samedi 17 avril 2010

Psychanalyse et éducation
De l’utopie aux expériences















Le Coq-héron
n° 199, 2009/4
156 pages
Editeur
érès
I.S.B.N. 9782749211770
25 €



Psychanalyse et éducation
De l’utopie aux expériences


SOMMAIRE

Page 007 à 010
Eva Brabant-Gerö   Éditorial 

Dossier : Psychanalyse et éducation

Page 011 à 014
Sandor Ferenczi   Supplément à « Psychanalyse et pédagogie »

Page 015 à 026
Thomas Aichhorn   L'abandon, la tendresse, le transfert et la libido Présentation d'un travail pratique de August Aichhorn

Page 027 à 033
Imre Hermann   Sur l'obéissance

Page 034 à 044
Michæl Balint   Le problème de la discipline

Page 045 à 050
Thomas Aichhorn   Approches psychothérapeutiques et approches pédagogiques en psychanalyse Réflexions sur la controverse entre Melanie Klein et l'École viennoise de psychanalyse

Béatrice Fortin   Une conception de l'éducation allemande : Die Erziehung

Page 055 à 058
Hossaïn Bendahman   Autour de la pensée de Jacques Lévine

Page 059 à 064
Jean-Pierre Gabrielli   Interview de Jacques Lévine

Page 065 à 077
Jacques Lévine   Régression ou refus de se séparer de soi ?
 
Page 078 à 085
Jacques Lévine   Rénovation : quelle formation des enseignants à la relation ? Histoire d'un groupe de soutien au soutien

Page 086 à 090
Jacques Lévine   « Monsieur, nous, on a la haine… »
 
Page 091 à 098
Nicole Beaume   La boîte à outils de Jacques Lévine

Page 099 à 105
Judith Dupont   L'éducatif dans la psychanalyse

Page 106 à 117
Claude Nachin   Psychanalyse et pédagogie, éducation et rééducation

Page 118 à 132
Alex Raffy   Violence symbolique et violence physique avec l'enfant à l'épreuve de la psychanalyse

Page 133 à 145
Corinne Daubigny   Face aux violences du siècle : des discours à la parole Questions d'éducation et de santé publique 

Lectures

Page 146 à 149
Lectures

mercredi 14 avril 2010






Le "privilège" de travailler dans un hôpital

Article en réponse au rapport de la chambre régionale des comptes d'Ile-de-France sur la situation des hôpitaux de l'AP-HP. Ce document dresse "un véritable inventaire des privilèges" dans les 37 établissements qui emploient près de 91.000 personnes.

Il est vrai que c'est un privilège d'accompagner les patients dans la souffrance, dans la mort. D'accompagner les parents dont les enfants décèdent à l'hôpital... C'est un privilège de travailler la nuit dans un service d'urgence et de se faire agresser par les patients qui attendent. En psychiatrie par exemple, la prime de travail dangereux est de 1,54 euro par jour effectif travaillé. C'est un privilège ?

Et vous, vos privilèges les journalistes (assister aux premières des spectacles, vos abattements fiscaux, voyages payés par les contribuables lors des accompagnements des politiques ou d'hommes d'État) ? Nous n'avons pas la même notion du privilège !

Ce jour, nous apprenons que Mme DATI se voit supprimer sa voiture de fonction et son garde du corps, nous n'avons pas ce problème dans les hôpitaux puisque la majorité du personnel prend les transports en commun même pour être à son poste à 6 h 45 samedi, dimanche, jours fériés inclus... La prime pour un infirmier ou un aide soignant dimanche et jour férié est de 40 euros imposable ! Colossal !

Il est vrai que nous devons compenser les cadeaux fiscaux et les soi-disant déficits des banques. De ce fait, le fonctionnaire ayant toujours été solidaire, il est normal de lui demander contribution. Peut-on demander à l'héritière des Galeries Lafayette (bouclier fiscal) de contribuer elle-aussi au déficit ?

Mme Carla Bruni Sarkozy peut également revendre son sac Gucci à 12 000 euros ce qui représenterait 250 dimanche et jour férié payé à un infirmier ou aide-soignant.

Collectif « Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans »
Information aux 200 000 signataires de l’appel – mars 2010



« Pasde0de conduite »
vous invite à son 3e colloque scientifique et de société
« Les enfants au carré ? Une prévention qui tourne pas rond ! »
Prévention et éducation plutôt que prédiction et conditionnement
Samedi 19 juin 2010
Palais de la Mutualité – Paris


Programme et bulletin d’inscription sur
http://www.pasde0deconduite.org/IMG/pdf/programme_colloque_pasde0deconduite_19juin2010.pdf 


Argumentaire
Il y a quatre ans les pouvoirs publics tentaient de désigner, dès la crèche et l’école maternelle, les bébés supposés devenir délinquants.

Aujourd’hui encore, face aux difficultés des enfants et des familles, les réponses stigmatisantes et coercitives sont privilégiées:
• Les mesures de contrôle et de surveillance des parents en difficulté sont renforcées.
• Le secret professionnel dans le cadre de la prise en charge des familles est mis à bas au titre de la loi de prévention de la délinquance de 2007.
• Les mineurs sont fichés : avec le fichier base-élèves, le parcours scolaire de tous les enfants sera conservé pendant 35 ans ; et dès 13 ans les mineurs qui seront a priori soupçonnés de vouloir commettre un acte répréhensible seront inscrits dans le nouveau fichier Edvige.
• La suppression du Défenseur des enfants est annoncée, au moment des célébrations du 20ème anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant.

Cette volonté de contrôle de l’enfance se manifeste également dans la mise en place de certaines pratiques professionnelles. Le projecteur n’est plus braqué seulement sur le dépistage prédictif des jeunes enfants turbulents. La focale s’est élargie à tous les enfants à travers des programmes dits de "promotion de la santé mentale" dès 24 mois. Est-ce compatible avec une prévention psychologique globale, prévenante, humanisante et éthique ?

Depuis 2006 le collectif Pasde0deconduite a engagé une réflexion sur les questions de politiques et de recherche en prévention psychologique, soin et éducation.  Colloques et publications ont démonté les fondements prétendument scientifiques des approches déterministes de la prévention.

 Ce 3ème colloque Pasde0deconduite explore les écarts respectifs qu’il y a entre prévention et prédiction, éducation et conditionnement.

Il s'agit notamment de :

• Mieux comprendre les hiatus entre prévention et  évaluation des comportements des enfants.
• Préciser en quoi l’accompagnement vers la socialisation est d’une autre nature que les apprentissages précoces de conduites adaptatives.
• Analyser les méthodes, leurs fondements théoriques, leur cadre d’application.

En effet comment une politique bénéfique pour l'enfance et la famille pourrait-elle émerger de la logique de contrôle qui prévaut actuellement ? Malmener la dimension éthique dans le rapport à l'enfant n’ouvre-t-il pas… sur une impasse ? Conformément à l'esprit de travail multidisciplinaire et citoyen  du collectif Pasde0deconduite, ces questions seront abordées sous les aspects psychologique, médical, éducatif, philosophique, sociologique et politique.

Les trois tables-rondes

• Adaptation, prévention : qu’est-ce qui rime, qu’est-ce qui prime ?
• De la socialisation à l’éducation, penser et grandir
• Enfance et famille : contrôle des billets ou invitation au voyage ?

