PSY cause(s)
Théâtre du marais
Du 14 janvier au 17 avril 2010
Elle est Psy, symbole d’équilibre. Seule. Mère. En analyse … A cause de sa mère ? De son âge ? Ou de ses patientes ? …les névroses c’est contagieux ?... Josiane Pinson déshabille la psyché féminine pour ausculter ses fragilités. Aigre douceur et humour noir foncé, au théâtre du Marais du 14 janvier au 17 avril 2010.
To be or not to be « bankable »...Partant du principe qu'il vaut mieux parler de ce que l'on connaît, je me suis attachée, depuis « La Quarantaine Rugissante », à dépeindre la femme au plus près de ce qu'elle est : ni parfaite, ni débile, ni caricaturale. Entre trouilles, devoirs, fêlures, carcans, angoisses... et tentatives d'épanouissement personnel.
Dans une société où il ne fait pas bon vieillir, il est peu conseillé de le faire seul(e).... Même si l'on est un symbole d'équilibre, détenteur(trice) du savoir. C'est donc une psy qui dérape. Parce que, comme vous et moi, elle n'est pas à l'abri du « No more bankable »... Elle aussi se demande si l'on peut encore séduire à l'approche de la cinquantaine.
Fidèle à mon ton de prédilection, la dérision, j'ai donc choisi, au travers de cette psy et de ses patientes, de vous parler de vous et de moi.
Sans complaisance.
Avec humour.
Mais aussi et surtout avec compassion.
Josiane Pinson
PSYcause(s)
De Josiane Pinson
Mise ne scène Daniel Berlioux
Création lumières jean Claude Rolland
Du 14 janvier au 17 avril 2010
du jeudi au samedi à 19h
Réservations : 01 45 35 75 87
www.theatre-du-marais.com
Théâtre du Marais
37, rue Volta
75003 Paris
Métro Arts et métiers ou temple
du Jeudi au samedi à 19h
réservations : dès maintenant au 01 45 35 75 87www.theatre-du-marais.com
7ème édition du festival Bobines Sociales
http://www.bobines-sociales.org/
Agriculture, travail, et psychiatrie : points de frictions et lieux de résistances qui intéressent cette septième édition des Bobines Sociales.
Mais comment résister quand l’ennemi avance masqué ? Comment percevoir la mort de nos sols et la toxicité des modes de culture derrière le pain quotidien ? Comment saisir la perversité des modes de management derrière la culture d’entreprise ? Comment comprendre le traitement social et politique de la folie alors que son histoire a été confinée aux marges des sociétés ?
Pour y voir plus clair, des séances associant des films rares et des débats avec des collectifs, des professionnels, des chercheurs, des militants. Parmi les événements de cette édition : une rencontre avec l’économiste Frédéric Lordon autour du documentaire « La Mise à mort du travail » (2009), un débat sur l’industrie de la viande avec le journaliste Fabrice Nicolino, ou encore une séance sur l’autogestion avec Thomas Coutrot nouveau co-président d’Attac après la projection de « Démocratie » de Chris Marker et d’un film sur la belle histoire des « Femmes de la Brukman » en Argentine.
Traditions du festival, les regards hors Europe se focalisent cette année sur l’actualité politique et sociale de la Colombie, avec deux documentaires indépendants. La séance sur l’histoire du cinéma engagé portera sur les foyers de travailleurs immigrés, tels que filmés par Marcel Trillat dans les années 70 et à travers des images d’aujourd’hui.
Enfin, le samedi soir, nous laissons la scène au groupe Eth et à leur son groove et funk inspiré des musiques éthiopiennes.
Vienne 1913
Cie Influenscènes
Théâtre du Lierre, Paris
http://www.letheatredulierre.com/commande/
Publié par Laurent Schteiner dans Théâtre le 11 jan 2010
Le souffle de l'histoire
Alain Didier-Weill, médecin psychiatre et membre de l’École freudienne de Paris, a écrit pour le théâtre la rencontre imaginaire entre Adolf Hitler et Sigmund Freud à Vienne en 1913. C’est avec talent que Jean-Luc Paliès a mis en scène cette fresque qui retrace cette époque trouble d’avant guerre au théâtre du Lierre.
