque-là bien encadré et répondant correctement à des besoins objectifs ». Dans un avis du février 2011, le CNS avait pourtant appelé le gouvernement et le législateur à supprimer l’article 17 ter. Plusieurs voix s’étaient aussi élevées, dont celles de plusieurs médecins rappelant : « Nous, médecins, continuerons à soigner ».
Dr LYDIA ARCHIMÈDE


ENTRETIEN


Réforme de l'hospitalisation psychiatrique : "Une externalisation de l'asile"

Sur Le Post, le psychiatre Pierre Paresys explique son opposition au texte adopté vendredi au Sénat.

Centre Hospitalier Spécialisé Charcot à Caudan dans le Morbihan.Centre Hospitalier Spécialisé Charcot à Caudan dans le Morbihan. | MAXPPP
Le Sénat a adopté vendredi un projet de loi sur l'hospitalisation d'office pour troubles mentaux. Voulu par Nicolas Sarkozy fin 2008 après le meurtre d'un étudiant à Grenoble par un malade enfui d'un hôpital psychiatrique, ce texte est très complexe, car il articule santé, liberté, et sécurité

Il a a suscité la colère de tous les syndicats de psychiatres, rejoints par des syndicats de magistrats, qui le jugent "plus sécuritaire que sanitaire". Et a donné lieu à un imbroglio parlementaire avec démission du rapporteur de la loi à la clef. La majorité a voté ce texte sans enthousiasme mais "dans un esprit de responsabilité", selon les termes de Marie-Thérèse Hermange (UMP).

La mesure phare est la possibilité d'imposer des soins ambulatoires psychiatriques sans consentement. Le texte prévoit également que l'hospitalisation d'office passera obligatoirement par une période d'observation de soixante-douze heures en hospitalisation complète, mesure qualifiée de "garde à vue psychiatrique" par les opposants au texte.

Le projet de loi va repartir pour une deuxième lecture devant les députés.

Sur Le Post, Pierre Paresys, vice-président de l'Union syndicale de la psychiatrie et signataire de l'Appel du Collectif des 39 Contre La Nuit Sécuritaire, explique pourquoi il s'oppose à cette réforme.


Vous dénoncez "le mensonge contenu dans une loi qui prétend améliorer la qualité et l'accès aux soins psychiatriques". C'est à dire ?

"Le mensonge de base c'est le mensonge du risque zéro. Ça n'existe pas, sinon c'est la mort, il n'y a qu'à partir de là qu'on ne risque plus rien. Si on laisse croire à la population que c'est quelque chose de possible c'est extrêmement dangereux. Il laisse penser qu'il y a des solutions miracles et rapides, c'est faux."

La mesure qui prévoit des soins ambulatoires psychiatriques sans consentement est la plus contestée. Pourquoi ?

"Ce texte va refonder la psychiatrie sur la contrainte, qui doit être une mesure exceptionnelle. Si l'environnement social, politique ou familial pense que la contrainte suffit pour que tout se passe bien, on va nous la demander. Mais c'est néfaste à la fois pour le patient, la famille et l'équipe soignante. Si les gens ne sont pas partie prenante, il ne peut rien se passer."


On pourrait penser que c'est une bonne chose de ne pas enfermer systématiquement les patients. Non ?

"Il s'agit en fait d'une externalisation de l'asile. C'est comme avoir un bracelet électronique. C'est tellement simple de laisser croire que donner des médicaments suffit mais ce n'est pas exact."

Vous dénoncez aussi une confusion entre la maladie mentale et culpabilité.

"Le gouvernement applique une stratégie du bouc émissaire, comme on l'a vu récemment avec le RSA. Actuellement si vous réclamez des caméras, vous les aurez plus vite que si vous réclamez du personnel. Ça ne va pas nous aider à améliorer l'accueil et l'écoute."

Témoignage d’un psychiatre: "Parler d’antidépresseurs n’a plus de sens"

Lassé des raccourcis souvent dangereux et stigmatisant relayés par les médias au sujet des "antidépresseurs" et des maladies psychologiques, William Pitchot, professeur de psychiatrie à l'ULG et psychiatre clinicien au CHU de Liège, nous a écrit pour recadrer un peu les choses.

13 Mai 2011 

Le Belge est un gros consommateur de médicaments. Une étude de la mutualité chrétienne publiée ce vendredi indique que celui-ci en a consommé plus de 8 milliards l'année dernière. Parmi ceux-ci, on retrouve régulièrement l’une ou l’autre pilule classée sous le nom "antidépresseurs". Pourtant, très souvent, celles-ci ne sont pas prescrites dans le cadre d’une "dépression". Elles n’en sont pour autant pas moins nécessaires.