Les intervenants

Daniel Calin,  philosophe, ex-formateur d’enseignants spécialisés, IUFM Paris
Pierre Delion, professeur de pédopsychiatrie Université Lille II
Pierre Frackowiak, inspecteur honoraire de l’Education nationale
Vincent de Gaulejac, professeur de sociologie, Université Paris VII
Sylviane Giampino, psychanalyste, psychologue petite enfance, ANAPSY-pe
Bernard Golse, professeur de pédopsychiatrie Université Paris V
Roland Gori, professeur de psychopathologie Université Aix-Marseille I,  Psychanalyste
Tim Greacen, directeur du Laboratoire de recherche, EPS Maison Blanche
Marina Juienne, journaliste sciences et société
Christopher Lane, professeur de littérature anglaise aux États-Unis
Isabelle Millon, philosophe praticienne, directrice de l’Institut de pratiques philosophiques
Sylvain Missonnier, professeur de psychologie, Université Paris V
Michel Parazelli, professeur-chercheur, École de travail social, Université du Québec à Montréal
Christine Simon-Lang, psychologue clinicienne, accueillante à "La maisonnée" de Strasbourg
Pierre Suesser, pédiatre en protection maternelle et infantile - SNMPMI
Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, Directeur de recherche Université Paris X

Les discutants

François Bourdillon (médecin de santé publique), Yvonne Coinçon (pédopsychiatre), Michel Dugnat (pédopsychiatre), Nathalie Georges (psychanalyste), Véronique le Mézec (psychologue de l’éducation nationale), Pascal Ourghanlian (enseignant spécialisé), Thérèse Petitpierre (psychologue), Gérard Schmit (professeur de pédopsychiatrie), Dominique Terres (pédopsychiatre)

Programme et bulletin d’inscription sur
http://www.pasde0deconduite.org/IMG/pdf/programme_colloque_pasde0deconduite_19juin2010.pdf


Site de Pasde0de conduite : www.pasde0deconduite.org
Mail : contact@pasde0deconduite.org




"Tester son ado pour savoir s'il fume du cannabis n'est pas la bonne façon d'entamer le dialogue"

Sur Le Post, un psychiatre et addictologue estime que le test urinaire bientôt en vente libre est "un outil intrusif et pas très fiable."

Déjà en vente sur Internet, ce test de dépistage de cannabis arrivera bientôt dans les pharmacies françaises, selon Le Parisien.

De quoi s'agit-il ? C'est un petit outil de la taille d'un test de grossesse, qui doit être trempé dans l'urine. Il permet d'estimer la consommation de cannabis de la personne testée. Contrairement aux bandelettes déjà mises sur le marché, ce test indique la concentration de THC, la substance active du cannabis.

Le test est vendu comme un outil à l'usage des parents, pour qu'ils sachent si leur enfant fume du cannabis, et dans quelle proportion.

Joint par Le Post, le psychiatre Michel Reynaud, chef de service de psychiatrie et d'addictologie de l'Hôpital Paul-Brousse à Villejuif, nous donne son avis de spécialiste: "L'usage de ce test a toutes les chances de compliquer la discussion avec l'ado.

"Que pensez-vous de ce test? Est-ce un bon outil pour les parents ?
"Non, ce n'est pas un bon outil. Il présente plus d'inconvénients que d'avantages. Faire uriner son ado est compliqué et intrusif. Ce n'est vraiment pas la bonne façon d'entamer le dialogue.
Éventuellement, très éventuellement, dans le cadre d'une diminution ou d'un arrêt de la consommation de cannabis, ce test peut donner une indication. Mais il faut que l'ado participe vraiment au processus.

"Quels sont les inconvénients de ce test ?
"Il place les parents en dehors de leur position de parents pour en faire des médecins ou des auxiliaires de justice. Et ce n'est pas une position facile à tenir. Nous, membres du corps médical, sommes habitués aux rechutes, aux mensonges. D'où l'intérêt de nous faire intervenir dans des situations compliquées. Enfin, l'usage de ce test a aussi toutes les chances de compliquer la discussion avec l'ado.

"Ce test vous semble-t-il fiable ?
"La méthode ne me semble pas fiable du tout. Il faut tenir compte de ce que l'ado a bu, car la dilution a une influence sur le taux final. Selon moi, un outil pas très fiable dans une situation compliquée conduit à une fausse sécurité pour les parents.

"Que conseillez-vous aux parents dont les enfants rencontrent des problèmes avec le cannabis ?
"Il faut en discuter et faire le point avec lui, pour connaître les critères objectifs de cette consommation: quelle doses, s'il mélange le cannabis avec d'autres substances, les copains qu'il fréquente, etc. Et si on n'y arrive pas seul, faire appel à un spécialiste. Cela peut être le médecin généraliste dans un premier temps, puis un psychologue ou un psychiatre.".

(Sources: Le Parisien, Le Post)
 






LETTRE OUVERTE AUX CADRES DU SECTEUR SOCIAL

Collectif d'auteurs 
Lundi 29 Mars 2010

1) Pourquoi nous adresser aux cadres ?

Parce que le discours dominant du management, triste avatar de l’incursion de l’idéologie libérale dans nos secteurs, tend à les positionner dans une fonction de décideurs, copiée sur le modèle du chef d’entreprise et de ses supplétifs…

Nous faisons dès maintenant le pari que plusieurs de nos collègues n’acceptent pas – ou plus – cette dérive utilitariste qui les oblige progressivement à s’inscrire dans le marché de l’action sanitaire et sociale abandonnant ainsi un principe fondateur de nos actions associatives : la mission déléguée de service public.

Nous faisons le pari qu’une résistance peut s’organiser à partir des cadres de direction de notre secteur, ceci quels que soient : leur niveau de formation, la taille de leur structure ou service, leur mode d’organisation interne, mais aussi, leur niveau d’intervention. C’est pourquoi nous nous adressons aux chefs de service, directeurs adjoints et directeurs et, par ces fonctions, à l’ensemble des salariés du secteur.

Nous pouvons détourner, au profit d’une autre vision de l’organisation et de la fonction du travail social, la place à laquelle un système libéral en crise veut nous assigner.

En ajoutant au triptyque républicain, les termes de laïcité et de solidarité, nous osons affirmer qu’il ne peut pas exister un réel travail social reposant sur des conceptions droitières ou communautaristes et comptons sur le possible réveil d’une « militance/résistance ? » parmi nos collègues.

A partir de ces fondements partagés, le débat entre nous redeviendrait possible et nous pourrions renouer avec la dispute fraternelle, caractéristique fondamentale de la démocratie véritable (dissensus : cf. Jacques RANCIÈRE), qui sera toujours plus riche que le consensus illusoire actuel qui voudrait exiger des cadres du social une neutralité (soit disant bienveillante) politique comme signe de la respectabilité de leur position…
 
2) Pourquoi maintenant ?

Malgré des oppositions importantes, dont la principale est organisée par l’Appel des appels, nous devons reconnaître que les principes émancipateurs participant de l’histoire du travail social sont mis à mal et les premières données concernant les assises sur l’enfance, sollicitées par le Président de la République, ne peuvent que nous inquiéter…

Dans les domaines complémentaires à nos actions, nous avons trop échoué face au discours sécuritaire et managérial :

- Disparition de la spécificité et de l’indépendance de la défenseure des enfants.