Un jeune homme vit pauvrement au cœur de la capitale austro-hongroise où il étudie le dessin à l’école des Beaux Arts de Vienne. Fêtant son vingtième anniversaire, Adolf fait la connaissance d’un héritier de l’aristocratie viennoise, prénommé Hugo. Celui-ci, foncièrement antisémite, se lie d’amitié avec Adolf. Hugo est confié par sa famille aux bons soins du professeur Freud afin de résoudre la pathologie qui le ronge. La rencontre de ces deux jeunes gens va sceller leurs futurs destins. De 1909 à 1913, Adolf, assailli par ses névroses grandissantes, va créer sa propre doctrine antisémite qui le conduira à quitter Vienne et devenir le monstre abject que le monde reconnaitra vingt ans plus tard. Toute la société viennoise défile sous nos yeux de Gustav Jung à Gustav Klimt. Des salons aristocrates aux asiles de sans-abri et aux réunions politiques, nous fréquentons ces lieux où Adolf se forge sa personnalité où sa folie grandit en même temps que ses accès colériques.
crédit photo Patrick Lauret
La Vienne de 1913 sous nos yeux
Jean-Luc Paliès a conçu une mise en scène très originale et très riche qui maintient le spectateur en haleine tout au long de la pièce. En effet, sa mise en scène tient d’une mise en place spatiale où les comédiens prennent place derrière des pupitres. Réunis, au sein d’un chœur d’orchestre imaginaire, les comédiens vont incarner pas moins de vingt-cinq personnages. La présence d’une narratrice, côté cour, intervient pour replacer les dates, les époques, les lieux et les événements. Ce qui permet au public de ressentir toute cette atmosphère de la Vienne de l’époque. Un musicien sur verre assure une musique originale qui permet de jouer sur diverses tonalités des plus légères aux plus inquiétantes. Deux chanteuses lyriques complètent le tableau en fond de scène par des morceaux choisis. Jean-Luc Paliès a réussi le tour de force de véhiculer en une heure quarante les mouvements d’idées et artistiques, les milieux sociaux, et les peurs de cette société viennoise. Outre les pupitres, la présence d’un banc servant tour à tour d’asile pour Adolf ou d’exutoire à sa propre folie, donne ce caractère si particulier à cette scénographie.
crédit photo Patrick Lauret
Une interprétation jubilatoire
La force de cette pièce réside notamment sur l’interprétation brillante de ces artistes. Certains interprètes se détachent grâce à leur implication magnifique dans leur personnage, tel le trio composé de Jean-Luc Paliès (Freud), Miguel-Ange Sarmiento (Adolf Hitler) et Philippe Beheydt (Hugo). Le jeu sobre des comédiens donne une puissance à un texte très bien écrit renforçant d’autant le sujet. Le public est saisi d’effroi lorsqu’Adolf décide de partir pour l’Allemagne en laissant les spectateurs médusés après une énième colère marquée par le coup d’un gendarme frappé au sol. Et c’est avec une musique lancinante et inquiétante que le public se retrouve plongé dans le noir. Si la richesse du théâtre se nourrit de la Création, celle-ci s’appelait, samedi dernier, Vienne 1913 !
Auteur : Alain Didier-Weill
Artistes : Miguel-Ange Sarmiento, Philippe Beheydt, Jean-Luc Paliès, Bagheera Poulin, Stéphanie Boré ou Isabelle Starkier, Katia Dimitrova ou Claudine Fiévet, Alain Guillo - Mezzos|Sopranos (en alternance) Magali Paliès, Estelle Boin, Séverine Étienne, Maquaire Geneviève Bottau - Musique sur verre : Jean-Claude Chapuis
Metteur en scène : Jean-Luc Paliès
Nouvelles psychanalytiquesvendredi 15 janvier 2010
Rencontre avec François Gantheret : "La nostalgie du présent : psychanalyse et écriture
A l’occasion de la parution aux Editions de l’Olivier de "La nostalgie du présent : psychanalyse et écriture" - Une réflexion sur la double pratique d’écrivain et de psychanalyste.
