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mercredi 22 novembre 2017

Inégalités : les limites de la redistribution

Livre. Dans son dernier essai, le sociologue Nicolas Duvoux souligne que loin d’être des faits bruts, les inégalités sont le produit de relations sociales inégalitaires.

LE MONDE ECONOMIE  | Par 


« Les Inégalités sociales », de Nicolas Duvoux (PUF, « Que sais-je ? », 128 pages, 9 euros).
« Les Inégalités sociales », de Nicolas Duvoux (PUF, « Que sais-je ? », 128 pages).


La crise financière a mis sur le devant de la scène la question des inégalités dans les pays développés. Le succès mondial de l’ouvrage de Thomas Piketty Le Capital au XXe siècle ainsi que le mouvement Occupy Wall Street, qui cible le 1 % le plus riche de la population américaine, témoignent de l’importance d’un phénomène décortiqué par Nicolas Duvoux dans son dernier essai : Les Inégalités sociales.

Souvent réduites à leur dimension monétaire, les inégalités sociales sont certes liées aux inégalités économiques, mais elles n’y sont pas réductibles, « tant du point de vue des processus qui les produisent que de la manière dont elles sont vécues », rappelle le professeur de sociologie à l’université Paris-VIII Vincennes-Saint-Denis.

Une perpétuelle lutte se joue autour des biens désirables
Loin d’être des faits bruts, les inégalités sont le produit de relations sociales inégalitaires. « Plus un bien est collectivement désiré et plus sa distribution engendrera la privation, et donc l’inégalité. Parce que la possession d’un diplôme est de plus en plus nécessaire pour obtenir un emploi de qualité, par exemple, ne pas en détenir est pénalisant. » Une perpétuelle lutte se joue alors autour des biens désirables, « même si les rapports de domination structurés autour de la possession de ces ressources sont d’une grande stabilité : diplôme, revenus, position professionnelle, accès à la consommation, à la culture et à la santé sont considérés comme des biens fondamentaux dans les sociétés développées ».


Caractère multidimensionnel


Nicolas Duvoux, chercheur au Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (Cresppa), commence par aborder la question des mesures de l’inégalité économique et de la reproduction des inégalités pour documenter ensuite la baisse, puis la remontée, des inégalités économiques dans les sociétés développées du XXe siècle, en posant la question de la dynamique à l’œuvre à l’échelle globale.

S’intéresser à la distribution primaire des revenus
L’auteur s’interroge alors sur la façon dont l’Etat intervient pour réguler les inégalités. Souvent abordée par le biais de la fiscalité et de la redistribution, la lutte contre les inégalités économiques doit aussi s’intéresser à la distribution primaire des revenus : « Les inégalités sont le produit de relations sociales asymétriques et si ces asymétries ne sont pas contrebalancées, il est vain de penser que la redistribution seule pourra réduire ses effets. »

L’ouvrage examine enfin deux dimensions de l’ordre social contemporain : « le caractère cumulatif des inégalités d’un côté, et l’individualisation de leur représentation de l’autre. » Si les inégalités sont multidimensionnelles, l’intersectionnalité permet de comprendre comment elles se conjuguent et se renforcent mutuellement. Dès lors,« opposer la lutte contre les inégalités ethno-raciales et de genre à la lutte contre l’inégalité sociale n’a aucun sens, tant les différentes formes d’inégalités sont articulées ».

Les Inégalités sociales, de Nicolas Duvoux (PUF, « Que sais-je ? », 128 pages

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