- Refonte partielle de la loi de 1945 qui remplace progressivement le préventif par du répressif et délègue à l’administratif ce qui relève du judiciaire en tant que garant des libertés individuelles.

- Discours sécuritaire sur les malades mentaux et critique implicite des formes de suivi extra hospitalier avec une priorité donnée aux traitements comportementaux.

- Inclusion du médico-social dans les ARS et donc les agences de performances qui y sont liées, tout en aboutissant à octroyer une place marginale au secteur médico-social dans un vaste ensemble de conception sanitaire.

- Dénégation affirmée de la situation particulière des mineurs isolés étrangers.

Aujourd’hui, le gouvernement de Monsieur SARKOZY et son administration viennent s’attaquer, sous des prétextes d’économie d’échelle et de rationalisation de l’action publique, à une des richesses de notre secteur : à savoir, sa diversité.

En voulant réduire à moyen terme, de façon drastique, avec le soutien possible de processus d’évaluation externe, le nombre d’associations gérant des structures ou services, il nous propose de mettre en œuvre un système de concentration de type capitalistique (et monopolistique) qui, outre qu’il favorisera des formes d’organisation de plus en plus pyramidales, ne permettra plus, ou, tout au moins, limitera les innovations qui font l’évolution de nos pratiques.

Dans cette dynamique destructrice, tout le monde cherche des partenaires, chasse à l’affût le regroupement inespéré, mais se retrouve surtout appelé à un jeu concurrentiel où la sauvegarde de la structure prédomine souvent sur le projet... ceci, hélas, à la satisfaction de certains cadres ou conseils d’administration qui oublient que nos institutions relèvent, mais pour combien de temps encore, de l’économie sociale et solidaire…

S’engager et soutenir ce choix politique c’est ouvrir la porte à ce que Michel CHAUVIÈRE a dénoncé comme marchandisation du social, ce qui entraîne la définition de population cible, suivant des critères de rentabilité. Il en résulte que la situation de la personne et sa prise en charge est seulement appréhendée en termes de coûts et d’efficacité immédiate. A trop parler de clients, nous acceptons et développons le clientélisme.

Il ne faut pas que nous passions, sans rien dire, d’un système solidaire à un système sauvage d’exploitation de la misère du monde.

La fascination qu’éprouvent certains cadres de notre secteur pour des discours propres à l’entreprise, le plus souvent à partir de concepts déjà éculés dans le monde commercial et industriel, démontre la faiblesse de notre positionnement spécifique, et, plus largement, aussi, la méfiance vis-à-vis de l’ensemble des acteurs du social qui, hier, ont constitué une force oppositionnelle face aux dérives qui nous sont proposées aujourd’hui comme vérités.

Gérer, animer une structure en service social exige une approche plurielle, une connaissance ou un abord de la complexité humaine, une prise en compte de la singularité, une réflexion sur les phénomènes transférentiels mis en œuvre à chaque niveau de l’institution.

Le mode de production de l’entreprise oblige à une mode mercantile de langage et de relation à l’autre qui est totalement en opposition avec les principes du secteur social.

Nous pourrions même ajouter que l’entreprise dans sa version économique libérale se méfie et se défend des éléments propres à notre cœur de métier, quitte à utiliser une terminologie parfois similaire, mais, bien entendu, pervertie, afin de mieux séduire la clientèle. Aujourd’hui, la concurrence et son cortège de violence prend le pas sur la solidarité. Lorsque cette concurrence pousse (inexorablement) au conflit, ce ne peut être que la force qui l’emporte…Il y a les gagnants et les perdants. La fétichisation de la marchandisation conduit à la fin des rapports sociaux (Ch. MELMAN).

Plutôt que de se gausser du management participatif, ou du management généralisé qui, pour reprendre P. LEGENDRE, « expérimente la casse du sujet humain », il faut que nous puissions nouer un véritable dialogue avec les institutions représentatives du personnel et que les directions et les conseils d’administration, moins isolés dans leur position mégalomane d’employeurs-patrons, prennent position quand les servants du social sont attaqués ou déconsidérés comme improductifs ou trop laxistes : voire quand la laïcité et la fraternité, ferments du lien social essentiels pour notre action, sont remises en cause.

L’Economie, même « durable » ou « écologique », serait-elle désormais notre unique raison de vivre ?

Notre temporalité et nos mots ne pourront jamais être ceux des managers dont le souci premier demeure le retour sur investissements, dans lesquels, la considération du personnel en tant que simple ressource de fonctionnement est de mise, ou bien, encore, le souci de l’efficacité, cette grande idée (sic) chrétienne qui fait que chacun sera « jugé selon ses œuvres et sa foi » …

Que ceux qui prennent du plaisir dans l’énonciation du discours « entrepreneurial » n’oublient pas les travaux de DEJOURS.

Nous avons dans notre boîte à outils, héritière de notre histoire, un riche et sensible vocabulaire, une vision de l’homme qui dépasse les dualités producteur/consommateur ou client/service. Pour autant, nous ne souhaitons pas que pécheur/rédempteur revienne à la mode dans un travail social qui ferait de nouveau appel aux mouvements caritatifs, aux institutions religieuses ou communautaristes de toute obédience.

Enfin, comme le souligne Michel CHAUVIÈRE, dans un article de juillet 2008 : « il est donc parfaitement justifié, même urgent, de développer une sociologie critique de la gestion et cela tout spécialement dans le secteur social au moment où celui-ci est confronté, à son tour, au tournant utilitariste contemporain ».

Demain

Cette lettre ouverte émanant de cadres du social n’a pas pour vocation la mise en œuvre d’une organisation, ni pour ambition de voir éclore un mouvement nouveau dans le secteur. Elle se propose seulement de rappeler certains enjeux fondamentaux à un moment décisif pour l’avenir des missions en travail social.

A chacun d’entre nous, dans la complexité de sa fonction et des missions dévolues, d’articuler, le cas échéant, l’éventuelle pertinence de cette analyse.

Mais si c’est, pour le présent, une proposition encore singulière, plus vite nous serons nombreux à l’exprimer hors des instances officielles de représentation normative, plus fort se fera entendre la critique nécessaire à un renouveau du travail social.

Pierre Cocrelle ; Claude Lafuente ; Didier Lesbats: cadres du social

Pour tout contact ou commentaire : cadsoc@hotmail.f





La violence à huis clos

Le docteur Cyrille Canetti s'est remis à fumer lors du huis clos forcé du mercredi 7 avril avec Francis Dorffer. Pas pour évacuer sa peur, seulement pour tuer le temps, qui risquait d'être long. "Si Francis Dorffer avait été fou, je l'aurais fait hospitaliser d'office mais ce n'était pas le cas, et le monstre décrit par les médias n'est pas l'homme que j'avais face à moi", affirme le psychiatre âgé de 45 ans.

Le médecin et le détenu de 26 ans se sont vus une quinzaine de fois, parfois jusqu'à trois quarts d'heure. Ces séances d'accompagnement psychothérapeutique n'étaient pas programmées car Francis Dorffer craignait d'être déçu. "Venez plutôt quand vous pouvez, avait-il demandé, parce que si vous n'êtes pas au rendez-vous fixé, je ne saurai pas le gérer." Lors d'une des consultations, le médecin avait pris place sur le tabouret, le patient sur la chaise. "Parce que moi, j'ai des chaises", explique le docteur, qui prône "le respect dedans comme dehors".Les deux hommes avaient appris à se connaître depuis leur première rencontre, le 23 novembre 2009. Francis Dorffer venait d'être transféré dans la capitale et Cyrille Canetti avais pris la tête du service de psychiatrie de la maison d'arrêt de la Santé quatre mois plus tôt, après avoir exercé deux ans et demi dans celle de Fresnes puis dix ans à Fleury-Mérogis.