Francois Gantheret est psychanalyste, docteur es lettres, professeur émérite de psychopathologie à université Paris VII, membre de l’Association psychanalytique de France. Il a publie aux éditions Gallimard des ouvrages de psychanalyse, Moi, Monde, Mots (1996), Libido et autres nouvelles du divan (L’Arpenteur, 1998 et Folio, 2001) ainsi que des romans, dans la collection blanche : Les corps perdus (2004), Comme le murmure d’un ruisseau (2006), Ferme les yeux (2007).
Source : http://www.initiales.org/
SUR L’ÉLECTROCHOC, LE CAS ANTONIN ARTAUD
vendredi 15 janvier 2010
http://florencedemeredieu.blogspot.com/2010/01/sur-lelectrochoc-le-cas-antonin-artaud.html
Table des matières
Introduction
Mis au point en Italie en 1938, appliqué à l'homme en 1939, héritier des techniques de choc ou “sismothérapies”, l’ électrochoc connaît entre 1939 et 1946 un développement considérable en Psychiatrie. — L’œuvre et la vie d'Antonin Artaud (interné à l'Asile de Rodez de 1943 à 1946) interfèrent avec l'histoire de l'électrochoc. A la toute puissance médicale, susceptible de transformer en profondeur l'ensemble des données neurophysiologiques de l'être humain et de remettre le psychisme “à zéro” Artaud opposera ce cheval de Troie qu'est la littérature.
Au travers d'un formidable travail de la langue et sur la langue. C'est alors d'une véritable surrection et recréation qu'il est question la machinerie littéraire se faisant précisément électrique pour perturber en profondeur les effets du coma de l'électrochoc. — On trouvera dans cet ouvrage une histoire de l'électrochoc ainsi qu'une analyse de ses effets et contre-effets sur l'œuvre de cet écrivain d'exception que fut Artaud.
1 - De l'électrochoc resitué dans l'histoire de la psychiatrie
LES TRAITEMENTS ANTÉRIEURS :
Les thérapies de choc. — Un modèle : l’épilepsie. — Le coma. — Le traitement par l’insuline (1933). — Le cardiazol (1935). — Comparaison des méthodes.
L’ÉLECTROCHOC :
L’électricité dans le traitement des maladies mentales.— Cerletti et la mise au point de l’électrochoc (1938). — La crise et ses effets. — L’électrochoc en France (1940-1945). — L’électrochoc dans le monde.
L'ASPECT TECHNIQUE :
Automatisme de la machine et perfection technique. — Prothèses thérapeutiques. — Appareillage technique et déroulement de la crise. — La position des électrodes. — les cas d’auto-observations. — Accidents et contre-indications. — La conduite de la cure.
LES RÉSERVES :
L’électrochoc, “ monstre du Lochness de la thérapeutique ”. — La position du professeur Baruk.
DE L’INFLUENCE DES TECHNIQUES CONVULSIVANTES SUR L’ÉVOLUTION DE LA PSYCHIATRIE :
Une nouvelle trilogie : l’institution/le malade/le personnel soignant. — Une dimension expérimentale. — De l’usage de la statistique. — Quelques chiffres.
DES ANNÉES D’APRÈS-GUERRE À NOS JOURS :
L’utilisation intensive de l’électrochoc. — Réflexes conditionnés et placebos.
2 - Les aspects théoriques
Organicistes et dynamistes. — Mode d’action de l’électrochoc. — Hughlings Jackson (1835-1911). — Delmas-Marsalet et la théorie de la “ dissolution-reconstruction ”. — Les travaux de Jean Delay. — L’amnésie. — L’aphasie. — Breggin : La thérapeutique par altération mentale. — Un traitement moderne ! — Du fantasme de la machine à “ l’homme-nouveau ” électrique. — De l’électricité cérébrale. — Homme-machine et circuits cybernétiques. — Le traitement du temps.