Un nom mal choisi qui stigmatise les patient et freine les soins

Parfois, les patients hésitent à prendre un traitement fait d’antidépresseur. Ils hésitent aussi à l’évoquer avec leurs proches. Pour beaucoup, prendre des antidépresseurs serait faire aveu de faiblesse. Il n’en est rien. "Antidépresseur est aujourd'hui un terme qui n'a plus de sens parce qu'ils ne sont pas utilisés uniquement dans la dépression. Les antidépresseurs sont une classe pharmacologique particulière", nous explique William Pitchot,  professeur de psychiatrie à l'ULG et psychiatre clinicien au CHU de Liège. "Ce ne sont pas des neuroleptiques, des antipsychotiques ou des calmants. Leurs indications sont nombreuses comme la dépression mais aussi les troubles anxieux (phobie sociale, trouble panique, anxiété généralisée, TOC, ...), la douleur chronique et l'insomnie", continue-t-il.

Des raccourcis souvent dangereux dans la presse

Le professeur Pitchot regrette que, trop souvent, des raccourcis dangereux soient relayés par la presse. Pour lui, les médias participent ainsi, sans le vouloir, "à cultiver le sens péjoratif des mots ‘antidépresseur’ et ‘dépression’". L’information, au sens général,  donnée par la presse à ce sujet poserait problème par rapport à celle donnée en consultation. "L'interprétation que l'on peut faire du nombre d'antidépresseurs prescrits en Belgique est forcément complexe. Ces médications sauvent la vie de nombreuses personnes dans le monde", argumente-t-il.

Des conséquences parfois dramatiques
L’information diffusée n’est pourtant pas sans conséquences. Pour illustrer son propos, le professeur Pitchot nous rapporte les répercussions d’une annonce faite aux USA : "Il y a 3 à 4 ans, une alerte été émise par les autorités américaines sur le risque de suicide associé à l'utilisation des antidépresseurs chez les adolescents. La conséquence a été une réduction spectaculaire du nombre d'antidépresseurs prescrits chez les adolescents et parallèlement une augmentation tout aussi spectaculaire du nombre de suicides."

Il nous précise encore que prescrire des médicaments n’est pas le but premier recherché par un psychiatre. Son rôle premier est d’amener un patient vers un mieux-être, en évitant la médication quand cela est possible.
Le dess(e)in de l’architecte pour apaiser le malade psychiatrique
13/05/2011

Fondé en 1903, Le Moniteur des Travaux publics et du Bâtiment est une référence majeure de la presse spécialisée dans le secteur de la construction. Or voici qu’un numéro relativement récent de cet hebdomadaire est susceptible d’intéresser aussi les professionnels de la psychiatrie, puisqu’un dossier y est consacré à l’architecture des hôpitaux psychiatriques qui « n’a cessé d’évoluer depuis les années 1960, en lien étroit avec les approches thérapeutiques. »

Les auteurs décrivent ainsi plusieurs réalisations exemplaires où le projet architectural lui-même « contribue à guérir, non à punir », comme l’explique l’architecte Victor Castro, évoquant à ce propos les écrits du philosophe Michel Foucault sur l’hôpital et la prison. Les psychiatres jugeraient ainsi « contraire aux soins » tout « l’arsenal sécuritaire » déployé dans les UMD (unités pour malades difficiles) : « fenêtres à barreaux, architecture panoptique (sans possibilité d’échapper aux regards), mur d’enceinte haut de cinq mètres. » Victor Castro rappelle à cet égard l’une de ses avancées architecturales pour humaniser concrètement l’hôpital psychiatrique : à l’UMD de Villejuif (Val-de-Marne), il a « pu supprimer les fossés qui, comme au Moyen Âge, entouraient le bâtiment. »  Autre piste de réflexions : la ligne courbe, perçue comme un « élément thérapeutique à part entière » susceptible d’apporter « la douceur et la fluidité spatiale nécessaires aux malades mentaux. » Et on pourrait presque considérer l’architecture comme une discipline paramédicale. Surtout en psychiatrie, « domaine de la santé où l’architecture peut le plus contribuer à la guérison », selon une autre architecte, Pascale Richter.

L’apaisement est en effet le préalable à toute guérison, et comment apaiser dans un environnement angoissant ou austère ? Trop ou, au contraire, trop peu stimulant ? Perçu comme un site d’enfermement plutôt qu’un lieu de soins ? L’hôpital psychiatrique doit réaliser la prouesse paradoxale de constituer à la fois « un îlot de calme » rassurant « au milieu de l’agitation urbaine », et une structure assez stimulante pour prévenir un enlisement dans la chronicité. Bref, ne s’apparenter ni au Charybde d’une succursale trépidante d’un hôpital général, ni au Scylla d’un « jardin d’oubli » pour Belle-au-Bois-Dormant. Et dans cette manœuvre délicate, on doit compter aussi sur les cartons à dessins des architectes.
Dr Alain Cohen

Guislain M et coll. : « Hôpitaux psychiatriques sur mesure » Le Moniteur, 2010 ; 5555 : 50-54.