La prise d'otage a eu lieu à la fin d'un des tête-à-tête. M. Dorffer a confié au médecin qu'il était mû par "le même désespoir que ces employés qui retiennent leur patron", mais il savait qu'il passerait "forcément pour un être extrêmement dangereux". Cinq heures plus tard, au terme d'une négociation menée par l'antigang, le détenu et son otage se sont serré la main. Francis Dorffer a remis au médecin son "arme" : une écharde géante. "Il m'a demandé si je lui en voulais, dit le docteur Canetti. Ce serait le cas si je devais désormais aller travailler avec la peur au ventre mais j'ai trop confiance dans ma façon d'envisager l'être humain pour cela."

Le psychiatre se défend d'être victime du syndrome de Stockholm, ce sentiment d'empathie développé par les otages envers leur kidnappeur. "La réalité de Francis Dorffer, c'est simplement qu'il ne connaissait pas son fils et que sa compagne devait voyager des centaines de kilomètres pour trois quarts d'heure de parloir", décrypte-t-il.

"Préserver l'espoir"

Ce que ce médecin vit au quotidien en prison lui rappelle une huile sur toile de Goya très noire intitulée Saturne dévorant un de ses enfants. "C'est la société éliminant ses exclus", dit-il. "Les détenus sont des nôtres et vont revenir parmi nous, rappelle le docteur Canetti. Pour ne pas les transformer en bêtes sauvages, il faut préserver l'espoir et le lien avec l'extérieur, leur proposer autre chose que la violence pour se faire entendre."

Dans ce cadre, il insiste sur la nécessité d'"une prise en charge humaine et globale de chaque personne condamnée à une longue peine". "A la Santé, assure-t-il, parce que la directrice est une femme remarquable, les services médicaux et pénitentiaires travaillent en bonne intelligence." Pour lui, "qu'on y travaille ou qu'on y vive, la prison est une machine à broyer de l'humain". Il rêve que les surveillants soient "reconnus comme les agents des autres administrations, qu'ils distribuent, eux aussi, des calendriers en fin d'année".

Récemment, Cyrille Canetti, qui ne pouvait honorer une consultation, a fait parvenir un mot d'excuse à chacun de ses détenus-patients : "On m'a remercié d'avoir prévenu, s'étonne-t-il. Or, c'est juste normal. Travailler avec une population captive ne signifie pas qu'on peut en disposer."

Patricia Jolly
 Article paru dans l'édition du 14.04.10.







Enquête
La violence à huis clos

C'est autour du berceau d'un garçonnet de 13 semaines que le drame s'est noué. Parce qu'il voulait faire connaissance avec ce nouveau-né, dont il pense être le père, Francis Dorffer, numéro d'écrou 29 826, a pris en otage durant cinq heures le docteur Cyrille Canetti, psychiatre à la maison d'arrêt de la Santé à Paris, mercredi 7 avril. Il l'a relâché sain et sauf, sans violence.

Âgé de 26 ans, Francis Dorffer purge une peine de 30 ans de prison pour le meurtre d'un codétenu en 2003. La magistrate qui lui a refusé cette permission souhaitait s'assurer que le jeune homme - qui vit en détention depuis ses 16 ans - était bien le père de l'enfant.

Francis Dorffer rêve forcément pour son fils d'une existence plus enviable que la sienne. En novembre 2000, à Metz, il a été condamné à 6 ans d'emprisonnement pour "vol avec violence" et "viol" : une fellation imposée à un adolescent qui vivait comme lui en foyer. Fils d'une mère débordée et d'un père chauffeur de bus souvent absent, Francis Dorffer y avait été placé dès l'âge de 12 ans, lorsque sa soeur aînée est morte d'une overdose. S'il a reconnu un besoin d'argent et les faits de viol, il en a toujours minimisé la portée. "C'était plus pour m'imposer, avait-il expliqué à l'expert psychiatre, se défendant de toute tendance homosexuelle. A ce moment-là, je n'avais plus d'interdit : je me disais, c'est rien, je croyais que je pouvais tout faire. C'était plus pour impressionner. J'ai pas d'attirance pour les garçons."

D'abord incarcéré à Metz, le mineur, qui n'a jamais accepté le statut de "pointeur" - ces délinquants sexuels honnis des autres détenus -, a souvent été transféré pour raisons disciplinaires. "Pour décompresser un peu", comme il disait, il passait souvent par le service médicopsychiatrique régional (SMPR). Anxiolytiques et marijuana l'aidant à supporter la détention. Las de ses insultes et bagarres, les directeurs de maisons d'arrêt n'ont cessé de se l'expédier comme un colis encombrant. La tension a augmenté quand, devenu majeur, Francis Dorffer s'est trouvé confronté à la surpopulation carcérale, contraint à partager son espace vital, tandis que les mineurs sont placés en cellule individuelle.

Il a tué un codétenu en septembre 2003 : un meurtre dont la presse a retenu qu'il tenait à un différend à propos d'un programme télévisé. Francis Dorffer n'avait cessé de signifier, y compris à la direction de la prison, son aversion pour ce voisin : un Guyanais de 19 ans, presque au terme de sa peine, auquel il reprochait son manque d'hygiène et son côté pique-assiette. "Il mangeait tout ce que j'achetais, s'est plaint M. Dorffer aux enquêteurs après son crime. Je lui disais de m'en laisser mais il faisait comme il voulait et il ne nettoyait jamais rien."
Francis Dorffer a raconté comment, un dimanche soir, jour de diffusion de "Capital", émission de M6 pour laquelle il se passionnait, son codétenu l'avait traité de con, lui qui "payait la télé", en lui intimant de changer de chaîne. Durant une partie de la nuit, Francis Dorffer, hors de lui, lui a alors asséné un déluge de coups, l'a ligoté à une chaise, bâillonné et étranglé. "Il disait qu'il allait me faire du vaudou", a-t-il expliqué pour justifier son acharnement sur le cadavre à coups de fourchette dans la gorge. Dans son esprit, mourir impliquait de saigner, or la victime, déjà morte, ne saignait pas...
Une surveillante a découvert la scène macabre vers 7 heures le lendemain matin. "Je regrette, si je peux me permettre de dire ça", avait bredouillé le meurtrier à la fin de son audition.
"Francis Dorffer, dont la vie se résumait à la détention, n'a cessé de tenter de faire valoir son droit à l'encellulement individuel, plaide son avocat de toujours, Me Thomas Hellenbrand. Si celui-ci avait été respecté, comme la loi le prévoit, il n'y aurait jamais eu de meurtre."