3 - Le cas Antonin Artaud
L'enfance, le traitement à l'électricité. — Les traitements avant Rodez.
LES TRAITEMENTS À RODEZ :
L’électrochoc à Rodez. — Le cas Antoine A. — Les protestations d’Artaud. — Une formidable dénégation. — Artaud et ses médecins. — La thèse du Dr Latrémolière. — Les justifications ultérieures. — Les effets de l'électrochoc. — Les questions qui restent en suspens. — Le coût de l’électrochoc. —
4 - Littérature et psychiatrie : le choc de deux Titans
La cruauté asilaire. — L’internement d’une œuvre.
SOUVENIRS DE LA MAISON DES MORTS :
L’expérience des comas. — Une vie d’outre-tombe. — Les troubles de la mémoire et l’univers flottant des souvenirs. — Hypermnésie et pullulement des êtres. — Resserrer l’être. — Dédoublement, illusion des sosies et troubles du schéma corporel. — Sommeil, vigilance et syndrome d’influence.
MACHINES AUTOMATES :
Automatismes. — L’Automate personnel (1927). — Le corps-machine. — La machine à inscrire. — Du théâtre de la cruauté à la pantomime convulsive. — L’insurgé.
UNE NOUVELLE COSMOGONIE :
Une machinerie cosmique. — Hors temps, hors espace. — La verticale de l’être.
LE DISPOSITIF ÉLECTRIQUE :
La métaphore électrique. — Deux sortes de fluide. — la loi de l’ “ hom ”. — Une parenté “ électrique. — Le tonique, le clonique, le spasmodique. — Conduire le courant. — Prise de terre. — Faire “ résistance ”.
LA REFONTE DU LANGAGE :
La grande régression aphasique. — Le trouble de la langue. — Une langue organique. — Une langue archaïque. — Les Cahiers de Rodez. — La déliaison des énergies et la question de l’actuelle transcription des Cahiers. — Du dessin ou de la “ bouillabaisse ” des formes. — Les glossolalies. — Le cri, le râle et la syllabe. — Une tentative anti-grammaticale. — Intonations, interjections, fragmentations. — Un laboratoire de la langue. — Éloge de la cacophonie.
5 - Artaud / Bataille : le clos et l'ouvert
Une rencontre placée sous le signe historique du malentendu. — Artaud, ombre ou limite de Bataille ? — L'énergie. — La dépense. — La communication. — Rite du peyotl et pratiques consumatoires. — Une réactivation des pulsions (orales, sexuelles, anales). — Électro-choc et mystique. — "L'Acéphale".
Conclusion
Du statut des internés illustres. — Artaud et l’ethnopsychiatrie. — Le symbolique. — Cruauté technique et “ merveilleux ” asilaire. — Transparence et opacité.
Bibliographie
NOTA BENE : publié au printemps 1996, cet ouvrage se complète de recherches et découvertes, effectuées ultérieurement et qui m’ont permis d’affiner la question :
- “ Les premières années d’asile ” et “ La période de Rodez ”, in C’était Antonin Artaud, Fayard, 2006, pp.. 649 à 863.
- “ Nos amis les psychiatres… ”, in L’Affaire Artaud, Fayard 2009, pp.. 293-373.Livre : Sur l'électrochoc, le cas Antonin Artaud
La République des LIBRES
14 janvier 2010
Sigmund et Théodule - de Morasse.
LE LAID RIBOT LIT « IMAGO »
Théodule Ribot (1839-1916)
Dans le vol. 78 (juillet-décembre 1914) de la « Revue philosophique de France et de l’Etranger », Alcan éditeur [on la trouve sur le site Gallica de la BNF], Théodule Ribot (le pape de la revue) se prononce sur la « psycho-analyse ». Il a lu les résumés de quelques articles du volume 2 de la revue « Imago », nos 1 à 4 de 1913. Le traducteur, N. Kostyleff, détaille les sommaires en les commentant.
À propos de Freud « et de son école », pour comprendre ce qui chiffonnait et continua de chiffonner durant 35 ans – jusqu’en 1950 ? – la science médicale et la « philosophie française » il faut relire Théodule Ribot (1839-1916). Dans le vol. 78 (juillet-décembre 1914) de la « Revue philosophique de France et de l’Etranger », Alcan éditeur [on la trouve sur le site Gallica de la BNF], Théodule Ribot (le pape de la revue) se prononce sur la « psycho-analyse ». Il a lu les résumés de quelques articles du volume 2 de la revue « Imago », nos 1 à 4 de 1913. Le traducteur, N. Kostyleff, détaille les sommaires en les commentant.
THEODULE RIBOT
« Imago » a été créée par Freud en 1912, avec Hanns Sachs et Otto Rank. Elle a pour sous-titre : « Revue pour l’application de la psychanalyse aux sciences de l’esprit ». Jusque là, elle n’était évidemment pas traduite en français.
L’article de Ribot a pour titre : « La mémoire affective et la psycho-analyse ». Ribot définit ainsi celle-ci : « un procédé qui a pour but de plonger dans l’inconscient et d’en ramener des morceaux dans le jour de la conscience ». Il ne faut pas la confondre, prévient-il avec « l’analyse psychologique proprement dite : observation intérieure, introspection ».
Pour Ribot, la « partie faible du freudisme » est l’interprétation des faits. Le grand homme lui reproche de poser « comme cause dernière et unique, l’instinct sexuel qui est censé tout expliquer (…) Dans cette voie, ils (les psycho-analystes) sont allés loin, souvent trop loin. » Et d’expliquer au lecteur que le point de départ erroné de cette thèse est l’importance donnée aux rêves puisque Freud considère que le rêve n’est qu’une apparence, une façade, « derrière laquelle la psycho-analyse découvre une logique régulatrice » ; et de résumer : les moments du rêve sont des symptômes. Ils doivent « servir à pénétrer jusqu’au fond du rêve qui est un complexe affectif enfoui dans l’inconscient, instinct sexuel, ou, sous une forme plus générale, libido, le désir. » Si Ribot voit très bien comment « du rêve à la rêverie et à l’imagination créatrice la transition se fait naturellement », il reproche aux psycho-analystes d’en trouver la source « dans quelque complexe ». Pour Ribot, c’est là l’erreur… « Les psycho-analystes ont (ainsi) pu passer facilement de l’étude médicale des complexes dans leurs rapports avec les névroses et les psychoses, à celle de la création esthétique, mythique, religieuse, métaphysique, etc. Ils s’y sont lancés avec ardeur et témérité ».
Théodule Ribot est un savant posé, mais on devine, bouillonnants, les points d’exclamation quand il énumère les thèmes déroutants : le rapprochement des « primitifs » et des « névrosés » ; le « rôle de l’érotisme dans les religions de toute espèce et chez les mystiques de tous les pays » ; « l’inceste et la déviation sexuelle dans le roman, la poésie, le théâtre (…) toujours attribués à un complexe inconscient datant de la première enfance ». L’insistance sur l’inceste déplaît (elle est « lassante »), comme est grotesque la « fantaisie » qui essaie d’expliquer « la spéculation philosophique » par « la manifestation de tendances psycho-sexuelles datant de l’enfance ». Puis vient le reproche suprême : « Le défaut capital de cette théorie de l’imagination créatrice, c’est la prétention inacceptable de vouloir tout expliquer par la seule action de l’instinct sexuel. » Certes Théodule Ribot crédite la psycho-analyse d’une étude solide de la « logique du sentiment » mais rappelle qu’il ne veut voir dans celle-ci qu’une « étape » dans l’évolution de la « faculté de raisonner ». Rien de plus…
Il reste que, jusqu’à ce que le mouvement surréaliste, Pierre-Jean Jouve et André Breton, pour des raisons littéraires, puis Marie Bonaparte, la princesse, utilisent quelques idées du freudisme, la France demeura hermétiquement close à la « science boche » (et même « juive »). Elisabeth Roudinesco et Michel Plon (« Dictionnaire de la psychanalyse », Fayard) signalent l’existence d’un professeur de médecine de Poitiers, le Pr Morichau-Beauchant (1873-1952) dont Freud dit qu’il fut : « le premier Français qui se reconnut officiellement adepte de la psychanalyse ».