Mais Francis Dorffer a commis l'irréparable et depuis, il "baluchonne", comme disent les détenus, d'un quartier d'isolement à l'autre dans les prisons du Grand Est. A Nancy, en novembre 2006, quelques jours avant son procès en appel pour le meurtre, il a brandi un morceau de plastique aiguisé sous le nez d'une psychiatre à la fin d'un entretien, exigeant de la direction un transfert pour se rapprocher des siens, qui ne veulent plus de lui depuis longtemps : une première prise d'otage qui a duré une heure trente. Son voeu exaucé, il a déposé les armes et s'est allongé au sol docilement pour être menotté. La psychiatre n'a pas porté plainte. "Son geste n'avait rien de personnel, a-t-elle expliqué à la police. A plusieurs reprises, il s'est excusé pour les faits qu'il me faisait endurer et s'est inquiété de mon état psychologique. Il ne souhaitait en aucun cas me blesser, il cherchait simplement à faire pression sur la direction pour être transféré au plus vite."
En novembre 2009, Francis Dorffer a récidivé à la maison centrale de Clairvaux (Aube), retenant cette fois un surveillant. Il voulait voir sa fiancée : la soeur d'un ancien codétenu qui l'a convaincu de se convertir à l'islam et avec laquelle il a commencé une correspondance puis une relation amoureuse à travers les barreaux. Au parloir, durant l'un de ces tête-à-tête qui font détourner le regard aux surveillants, ils ont conçu un bébé à la sauvette.
Fin 2008, la jeune femme s'est installée à Ensisheim (Haut-Rhin), dans un appartement situé à deux pas de la lourde huisserie de la maison centrale réservée aux "longues peines". Dans l'espoir que Francis Dorffer y pose son sac. A part elle et leur fils nouveau-né, il n'y a plus personne autour du jeune homme, affirme Me Thomas Hellenbrand. Selon lui, son client "réagit contre la "pénitentiaire" qui l'a élevé comme un ado révolté contre sa mère, et ça se traduit par des crises graves".
"Vous savez que je ne suis pas violent ou même méchant, lui a écrit Francis Dorffer en novembre 2009, juste après l'incident de Clairvaux. L'éloignement de ma femme m'a fait péter les plombs. Prenez soin de vous et bon courage." Mi-février, Dorffer lui a annoncé sa décision d'écrire un roman autobiographique. "Il s'agit pour moi de faire entendre que la prison est un conditionnement à la violence et aux actes désespérés et je vais y mettre toute mon intelligence", disait le détenu dans une missive à son conseil, auquel il promettait d'adresser l'ouvrage "par morceaux". Mis en examen pour "séquestration avec prise d'otage" sur le docteur Canetti, Francis Dorffer risque désormais la réclusion criminelle à perpétuité.

Patricia Jolly
Article paru dans l'édition du 14.04.10




Le Mans

On ne soigne pas qu'à l'hôpital psychiatrique








À l'entrée du centre, une partie de l'équipe :
Sylviane Loison (secrétaire à l'accueil)
Marie-José Ganeau (infirmière),
Dominique Rasson (assistante sociale)
Christophe Courcier (cadre de santé)
et Chantal Shapira, psychiatre.


Au coeur du quartier des Glonnières, on trouve le centre médico-psychologique James-Pradier. L'an dernier, 1 800 Sarthois y ont été suivis.

Pourquoi, comment ?

Un centre médico-psychologique, c'est quoi ?

C'est le pivot de chaque secteur psychiatrique. En Sarthe, il y en a sept. Le département a été découpé comme un camembert. Chacun des sept morceaux a sa pointe sur une partie du Mans et s'élargit vers la zone rurale.
 
Situé au cœur des Glonnières, le CMP James-Pradier rayonne ainsi jusqu'à Écommoy, et au-delà. Soit un bassin de 80 000 habitants, dont environ 1 800 ont eu recours au service du centre. Car, contrairement au cliché, une infime minorité de patients passe par une hospitalisation, à Allonnes ou rue Etoc-Demazy au Mans.
 
Que fait-on au CMP ?
 
On y donne des soins, du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h. Que ce soit en urgence, à la demande du 
patient, des familles, d'un médecin, etc. Ou encore à travers des consultations de suivi auprès de médecins, de psychologues, d'infirmières ou d'assistante sociales.
 
Le lieu, totalement rénové en 2005, propose aussi « un accueil thérapeutique à temps partiel » qui mélange soins (luminothérapie, sophrologie) et travail d'insertion, en lien avec des associations (alphabétisation, etc.). « Parce que le soin ne fait pas tout, explique la psychiatre Chantal Shapira. Travailler sur le tissu social, avec l'entourage du patient, est extrêmement important. »
 
Y a-t-il plus de malades qu'avant ?
 
Le nombre de patients est en nette augmentation depuis dix ans.
La « société va moins bien » ? Pas forcément. « L'hospitalisation, dans un service classique ou en psychiatrie, cela coûte cher. Pour limiter les hospitalisations, on a donc beaucoup travaillé la prévention, en amont, notamment avec le réseau associatif, explique Christophe Courcier, cadre au CMP. En fait, on a tellement bien travaillé qu'on a détecté davantage de malades qui, auparavant, n'étaient pas détectés. À l'arrivée, on a autant d'hospitalisation, et beaucoup plus de consultations au centre... »
 
Les moyens suivent-ils ?
 
Pas à hauteur de l'augmentation des consultations, reconnaît Christophe Courcier. Et ce n'est pas toujours facile à gérer. « S'il n'y a pas de place en hospitalisation complète, on est obligé « d'étayer » des patients par des soins de jour, témoigne Dominique Rasson, l'assistante sociale. Mais le week-end et le soir, ils repartent chez eux. Et c'est difficile à vivre quand on pense qu'ils seraient mieux à l'hôpital... »
 
Pour la psychiatre Chantal Shapira, ce n'est pas qu'une question de moyens : « Si le patient est bien entouré, au sein d'une famille sans difficulté financière, le soin est facilité. » A contrario, c'est beaucoup plus compliqué de soigner une personne isolée, en proie à des difficultés matérielles. « On ne peut pas pallier des choses qui dépendent de la société. »

Patrick ANGEVIN.



Quand l’art sort de la psychiatrie et du handicap... 
Films-rencontre-spectacle-débat au Vent se lève !

Associés aux efforts de médecins et de scientifiques, depuis plusieurs années, des artistes développent des modes d’expression qui s’avèrent efficients dans le champ de la Santé Mentale. Hors de toute discrimination, patients, soignants, habitants des communes sont rassemblés autour de la notion de citoyenneté élargie à l’Europe…










Fenêtre de la chambre d’isolement 

Du mardi 13 avril au samedi 17 avril le "Théâtre Le Vent se lève" 181, avenue Jean Jaurès Paris 19° accueille et ouvre au public les œuvres d’artistes en résidence à l’hôpital dans le cadre des actions culturelles et artistiques de l’association le Relais Mutualiste. Projection du film pour oreille : Ici, le jour et la nuit. Au pavillon A2, unité d’urgence de psychiatrie, pendant un an, avec des patients et des infirmiers, Jean-Christophe Bardot/photographe et Sylvie Gasteau/sonographe, y ont mené un atelier en duo... Paroles et portraits de patients, de veilleuses, d’infirmiers, de médecins. Visite libre et guidée...  

Mardi 13 avril à 19 h : La projection sera suivie d’une rencontre avec Jean-Pierre Chrétien Goni, directeur artistique du Vent se lève, metteur en scène qui intervient depuis de nombreuses années en psychiatrie et en prisons.  