C. Soler, Lacan, l'inconscient réinventé
Lacan, l'inconscient réinventé
Colette Soler
Paru le : 09/09/2009
Editeur : PUF
ISBN : 978-2-13-057635-8
EAN : 9782130576358
Nb. de pages : 243 pages
Prix éditeur : 23,00€
A-t-on bien mesuré l'incidence de Jacques Lacan pour la psychanalyse ? Sa formule de l'inconscient freudien " structuré comme un langage " est fameuse, mais ce n'était qu'une porte d'entrée.
Vient ensuite la thèse de " l'inconscient réel ", inouïe au regard de ce qui précède. Pourquoi ce pas ? Cherchant le fil d'Ariane de la trajectoire dans ce qui restait impensé à chaque étape de cet enseignement toujours en mouvement, ce livre élucide les questions implicites qui, à chaque pas, animent et fondent la démarche ; il dessine les lignes nouvelles qui en résultent avec leurs conséquences pour la clinique du sujet, des symptômes, des affects, et pour la pratique de la cure, sa fin, et sa portée politique.
Si depuis Freud, beaucoup ont rêvé de réinventer la psychanalyse, Colette Soler fait valoir dans cet ouvrage ce que Lacan a réussi de cette réinvention.
Sommaire :
L'INCONSCIENT, RÉEL
Trajectoire
Vers le Réel
Lalangue, traumatique
L'ANALYSE ORIENTE VERS LE RÉEL
Le passe de fin
Le temps, pas logique
L'analyse finie
CLINIQUE RENOUVELEE
Statut des jouissances
Symptôme de l'inconscient réel
Le père et le Réel
PERSPECTIVES POLITIQUES
Dissidence du symptôme ?
La psychanalyse et le capitalisme
Malaise dans la psychanalyse
L'auteur :
Agrégée de l'Université, psychanalyste formée par Jacques Lacan, Colette Soler pratique la psychanalyse et l'enseigne à Paris.
Elle est membre fondateur de l'École de Psychanalyse des Forums du Champ lacanien et a notamment publié Ce que Lacan disait des femmes (2003)
A LA UNE
Édition du vendredi 15 janvier 2010
http://www.midilibre.com/articles/2010/01/15/A-LA-UNE-Malaise-entre-les-murs-de-la-psychiatrie-1072678.php5
Gard, Malaise entre les murs de la psychiatrie
Après 13 jours d’arrêt maladie, cet infirmier en psychiatrie âgé de 40 ans a repris le chemin de l’hôpital. Mais il a le blues. « Je compte partir, quitter le secteur fermé, passer en extra hospitalier, pour intégrer l’équipe des visites à domicile », confesse-t-il.
Le 25 décembre dernier, ce professionnel expérimenté a été frappé violemment par un patient. Un événement qui l’a choqué et agit sur lui « comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Cet infirmier qui travaille depuis 1995 en psychiatrie au CHU de Nîmes, en a assez. « Cela se dégrade d’année en année », estime-t-il.
« Le soir de Noël, un patient d’une vingtaine d’années a été admis en HDT (hospitalisation à la demande d’un tiers), raconte-t-il. A 23 h 15, un collègue aide soignant est allé voir dans sa chambre s’il dormait. Le patient lui a sauté dessus, l’a frappé. Je suis arrivé en renfort et j’ai reçu un coup de poing à la figure qui m’a étalé par terre. » Le jeune homme a pu être maîtrisé. Mais les deux agents hospitaliers agressés ont été mis en arrêt maladie.
L’affaire n’a en soit rien d’extraordinaire dans ce secteur fermé de psychiatrie, où, derrière les grilles, sont hospitalisés des cas susceptibles de constituer un danger pour eux-mêmes ou pour autrui. Mais elle se traduit par un vif ras le bol. Surtout que l’incident succède à un autre, choquant. Le 20 décembre, toujours dans ce secteur fermé qui compte 24 lits, un patient qui était allé fumer dans une cage d’escalier prévue à cet effet, s’est immolé par le feu en enflammant avec son briquet un déodorant aérosol. Très sérieusement blessé, il a été évacué vers le service des grands brûlés de Montpellier. Il est aujourd’hui tiré d’affaire.
Ces deux événements violents, qui font suite à d’autres, suscitent des interrogations sur les conditions de travail, alors que les méthodes psychiatriques ont considérablement évolué, elles sont notamment plus versées dans les droits des patients. Est-il ainsi loisible qu’en secteur fermé les patients puissent avoir un briquet sur eux ou d’autres effets personnels potentiellement dangereux ? « On n’est pas en sécurité », estime carrément l’infirmier agressé le soir de Noël.
Une infirmière et une aide soignante en milieu ouvert, ou encore un agent du secteur fermé, ne disent pas autre chose. Tous incriminent le manque de personnel – « le jour où le patient s’est immolé il manquait un infirmier et un aide soignant » -, le nombre insuffisant d’agents masculins, précieux face aux cas violents. Ou encore l’inexpérience de la plupart des infirmiers en milieu fermé : « Des jeunes diplômés puisque plus personne ne veut désormais travailler en secteur fermé. »
Richard BOUDES
LE MONDE | 12.01.10 |
Les Français face à un système de soins devenu illisible
Combien rembourse l'assurance-maladie pour tel acte médical ou tel type de consultation ? A quoi correspond ce forfait de 1 euro qui apparaît sur les relevés de remboursements ? Quels frais sont pris en charge par les mutuelles ?...
Confrontés à un système de soins devenu quasi incompréhensible au fil des années, les particuliers se disent souvent désarmés, notamment quand il s'agit de savoir à quoi correspondent les tarifs de santé. Avec la création, au 1er janvier, d'une nouvelle vignette de remboursement de médicaments, qui sera orange cette fois, et la hausse annoncée des cotisations des mutuelles de 5 %, la tâche ne devrait pas leur être simplifiée en 2010.
"Comprendre les tarifs de santé est désormais aussi complexe que comprendre sa facture de téléphone", observe Christian Saout, le président du Collectif interassociatif sur la santé (CISS), qui représente les patients. M. Saout regrette que, contrairement aux télécommunications, il n'existe pas dans le secteur de la santé d'agence de régulation. Pourtant, le système a évolué au point de paraître illisible, notamment en ce qui concerne les tarifs de la médecine de ville (hors hôpital et affections longue durée). La diversification des tarifs remonte aux années 1980. Est alors créé, en sus du secteur 1 (médecins conventionnés par la Sécurité sociale, dont la consultation est au tarif de base), le secteur 2, qui a permis à certains médecins de pratiquer les honoraires libres. Une décision qui a débouché, vingt ans plus tard, sur la généralisation des dépassements d'honoraires, désormais considérés comme l'un des points noirs du système.
Mais c'est surtout dans les années 2000 que le système de soins s'est singulièrement complexifié.
Prises dans l'optique de responsabiliser des Français gros consommateurs de soins et de réduire le "trou" de la Sécurité sociale, les mesures créées par les pouvoirs publics ont été nombreuses, et souvent compliquées. Comme la franchise médicale de 0,50 euro par boîte de médicaments, entrée en vigueur en 2008 et plafonnée à 50 euros par an, ou, sur le même principe, le forfait de 1 euro par consultation adopté en 2005, qui ne concerne cependant pas les dentistes ou les kinésithérapeutes.