Mercredi 14 avril de 9 h 30 à 18 h : une journée d’actions culturelles et artistiques à l’Institut Marcel Rivière-hôpital psychiatrique à La Verrière (78). Partenariat européen Italie Espagne France action culturelle et artistiques dans le champ de la Santé Mentale L’association le Relais Mutualiste par la recherche-action de l’Éducation Populaire, œuvre depuis 25 ans, pour l’action culturelle et artistique dans le champ de la santé mentale : accueille d’ artistes en recherche, processus de création en ateliers avec des patients et des soignants, rencontres et spectacles ouverts au public extra hospitalier . Avec les soutien de la DRAC et de l’ARH Ile de France pour "Culture à l’hôpital", la Région Ile de France, le département des Yvelines, la Communauté d’Agglomération de Saint Quentin en Yvelines, la MGEN-ASS. Programme européen Education et formation tout au long de la vie.  

Jeudi 15 avril à 19h : Spectacle Le Dernier cri par le Théâtre du cristal, Mis en scène Olivier Couder, en partenariat avec l’ESAT la Montagne. Dans ce spectacle, tout est mouvant insolite et décalé, au plus près de ce que les comédiens en situation de handicap peuvent apporter de singulier dans leur regard sur le théâtre et sur le monde. Après le spectacle, un repas sur place, puis projection d’un photo-son Trois rêves regarde moi réalisé par le photographe JC Bardot et la sonographe S.Gasteau en résidence de recherche et de création à l’Institut Marcel Rivière. Rencontre-débat avec Madeleine Abassade directrice du Relais Mutualiste.  

Vendredi 16 avril à 20 h 30 : projection du film, avec la participation du comédien Benoît Lepecq et du danseur-chorégraphe Christophe Zaorski.  

Samedi 17 avril à 19h : la projection sera suivie d’un repas sur place, puis du court métrage Une journée peu ordinaire et d’un débat avec la revue Cassandre/horschamp. Le court métrage : "Une journée peu ordinaire" : Adaptation et interprétation par Benoît Lepecq des textes de Dominique Achard et Stéphanie Favré infirmières de psychiatrie. Sur la contention et l’injection forcée. Ou le théâtre comme catharsis... 

www.lerelaismutualiste.org 
01 39 38 77 09 
http://www.leventseleve.org/node/1645





Posteado por Blog amp a miércoles,
marzo 31, 2010

La Cause Freudienne N°74 : La psychanalyse vite







  


Revue la Cause freudienne n° 74. 
La psychanalyse, vite

Éditorial Nathalie Georges-Lambrichs
L’analyste-analysant

Serge Cottet
Freud analysant
Éric Laurent Lacan analysant
Francisco-Hugo Freda Allocution
Agnès Aflalo L’assassinat manqué
Leonardo Gorostiza Le chausse-pied-sans-mesure
suivi de Le gnomon du psychanalyste
Jacques-Alain Miller Despedida

Les Journées de novembre de l’ecf

Monique Amirault La chute d’un mur
Dalila Arpin La psychanalyse mise à nu par ses praticiens, même
Sonia Chiriaco Une lettre de Vienne
Sandrine Corouge Éloge de « l’audace calculée »
Pascale Fari L’urgence, un traitement du réel du temps
Sylvie Goumet L’(a) coulisse
Marco Mauas Réponse du réel, passe « avant-coup »
Caroline Pauthe-Leduc Demain le psychanalyste
Esthela Sonalo-Suárez Fiat !

Psychanalyse et cryptologie
Conversation avec Jacques Stern

Rencontre
Michel Butor, invité de l’upjl

L’Orientation lacanienne
Jacques-Alain Miller La passe du parlêtre

La passe : deux scansions
Jacques-Alain Miller La question de Madrid [1990]
Théorie de Turin sur le sujet de l’École [2000]

Après la passe
Guillermo Belaga Le trauma après la cure
Luis Dario Salamone Ceux qui échouent devant le succès

Solitudes
Jorge Aleman Commune solitude
Xavier Esqué Valence de jouissance
Oscar Ventura Une considération sur le destin
Ernesto Sinatra La jouissance du cafard
Lucía D’Angelo Le masque, le postiche, le semblant… et le phallus

Psychanalyse et littérature
Gustavo Dessal Lettre à Natalie
Monica Torres Ce que savait Henry James

L’Autre méchant, II
Jean-Pierre Deffieux Les fous raisonnants. À propos de l’œuvre de Sérieux et Capgras
Philippe La Sagna Séglas et le système de l’Autre méchant
Carole Dewambrechies-La Sagna Clérambault, une anatomie des passions

Le Cabinet de lecture
Connexions Pauline Prost, Actualité de Merleau-Ponty · Françoise Fonteneau, Le Perçu ·
Gilles Chatenay, « Donc… » – je vous l’accorde, mais tonk – certes, mais plonk, et plink · Myriam Mitelman, Rebondissements · Hervé Castanet, Vérité et réalité. Pas sans l’objet a
Vous avez dit « psychanalyse » ? Olivier Ripoll, Finesse et structure · Serge Cottet, La vie et l’œuvre, nouvel avatar · Armand Zaloszyc, Rêver avec ou contre Freud ? · Fabian Fajnwaks, Le patient s’hystorise de lui-même · Myriam Mitelman, La norme sur le divan
Le malaise contemporain Penny Georgiou, Doxologie qcm ? · Jean-Marie Adam, Résistancepédagogique pour l’avenir de l’école · Clotilde Leguil, Comment tombe-t-on amoureux au xxie siècle ?

L a g u e r r e Sandrine Corouge, À propos de The Hurt Locker de Kathryn Bigelow

Pierre-Gilles Gueguen Des Américains à Paris

dimanche 11 avril 2010






ROUEN  

La psychiatrie sur le vif







  
Une des images de Florence Brochoire,
qui a travaillé dans les structures
psychiatriques de Verneuil, Conches,
ou Navarre

 
PHOTOGRAPHIE.

Florence Brochoire a immortalisé patients et soignants d'hôpitaux psychiatriques.
 
Dans le cadre du projet Culture à l'hôpital, deux expositions sont menées en face à face comme études documentaires et photographiques complémentaires : l'une à la galerie du Pôle Image présentant les photographies de l'Allemand Peter Granser - un travail sur le portrait - et l'autre, de Florence Brochoire, au cœur du CHU. L'année passée, cette photographe parisienne a été reçue en résidence dans les structures psychiatriques de Conches, Verneuil et Navarre.

Une collecte, des entretiens, un quotidien
La trentenaire a procédé tout d'abord à une collecte d'images et d'informations proposant aux soignants et aux malades de photographier à l'aide d'appareils jetables les faits et lieux marquants de leur quotidien. En parallèle, elle a organisé une série d'entretiens pour appréhender la personnalité des sujets. 
A partir de cette base documentaire, elle a réalisé plusieurs séries pour cette exposition baptisée Être singuliers où elle évoque la frontière tenue entre un psychisme stable, et éprouvé.
Certains portraits se composent de quatre photos complémentaires : portrait de pied sur fond neutre, et trois autres images évoquant les lieux du quotidien, les objets fétiches et une bribe de vie passée. L'objet fétiche témoigne du besoin de se raccrocher, que ce soit pour les soignants ou les malades, à un objet rassurant : vierge en plastique, tigre en peluche…
Le rapport au sacré est également visible dans les lieux photographiés qui prennent parfois la forme de sanctuaire.
Ces deux expositions ont été produites par le Pôle Image Haute-Normandie avec l'aide de la direction régionale des affaires culturelles (Drac) et de l'agence régionale de l'hospitalisation.
 