Moins connu, un système complexe de majoration des consultations médicales en fonction des situations (urgence, week-end, consultation d'enfant) a été instauré afin de mieux adapter les revenus des médecins à leur pratique. Ainsi, un supplément de 5 euros pour les moins de 2 ans, ou de 3 euros pour les 2 à 6 ans a été instauré chez les généralistes.
Plus marquante a été la création du parcours de soins, en 2004 qui aboutit, en cas de non-respect par le patient du passage devant le médecin traitant, à un remboursement moindre de 40 % des tarifs de consultation contre 70 % habituellement. Autant de modifications qui se concrétisent par des lignes et des sigles supplémentaires sur les relevés de remboursement de l'assurance-maladie. Ainsi la franchise sur les médicaments est déduite d'autres remboursements, notamment les consultations, puisque les boîtes sont souvent délivrées sans que l'assuré ait à verser quelque chose en pharmacie.
Pour rajouter à la complexité, les complémentaires de santé ne prennent pas forcément tous les déremboursements à leur charge. Ce sera ainsi le cas pour les médicaments qui vont entrer, au printemps, dans la nouvelle catégorie des remboursements "à 15 %". Leur vignette orange s'ajoutera aux bleues et blanches des boîtes déjà remboursées à 35 %, 65 % et 100 %. Devraient y être inscrits des produits bénéficiant jusque-là du taux de 35 %, dont le service médical rendu a été jugé faible ou insuffisant. Une mesure prévue dans le budget 2010 de la Sécurité sociale. La Mutualité française a déjà estimé que s'ils étaient jugés inefficaces, il ne fallait pas les rembourser. Ce qui ne veut pas dire que toutes les mutuelles qu'elle fédère suivront cette recommandation...
Cet exemple est la preuve que les offres des complémentaires de santé sont aussi devenues un casse-tête pour les particuliers. En témoignent les nombreux sites de comparaison apparus sur Internet. "Les mutuelles apportent le complément des remboursements de l'assurance-maladie. Dans un système qui s'est complexifié au point de devenir d'une opacité totale, leur intervention ne peut être d'une lisibilité parfaite", justifie Jean-Pierre Davant, le président de la Mutualité française.
Alors que ce dernier a annoncé que les cotisations devraient augmenter en moyenne de 5 % en 2010 du fait de la hausse des dépenses de santé, les Français pourraient être nombreux à être tentés de changer de complémentaire. "Le turnover est important pour les assurés en contrats individuels, et les augmentations de prix sont de plus en plus un vecteur de changement", explique Mathias Matallah, président de Jalma, un cabinet de conseil spécialisé dans la santé.
Selon lui, à bien y regarder, même si les expressions utilisées diffèrent, les offres des complémentaires ne sont pas si éloignées. Les vraies différences se limitent à trois postes : les soins dentaires et l'optique, dont l'assurance-maladie s'est largement désengagée, ainsi que les dépassements d'honoraires des médecins.
Mais encore faut-il comprendre dépliants et devis... Pour permettre aux usagers de choisir en connaissance de cause, le CISS réclame la mise en place d'un contrat de base, à 40 euros pour tous les opérateurs, qui permettrait de comparer ce que les uns et les autres proposent pour ce prix.
Aujourd'hui, tous les observateurs du système de santé s'accordent à dire que sa complexité accrue pose problème. Les complémentaires de santé, poussées par les pouvoirs publics, viennent d'engager une réflexion, dont pourrait émerger, d'ici la fin 2010, un glossaire commun ou des montants de remboursements libellés en euros, et non en pourcentage des tarifs de la Sécu que nul ne connaît.
L'assurance-maladie aussi réfléchit à comment améliorer la lisibilité. Déjà, sur son site www.ameli.fr, il est possible de se renseigner, entre autres, sur les tarifs de chaque médecin. Depuis 2009, en outre, les professionnels doivent fournir un devis pour tout acte, avec dépassement d'honoraires, supérieur à 70 euros. Mais tous ne s'exécutent pas encore.
Laetitia Clavreul