« Etre singuliers », pavillon de Germont, 1 rue de Germont, au CHU, du lundi au vendredi de 9 h à 17 h.
« J'ai perdu ma tête », galerie du Pôle Image, 15 rue de la Chaîne, ouvert du mardi au samedi de 14 h à 18 h. Jusqu'au 22 mai.

Article paru le : 9 avril 2010






INFO - CULTURE

Publié le 10/04/2010  

Erstein : le fou-rire à l'hôpital psychiatrique
Par Maxime Villirillo









Une infirmière qui signe comme humoriste une seconde édition de la nuit du fou-rire

Il fallait oser organiser un spectacle humoristique dans l'enceinte de l'hôpital psychiatrique d'Erstein!
 
La nuit du fou-rire s'est déroulée hier soir au centre hospitalier d'Erstein pour la 2ème année consécutive. 
Un lieu insolite pour un spectacle qui a fait salle comble. Derrière cette initiative qui ouvre les portes de la psychiatrie au grand public, une femme, à la fois infirmière et humoriste.

La première édition de la nuit du fou rire avait convoqué l'originalité et l'humour dans l'enceinte a priori austère du centre hospitalier d'Erstein; qui plus est dans le pavillon réservé aux patients traités en psychiatrie. La deuxième fera date dans l'histoire de l'établissement :  l'instigatrice de l'évènement, l'infirmière humoriste Valérie Brezchwa, à la tête de l'association "Fou-rire" n'a pas lésiné sur la dimension de ce nouvel épisode dont la série va s'inscrire désormais dans la durée. Le public, venu en nombre, tout comme les malades, ont parfaitement saisi le message : démystifier un univers, sans pour autant le moquer. Une gageure parfaitement réussie.








LILLE / WAZEMMES

Quand les villes ont rendez-vous chez le psychanalyste...











Les curieux peuvent également découvrir l'ANPU :
www.anpu.fr

 
La Maison Folie Wazemmes accueille ce week-end le directeur de l'Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine (ANPU), fondée en 2008. Laurent Petit dévoile avec humour au public le compte rendu de deux ans de travaux.
 

Autour d'une conférence-spectacle, Laurent Petit brise le secret professionnel d'une dizaine de ses patients hors du commun. Le directeur de l'ANPU se propose de psychanalyser les villes de Marseille, Béthune ou encore Tours. L'idée est de considérer la ville comme une personne et « d'en dresser un portrait, en vue de proposer des traitements thérapeutiques, par exemple architecturaux », explique Charles Altorffer. Metteur en scène du spectacle présenté pour la première fois jeudi soir à la Maison Folie Wazemmes, il souligne le côté « désopilant » de la représentation, mais avec « un fond sérieux ». Il s'agit « de dire au public où on en est, comment les choses évoluent, et quels sont nos objectifs », ajoute Charles Altorffer, également membre de l'ANPU.
L'Agence a pour ambition de psychanalyser le monde entier d'ici 2013. Si aux premiers abords, peu bavards, de tailles démesurées et difficiles à assoir sur le divan, les patients originaux de Laurent Petit ont bien des récits à raconter. L'an passé, le Prato avait accueilli le premier état des lieux des travaux de l'ANPU. La salle était comble jeudi soir pour assister à l'Épisode 2: l'utopie municipale.
 

Rires et analyse décalée
 

Paré de sa blouse blanche, le directeur de l'agence entre en scène pour plus d'une heure de rires et d'analyse décalée. Également auteur de la pièce, il a tout d'abord précisé aux curieux les spécificités de l'ANPU et les méthodes employées pour étudier les villes. La psychanalyse commence avec la réalisation de l'arbre généalogique du patient et par un intérêt pour son histoire, le tout afin d'identifier et de traiter un Point Névro Stratégique Urbain. Le psychanalyste en chef expose ensuite au public l'exemple de quelques cas diapositives à l'appui, tel que celui de la Ville de Villeurbanne. Cette dernière trop effacée par son voisin et parent Lyon s'est vue proposer par l'ANPU de « réaffirmer son moi urbain avec l'éléphant, seul animal capable de lutter avec le lion », a expliqué Laurent Petit. Seul face au public, il se joue de l'architecture des villes, de leur passé ou encore de leur géographie. w World Analysis, épisode 2 l'utopie municipale à la Maison Folie Wazemmes, 70 rue des Sarrazins à Lille, samedi 3 avril à 19h, dimanche à 17h.

Théorie et clinique de la création
Patrick Martin-Mattera

 Perspective psychanalytique











 

Prix public : 23,00 EUR

Présentation par l'éditeur

Ce livre traite de la création d'un point de vue psychanalytique et trace dans ce vaste champ une limite permettant de saisir la part la plus singulière de cette notion complexe dont on doit préciser les contours : la création sera ainsi distinguée de la question beaucoup plus générale de la créativité et abordée sur l'ensemble des registres qui la concernent. Après avoir développé la notion de création telle qu'elle se présente en psychanalyse, seront approfondies des perspectives théoriques et cliniques qui contribuent à éclairer la pertinence d'une conceptualisation de la création et à en tirer des enseignements utiles au plan de la pratique.





Le Mans

L'historien ausculte deux siècles de psychiatrie

jeudi 08 avril 2010







L'hôpital Étoc-Demazy, derrière la gare,
a été classé monument historique.
Il fermera en 2011.








Hervé Guillemain, historien.
 
L'historien Hervé Guillemain vient de publier un ouvrage basé sur les archives du centre hospitalier spécialisé et des témoignages de patients et soignants.

Entretien

Vous avez épluché des cartons d'archives des établissements psychiatriques sarthois, rencontré une trentaine d'anciens soignants, quels enseignements en avez-vous tiré ?
 
L'asile d'aliénés du Mans derrière la gare (Étoc-Demazy, du nom du premier médecin-chef) a été l'un des premiers créés en France, en 1828. Il a longtemps servi de modèle. Tellement, qu'on a tardé à le modifier. Et paradoxalement, l'hôpital d'Allonnes a été, en 1968, l'un des derniers hôpitaux-village de France. Les deux ont cohabité pendant 40 ans.
 
La méthode ancienne d'un côté, la moderne de l'autre ?
 
Pas du tout. Avec la sectorisation de la psychiatrie dans les années 70, la répartition des patients est géographique et non-pathologique. Pourtant, l'idée communément répandue, c'est que derrière les hauts murs du Mans, sont les « grands fous ». Et qu'à Allonnes et ses pavillons, c'est le Club'Med.
 
L'architecture influe sur la thérapie, non ?
 
A Étoc, patients et soignants sont les uns sur les autres. La promiscuité règne. Alors, qu'à Allonnes, les médecins se déplacent en voiture, tellement le village est immense avec la forêt.
 
Quant aux patients, ils restent au pied de leur pavillon. L'objectif de les resocialiser en créant une ambiance de village n'est pas atteint. 
Pour moi, le vrai village est à Étoc.
 
Dans les deux cas, aujourd'hui, ce ne sont plus des lieux de vie. 
Depuis la fin des années 1970, on a vidé les hôpitaux psychiatriques. La durée de séjour moyen n'est plus que de 28 jours. Autrefois, on pouvait y passer sa vie.
 
Dans quelles conditions ?
 
A l'asile, cela dépendait des revenus. Les indigents se retrouvaient dans d'immenses dortoirs, jusqu'à 120 lits. Leur séjour était payé par le Département. À côté de cela, Le Mans avait l'un des plus gros pensionnats de l'Ouest. Là, étaient internés des gens qui avaient de l'argent. En chambre individuelle, avec une alimentation riche, un domestique. Il y avait même des publicités vantant la qualité du pensionnat. C'était un moyen de faire vivre l'institution.
 
Qui étaient les soignants ?
 
Longtemps à l'asile, un seul médecin-chef a eu la responsabilité de tous les patients, jusqu'à un millier. Les religieuses de la communauté Notre-Dame d'Évron s'occupaient des femmes et des services centraux. Les dernières sont parties à la fin des années 1960. Leur présence explique l'importance des Fêtes Dieu, en mai. Longtemps, ces fêtes ont été les seuls moments d'ouverture de l'asile sur l'extérieur. Les habitants du quartier y venaient en nombre.
 
Y a-t-il eu des événements marquants à Étoc ?
 
L'épidémie de grippe espagnole a décimé la population durant la 1re Guerre mondiale : environ 300 morts, soit un tiers de l'effectif. Durant la Seconde, c'est la sous-alimentation qui a tué.
 
Et en terme de thérapie ?
 
Les établissements manceaux ont suivi l'évolution de la psychiatrie en France. Avec une particularité quand même : entre 1945 et 1958, le médecin Louis Anglade a réformé l'hôpital. On lui doit notamment la sortie des malades vers l'extérieur, par le sport, les voyages. Et l'entrée des familles à l'hôpital, via la kermesse. Comme les autres, il s'est mis aux électrochocs (1942) et aux neuroleptiques (1950).
 
En revanche, Anglade était convaincu de l'intérêt de la lobotomie pour les patients chroniques, résistant aux autres thérapies. Il s'agissait d'agir chirurgicalement sur le cerveau. Une fois par an, un chirurgien venait de Paris et opérait à la chaîne une quinzaine de patients. La pratique a duré jusqu'en 1967. Avec quel succès ? On parlait plus de rémission que de guérison.
 
Et des patients célèbres ?
 
On m'a parlé de la secrétaire de l'écrivain Jules Romains, d'un musicien de Jacques Brel. Et sinon de personnalités locales, internées au pensionnat...

Recueilli par Laurence PICOLO







L’individu à l’épreuve d’un monde sans courage
 
Le nouveau livre de Cynthia Fleury s’interroge sur la rupture contemporaine de la politique et de la morale. La philosophe y scrute les figures exemplaires de l'homme courageux.











La fin du courage de Cynthia Fleury.
Éditions Fayard, 2010,
208 pages,
14 euros.

 
Cynthia Fleury a perdu « le courage comme on égare ses lunettes » ! écrit-elle dans l’introduction de son tout récent ouvrage « La fin du courage ». Cette chute, rédigée à la première personne du singulier, lui semble plus poétique que celle, « gluante », de l’humanité dépourvue de courage qui n’aurait plus qu’à s’en remettre à « quelques individus prêts à s’extraire de la glu » (comme des héros surgissant de la plèbe) pour en sortir. La société qui l’entraîne vers le fond l’aide malgré tout - le courage étant là « comme le ciel est à portée de regard » - avec la « venlafaxine » (antidépresseur) à portée de main ! Son ouvrage prend acte d’une « fin du courage » de toute la société comme un moment de dépression peut toucher chaque individu. Mais le « courage collectif » n’est-il que la somme des courages individuels ? Où se fabrique-t-il ?
 
Cynthia Fleury s’interroge en philosophe sur ce qui manque à l’individu, son incomplétude, ce qui n’est pas fini, ce qu’il doit acquérir ; de même quelle vertu manque-t-il aujourd’hui à la démocratie ? « L’étude du courage politique et moral » dit « la norme par son absence et sa rareté … ». L’étudier dit « tout de l’histoire personnelle et collective des hommes » si l’on considère que l’addition des vertus des sujets est celle de la collectivité.
 
Cet essai qui relève plutôt de la Morale vise à « reformuler une théorie du courage » pour notre époque. Dans cette optique, Cynthia Fleury formule une sorte d’archéologie de cette vertu. Elle interroge l’existence de corrélations allant de l’individu au collectif ; le courage politique s’articule, selon l’auteur, sur le courage moral. Le courage, et surtout la posture qui fait « Le courageux » (sujet générique abstrait), sont passés en revue au travers de penseurs divers, en dehors de toute chronologie : Giorgio Agamben avec sa définition du « contemporain » qui devient « Le courageux » en affrontant les peurs générées par le dernier millénaire en date. Elle retourne à Aristote et à sa distinction du vrai et du faux courage. Elle cite également Montaigne pour qui le courage est tout simplement d’apprendre à vivre plutôt qu’à mourir.
 
Le courage consiste pour Cynthia Fleury à « ne pas regarder trop loin ». Le grand théoricien de l’ « Alerte » devant la peur, c’est Nietzche, alarme qui laisse la possibilité de se mettre à l’abri. Quand Napoléon III sévit, Victor Hugo ne s’exile-t-il pas à Jersey ? Le téméraire, en ce sens, n’est pas un courageux. Seul celui qui éprouve l’effort quotidien de Sisyphe et la peur du diable est courageux.
 
Le courageux a de multiples facettes car il s’agit d’une manière d’être, d’une trajectoire : « On ne naît pas homme, on le devient ». C’est la maxime de l’humaniste Érasme qui est invoquée là pour aboutir à « la nécessité de fonder une nouvelle métaphysique, d’atteindre la transcendance sans le dogme ». Le sujet qui s’affirme par son acte de courage trace un chemin qui relie les hommes entre eux chez Jankélévitch. Avec Cynthia Fleury, nous sommes dans une réalité surplombée par un mouvement linéaire, sans conflit ni solidarité, sans pouvoir, sans dominé ni dominant, un rêve d’abolition des antagonismes ! Pour décrire cette continuité du courage politique et du courage moral, Cynthia Fleury se réfère à Michel Foucault et à son épistémologie du « franc parler » où s’entendent la vérité, la liberté et l’acte de dire. Un jour peut-être…
 
Citant le philosophe Axel Honneth qui dirige à soixante ans ce qui reste de l’Ecole de Francfort, l’auteure montre que la non reconnaissance, l’invisibilité des individus par la société actuelle relève d’une « société du mépris » (dernière théorie critique en date) et « signe la fin du courage » parce que « l’oppression et la domination du système capitaliste sont bien plus sournoises aujourd’hui qu’hier dans la mesure où elles travestissent l’idéal d’émancipation propre aux régimes socio-démocrates (sic), eux mêmes relevant d’un capitalisme plus régulé ». Sur le caractère fatal de la fin du courage politique, l’idée n’est pas neuve car le fondateur de l’Ecole de Francfort, Theodor Adorno, voyait déjà disparaître dans le développement du capitalisme « la raison émancipatrice » et ne subsister que « le seul achèvement d’une conscience instrumentale gouvernée par un principe de domination ». Il n’a pas échappé à Cynthia Fleury que l’idéal d’émancipation s’était insidieusement transformé en un « hyper individualisme fortement fragilisé parce que découplé de forme collective de défense ». De même que Vichy avait nommé le lieu du peuple : la Résistance, Cynthia Fleury nomme « le lieu de l’éducation et de l’enseignement au courage » : l’époque de son naufrage.
 
Arnaud Spire